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Numéro 191 - août-septembre 2005
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Cette année est celle du centenaire de la naissance de Georges Marchal, qui fut pasteur au Foyer de l’Âme, et président d’Évangile et liberté. Philippe Vassaux se souvient de cette grande figure du protestantisme libéral.

Georges Marchal (1905-1982)

Les orgues de Cavaillé-Coll qu’il aimait tant se taisent, la silhouette de notre vénéré ami se lève. Sa voix claire et chaleureuse se fait entendre, avec une aisance, une ampleur et une richesse de vocabulaire étonnantes, du haut de la chaire de Charles Wagner dont il a été l’un des derniers catéchumènes. Le sermon au Foyer de l’Âme, vers les années 1950-1960, durait quarante ou cinquante minutes. L’ensemble des sermons regroupés chaque année en février, autour d’un même thème, constitue une mine inépuisable dont il faudra un jour publier une anthologie, en y joignant sans doute des extraits de ses nombreux articles dans Évangile et liberté, dont il était le président. Ces sermons-conférences attiraient à la fois des libres-penseurs spiritualistes, des israélites, des catholiques à la recherche d’un dialogue avec des protestants issus de toutes les paroisses de Paris et d’ailleurs. Les retardataires trouvaient péniblement une place sur les marches qui conduisaient à la tribune !

Georges MarchalChef de file de la pensée libérale en France, Georges Marchal, qui a été le pasteur d’une seule paroisse pendant un demi-siècle, n’a pas été accueilli comme il aurait dû l’être dans tous les milieux protestants. Il m’a confié une fois, sans aigreur, mais avec une pointe de tristesse, qu’il n’avait jamais été élu délégué à un synode national. Paradoxalement, l’hégémonie de la tendance barthienne au sein de la théologie protestante de son temps l’a conduit à apporter le témoignage de sa forte pensée et de son immense culture classique en dehors du protestantisme. Conférencier apprécié de l’Alliance Française, sa parfaite connaissance de l’anglais en a fait le représentant du protestantisme libéral dans les hautes instances internationales. Il me souvient d’avoir entendu Gabriel Marcel dire son admiration pour Georges Marchal au collège théologique de Paris. J’ai entendu André Siegfried tenir des propos semblables. L’audience de Georges Marchal a été considérable non seulement parce que toute prise de parole de sa part était un véritable feu d’artifice verbal, mais aussi en raison de la rigueur et de la clarté de sa pensée. Issu d’une famille de hussards noirs de la République, atteint d’une grave maladie pendant sa jeunesse, il s’était tourné avec passion vers des études de théologie et de philosophie approfondies. Il faut lire les quarante pages de la remarquable préface qu’il a consacrée à la réédition de Les religions d’autorité et la religion de l’Esprit d’Auguste Sabatier, son maître à penser ; ou encore ses Essais sur la Fait religieux, précédés d’une lettre-préface d’Albert Schweitzer dont il partageait la plupart des idées, comme le lecteur peut s’en apercevoir en lisant la belle introduction qu’il a donnée à La Mystique de l’apôtre Paul. Toutes les œuvres de Georges Marchal sont épuisées en dehors de son dernier ouvrage Signes et Visages, un recueil de prédications où il aborde le problème du mal. Ce beau livre est encore disponible aux Éditions de la Cause.

Ami de Léonce de Saint-Martin et de Pierre Cochereau, Georges Marchal, organiste et improvisateur lui-même, avait été initié à la technique d’orgue par Georges Migot. Il aimait dire que la musique n’était pas sur la note isolée, mais entre les notes, un rite perpétuel de passage. Toujours disponible notre « pastoral ami », comme il se désignait lui-même, était une personnalité d’une grande sensibilité, douée d’une forte capacité d’écoute. Il ne négligeait aucun des aspects de son ministère. Sa présence était souriante et rassurante. Il a reçu à son domicile du boulevard Beaumarchais un nombre considérable de visiteurs. Comment ne pas lui garder une profonde reconnaissance, sans oublier d’y associer sa femme, le docteur Amélie Marchal. Dieu a accordé à ceux et celles qui ont eu le privilège de le connaître un courage à la mesure de leur chagrin. Plus nous aurons du recul, plus nous comprendrons la place qu’il a occupée dans le protestantisme français de notre temps. feuille

par Philippe Vassaux

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