Respect de la liberté
Certains rejettent un rite qui enferme de force des êtres
inconscients dans une organisation dont ils ne peuvent plus sortir.
Le « caractère indélébile » du sacrement
catholique romain détermine une vie denfant sans quil
le sache.
Lêtre humain,
qui vit en société, a besoin de rites qui apportent
sécurisation et point dappui.
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Nous comprenons les refus de ce « sacrement »,
et les approuvons si lon voit dans le sacrement du baptême
un acte qui viole une liberté fondamentale de lêtre
humain. Ce genre daffirmation dogmatique éloigne les familles
loin des Églises.
Péché originel et magie.
Quel est le sens réel du baptême ? Le pouvoir
« magique » du rite est-il évangélique ? La
théologie dogmatique catholique et protestante fondamentaliste
affirme la nécessité de la purification du « péché
originel » pour être sauvé. LÉvangile
ne paraît pas connaître ce dogme de la condamnation par
Dieu de tout homme issu dun seul ancêtre, Adam. Y a-t-il
eu au commencement de lhumanité un seul couple, Adam et
Ève, dont tous les hommes seraient issus ? Tout petit être
humain qui naît serait-il condamné par Dieu ? Le péché
de lancêtre condamnerait-il irrémédiablement
tous les descendants ? Quel Dieu et quelle éthique !
Pour cette dogmatique il suffirait pourtant quun
être humain (croyant ou incroyant, chrétien ou non, mais
pourvu de « lintégrité de son corps »)
prononce une formule en versant un peu deau sur lenfant
ou ladulte (la concomitance des paroles et de lacte est
indispensable sous peine de nullité) pour donner à linstant
même le salut éternel. LÉglise catholique
procède parfois à un re-baptême au cas où
ces règles nauraient pas été parfaitement
respectées (« baptême sous condition »). Une
princesse des Pays-Bas a été baptisée à
nouveau à Rome, il y a quelques années. On com-prend que
cette casuistique suscite bien des réserves.
Significations du baptême
Daprès le Nouveau Testament le baptême,
célébré dans des familles ou communautés
chrétiennes, est donné « au nom de Jésus
» (formule rapportée plusieurs fois dans le livre des Actes).
Nous pouvons découvrir trois significations (actions
symboliques qui font signe) :
1) Lannonce de lamour de Dieu donne pardon et blanchiment
à ceux qui le reçoivent. Ce pardon et ce blanchiment
sont le cur de lÉvangile. Comme les religions grecques
(religions à mystères, Lac dEleusis) Jésus
a prêché et vécu une religion de « salut
».
2) La marque de lamour de Dieu sur « tout être
venant au monde » ressemble à la manière dont
on marque les moutons lors de la transhumance. « Baptiser »
dans la langue populaire grecque au temps de Jésus signifie
« posséder », acquérir, acheter. Le baptisé
est propriété de Dieu.
3) Lesprit de Dieu est constamment versé sur nous pour
renouveler les forces de notre foi.
Le baptême nest pas un acte magique (opus
operatum) mais un signe.
Calvin disait des sacrements quils étaient
des « béquilles » pour permettre de marcher sur le
chemin de la foi. Luther, assailli par les tentations du Diable, se
répétait : « Je suis baptisé, je suis baptisé.
» Il trouvait dans ce rappel une force de confiance. Lêtre
humain, qui vit en société, a besoin de rites qui apportent
sécurisation et point dappui.
Unité spirituelle de la famille
Les écrits du Nouveau Testament confirment lunité
spirituelle de la famille. Aux Corinthiens, lapôtre Paul
écrit « Vos enfants sont saints », cest-à-dire
sanctifiés par la foi dun de leurs parents (1 Co 7,14).
Le livre des Actes raconte le baptême de familles entières
sur la foi dun membre de la famille. La « joie complète
» que Jésus donne isolerait-elle le croyant de ses enfants
? Pourquoi les enfants ne recevraient-ils pas le signe de lamour
de Dieu ?
