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Fabriquer la vie, jusqu’où ? par Alain Houziaux

Demain, pourrons-nous fabriquer la vie ? Je vois trois manières d’aborder cette question et les problèmes qu’elle pose.

1 - Diable, Dieu perdrait-il l’une de ses places fortes ? Premier registre pour étudier cette question : celui de la théologie.

Si l’homme peut fabriquer et créer la vie, on peut penser que Dieu perd l’un de ses trois privilèges exclusifs : la création de la vie (les deux autres étant la création de l’univers et le don de la conscience à l’homme 2) et donc l’une des trois preuves de son existence.

En effet, on pourrait supposer que, si la vie reste une énigme pour les hommes, si ceux-ci ne peuvent parvenir à la “fabriquer”, c’est que seul Dieu a pu la créer.Et donc, dit-on, cela constitue une preuve de Dieu.En revanche, on pourrait supposer que, si l’homme, par sa science peut créer et fabriquer la vie, la science rend la foi caduque : Dieu perd sa raison d’être.

C’est pourquoi, depuis que la science progresse, les croyants ont battu en retraite par rapport à cette manière de justifier leur foi et de prouver Dieu par les énigmes de ce monde.

Ils ont peut-être raison.C’est vrai, que la science progresse ou non, qu’elle parvienne ou non à découvrir le secret de la vie, peu importe, car la foi ne rentre pas en concurrence avec la science. Mais ils ont aussi peut-être tort.Car, à mon sens, si l’homme parvient à fabriquer la vie, cela a une implication certaine sur ma foi.

La foi, c’est une forme d’émerveillement.Et je peux m’émerveiller que la science puisse aussi parvenir à comprendre le mystère de la vie et aussi que l’homme, par ses techniques, puisse parvenir à fabriquer ce miracle. Ainsi la foi ajoute une qualité d’enchantement à la découverte scientifique et aux possibilités techniques que possède l’homme.

Je peux louer Dieu parce que la vie m’apparaît comme un mystère insondable.Mais je peux ausi louer Dieu de m’avoir donné l’aptitude de créer la vie.

Une procréation artificielle me paraît aussi miraculeuse qu’une procréation naturelle. Et même davantage.

Quand le prophète Elie redonne souffle au fils d’une vieille femme (I Rois 17, 17-24), il utilise le pouvoir que Dieu lui a donné.Il ne concurrence pas Dieu 3.Il rend grâce à Dieu pour le pouvoir de “fabriquer de la vie” que Dieu lui a donné.

2 - Décider en fonction de l’intérêt de l’enfant à naître Deuxième registre pour étudier la question “demain, pourrons-nous fabriquer la vie ?” : celui de l’éthique ou de la morale.

Il faut distinguer trois formes de techniques 4 qui peuvent ou pourraient (à plus ou moins long terme) s’appliquer aux plantes, aux animaux et aussi à l’homme.Chacune d’elles pose des problèmes éthiques différents.

• Les techniques de procréation artificielle (insémination artificielle, fécondation in vitro...). Dans ce cas, il n’y a pas d’intervention sur le patrimoine génétique. Il n’y a pas, à proprement parler, “fabrication” de la vie.Même le clonage qui s’effectue par division des cellules (ce qui permet d’obtenir plusieurs embryons ayant un patrimoine génétique identique) n’est pas à proprement parler une intervention dans le patrimoine génétique.

• La sélection en vue de l’amélioration de l’espèce. La sélection consiste à utiliser le fait que l’évolution des espèces se fait naturellement de manière capricieuse. Et elle dirige artificiellement cette spontanéité. Dans ce cas, c’est la Nature qui donne et continue à donner la vie et les caractéristiques de l’espèce.Ce ne sont que les variations et les mutations naturelles qui sont sélectionnées 5. Là aussi, il n’y a pas à proprement parler “fabrication”, mais il y a eugénisme.

