logo d'Évangile et Liberté

Archives

( liste des articles archivés)

Une approche chrétienne des autres traditions

Les membres des autres traditions religieuses sont devenus des voisins et des amis proches. La manière dont les chrétiens occidentaux les ont perçues, alors qu’ils étaient de l’autre côté de la planète, n’est plus pertinente aujourd’hui. Ce sont de véritables êtres humains, tout aussi vertueux et pêcheurs que nous, tout aussi sages et fous que nous pouvons l’être. . .

De nombreux chrétiens qui reconnaissent cela et cherchent, au-delà des traditions existantes, un point de vue à partir duquel il serait possible de considérer les forces et les faiblesses de chacune. L’histoire des religions et la philosophie de la religion semblent pouvoir fournir de telles visions globales.

Elles sont utiles, mais c’est une illusion de penser qu’elles sont totalement neutres et objectives. Aucune pensée ne peut l’être.

Même si les chrétiens devraient apprendre tout ce qu’il est possible de ces recherches académiques, ce dont nous avons besoin n’est pas d’atteindre un but irréalisable de neutralité et d’objectivité. Notre tâche la plus importante et de nous lier, en tant que Chrétiens, aux membres des autres communautés religieuses.

Les chrétiens ont souvent supposé qu’il fallait aimer ceux qui ne sont pas comme eux afin de les convertir. Si nous supposons qu’en dehors d’une telle conversion les autres s’exposent à un «tourment éternel», cette attitude est alors justifiée. Mais l’amour s’exprime d’abord à travers une relation plus personnelle. Nous prenons au sérieux la personne aimée lorsque nous prenons réellement en compte son histoire personnelle.

Commencer par écouter cette histoire, nous ouvre à une démarche bien différente de celle qui consiste à enfermer l’autre dans des catégories prédéterminées. Les résultats risquent aussi d’être forts différents. Lorsque nous écoutons, nous apprenons. Lorsque nous apprenons, nous sommes transformés. Nous sommes moins enclins qu’auparavant à condamner les autres de ne pas accepter le christianisme.

Si nous prenons l’autre en considération, nous nous ouvrons à une richesse encore inconnue du christianisme. Peut-être a-t-elle été présente tout le temps, en étant seulement voilée ou négligée. Peut-être s’agit-il de quelque chose de radicalement nouveau. Le fait d’incorporer cette sagesse transforme la foi chrétienne. La première conséquence de l’amour du prochain est donc d’être soi-même transformé.

Ces prochains sont aussi enclins à être eux-mêmes transformés. Il y a tellement de gens qui ont fait l’expérience du christianisme sous la forme d’une pression à la conversion, qu’ils ont du coup développé des défenses contre cette religion. Lorsqu’ils rencontrent le christianisme, non sous la forme d’un prosélytisme agressif mais à travers son expression d’un amour authentiquement humain, ces défenses s’adoucissent et les autres peuvent alors, eux aussi, nous écouter.

Lorsqu’ils écoutent des Chrétiens qui les aiment, ils peuvent comprendre le pouvoir et l’attrait que représente la foi chrétienne. Même s’ils ne se convertissent pas au christianisme, ils peuvent apprendre quelque chose de celui-ci qui les affecte profondément.

Lorsque nous en venons à nous faire mutuellement confiance, en étant tour à tour écouté et écoutant, nous voulons entendre la perspective de l’autre sur sa propre tradition, même si ce regard demeure critique. Nous avons besoin, nous chrétiens, d’apprendre à notre sujet, de tous ceux que nous avons persécutés et tout particulièrement les juifs. Ceci est douloureux mais peut aussi être salutaire. Les autres peuvent peut-être aussi entendre de nous ce que nous considérons comme les limites de leurs propres traditions : leur besoin du Christ.

S’engager dans cette conversation avec nos prochains, n’exige pas que nous adoptions une théorie au sujet des grandes religions de l’humanité. Nous pouvons amorcer la discussion en étant convaincu de la supériorité du christianisme et nous pouvons conclure cette conversation avec la même conviction. Nous pouvons aussi aller vers l’autre en étant submergé par la culpabilité de tout ce qui a pu être commis contre ces autres au nom du Christ.

S’engager dans la conversation exige seulement que nous aimions notre prochain et que nous comprenions que cet amour nous engage à le prendre sérieusement en compte pour ce qu’il est. Cela nous conduit à écouter et à être transformés d’une manière imprévisible. Nous serons différents les uns des autres après ces dialogues. Les différences que nous rencontrons nous poussent à continuer de nous aimer les uns les autres, d’écouter, d’apprendre, et par là-même d’être transformés.

John Cobb
à The Morikawa Vision, Août 95
Communiqué par Raphaël Picon

haut


Accueil

Pour s'abonner

Rédaction

Soumettre un article

Évangile & liberté

Courrier des lecteurs

Ouverture et actualité

Vos questions

Événements

Liens sur le www

Liste des numéros

Index des auteurs

dernier N° complet


Vous pouvez nous écrire vos remarques, vos encouragements, vos questions