Numéro 219
Mai 2008
Sommaire & Résumés
(
: permet d'aller au corps de l'article)
Éditorial
Dépasser la
croix, par Laurent
Gagnebin
Devenue le symbole du christianisme, la croix a certes,
avec Vendredi saint et Pâques, une fonction inaugurale et
capitale pour lhistoire de la foi chrétienne. Et pourtant,
cest le Royaume de Dieu qui est au cur de lenseignement
de Jésus. En regard de ce règne de Dieu, on ne saurait,
comme on le fait trop souvent, parler de Jésus en oubliant
sa prédication centrée sur « cherchez dabord
le Royaume de Dieu et de sa justice » (Mt 6,33)...
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Questionner
Le quarantième anniversaire des « événements
de mai 1968 », est loccasion, pour Bernard Antérion,
de raconter comment il a vécu cette période, et
en quoi elle a changé la vie de lÉglise
et le ministère pastoral.
Mai 68 et le ministère
pastoral, par Bernard
Antérion
Le ministère pastoral sexerce dans lhistoire,
dans lespace et le temps. Ma manière de vivre ce ministère
ressemble de très loin à celle qui était vécue
au début du XXe siècle, par exemple. Tout événement
personnel, social ou historique modifie ma façon de vivre
et de travailler. On sait bien que des événements
comme la dernière guerre mondiale, les camps de prisonniers,
la guerre dAlgérie, ont marqué durablement.
Dans une bien moindre mesure, les événements dits
de mai 68, ont marqué celles et ceux qui ont vécu
cette période. La dramatisation de ce temps na rien
à voir avec les temps de guerre, mais pourtant les traces
restent vives et sans doute aussi masquées...
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Méditer
Jai foi en la
nuit, par Francine
Serre
Nuit, obscurité, ténèbres, voilà longtemps
que je voulais écrire sur ces mots et prendre leur défense.
Cest que, dans les discours chrétiens, nous les traitons
de haut, ces mots, soit en les passant sous silence, soit en les
opposant avec dédain et même un frisson dhorreur
à de célestes clartés, à déclatantes
lumières...
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Ces mots qu'on n'aime pas
Le culte marial,
par Alain Houziaux
Une fonction fondamentale de la religion, cest
dapporter une consolation. La consolation nous est plus nécessaire
que le salut et le pardon. Jésus-Christ, assure lÉvangile,
nous apporte le salut et le pardon. Mais la Vierge Marie, pour la
piété populaire, apporte la consolation. Doù
le succès de la magnifique prière du Salve Regina
: « Nous vous saluons, Reine, Mère de miséricorde,
par qui nous vient la vie, la douceur et lespoir. Enfants
dÈve, chassés du Paradis, nous jetons vers vous
un cri dappel
Ô Vierge, notre protectrice, tournez
vers nous vos regards maternels,
vous si bonne, si tendre,
si douce Vierge Marie. »...
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Série
: Les Pères de LÉglise
Quand les Pères de lÉglise nous
surprennent et nous questionnent... Jacques-Noël Pérès,
professeur de patristique à la faculté de théologie
protestante de Paris, partage pour nous ces trésors du
patrimoine chrétien.
5. Hilaire de Poitiers,
par Jacques-Noël
Pérès
Défions-nous de nos façons de penser humaines et
terrestres; lorsque nous traitons des questions divines, gardons-nous
daffirmations violentes et téméraires. Défendons
plutôt la pureté des paroles célestes contre
la malice dinterprétations équivoques et impies.
Lisons ce qui est écrit, et essayons de comprendre ce que
nous avons lu ; ainsi nous acquitterons-nous des devoirs dune
foi parfaite. Hilaire de Poitiers...
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Billet
Mépris ? Ras
le bol !, par Jean-Marie
de Bourqueney
Le dossier de la laïcité politique est rouvert
en France. Fallait-il le faire ? Dans quelles conditions ? On peut
à lenvi en discuter
Mais javoue que, surtout
vu de Belgique où je vis, je suis surpris des passions que
cela met en uvre. La loi de 1905 fête ses 103 ans. Pas
1, 5 ou 10 ans ; 103 ans ! Et nous revoilà partis en arrière.
Un vrai voyage dans le temps...
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Vivre
La chaise vide,
par par Vincens Hubac
La chaise est vide. Il ny a plus de visage derrière
la vitre. Elle sest éteinte au petit matin sans un mot,
emportée dans son sommeil. Elle passait ses journées
en silence, regardant le spectacle de la rue, souriant ou saluant
un voisin de passage. Elle parlait peu et bougeait encore moins, ne
voulant gêner personne. Elle nest plus là et un
grand vide envahit la pièce...
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Les philosophes essaient depuis longtemps de définir la
beauté et le Beau.