• La seule technique qui soit réellement de l’ordre du “génie génétique” 6, et que l’on puisse considérer comme une forme de “fabrication” de la vie, c’est la création programmée de nouvelles espèces vivantes, ou la transformation du patrimoine génétique d’un individu par intervention directe dans le plan de sa construction génétique.C’est ici que l’on peut parler de manipulation génétique.Ici il y a réorganisation de l’ADN (le “noyau “ de la cellule initiale de l’organisme qui contient l’information qui sera transmise à la descendance).

La thérapie génétique relève de cette troisième technique.Elle vise à enrayer un défaut génétique non seulement sur la personne concernée mais aussi sur tous les descendants 7. Certains contestent en soi le droit d’opérer cette chirurgie génétique.Mais la plupart l’acceptent si elle a un but thérapeutique (soigner un défaut) et si elle ne vise pas à l’amélioration de l’équipement génétique.Mais la limite entre l’eugénisme négatif (suppression d’un défaut) et l’eugénisme positif (amélioration de l’équipement génétique) est imprécise, tout autant que celle entre anormal et normal ou celle entre médicament thérapeutique et médicament de confort. Tout le problème est de définir quelles sont les améliorations non admissibles ! Même si cela peut surprendre, c’est le progrès qui est considéré comme une faute.

Autre problème corollaire : on pourrait toucher à la périphérie de l’homme, mais non pas à son “noyau”. Mais ceci aussi pose des problèmes. A partir de quand y a-t-il “homme” 8 ? Et qu’est-ce qui définit le “cœur” de l’homme et de son identité 9 ?

• La distinction entre les trois techniques (procréation artificielle, sélection-amélioration de l’espèce, manipulation génétique) est importante. Dans le premier cas on transplante la vie (et on soigne une stérilité ou plutôt on remédie à ses effets), dans le deuxième on améliore la vie, dans le troisième on transforme la vie.

Mais ces distinctions sont-elles absolument étanches ? La thérapie génétique, par exemple, est-ce une manière de guérir ou une manière d’améliorer ? C’est guérir les maladies avant qu’elles ne se soient déclarées.Et quel mal y a-t-il à cela ?

On peut aborder de plusieurs manières le problème moral que posent ces techniques.

• Y a-t-il un devoir de respecter la Nature, c’est-à-dire l’ordre naturel ?On peut considérer que l’ordre de la Nature (les caractéristiques des espèces, leurs mutations et leurs hybridations) est voulu par Dieu, ou du moins voulu par la Nature elle-même, et qu’il a un caractère sacré.Et ce problème du respect de la Nature et du sacré se pose de manière encore plus aigüe quand on veut toucher à l’identité de l’homme.

Ce qui est curieux et un peu paradoxal, c’est que, au nom du respect de la nature et de la dignité de l’homme, on refuse ce que l’on pourrait appeler une amélioration de cette dignité.Au nom de cette dignité, on veut maintenir l’homme en dehors du champ du progrès.

• Parallèlement au problème du respect de l’ordre de la Nature, se pose aussi celui du respect du Hasard.Dans le second Faust de Gœthe, le héros crée, grâce à l’alchimie, un petit homme artificiel et sur mesure, et il s’écrie : “Nous pouvons désormais nous rire du hasard”. Cette main mise sur le hasard, c’est le problème du clonage.En effet, le clonage ne consiste pas en une modification de l’ADN mais en une fixation des caractères acquis pour empêcher ainsi la loterie de la reproduction.

• Le troisième problème, c’est celui de la finalité de l’utilisation des nouvelles techniques médicales et en particulier des manipulations génétiques. Faut-il les refuser quand elles visent à une amélioration des capacités, de l’équilibre et du plaisir ? Mais dans ce cas ne faudrait-il pas refuser aussi tous les psychotropes et les médicaments de confort ? Et ne faudrait-il pas refuser aussi la chirurgie esthétique et le sport, bref tout ce qui nous “améliore” ?

