Temple

  Les protestants réformés utilisent le mot « temple », quand les catholiques utilisent le mot « église ». C’est un paradoxe, puisqu’un temple, c’est normalement l’habitation d’une divinité, un lieu où l’on fait des sacrifices, et une église le lieu de rassemblement d’une assemblée (Ecclesia). Or les églises catholiques sont des lieux sacrés où se vit le sacrifice de la messe, où se joue la présence réelle de Dieu par l’Eucharistie et le saint Sacrement, et les temples protestants ne sont que des lieux d’assemblée. Logiquement, ce devrait donc être le contraire.

  Et puis le mot « temple » n’évoque que très mal ce que nous y faisons. Quand on dit « temple », on pense naturellement aux temples grecs, à ces lieux destinés à l’adoration des divinités païennes, ou encore aux rites franc-maçons, et nos cultes n’ont pas grand-chose à voir avec tout cela.

  La référence fondamentale, bien sûr, c’est le temple de Jérusalem, mais là encore on ne peut imaginer que les protestants aient pu jamais vouloir que leurs temples en soient des substitutifs. Ce serait anti-évangélique, le Christ n’a cessé de critiquer, voire de condamner le culte juif tournant autour du Temple. Le message n’est-il pas que c’est le Christ qui est notre Temple, ou nousmêmes d’après Paul, mais en aucun cas un bâtiment quel qu’il soit ?

  Il faut croire que les protestants se sont égarés et ont fait ce choix curieux par anticatholicisme primaire ; il fallait trouver un autre mot, faire autre chose. Dans les milieux évangéliques, on dit simplement « salle de réunion ». C’est moins poétique, mais certainement plus juste.

  Mais cet usage, nous le tenons de ceux qui nous ont précédés, or le lien avec l’histoire aussi est important, et l’essentiel est de savoir ce que nous voulons mettre, nous, sous les mots.

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