Pour Platon la beauté existe indépendamment des
mots, cest une entité réelle, et donc la définition
de la beauté cest la beauté
« Tout
le monde raisonne du Beau », écrit Diderot. «
Il est cependant bien difficile de donner une définition
de la beauté qui soit satisfaisante », ajoute lEncyclopédiste.
Pour Kant « est beau ce qui plaît universellement et
sans concept ; il est ce quil doit être mais on ne sait
pas ce quil doit être » ; « On peut donner
des exemples de beauté, on ne peut pas en donner une définition.
» La beauté est dans lil de celui qui regarde
et non dans ce qui est regardé. La beauté serait-elle
alors purement subjective ? Ne serait-elle quune résonance,
un écho intérieur ?
Beaucoup se sont posé la question de la relation entre
le Beau et le Bien. Platon définit un « tout intégré
» comprenant le Beau, le Vrai et le Bien. Plus tard, Kant
écrira : « Le Beau est le symbole du Bien. »
alors que Kierkegaard séparera nettement esthétique
et éthique.
Faut-il introduire, comme le fait Kant, une différence
fondamentale entre le beau et le sublime ? « Le sublime doit
toujours être grand, le beau peut aussi être petit »,
affirme-t-il. Paul Ricur reprendra cette différenciation
: « Lémotion que la nature nous inspire est peut-être
plus proche du sublime que du beau. »
Les poètes et les écrivains, quant à eux,
font la part belle à la beauté.
Et pour nous, la beauté nest-elle pas un viatique
sans lequel nous aurions du mal à ne pas sombrer dans la
dépression ? Beauté dun coucher de soleil, dun
bouton de rose, dune symphonie, dun sourire denfant,
dun chat qui dort, dune sculpture, dun visage
chacun peut se constituer sa propre liste. La beauté, au
travers dune expérience sensorielle, procure une sensation
de plaisir, de satisfaction, un sentiment de plénitude. La
contemplation de la beauté provoque alors souvent la louange
de la Création et du Créateur. « La beauté
est une des rares choses qui ne font pas douter de Dieu »,
écrit Jean Anouilh, et Paul Gauguin va plus loin : «
Dieu est le symbole de la Beauté, la Beauté même.
»
Dans le numéro 174 de notre revue P.-J. Ruff écrivait
: « Les protestants libéraux croient que le monde naturel
[
] peut être un vecteur pour conduire à Dieu.
Beaucoup de textes bibliques le disent ; ainsi le psalmiste (Ps.
19,2) chante : Les cieux racontent la gloire de Dieu, Et létendue
manifeste luvre de ses mains. Non seulement les
beautés de la nature témoignent de Dieu, mais elles
peuvent conduire à lui. »
« La beauté se raconte encore moins que le bonheur
», disait Simone de Beauvoir. Écrire un texte sur la
beauté est une entreprise difficile
Bernard Félix,
bien connu de nos lecteurs, nous présente ses réflexions
et ses recherches littéraires sur ce sujet.
Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne
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Repenser
Après lIncarnation
(n°217, mars) et la Croix
(n°218, avril), voici un autre article nous aidant à
penser un christianisme pour aujourdhui.
Évoquant les dérapages causés par
certaines compréhensions du péché, Jean-Marie
de Bourqueney se demande sil ne serait pas judicieux de
le ressaisir à travers la notion de fragilité.
Le péché,
par Jean-Marie
de Bourqueney
Au pays des mots « chargés », celui de
péché serait sans doute le roi. Aujourdhui, la
simple évocation de ce mot fait frémir
ou sourire
en le repoussant dun revers de la main. Faut-il alors labandonner,
au juste prétexte quil est générateur de
culpabilités ? Dans le protestantisme libéral, et dans
notre journal, nous insistons sur la « Liberté ».
Je crois que nous avons raison. Or, le mot de péché
est ressenti comme lantinomie dun discours moderne et
libre, mettant en avant lhumain. La principale réussite
de ce mot, dit-on, est davoir rempli les cabinets de psy...
Dialoguer
Laurent Gagnebin a écrit plusieurs livres sur des écrivains
modernes : Gide, Camus, Sartre, et Beauvoir. Il précise
ici ce quil admire dans lécriture et dans la
pensée de celle qui est pour lui sa « dernière
référence culturelle ».
Simone de Beauvoir,
par Laurent Gagnebin
Propos recueillis par Olivier Guivarch
Vous avez publié en
mai 1968 ! , un Simone
de Beauvoir ou le refus de lindifférence. Quest-ce
qui vous a conduit à elle, dont on fête cette année
le centième anniversaire de la naissance ?
