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Émile Zola, Lourdes

Au sein de mon panthéon littéraire, Émile Zola a toujours régné en souverain incontestable. Mais quand on m’interroge pour savoir lequel de ses nombreux ouvrages recueille ma préférence absolue, malgré la difficulté qu’il y pourrait y avoir à choisir parmi tant de merveilles, la réponse m’est évidente : Lourdes. Ce serait pourtant mentir que de dire que sa lecture me fut facile ! Au contraire, ma première lecture fut inachevée et toute lecture de ce roman me prend du temps. La raison en est simple : Lourdes est un livre difficile car déchirant, sublime portrait de l’humanité « brûlant du désir de vivre encore ». Livre bouleversant de par la description des douleurs de cette humanité souffrante traversant la France pour cueillir au pied des Pyrénées – là où Bernadette « a rouvert l’inconnu » – une ultime espérance. Récit de ces âmes en lutte ne recevant parfois – face au silence de Dieu – que l’écho de leurs propres misères. Fidèle à sa méthode, Zola aura passé deux semaines à Lourdes, en 1892, pour écrire ce roman, paru en août 1894 et mis à l’Index par l’Église catholique dès le mois suivant. Au-delà de la poésie de ces pages, quel reportage exceptionnel, trente-six ans seulement après les apparitions ! Le personnage principal de Lourdes – comme de Rome et Paris, les deux autres volets de la série des trois villes – est un prêtre, Pierre Froment, ayant perdu la foi mais accomplissant ce pèlerinage auquel il ne croit plus dans le secret espoir que son scepticisme soit trompé et que la femme qu’il aime soit sauvée. Personnage profondément humain, il n’est pas le porte-flingue d’un scepticisme narquois se démultipliant en ricanements mais l’incarnation d’un scepticisme fraternel, ne s’interdisant pas d’admirer les grandeurs de la foi sans manquer de questionner les errements de la superstition et de condamner les indignités des nouveaux marchands du temple. Homme épris de tendresse et de vérité, surtout préoccupé du salut de l’humanité, quelle qu’en soit la voie.

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À propos Maxime Michelet

est étudiant, diplômé d’un master d’Histoire contemporaine à la Sorbonne ; issu d’une famille de tradition athée, il a rejoint le protestantisme libéral à l’âge adulte à travers le temple de l’Oratoire du Louvre de Paris.

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