Numéro 223
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Philippe Gagnebin, Sans titre. |
Mais aujourd’hui on constate que le libéralisme économique donne le pouvoir aux entreprises et surtout au « marché », au détriment des individus. La recherche de bénéfices toujours plus élevés accroît les inégalités, et les protections sociales disparaissent. Alors non, le protestantisme libéral ne peut pas se retrouver dans ce libéralisme-là.
Le protestantisme libéral a des racines au XVIe siècle avec, par exemple, F. Socin, Zwingli et Sébastien Castellion. Ce dernier publie en 1555 une traduction de la Bible selon des principes alors révolutionnaires. Il reconnaît l’obscurité de certains passages, et il utilise le langage populaire. Il plaide pour une foi qui soit confiance en Dieu, et non adhésion à des doctrines. Il refuse d’opposer la raison et la foi. Après l’exécution de Michel Servet, il a cette phrase célèbre : « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. »
Le protestantisme libéral s’est développé au XVIIIe siècle et a pris de l’ampleur au début du XIXe avec l’allemand Frédéric Schleiermacher, que le pasteur Samuel Vincent a fait connaître en France, et qui a exercé une influence considérable sur le protestantisme européen, avec son souci de toujours conjuguer la religion et la culture. Le protestantisme libéral a contribué au XIXe siècle à l’essor d’une étude historique rigoureuse de la Bible, ainsi qu’à l’utilisation de la critique littéraire déjà en usage pour la littérature profane.
Au XXe siècle, le libéralisme a subi de profondes transformations sous l’influence de penseurs comme Albert Schweitzer, Rudolf Bultmann, Paul Tillich. Mais aussi avec l’introduction de la théologie du Process qu’André Gounelle a fait connaitre en France : Dieu est une force de nouveauté et de créativité qui transforme le monde (Le dynamisme créateur de Dieu, éd. van Dieren).
Aujourd’hui, certaines des idées du protestantisme libéral se sont si bien répandues qu’elles ne lui appartiennent plus et c’est tant mieux ; mais le courant libéral est dynamique et moderne, avec une histoire et un avenir. Signalons la remarquable présentation du libéralisme faite par A. Gounelle dans Penser la foi, éd. van Dieren.
Laurent Gagnebin, directeur de la rédaction d’Évangile et liberté, professeur honoraire à la Faculté libre de théologie protestante de Paris, auteur de nombreux ouvrages, présente ici quatre orientations fondamentales du protestantisme libéral.
Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne
Huldrych Zwingli
Sébastien Castellion
Michel Servet
Friedrich D. E. Schleiermacher
Nicolas Berdiaeff
Wilfred Monod |
Il est difficile de définir le protestantisme libéral, parce qu’il comporte plusieurs formes spirituelles et théologiques différentes, parfois même très différentes. On devrait presque toujours en parler au pluriel : les protestantismes libéraux. Plutôt que de libéralismes véritablement et substantiellement opposés, il s’agit d’orientations différentes, à l’intérieur d’une seule et même famille. Évangile et liberté traduit cette diversité, aussi bien dans son comité de rédaction que dans les articles publiés.
Cela dit, les frontières entre ces diverses orientations sont plus ou moins nettes ; les positions, le plus souvent, se recouvrent partiellement. Rares sont les protestants libéraux qui appartiennent à une seule de ces orientations. Ces dernières comportent entre elles des frontières suffisamment floues ou poreuses pour qu’il soit possible, d’ailleurs, de les rencontrer aussi chez des orthodoxes (NDLR : ce terme désigne ici ceux qui ne se réclament pas du libéralisme), comme je l’indiquerai chemin faisant...
(l'article complet sera en ligne en avril 2009)
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