Javais entamé un dialogue avec lathéisme
contemporain via la littérature. À 22 ans, jai
publié un livre sur Gide (André Gide nous interroge,
1961), puis bientôt sur Camus (Albert Camus dans sa lumière,
1963). Je me disais : il faut maintenant poursuivre ce chemin
avec Sartre ! En lisant les mémoires de Simone de Beauvoir,
pour mieux le connaître, jai découvert avec
elle une uvre, un style et une pensée originale,
qui mont plu et enthousiasmé demblée...
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Commenter
Lun des principaux arguments contre lattribution
à Paul des épîtres pastorales (1 & 2 Timothée,
et Tite) est quon ny reconnaît plus la théologie
paulinienne. Mais quelle est celle de lauteur de ces lettres
où dominent les exhortations et une perspective institutionnelle
? Cet article est la suite de la réflexion sur les Pastorales
entamée dans le n° 218.
Quelle théologie
pour les Pastorales ?, par Patrice
Rolin
Abordant un texte biblique, le lecteur croyant manifeste naturellement
une légitime bienveillance, cependant parfois ébranlée
par des formulations aujourdhui devenues choquantes ; il déploie
alors avec délicatesse une remise en contexte historique
sauvant le passage des anachronismes dun jugement moderne.
Pour les épîtres pastorales la tâche nest
pas aisée, on peut même se demander si elle est honnête
! Après tout, respecter un texte, cest aussi lautoriser
à dire ce quil dit, quitte à se trouver en désaccord
profond avec lui, fût-il biblique...
Retrouver
Noble, converti à la Réforme, François
de La Noue, dit « Bras de fer » (à ne pas confondre
avec Philibert « Jambe de Fer », compositeur réformé
du XVIe siècle : voir E & L no 216, février
2008), est connu comme chef militaire, pacificateur, homme de
lettres. Il sera fidèle à la Réforme, layant
choisie seul et par conviction. Tous lont aimé et
respecté, et Henri IV dira quil était «
grand homme de guerre et encore plus grand homme de bien ».
François de
la Noue « Bras de fer » 1531-1591, par Nicole
Vray
François naît le 16 août 1531, sans doute au
château de la Gascherie, près de La Chapelle sur Erdre,
aux environs de Nantes, où il est baptisé le 18 août.
De famille noble, lenfant reçoit léducation
traditionnelle des jeunes princes : les armes, la vie de cour dont
la musique, la danse. Il développe seul le goût quil
gardera toujours pour la lecture et les arts. Adolescent, il est
bientôt envoyé à la cour de François
Ier à Paris où, selon lusage, il sera page puis
écuyer. Sa future carrière est toute tracée
: dans les armes...
Lire
Livre : LÉvangile médité
par les Pères
Livre : Le Christ philosophe
Livre : Mythes grecs, mythes bibliques
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Résonner
Le héros du film « À tombeau ouvert »,
de Martin Scorcese, est un ambulancier tourmenté par la
culpabilité de ne pas sauver tous les blessés quil
convoie. Il finit néanmoins par accomplir religieusement
sa mission, en acceptant ses limites. P. Nambot souligne les échos
bibliques de ce film quil apprécie particulièrement.
À tombeau ouvert,
par Pierre Nambot
Devant létendue de la souffrance humaine, nous nous
sentons coupables ce qui nous amène à réfléchir
sur notre attitude en tant que chrétien. Martin Scorsese
traite magistralement ce thème dans son film incontournable
« Bringing out the death » traduit en Français
par « À tombeau ouvert ». Sorti en 2000, jai
choisi den parler car il est toujours dactualité...
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Visiter
Gilles Castelnau commente deux statues symboliques ornant
la cathédrale de Strasbourg.
La synagogue et lÉglise
chrétienne, par Gilles
Castelnau
Deux jeunes femmes du XIIIe siècle au portail sud de la
cathédrale de Strasbourg. Celle de gauche est altière
et magnifique. Elle se tient cambrée et assurée sous
sa couronne. Elle porte une coupe et sappuie sur une grande
crosse en forme de croix. Elle fronce les sourcils et plisse le
front en signe de mécontentement. Elle ne supporte pas la
présence de sa pauvre voisine. Celle-ci est humiliée.
Les yeux bandés, signes sans doute dun aveuglement
coupable, la tête inclinée de honte, elle garde encore
en mains un bâton brisé et ose à peine tenir
dans sa main gauche un document indigne (la Tora ? le Talmud ?)...
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Nouvelles
Faites connaître Évangile
et liberté !
Le nombre des abonnés à Évangile et liberté
a dépassé 2000
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Citation
On peut détester
toutes les Églises et sincliner devant Jésus...
Jésus servira toujours à la critique du christianisme
et quand le christianisme sera mort, la religion de Jésus
pourra survivre.
Henri-Frédéric
Amiel, Journal, 1868
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