Exclusions et Évangile
Contrairement à la théologie dite «
classique », il faut noter que, selon lÉvangile,
le baptême na pas le caractère obligatoire et indispensable
quon lui reconnaît souvent. Jésus de Nazareth semble
ne pas avoir baptisé (Jn 4,2). Le Dieu que Jésus nous
a fait connaître na pas besoin du baptême effectué
par les hommes pour nous aimer et nous sauver. Lapôtre Paul
écrit aux Corinthiens quil na pas été
envoyé « pour baptiser mais pour annoncer lÉvangile
» (1 Co 1,17). Lannonce de lÉvangile et la
vie selon lesprit priment le rite. A-t-on raison dexiger
le baptême pour être membre dune Église ? Nous
connaissons des chrétiens remarquables qui nont pas été
baptisés : salutistes, Quakers, mem-bres de communautés
non sacramentelles, chrétiens hors des institutions ecclésiastiques.
Rites et Évangile
Le « salut par la foi » nest pas conditionné
par ladministration dun rite qui ferait passer lêtre
humain en un instant de lEnfer (ou Nimbes ou Purgatoire) au Paradis
éternel. Dans la tradition protestante libérale, ne pouvons-nous
pas revendiquer la liberté de cette conviction : cest la
foi qui constitue le croyant chrétien ? Dieu na pas besoin
de rites, mais nous avons besoin de signes. Les sociétés
athées en inventent : stalinisme, baptêmes républicains
par le maire. Célébrer un baptême est une joie mais
non une contrainte. LÉvangile se vit dans la liberté.
Les rites des hommes viennent en aide aux fragilités humaines.
Ne manquons pas de prendre au sérieux tout ce qui peut fortifier
notre foi en Dieu et dans les hommes.
Baptême : Parents et Église.
Une foi et une Église
ont besoin de cérémonies symboliques. Vouloir sen
passer relève dune utopie qui ne prend pas en compte
les réalités concrètes et lexistence
humaine. Si jamais on réussissait à les supprimer,
des conséquences fâcheuses sensuivraient. Ce
constat nautorise nullement à leur accorder une valeur
excessive en les sacralisant. Elles correspondent à notre
condition humaine, et ne senracinent pas dans lêtre
de Dieu.»
André Gounelle,
Le baptême,
Paris, Les Bergers et les Mages, 1996.
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Ces temps derniers, on a insisté sur limportance
des engagements pris par les parents des petits enfants au moment de
leur baptême pour un enseignement et une éducation évangéliques,
et sur limportance de lengagement de lÉglise
pour accueillir le baptisé et lui assurer aide pour cette instruction
et accompagnement. Cette prise de conscience est bonne à préciser.
Les engagements que les parents sont invités à
prendre doivent-ils être occasion ou justification à refuser
le baptême si les parents ne sont pas suffisamment impliqués
dans les activités de lÉglise ? Nous croyons, au
contraire, que si la demande de baptême est sincère et
loyale, il ny a pas lieu de refuser un accueil de lÉglise,
les prises de positions personnelles étant en constante évolution.
Est-ce que la cérémonie du baptême
des enfants doit avoir lieu nécessairement dans un temple et
au cours dune cérémonie cultuelle dominicale ? Lecclésiologie,
issue du barthisme, du siècle dernier y pousse fortement. Mais
les cérémonies de baptême des enfants sinsèrent
souvent mal dans un culte pour tous. La célébration dans
un cadre familial, ancestral ou historique (Musée du Désert,
par exemple) peut revêtir une signification forte pour les participants
et, plus tard, pour le baptisé. Au vu des réflexions précédentes,
il nous semble que nous devrions éviter de légiférer
en la matière comme on le fait parfois avec une rigueur qui décourage
les « modestes de la foi ».
Le baptême est essentiellement le signe de laccueil
et de la bénédiction de Dieu sur ses enfants.
Christian
Mazel
PS : Les baptêmes dun pasteur mutilé
de guerre, ayant perdu un bras ont été considérés
comme non valides, à cause de « lintégrité
de la personne ». Cette invalidation avait été décrétée
pour stopper, à une certaine période de lhistoire
de lÉglise, les mutilations sexuelles que simposaient
certains chrétiens.
Les baptêmes par famille sont mentionnés
: Ac 10,48 (Corneille et ceux qui écoutent la parole), Ac 16,15
(Lydie), Ac 16,33 (geôlier de Philippe), Ac 18,8 (Cristus et sa
famille), 1 Co 1,16 (Stéphanas)