" Il n'y en avait que cinq
qui, diplôme, carrière et surtout expérience,
me paraissaient sinon meilleur mais aussi bon que moi. Une idée
vertigineuse m'est venue…". Bruno Davert (José Garcia
qui joue merveilleusement bien) va bien mettre en œuvre cette
idée car il y a urgence à retrouver un travail. Tout
se détériore autour de lui: climat familial, situation
financière… Son licenciement est incompréhensible
et injuste, il ne doit donc pas s'apitoyer, il doit combattre même
si l'effroi, la peur, la lassitude s'emparent de lui de temps à
autre.
Costa Gavras construit très habilement l'intrigue
de son film qui se déroule comme un passionnant thriller; les
séquences qui ont lieu dans la cabine d'essayage constituent
un modèle du genre. Il en arrive même à ce que
le spectateur s'identifie à Bruno et se mette de son côté
alors qu'il est un être ignoble! C'est donc une histoire perverse
dans laquelle nous entraîne le réalisateur mais ce qui
est très dérangeant, c'est qu'il s'agit d'un drame,
celui des anciens cadres soumis à la paupérisation.
Après Amen, le réalisateur passe de l'anticonformisme
à une œuvre subversive. Costa Gavras nous dit: "
C'est un faux polar et un vrai film social…Le Couperet est une
fiction totale, volontairement outrancière, une métaphore…Dans
le monde du travail et de la concurrence, on assassine la personnalité.
On tue au sens figuré. Le Couperet est en effet un conte qui
réserve paradoxalement une morale".
Il nous reste à espérer que tous les
spectateurs en auront cette lecture et que les esprits faibles et
éprouvés ne prendront pas en exemple ce "conte
amoral". 