John Shelby Spong
éd. Karthala
L’évêque Spong explique dans son avant-propos que son rôle d’évêque est de faire partager à ses paroissiens la connaissance de la Bible acquise par les travaux des théologiens récents.
Il nous entraîne dans l’enthousiasme contagieux d’une foi vivante et vibrante tout en nous mettant en garde contre la tentation d’une lecture fondamentaliste des textes, qui ne peut que les rendre non crédibles et nous détourner d’une foi dynamique.
Voici la dernière page de son livre :
Je me trouve ainsi devant ce portrait de Dieu qu’a peint Jésus de
Nazareth et qu’interprète l’Église. Je reconnais les légendes, les
ajouts, le contexte de cet ancien monde qui a eu la tâche de transformer en langage humain l’irruption de la résurrection. J’explore tous
ces éléments jusqu’à ce que, au-delà d’eux, j’atteigne l’expérience qui
les a produits. Ici, les mots me manquent. Le silence m’engloutit. Mon
regard se porte au-delà des limites dans lesquelles je vis ma vie, et je
prononce mon oui priant…
Oui à Jésus, ma principale ouverture à Dieu ;
Oui à la résurrection, qui affirme que l’essence de Jésus est
celle d’un Dieu vivant ;
Oui à la vie après la mort, car celui qui est entré en relation
avec Dieu est entré dans l’éternité de Dieu.
Ces trois oui fusionnent pour constituer l’expérience qui détermine ma
vie. C’est grâce à ces trois oui que je vivrai, que j’aimerai, et que
j’entrerai au plus profond de la vie. Que j’escaladerai les sommets de
la vie et que j’en explorerai les abîmes. Que je chercherai la vérité
sans crainte et que, lorsque je l’aurai trouvée, j’agirai en fonction d’elle,
quoi qu’il m’en coûte. Je ne placerai jamais la paix avant la justice ou
l’unité d’une institution avant sa probité. Ce ne seraient que d’autres
façons d’être déloyal par rapport au premier oui déterminant qui est au
centre de ma personne.
Je ne chercherai plus jamais à spéculer sur la nature de la vie après
la mort, sur la définition du ciel, ni sur les arguments pour ou contre.
Ces livres sur la vie après la mort, que j’ai lus dans une période précédente de ma vie, demeureront rangés sur une étagère de ma bibliothèque. Je ne les ouvrirai plus. Je chérirai les personnes avec lesquelles ma vie est liée actuellement sur le plan affectif, et je profiterai des privilèges croissants que m’accorde leur amitié. Quand ils mourront,
j’aurai de la peine à cause de la perte que ma vie subira. Je ne spéculerai pas sur la manière ou sur la forme sous laquelle je pourrai les
revoir, ni même si je pourrai les revoir. Ce n’est pas mon affaire. Mon
affaire, c’est de vivre maintenant, d’aimer maintenant, et d’être maintenant. Comme j’offre maintenant ma vie, mon amour et ma personne, j’espère que d’autres pourront être appelés à approfondir leur vie, à accroître leur amour, à être plus pleinement, et que, en nous développant mutuellement, nous entrerons dans l’infini que Paul Tillich a appelé « l’éternel maintenant ». Ma tâche et, je crois, la tâche du
Christ en ce monde, par conséquent la tâche de ce groupe de personnes
qui osent se dire le corps du Christ, est de le vivre, pas de l’expliquer.
Vivons donc, mes frères et sœurs. Mangeons même, buvons et
soyons joyeux, non pas parce que demain nous mourrons, mais parce
qu’aujourd’hui nous sommes vivants et que telle est notre vocation,
d’être vivants pour Dieu, vivants les uns pour les autres, vivants pour
nous-mêmes.
« Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ! » Quant à moi et
à ma maisonnée, nous servirons le crucifié/ressuscité qui a dit : « Je
suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient EN
ABONDANCE » et je vivrai dans l’attente pleine d’espoir que là où il se
trouve je serai aussi un jour. Je me contenterai tout à fait de cela.
Shalom !
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