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Le dialogue … selon l’Evangile

Le dialogue ! C’est aujourd’hui un mot à la mode, mais la réalité profonde et spirituelle qu’il exprime ne l’est guère. Heureusement, l’évangile est là pour nous rappeler que le dialogue vrai n’est pas une succession de monologues de sourds, mais un échange vivant et un partage fraternel De même le dialogue ne saurait être un entretien sous la menace, ou sous la complète défiance, encore moins sous le mépris.

A toutes les pages de l’évangile, nous voyons le Christ dialoguer avec l’homme dans un esprit de largeur, de respect des consciences, de sainte et fraternelle exigence, d’inlassable générosité.

Plus que les êtres pécheurs, faillibles, inconséquents, que nous sommes tous, Jésus aurait pu refuser bien des dialogues. Il aurait pu se draper dans sa propre justice, sortir du camp, s’inscrire au parti des pharisiens, des « séparés », peut-être même au parti des Zélotes dont le suprême espoir était de hâter, par une sanglante et efficace révolte, l’avènement du royaume de Dieu.

Jésus a dialogué avec des pharisiens et des Zélotes, mais il n’a pas adapté son message à leur message, ses certitudes à leurs illusions et à leurs erreurs. Il en a convaincu quelques-uns : il ne s’est pas laissé convaincre, ou séduire par eux. Il n’a fermé aucune porte, mais il est resté lui-même, insensible aux critiques et au mépris de ceux qui lui reprochaient son ouverture humaine et son refus du dialogue à sens unique.

Au grand scandale des « séparés » et des « purs », dédaignant leurs excommunications, Jésus a respecté et aimé tous ceux qui s’approchaient de lui d’un coeur sincère. Il ne leur a jamais demandé leur passeport ecclésiastique et encore moins leur carte d’identité politique.

La largeur du Christ et sa générosité sont infinies. Il refuse de disqualifier ou de glorifier un être humain en fonction de sa seule appartenance raciale, nationale, sociale, politique ou religieuse.

Il décèle en tout interlocuteur l’enfant de Dieu à respecter, à instruire et à aimer.

Certes, Jésus se penche avec prédilection sur les plus humbles, les plus démunis, les plus pauvres, les plus faibles des humains. Il les console, les guérit, les relève, ouvrant devant eux les portes de la libération et de la lumière.

Cela ne l’empêche pas, bien au contraire, de tourner son regard vers ceux que les réussites de la vie n’ont pas satisfaits, vers le jeune homme riche et tous ceux de sa lignée, vers tous ceux qui viennent lui dire : « Maître, que dois-je faire pour avoir la vie, la vraie vie, la vie éternelle ? » Ceux-là aussi, Jésus les respecte et les aime. C’est pourquoi il ne les flatte pas, il ne s’avilit pas devant eux à la manière de ces meneurs ambitieux qui flattent la jeunesse pour mieux se servir d’elle. Le respect de Jésus est un respect exigeant.

« Prédestinés à être conformes à l’image du Fils de Dieu », écoutons, dominant les rumeurs du troupeau sans berger qui déferle sur les routes larges dont on lui dit qu’elles déboucheront un jour sur un nouveau paradis terrestre, écoutons ensemble la voix fraternelle et exigeante du Christ qui nous redit : Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Empruntez le chemin resserré et montueux. Car c’est dans ce sens-là seulement que se trouve la lumière et la joie du Royaume de Dieu.

Comment expliquer que, malgré la présence de tant de hautes intelligences rationnelles dans chaque nation, dans chaque parti, les communautés humaines connaissent tant de crises stériles, tant de difficultés, tant d’incohérences ?

Ne serait-ce pas parce que la cité terrestre n’a pas seulement besoin de raison, mais de l’intelligence du coeur, pas seulement besoin de nouvelles structures, mais aussi et surtout d’un renouvellement intérieur, d’un souffle de générosité et de pureté !

Dans son humanité et son réalisme, l’évangile nous rappelle qu’il n’est aucune conviction, aucune foi, aucune amitié, aucun amour, aucun renouveau qui puissent s’imposer à l’homme par la violence ou par la seule raison. Pour convaincre, il faut aimer. Le drame des divisions et des injustices humaines ne sera jamais résolu par l’esprit ; il faut l’intelligence du coeur et le miracle d’un renouvellement dont la source est en Dieu. Telle est la pure et dure exigence de l’Evangile. La taire c’est trahir. La redire sans cesse, c’est servir et aimer.

(Paris, 26 mai 1968.)

R. Château

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