Un Dieu sans barbe :
voilà celui en qui nous croyons à Évangile
et liberté.
Un Dieu sans mythologie, un Dieu crédible et qui
est, oui, osons le mot : acceptable à lentendement. Protestants,
cest-à-dire héritiers de cette Réforme qui
commit ce geste révolutionnaire de traduire la Bible dans la
langue de tout le monde, nous nous devons de libérer la foi de
ce qui la rend obscure, repoussante ou inaccessible, et de libérer
Dieu de ce qui nous le rend étranger, absurde ou impossible.
Ce Dieu, figure tutélaire qui surplombe le monde
pour y intervenir quand bon lui semble, ce Dieu qui hante encore quantité
de sermons, de cantiques et de confessions de foi, y croyons nous vraiment
?
Ce Jésus, mi-homme mi-Dieu, qui, un beau jour,
reviendra sur les nuées du ciel sauver enfin le monde de sa perte,
ce Jésus devenu lidole de nombreux chants et textes de
prières, est-il réellement celui que nous aimons et que
nous voulons suivre ?
Ce Dieu qui dirige nos vies, nous prend par la main et
nous comble de ses bienfaits, ce Dieu de lomniscience et de lomnipotence,
pouvons nous encore lui faire crédit ?
Ce Dieu barbu, nest-il pas trop souvent celui de
nos manques : un dieu béquille pour éclopés, réduit
à nêtre plus que le cache-misère dun
besoin de consolation ?
Ce Dieu de nos constructions mythologiques, nest-il
pas toujours celui de nos fantasmes infantiles de toute puissance, une
sorte de père Noël religieux ?
Un Dieu sans barbe, rasé de tous ses oripeaux mythologiques
(et masculins !) : voilà celui que nous désirons et vers
lequel il nous faut sans cesse revenir pour retrouver le Dieu
de lÉvangile.
Un Dieu source de vie, damour et de sagesse, un
Dieu que nous connaissons en Christ, cest-à-dire incarné
à travers ce qui devient Évangile, Bonne nouvelle pour
nos vies et pour le monde : un combat, un appel, une force créatrice
qui nous conduit au meilleur de nous-mêmes.
Raphaël
Picon