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Dans le N°211


Étymologie: contestation contestée…


Ce qu’écrit M. Hecht dans le dernier courrier des lecteurs à propos de « l’autorité » en lien avec « l’auteur » est fort suggestif et juste. Les deux mots appartiennent en effet à la même famille étymologique. Toutefois je persiste à affirmer qu’ils viennent l’un et l’autre d’un verbe latin (augere) qui signifie augmenter. Je renvoie, parmi bien d’autres ouvrages, au dictionnaire étymologique du français Le Robert (2002), p. 19. C’est d’ailleurs sur cette veine étymologique que s’inscrit le célèbre article d’Hannah Arendt « Qu’est-ce que l’autorité ? » où elle considère que l’autorité est ce qui « augmente » le pouvoir, lui donnant une légitimité qui lui évite l’usage de la force. C’est aussi cette étymologie latine (augmenter, faire croître) qui permet de dire que la véritable autorité n’est pas ce qui écrase, mais ce qui aide à grandir, à devenir l’auteur de sa propre vie.

Michel Bertrand, Montpellier

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Religions : un affront à l’intelligence

Premières réactions à l’article du pasteur Gilles Castelnau (« Les religions : un affront à l’intelligence ? », E & L, n° 210, juin/juillet)


J’adhère au protestantisme libéral, car j’ai « conscience de la constante nécessité d’une critique réformatrice ». Je ne relève pas de la religion réformée mais d’une religion en perpétuelle reformation. Les règles auxquelles je me réfère sont personnelles, provisoires et purement indicatives ; je doute de la justesse de ma position ; je cherche à l’améliorer ; je crains d’influencer les autres.

Mon protestantisme n’est ni rigide ni défini ; au contraire, il est imprécis, poreux, mouvant. C’est une adhésion réfléchie et personnelle à un certain nombre d’idées supérieures, transmises de générations en générations, dans lesquelles j’ai foi et que j’examine constamment dans la limite des lumières qui me sont concédées. Alors pourquoi entrer dans un débat avec Monsieur Castelnau qui dit fort bien et tout haut ce que je pense ou aimerais avoir pensé tout seul ?

Merci à lui pour son article. Merci à vous pour l’avoir publié. Nos positions sont, je le crois sans aucune prétention, un « hommage à l’intelligence ». Continuez. Fraternellement.

M. Georges Garet, La Rochelle

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L’article de Gilles Castelnau pose bien le problème de fond ; on avait déjà dans Castellion cette recommandation de ne recevoir pour crédible que ce qui était concevable après l’analyse de la raison (« La raison, dis-je, est comme un discours éternel de Dieu de beaucoup plus ancien et plus sûr que les Écritures et les cérémonies. » L’Art de Douter et de Croire). Il faudrait veiller à ne pas tomber dans la dérive de la religion post révolutionnaire... En outre, on est frappé par la résurgence dans tel autre article d’Évangile et liberté de ces choses apprises avant ces changements d’optique, mais qui restent plus ou moins inconsciemment dans la mémoire ou dans la plume. Enfin, quelle place faire à la « tradition » en particulier catholique, mais aussi bien présente chez nous à certains égards : la combattre au dernier degré, l’ignorer ; l’attitude que nous voyons mieux chez nos amis catholiques, arrivant à concilier la hiérarchie trop pesante et les ouvertures plus évangéliques, doit nous mettre en garde pour tenter d’éviter ce même travers. Ce qui va compliquer encore le dialogue interreligieux, puisqu’un dépoussiérage est nécessaire avant d’arriver au fond, alors que les choses sont déjà très encombrées dans tout ce à quoi on tient dans son propre camp.

Pierre Manivit, Montbonnot

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Comme John Spong, je pense que l’ « athéisme » est davantage blocage intellectuel devant ce « théisme » obsolète, que refus de la foi en Dieu – au « divin » comme préférait le dire un prêtre symboliste cité par Théodore Monod dans Le chercheur d’absolu. Quand le pasteur invite les paroissiens à dire le Symbole des Apôtres, je ne croise pas les doigts dans mon dos, mais je me récite « mon » Credo. Enfin, ouvrir nos temples le samedi après-midi – ou le « jour de marché » – permet de faire entendre la voix protestante. À Pau, plus de 6000 visiteurs depuis septembre 2000. À ceux qui se disent « athées » et à ceux qui reprochent aux « Églises » de s’accaparer Dieu, je fais lire le cartouche d’Évangile et liberté. [ndlr : cf. p. 5] Tous l’approuvent et beaucoup m’avouent : « Vous me donnez à réfléchir », ce qui me relance vers d’autres « ouvertures ».

André Breton, Pau

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Je partage entièrement la réaction de Gilles Castelnau devant de nombreuses affirmations de la liturgie réformée, qui sont incompatibles avec les connaissances scientifiques depuis la fin du XXe siècle. Les physiciens ont alors découvert des lois physiques de notre univers ne laissant plus de place à un Dieu créateur.

Les phrases prononcées au cours de la liturgie ne peuvent pas être une récitation sans réflexion ; il faut qu’elles expriment notre foi, sans réticence. Ceci n’est possible que si on reconnaît la coexistence du monde où nous vivons avec un monde spirituel, qui n’a pas les mêmes coordonnées d’espace ni de temps que le monde physique.

Cela ne signifie pas qu’il faille abandonner toute réflexion intelligente au cours du culte ou de nos prières, bien au contraire. Ma réponse se situe dans le cadre d’un protestantisme réformé qui s’écarte d’une interprétation littérale des textes de la Bible (ancien et nouveau Testament), pour en rechercher le sens symbolique. Par exemple, le récit de la tempête sur le lac de Tibériade, est, à mon avis, une remarquable parabole si on le lit comme l’affrontement des tempêtes de la vie.

Si Dieu n’est pas le créateur du monde où se déroule notre vie, il est par contre le créateur du monde spirituel, avec lequel il se confond. Que deviendra ce monde spirituel quand toute vie s’éteindra sur cette terre ? Je ne le sais pas, et je ne peux pas l’imaginer. Cela ne m’empêche pas d’affirmer la réalité d’un monde spirituel, qui se manifeste à nous (c’est un aspect du mystère de l’incarnation) de façon indépendante de notre volonté.

Gérard Cabane, Fontenay-aux-Roses

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