• Le quatrième problème, c’est celui du droit à la liberté et au bonheur et des limites de ce droit. Jusqu’où a-t-on le droit de se créer une santé sur mesure, des états d’âme à la commande (grâce aux psychotropes) et des enfants sur mesure et à la carte ?

C’est vrai qu’il doit y avoir quelque part une limite, et ce parce que 10 l’on peut devenir esclave de sa liberté. Mais ces limites, où les fixer ? Et qui a le droit de les instaurer ?

Ce qui me frappe à propos des “cas de conscience” que pose la bioéthique, c’est que l’on n’est pas cohérent.

- Ainsi, par exemple, on se lance avec passion dans des querelles byzantines sur l’identité de l’embryon et sur les devoirs que l’on a à son égard, mais on néglige des millions d’enfants qui meurent d’abandon.

- Ainsi encore, on refuse 11 (sauf cas très précis) la technique du diagnostic pré-implantatoire qui permet de sélectionner des embryons sains parce que l’on voit là une forme d’eugénisme 12. Mais, par ailleurs, on fonde le fonctionnement de notre société quasi exclusivement sur la sélection sociale et l’exclusion des sujets à risque. La vérité, c’est que je ne comprends pas qu’il y ait besoin d’une éthique particulière pour des problèmes tels que la procréation artificielle, les greffes, et même l’utilisation du génie génétique pour l’homme.On a l’impression que les “bio-éthiciens” se délectent dans une sorte de nouvelle casuistique technico-éthique élaborée au coup par coup sous forme de prescriptions et d’interdits formulés sur les nouvelles modalités scientifiques possibles de la conception. Il me semble que, s’il faut légiférer, il vaudrait mieux le faire à partir de ce seul critère : la qualité de vie qui est prévisible pour l’enfant à naître.

C’est pourquoi, à mon avis, la naissance des “bébés éprouvette” dans un milieu familial fiable ne pose pas plus de problème que l’adoption et même plutôt moins : ces enfants auront un père, une mère, des frères et des sœurs. Ils ne seront pas plus traumatisés que les enfants nés selon la procédure habituelle et naturelle 13.

En revanche, ce qui, à mon sens, pose un problème éthique, c’est le fait que des parents alcooliques, intoxiqués ou atteints de maladies héréditaires, impossibles ou difficiles à soigner, puissent, en connaissance de cause, engendrer des enfants que l’on sait malades d’avance 14.

Je situerai ma “morale” par trois remarques.

- Au lieu de brandir la menace de catastrophes techniques, morales ou théologiques, il serait plus honnête de se réjouir des découvertes dans le domaine de la procréation et de la génétique et de penser aux souffrances qu’elles peuvent résorber.La morale, ce n’est pas seulement avertir, c’est aussi se réjouir et louer 15.

- S’il faut légiférer dans le domaine de la fécondation artificielle et de la génétique, ce n’est pas rapport aux méthodes qui président à la conception, mais c’est, je l’ai dit, par rapport au projet de vie qui est en puissance dans cette conception.Ce qui doit nous guider, dans nos choix et dans le choix des limites à ne pas franchir, ce n’est donc pas tant le respect de la “Nature” puisque celle-ci peut engendrer le mauvais comme le bon, ce n’est pas tant non plus le respect du “Hasard” puisqu’il peut imposer à une personne une vie insupportable pour elle et pour les autres, mais c’est le critère de la vie à venir et de ce qui la fera vivre 16.

Engendrer la vie de manière responsable et morale, c’est en faire une promesse 17.

- Ce qui est inadmissible, c’est d’utiliser ces techniques pour fabriquer des enfants-victimes.Et c’est aussi de prendre le risque que certains progrès thérapeutiques puissent déclencher de nouvelles pathologies 18.

3 - L’apprenti sorcier et le vrai dictateur

Troisième registre pour étudier notre question : c’est celui du danger des manipulations génétiques.A partir de quand devient-on un apprenti sorcier ? A partir de quand donne-t-on prise à un vrai dictateur ?

