Numéro 188 - Avril 2005
( sommaire
)
Méditer
Jusquà quand, Éternel ! moublieras-tu
sans cesse ?
Si lon songe aux situations de malheur, la question la plus courante
est celle du « pourquoi ? ». Pourquoi le mal existe-t-il
? Pourquoi la souffrance du juste ? Pourquoi Dieu nintervient-il
pas ? Cette question interroge le passé, elle y cherche une raison
à linsupportable, elle traduit comme un refus dentériner
la réalité de ce qui est et qui naurait pas dû
être. À linverse la question « jusquà
quand ? » est tournée vers lavenir, et le désespoir
quelle exprime se nourrit dune réalité pesant
de tout son poids. Demander pourquoi, cest vouloir désespérément
demeurer en surplomb, porté sur la crête de la révolte
humaine. Demander jusquà quand, cest se situer au
cur de lexpérience, dans le labyrinthe dune
douleur inextricable.
Au chef des chantres. Psaume
de David.
Jusquà quand, Éternel ! moublieras-tu
sans cesse ?
Jusquà quand me cacheras-tu ta face ?
Jusquà quand aurai-je des soucis dans mon âme,
Et chaque jour des chagrins dans mon cur ?
Jusquà quand mon ennemi sélèvera-t-il
contre moi ?
Regarde, réponds-moi Éternel mon Dieu !
Donne à mes yeux la clarté,
Afin que je ne mendorme pas du sommeil de la mort,
Afin que mon ennemi ne dise pas :
Je lai vaincu !
Et que mes adversaires ne se réjouissent pas, si je chancelle.
Moi, jai confiance en ta bonté,
Jai de lallégresse dans le cur, à
cause de ton salut.
Je chanterai à lÉternel, car il ma fait
du bien.
Psaume 13
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Alors la question du temps résonne comme un défi lancé
à un Dieu qui nest nullement mis en cause pour ce quil
aurait permis ou provoqué, mais qui est réellement appelé
au secours. « Jusquà quand ? Jusquà
quand ? Jusquà quand ? Jusquà quand ? »
Ces quatre coups de gong semblent scander la durée de lhistoire
autant celle du peuple dIsraël hanté par les
tribulations de lexil que celle de tout homme sappropriant
ce psaume dans lépreuve. Et ce quil fait découvrir,
cet appel répété, cest que le temps de lengloutissement
dans la désespérance est aussi le temps où une
ob-sédante lueur persiste à nier la victoire totale du
néant. Il ne faut pas sy tromper : la souffrance nen
est pas allégée pour autant, car il est des situations
où espérer malgré tout est bien plus douloureux
que sabandonner à la fatalité. Et crier «
jusquà quand » ne fait quaiguiser les nerfs
de lâme et du corps dans une tension dautant plus
cruelle que la déception doit être combattue à tout
instant. Pourtant, écrit un commentateur « quand lespoir
habite le cur dun homme, sa ténacité et son
endurance sont sans limites. Tant que lhomme a la possibilité
dentrevoir en rêve laide de Dieu et de la chercher
par la prière, il a une puissance infinie ». Si le prix
de cet espoir est cher à payer, la consolation est double : dabord
nous ne faisons dans cet appel-là que joindre humblement
notre voix à celles de tous nos frères humains, et enfin
ce cri ne demeure pas sans une réponse adressée à
chacun : « Je chanterai à lÉternel, car il
ma fait du bien », dit sobrement, mais lumineusement, le
psalmiste.
Oui la langue est puissante, et ce peut être pour le pire comme
pour le meilleur. Pour détruire le prochain ou le bénir,
pour disqualifier Dieu ou le louer, cest la mêmelangue,
hélas ! Comment la purifier? Est-ce par la sagesse? En apprenant
à la tourner sept fois dans sa bouche avant de la laisser sexprimer?
Ou en écoutant Dieu dans sa Parole et son silence? Car cest
aussi par la bouche et par loreille quil nous enseigne et
nous sauve. Et le psalmiste nous le fait vivre et sentir avec des mots
vibrants: «Maintenant, dit lEternel, je me lève.
Japporte le Salut à ceux contre qui on souffle!»
Et ses Paroles sont pures, invitant nos propres lèvres à
se purifier en elles. Rien ne doit rester qui nous salisse la bouche,
le cur, la pensée. Rien ne doit rester qui englue le prochain
dans le maléfice dun verbe faux, méchant, salissant
Le
propre Verbe de Dieu est comme un rocher au cur de la tempête:
il redonne confiance en ce que parler veut dire.
Florence
Taubmann
À lécoute du culte dominical:
8. La prière dintercession
Beaucoup ne se sentent pas à
laise avec la prière dintercession. « A-t-on
besoin de présenter à Dieu des êtres ou des
situations quil connaît bien ? Ne sait-il pas ce quil
fait ? Dieu nest pas un magicien
» : autant darguments
valables qui nous poussent à réfléchir à
ce que signifie prier pour les autres, prier pour le monde
Et cela nous renvoie finalement à lacte de nommer.
Ce nest pas rien si lon songe à limportance
du nom dans la Bible. Nous nommons ceux que nous présentons
à Dieu, et croyons simplement que déjà cette
nomination à voix haute ou dans le secret du cur
est une chose bonne, une bénédiction. Car cest
un modeste acte damour qui ne peut que nous encourager à
croire quaucun acte, quaucun geste, quaucun mot
nest dérisoire..
Ô notre Dieu,
ce monde est le tien,
aide-nous à le faire tien.
Cette création vit de ton amour,
aide-nous à la faire vivre de ton amour.
Ce monde marche vers lavenir que tu lui donnes,
aide-nous à le faire marcher vers lavenir que tu lui
donnes.
Tu fais de nous tes enfants,
aide-nous à vivre comme tes enfants.
Tu prépares de bonnes uvres pour chacun de nous,
aide-nous à accomplir ces bonnes uvres.
Ô notre Dieu,
si nous ne croyons pas, si nous nagissons pas,
les ténèbres nous envahiront,
et tout ce que nous aurons espéré,
tout ce que tu auras voulu
perdra son existence.
Mais si nous croyons,
si nous agissons,
les ténèbres nous envahiront sans doute,
mais la lumière y brillera.
Nous verrons ton nouveau ciel,
ta nouvelle terre,
et tu feras par la puissance qui agit en nous
infiniment au-delà de ce que nous demandons ou pensons.
Ewan Lewis, Nouvelle Zélande
En dautres lieux
Sans ta présence, ô Dieu,
nous serions comme des enfants sans parents,
des oiseaux sans ailes,
des vaches sans lait,
des éléphants sans défenses,
comme un puits sans eau,
une nuit sans lune,
un désert sans oasis.
Donne-nous ta présence,
ô Dieu, nous la recevrons.
Texte hindou
Au fil dune pensée
Remettre à lamour de Dieu celui que nous narrivons
pas à aimer, cest déjà faire lexpérience
dune grâce très subtile : celle qui nous délivre
du poids de lantipathie ou de la rancune.
Auteur inconnu
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