Par la grâce
que tu me fais
Dun silence sans solitude
Tu me donnes le droit dimplorer,
De réclamer
Pour mes frères prisonniers
dune solitude sans silence.
-*-
Ne nous condamne
pas
à être seuls
tout en étant ensemble.
Permets-nous dêtre ensemble
tout en étant seuls.
-*-
Jaime toujours
plus les fleurs,
elles me parlent de léphémère
de la vie
et me mettent face à face
avec léternité.
-*-
Ne te laisse pas
tirailler
entre hier
et demain
vis toujours et seulement
laujourdhui de Dieu.
La mort et les invisibles
Un amour mattend
Ce qui se passera de lautre côté,
quand tout pour moi
aura basculé dans léternité,
je ne le sais pas :
je crois, je crois seulement
quun amour mattend
Je sais pourtant qualors il me faudra faire,
pauvre et sans poids,
le bilan de moi.
Mais ne pensez pas que je désespère
:
je crois, je crois tellement
quun amour mattend.
Ne me parlez pas des gloires et louanges
des bienheureux,
et ne me dites rien non plus des anges
tout ce que je peux
cest croire, croire obstinément
quun amour mattend.
Maintenant, mon heure est si proche
et que dire ?
Oh ! mais sourire
ce que jai cru, je le croirai plus fort
au pas de la mort,
cest vers un amour
que je marche en men allant,
cest dans un amour
que je descends doucement.
Si je meurs, ne pleurez pas :
cest un amour qui me prend.
Si jai peur - et pourquoi pas ?
Rappelez-moi simplement
quun amour, un amour mattend.
Il va mouvrir tout entière
à sa Joie, à sa Lumière.
Sur Marie du Saint Esprit
Dieu ombre de sa paume sa Trace
au creux du rocher, protégeant sa vérité de linvisibilité
où, de dos seulement, il se laisse voir. Ainsi la vérité
des choses est maintenue sur le fond de lOuvert. Elle restitue
ainsi les relations humaines à leur bien, à leur justesse
malgré leur précarité. Lao-Tseu, six siècles
avant J.C., exprimait déjà cette idée dans ce
triple aphorisme :
Trente rayons convergent vers le moyeu,
mais le vide entre eux fait avancer le char.
Dune motte de glaise on façonne la jarre,
mais cest le vide en elle qui en donne lusage.
Murs, portes et fenêtres forment la maison,
mais le vide de la chambre permet dy habiter.
Voici lexplication :
La matière est utile,
limmatériel donne lusage véritable.
Marc Faesler
La graine se pourrait contempler
et se dire : Combien je suis belle et puissante et vigoureuse. Je
suis cèdre. Mieux encore je suis cèdre dans son essence.
Mais je vois, moi, quelle nest rien encore.Elle est
véhicule, voie, passage. Elle est opérateur.
Quelle fasse son opération ! Quelle conduise
lentement la terre vers larbre. Quelle installe le cèdre
pour la gloire de Dieu
Alors je la jugerai sur ses branchages.
Saint Exupéry
Lavenir est cette barque
daujourdhui qui demain sera portée par dautres
eaux plus profondes.
Louis Evely
Vous voudriez connaître
le secret de la mort.
Mais comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le cur
de la vie ?
La chouette dont les yeux faits pour la nuit sont aveugles au jour
ne peut dévoiler le mystère de la lumière.
Si vous voulez vraiment contempler lesprit de la mort, , ouvrez
amplement votre cur au corps de la vie.
Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et locéan
sont un.
Dans la profondeur de vos espoirs et de vos désirs repose
votre silencieuse connaissance de lau-delà ;
Et tels des grains rêvant sous la neige, votre cur rêve
au printemps.
Fiez-vous aux rêves, car en eux est cachée la porte
de léternité.
Car quest-ce que mourir sinon se tenir nu dans le vent et
se fondre dans le soleil ?
Et quest-ce que cesser de respirer, sinon libérer le
souffle de ses marées inquiètes, pour quil puisse
sélever et se dilater et rechercher Dieu sans entraves
?
Khalil Gibran Le prophète
Le même fleuve de vie, qui
court à travers mes veines nuit et jour, court à travers
le monde et danse en pulsations rythmées.
Cest cette même vie qui pousse à travers la poudre
de la terre sa joie en innombrables brins dherbe, et éclate
en fougueuses vagues de feuilles et de fruits.
Cest cette même vie que balancent flux et reflux dans
locéan-berceau de la naissance à la mort.
Je sens mes membres glorifiés au toucher de cette vie universelle.
Et je menorgueillis car le grand battement de la vie des âges,
cest dans mon sang quil bat en ce moment.
Rabindranath Tagore (Loffrande
Lyrique)
La mort nest pas lultime
vérité.
Elle nous parait noire, de même que le ciel nous parait bleu.
Mais elle ne noircit pas plus lexistence que lazur céleste
ne tache les ailes de loiseau.
Rabindranath Tagore (Offrande Lyrique)