La Bible distingue « nation » et « peuple ». Elle appelle nation une communauté naturelle fondée sur le « sol » (la terre natale) et le « sang » (l’appartenance familiale). « Peuple » y désigne la communauté historique de foi (Israël ou Église) fondée sur l’acceptation d’un appel et d’une mission venant de Dieu.
Ce que la Bible distingue, la modernité l’associe, sans lui donner de contenu religieux. Dans une conférence de 1882, Renan caractérise la nation par deux éléments : un passé commun et la volonté de vivre ensemble. Le passé commun est un fait qu’on ne peut pas gommer ; en ce sens la nationalité ne se perd jamais, elle relève du droit du sol et du sang et non de décisions juridiques ni d’actes personnels. Par contre, si la volonté de vivre ensemble se transforme en son contraire, comme dans le terrorisme, on se coupe de la nation ; sous cet angle, on peut envisager l’éventualité d’une déchéance nationale. Mais pas plus que l’excommunication n’annule le baptême, la déchéance ne supprime l’appartenance. Elle ne peut être que partielle. Le déchu reste lié à la nation qui l’exclut.
Au passé et au présent, Renan ajoute un programme. Pour le chrétien, le programme, c’est le Royaume : un peuple qui réunit toutes les nations ; des humains libérés des déterminismes funestes du passé et des décisions néfastes du présent. Que nous soyons pour ou contre la déchéance de nationalité, n’oublions pas cet avenir auquel Dieu nous invite et pour lequel il nous mobilise.
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