A mon sens, il faut craindre plus encore le vrai dictateur que l’apprenti sorcier.La raison de l’hostilité que suscitent les techniques médicales nouvelles, et en particulier l’eugénisme, c’est qu’on les associe au nazisme et au bolchevisme 19.

Ce qui inquiète, dans ces techniques, ce n’est peut-être pas tant le fait qu’elles enfreignent les lois de la Nature et du Hasard, mais c’est bien plutôt le fait qu’elles puissent être mises au service de la volonté de puissance de l’homme 20.

• Mais, bien sûr, il se pose aussi un second problème : celui de l’apprenti sorcier.La technique (y compris la technique génétique) émancipe l’homme, mais elle s’émancipe aussi de l’homme.Les créations de l’homme lui échappent.Il n’en n’est plus maître.

Pour le scientifique et pour le médecin qui se sentent devenir des apprentis sorciers, trois options sont possibles :

Celle de Jacques Testard, qui a arrêté volontairement de faire de la recherche dans le domaine génétique.Comme le dit Hannah Arendt, lorsque l’on acquiert un pouvoir, on tend à le rendre illimité.Il faut donc renoncer au pouvoir.

Celle de Pierre-André Taguieff 21 qui fait l’apologie de la suppression des interdits et des tabous quels qu’ils soient et qui considère que l’on peut et que l’on doit tout tenter pour offrir aux générations futures la possibilité d’avoir un patrimoine génétique non dégradé.

Et celle de Jean Bernard qui énonce que “le progrès est seul en mesure de corriger le progrès et de rectifier les défauts et les erreurs engendrés par le progrès”.

4 - Le miracle et le diable Revenons au registre théologique et biblique, et ce sera notre conclusion.

• Une question se pose : les lois de la nature sont-elles les lois de Dieu ? Ce qui est en cause dans les problèmes de la bioéthique, c’est le droit de l’homme à transgresser les règles de la nature et du hasard, c’est-à-dire, semble-t-il, les règles d’un monde créé par Dieu. Mais cette transgression ne devient un problème théologique que si l’on considère Dieu comme le Créateur des lois de la nature.Et ce n’est pas là la conviction de tous les théologiens. En effet il y a deux manières différentes de définir Dieu, et l’une des deux seulement en fait le Créateur des lois de la nature.

Dieu peut être défini comme le Créateur du monde (auquel cas le monde, la nature et le hasard doivent être considérés comme naturellement bons). Mais Dieu peut aussi être défini comme le Rédempteur du monde (auquel cas le monde, la nature et le hasard ne peuvent pas être considérés comme naturellement bons puisque Dieu veut nous sauver en nous arrachant à l’empire de ce monde).

- Si Dieu est d’abord Créateur, les lois de la nature sont les lois de Dieu puisqu’elles sont créées par Dieu. Et en conséquence, il ne saurait être licite de les transgresser.Ainsi, dans cette optique, l’engendrement ne peut donc se faire que par la voie de la sexualité naturelle.

- Si Dieu est d’abord le Rédempteur du monde, c’est que la nature et ces lois ne correspondent pas au projet de Dieu, puisque Dieu veut nous “délivrer du mal” et de ce monde.Et en conséquence, il serait licite et même salutaire d’aller à l’encontre des lois du monde, de la nature et du hasard, si c’est pour aller dans le sens du salut et de la libération qui nous sont promis par le Dieu Rédempteur.

