En 1979, après un long processus, une partie du Jura s’est détachée du Canton de Berne et a accédé à la souveraineté. Il y a eu des tensions, mais pas d’affrontements comparables à ceux de Catalogne. Question de tempérament (vivacité hispanique contre placidité helvétique) ? L’explication est trop courte et il faut mentionner d’autres facteurs.
D’abord, un État fédéral, comme la Suisse, peut plus facilement qu’un État Unitaire faire droit aux particularismes sans briser le cadre commun. Si on transpose dans le domaine religieux, le Conseil œcuménique qui met en réseau des Églises autonomes harmonise mieux l’unité en Christ avec une légitime pluralité que ne peut le faire une institution ecclésiale unique.
Ensuite, le Jura a observé la loi constitutionnelle, alors qu’en Catalogne on a, semble-t-il, cherché à la renverser. À la suite de Paul, la plupart des Réformateurs ont préconisé l’obéissance aux autorités. À mon sens, ils ne demandent pas de se soumettre à des tyrans ou à un ordre injuste, mais d’observer les lois et les constitutions qui nous régissent. Elles définissent les règles d’une vie commune possible et, même si c’est parfois nécessaire, il est toujours très grave de s’en affranchir. Quand on les trouve mauvaises qu’on travaille à les changer, mais en suivant les procédures légales et non par une violence qui empire les problèmes au lieu d’acheminer vers une solution. Ce n’est pas de la résignation mais de la sagesse ; et cette sagesse, pour être lente, est souvent plus efficace que les actions d’éclat.
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Difficile de comparer deux situations totalement différentes. J’étais frontalier à ‘époque de la création du canton du Jura, et je connais assez bien la Catalogne où j’ai travaillé. Dans un cas, il s’agissait de diviser en deux un canton, sans sortir de la Confédération. Qui plus est, c’est la partie la plus pauvre qui demandait à se séparer de la partie la plus riche. Dans l’autre cas, il s’agit d’une revendication d’indépendance, alors que la région a déjà une forte autonomie. De plus, la Catalogne a un contentieux historique, qui confine à la haine pour certains, datant de la guerre républicaine, avec Madrid vu comme le coeur du franquisme. Sans compter l’aspect religieux : une Catalogne anticléricale vis-à-vis d’une Castille d’un catholicisme plutôt conservateur.