Combien de fois allons-nous
prononcer ou écrire ce mot pendant un mois ! Ah, ces vux
annuels qui, à loccasion, se transforment en exercice pénible
: sattabler devant la liste parfois culpabilisante de personnes
plus ou moins perdues de vue
Vux personnalisés ou
bien formule toute faite répétée ad nauseam, plus
de la langue et de la plume que du fond du cur ? La Bible, anticipant
cette « liturgie » inaugurale de lannée, prend
soin de mettre en garde contre les vux. Mieux vaut sen abstenir
que den faire inconsidérément : un vu sincère
sinon rien ! Bon à se rappeler en période de promesses
électorales
Paradoxalement, on appelle vu pieux un vu
jugé irréalisable : serait-ce un clin doeil à
saisir pour réfléchir à ces vux non annuels
mais hebdomadairement répétés qui, au nom du bien
que nous voulons à lautre, se font liturgiquement
pour de vrai cette fois chaque dimanche ? Qui est responsable
de ces catalogues parfois longs et détaillés de biens
si ardemment souhaités au proche comme au lointain, au misérable
comme au puissant ? Dieu, à qui lon remettrait une liste
des commissions, comme sil fallait lui rappeler de ne pas oublier
telle ou telle misère qui nous préoccupe tant quil
est préférable de la lui « remettre », de
la lui « présenter » ? Nous-mêmes ? Nous revoici
attablés devant la liste des relations devenues trop lointaines,
et la culpabilité sentend en miroir dans la prière
de repentance « je nai pas fait
». Vux
: quils ne restent pas des mots creux lancés par pure forme.
Un vu est plus quune autre parole : il lie, il responsabilise.
Il est permis de suspendre le mot et la plume : « Que votre oui
soit oui
» Vux : que vous souhaiter de mieux ?
Christine
Durand-Leis