• On peut aborder ce même problème par un autre biais : celui des miracles.Si Dieu fait des miracles, il le fait en contredisant les lois de la nature 22.C’est donc que celles-ci peuvent aller à l’encontre de sa volonté. Et la transgression de ces lois pourraient aller dans le sens du projet de Dieu 23. Ainsi, la procréation artificielle et les techniques de génie génétique pourraient être considérées comme des “miracles” de la science allant dans le sens du projet de Dieu.Cette manière de voir serait d’autant plus acceptable que les miracles, dans la Bible, vont souvent à l’encontre de la stérilité et des maladies, qu’ils sont presque systématiquement effectués par l’intermédiaire des hommes, qu’ils peuvent être effectués par l’intervention de techniques 24 et qu’ils apparaissent souvent en contradiction avec les lois religieuses et légales des autorités religieuses en place 25.

• Mais il n’en reste pas moins que les miracles, dans la Bible, apparaissent souvent ambigus et qu’il est quelque fois difficile de distinguer les miracles de Dieu des miracles du Diable 26. Le propre du Diable, c’est de susciter la confusion entre le bien et le mal, entre le miracle et le sortilège.(Extrait de 7 questions pour le 21ème siècle)

Alain Houziaux
Conférences de l’Etoile Nov. Décembre 2000,
54 av. de la grande Armée 75017 Paris

1 Schleiermacher, Discours sur la religion, Aubier-Montaigne, 1944

2 Dans le récit de Genèse 1, le verbe “barar”, qui caractérise de manière spécifique une création effectuée par Dieu seul, est employé pour la création du ciel et de la terre (Genèse 1,1), pour la création de la vie, (Genèse 1,21) et pour la création de l’homme (Genèse 1,27).

3 Cf. Ambroise Paré : “Je le pansais, Dieu le guérit”.

4 Cf. Hans Jonas, Technique, Morale et génie génétique, in Biologie et Morale, Revue Communio, Novembre-Décembre 1984.

5 Cette sélection, en ce qui concerne l’espèce humaine a été appelée l’”eugénique”.Elle consiste à améliorer l’espèce humaine en limitant le droit à la reproduction aux meilleurs sujets.Cette doctrine est non seulement dangereuse (cf. l’exemple de l’Allemagne nazie), mais elle est aussi éronnée car on constate que c’est souvent le métissage qui est fructueux.

6 “On entend par génie génétique une intervention ciblée dans le patrimoine génétique d’un être vivant par le biais d’un échange, d’un prélèvement ou de l’introduction d’un ou plusieurs gènes”. Commission Nationale Suisse Justice et Paix, Ethique chrétienne et médecine moderne, Labor et Fides 1999, page 37.

7 Ceci s’effectue et ce en supprimant le défaut génétique sur ses ovules non fécondés ou sur ses spermatozoïdes ou encore sur l’ovule fécondé.Ainsi on supprime le défaut par une intervention relevant du “génie génétique” soit sur l’ovule fécondé in vitro, soit sur les testicules produisant les spermatozoïdes.

8 C’est tout le problème de l’embryon, mais aussi celui de l’utilisation des cadavres.

9 C’est le problème des greffes.

10 Et je n’oublie pas que la désobéissance d’Adam et Eve a été justement de vouloir se nourrir du fruit de l’Arbre de la Connaissance, ce qui devait leur donner la possibilité d’être “comme des dieux”.Ainsi, la désobéissance, c’est de vouloir méconnaître les limites.

11 Loi du 29 juillet 1994.Le Diagnostic pré-implantatoire (D.P.I.) est réservé aujourd’hui aux maladies génétiques “d’une particulière gravité” et “reconnues comme incurables” : La mucoviscidose, certains myopathies et certaines formes de retard mental.Cf. Le Monde du 5 octobre 2000 à propos du D.P.I. effectué aux Etats-Unis (et qui ne l’aurait pas été en France) ayant permis de sélectionner un embryon pour “créer” un enfant apte à soigner sa sœur leucémique.

12 Cf. Le Monde du 5 octobre 2000.

13 Et si les bébés éprouvette devenus grands ont des questions sur leurs origines, ce sont eux qui inventeront la réponse et non pas les bio-éthiciens.Cf. O.Abel, Contre la bioéthique, Autres Temps, Eté 1987.

