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Un œil libéral sur l’IVG

 

En mai 2021, le gouverneur du Texas a signé une loi interdisant l’avortement dès que les battements du cœur de l’embryon sont perceptibles. Cette loi interdit donc de fait une majorité des interruptions de grossesse, même en cas d’inceste ou de viol. Et c’est à l’automne dernier que la Cour suprême américaine a, d’une certaine manière, tué le combat contre cette loi en refusant de la bloquer.

Les femmes qui ont recours à cet acte doivent pouvoir le faire. Et quand elles sont dans une situation telle qu’elles se posent la question, il me semble qu’aucune solution ne sera bonne. Quand on arrive à cette intersection dans nos vies, on a plutôt besoin de soutien que d’être traité de la sorte.

Certes je ne suis pas américaine et on pourrait me dire que ce combat ne me concerne pas. Cependant la question de l’interruption volontaire de grossesse se pose aussi en Suisse, où l’avortement est légal seulement depuis 20 ans. Le 9 février 2014, le peuple a été appelé à se prononcer sur l’initiative populaire « Financer l’avortement est une affaire privée – Alléger l’assurance-maladie en radiant les coûts de l’interruption de grossesse de l’assurance de base ». Cette initiative populaire, comme son nom l’indique, demandait d’arrêter le remboursement de l’avortement par l’assurance-maladie obligatoire. Elle a été rejetée par la population. Le seul canton à l’avoir acceptée avec 50, 7 % des voix pour est celui d’Appenzell Rhodes-Intérieures. La question religieuse n’a pas joué de rôle dans cette votation, puisque tous les cantons catholiques, à l’exception d’Appenzell Rhodes-Intérieures, l’ont refusé à une large majorité. Mais le débat sur l’avortement n’est pas clos en Suisse, où des journaux alémaniques et la Radio Télévision Suisse francophone révélaient le 22 décembre dernier que deux initiatives populaires vont être lancées pour limiter l’avortement.

Que ce soit aux États-Unis ou en Suisse, avec ces différentes lois proposées, voire acceptées, nous ne pouvons que prendre conscience qu’une liberté, qui semble si fondamentale, peut être remise en question aussi facilement. Et pourtant cette thématique n’est pas nouvelle. Un poème du pasteur Martin Niemöller, « Quand ils sont venus chercher… » m’est revenu en tête. Ce pasteur allemand a mis des mots sur la lâcheté de l’être humain. Qu’un petit nombre de la population soit contre l’IVG et veuille la combattre ne m’étonne pas, c’est l’indifférence de cette majorité silencieuse qui me choque ! Mais c’est vrai que c’est plus simple de rester dans sa zone de confort, dans son cocon. C’est plus rassurant de fermer les yeux sur ce qui se passe que d’aller se battre à la vue de tous, surtout quand on pense que ce débat ne nous concerne pas. La question de l’avortement ne concerne pas uniquement les femmes, même si bien sûr elles sont les premières touchées. Il y a autant de raisons d’avorter qu’il y a de femmes qui le font. Comme l’avait dit Simone Veil, devant l’Assemblée Nationale à Paris le 26 novembre 1974 : « aucune femme ne recourt de gaîté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. » C’est pourquoi la question aujourd’hui n’est pas d’interdire l’IVG ou de repenser sa légalité. La question aujourd’hui est comment accompagner ces femmes, qui ont recours à l’avortement, et leur entourage.

 

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À propos Emmanuelle Jacquat

est pasteure à Chavornay (dans le canton de Vaud, Suisse) et membre du conseil d’administration d’Évangile et Liberté.

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