2007, cest déjà
demain. En tout cas, les candidats à la candidature pour la présidentielle
le pensent. Chacun y va de sa petite phrase, de son programme, essaye
de jouer collectif tout en se situant « au dessus de la mêlée
». À vrai dire, jaime bien ces périodes car
elles ont le mérite dêtre autre chose quune
star-academy de la politique. Ce qui est en jeu dans cette course à
léchalote présidentielle, cest le destin dun
pays. Cest cela la gloire de la politique : arriver à penser
lavenir de toute la société au travers de ces histoires
singulières.
« Collectif » et « personnel ».
Ces deux mots sont les pôles dune dialectique éternelle
que lon retrouve jusque dans nos Églises. Un paroissien
me disait : « Je ne crois pas à lhomme providentiel.
Quand un seul parle, ce nest plus lÉglise de Jésus-Christ.
» Inutile de dire que ce paroissien était pétri
de culture protestante. Face à cela, les JMJ nous ont montré
une starisation du pape. Ces deux positions extrêmes peuvent être
renvoyées dos-à-dos, car elles ont en commun une profonde
vacuité. Dans les deux cas, le contenu importe peu. Dans le premier
modèle, quimporte le sens de la parole ; ce qui compte
cest quelle soit énoncée collégialement.
Dans le second, quimporte le sens de la parole, du moment que
cest le pape qui lénonce. Cette opposition se retrouve
dans le débat politique
Lavantage des extrêmes
cest quils nous servent de repoussoir pour éviter
les pièges. Entre une certaine démagogie protestante et
une certaine papolâtrie catholique (ou plutôt médiatique
),
un chemin doit être cherché.
Et si nous prenions le problème à lenvers
: quimporte la forme de la parole (collective ou personnelle),
cest le contenu qui importe. Je ne crois pas que Jésus
réunissait un synode à chaque fois quil voulait
prendre la parole. Je ne crois pas non plus que lon puisse se
prendre pour le Christ. Que dire aussi de Paul, de Pierre, dÉtienne
ou des autres premiers chrétiens ? La pluralité des paroles
individuelles est inscrite au cur même de notre texte fondateur.
Quant aux Réformateurs, ils ont dabord développé
des thèses très personnelles avant quelles ne soient
reprises par ceux qui allaient devenir les protestants. Peut-être
alors nous faut-il, dans tous les domaines de lexistence, être
plus attentifs au fond quà la forme.
Jattends du débat politique comme du débat
théologique quils nourrissent notre intellect pour nous
faire grandir. Cest le sens du mot « culture » : nous
faire grandir comme lon fait grandir une plante en la cultivant.
Cessons dêtre des graines, apprenons à pousser
Jean-Marie
de Bourqueney