14 Je sais que ce propos suscitera des réactions.Nous trouvons normal que l’on interdise à une personne “en état d’ivresse” de conduire parce qu’elle risque d’attenter à la vie d’autrui.Mais par contre le droit d’engendrer “en état de maladie transmissible” et quels que soient les risques pour l’enfant à naître, n’est jamais remis en cause.Et ce parce qu’il relève d’un droit que l’on dit “naturel”, celui d’engendrer.Mais à côté de ce droit, il y a aussi le droit de l’enfant à naître.L’enfant à naître a “droit” à une vie normale.

Et ce que l’on peut constater, c’est que, dans certains cas, on accepte que ce “droit de l’enfant” prime sur celui des parents, et que, dans d’autres cas, on est beaucoup plus réservé.Ainsi, par exemple ce “droit de l’enfant” (qui doit primer sur celui des parents) est reconnu dans les procédures de divorce où la garde est décidée “dans l’intérêt de l’enfant”, et ce au détriment du droit du père ou de la mère à exercer sa paternité ou sa maternité. De même, c’est aussi, semble-t-il, ce droit de l’enfant que l’on prend en considération lorsque l’on refuse à un couple d’homosexuels d’avoir des enfants (l’enfant de ce couple serait, dit-on, handicapé par rapport à un enfant ayant deux parents de sexe différent).

Pourquoi donc accepte-t-on de mettre en avant le droit de l’enfant, c’est-à-dire l’intérêt de l’enfant, dans certains cas et pas dans tous les cas ?Je soupçonne que l’on n’avance l’intérêt de l’enfant (et en particulier de l’enfant à naître) que lorsque cela nous arrange.Mais, en fait, ce que l’on défend et continue à défendre, c’est le droit naturel.On a tendance à toujours accepter les conceptions “naturelles” quel que soit leur risque.Et on a tendance à toujours refuser les conceptions hors norme mêmesi elles ne présentent que peu de risques.

15 André Dumas, Morale et Procréation, Autres Temps, Eté 1987

16 Deutéronome 30 : “J’ai placé devant toi et la vie et la mort, et ce qui est en bénédiction et ce qui est en malédiction. Choisis la vie afin que tu vives toi et ta postérité”.

17 Cf. Actes 2,39 : “La promesse est pour vous et pour vos enfants”.

Dans la Bible, la loi n’est pas au service de la Nature, mais au service de l’accomplissement d’une promesse et d’une espérance.Et c’est pourquoi elle s’exprime au futur en disant, par exemple, dans le Décalogue, “tu ne tueras pas”, et on pourrait ajouter “tu n’engendreras pas une vie qui sera une malédiction pour celui qui la vivra”.

Cf. également chez Luther (Traité de la liberté chrétienne) : la distinction entre les préceptes et les promesses recoupe celle entre Loi et Evangile.

18 Un peu comme dans l’affaire du sang contaminé.

19 C’est ailleurs à propos du procès de Nuremberg que fut édicté le Code dit de Nuremberg qui comporte dix règles visant à protéger l’individu en tant qu’objet d’expérimentation.

20 Modification des gènes humains à des fins de domination, fabrication artificielle de “sous-humains”, fabrication de souches de bactéries hautement pathogènes...

21 Retour sur l’eugénisme, Esprit, Mars-avril 1994.

22 Bien que M. X ait été déclaré inguérissable, il est guéri à Lourdes ; bien que Sarah, la femme d’Abraham soit stérile, elle donne naissance à un enfant.

23 Dieu souhaite la guérison de tous ; le fait d’enfanter un enfant bien portant est une bénédiction.

24 Jean 9,6 ; Marc 8,23

25 Cf. Jésus guérissant le jour du Sabbat.

26 Les miracles sont aussi considérés comme des tentations (Exode 17,1-7, Matthieu 12,38-40), ils peuvent être réclamés par le diable (Matthieu 4,1-11) et imputés au diable (Marc 3,22).

 

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