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Églises : pluralisme d’expressions ou dogmatisme

L’Église de l’Alliance à Braine (Belgique) lance une protestation au président de l’Eglise Protestante Unie de Belgique, qui envisage une modification de la base actuelle de cette Fédération, pour adopter une structure commune avec le mouvement fondamentaliste. Voici quelques extraits de cette lettre.

La lettre écarlate

Au 17ème siècle, une “lettre écarlate” offrait à la vindicte populaire tout ce qui ne rentrait pas dans les normes d’une communauté puritaine dans la Nouvelle Angleterre. C’est ce que Nathaniel Hawthorne dénonce dans son roman “The Scarlet Letter” en 1850, véritable fable de la rédemption et de la justice de Dieu où tout péché est signe de damnation.

On pourrait penser qu’un tel récit relève de la pure fiction ou d’une époque révolue. Ce serait faire fi des mécanismes socio-religieux qui nous paraissent au contraire fonctionner avec une grande efficacité dans nos sociétés contemporaines.

Dans le flux et le reflux des idéologies dominantes qui marquent l’écoulement de l’Histoire, il semble que nous vivons actuellement une vague d’intégrisme en réaction à la pensée libertaire qui suivit la prise de conscience de mai 68.

Cet éternel retour au même, n’épargne pas les communautés ecclésiastiques. Le christianisme réformé a connu ses heures de profond libéralisme théologique qui a imprégné la spiritualité de générations de protestants.

C’est cette église, ouverte sur le monde et donnant à l’humain toute sa possibilité d’être, qui nous a interpellés. Cette église a donné et devrait continuer à donner à des protestants la possibilité de vivre un christianisme en dehors de toute aliénation dogmatique et doctrinaire, la possibilité de vivre sa foi personnelle dans la liberté, la possibilité de reconnaître l’Autre, son prochain, dans sa différence –quelle qu’elle soit- et de lui conserver sa dignité.

Où est cette église aujourd’hui ? Elle est là où des chrétiens continuent à lutter pour que survivent des valeurs d’amour, de tolérance, de respect, de dignité face à des juges qui condamnent au nom d’une connaissance du péché qu’ils prétendent seuls détenir et qu’ils sont, en fin de compte, seuls à définir. Mais qui peut dire ce qu’est le péché aux yeux de Dieu ?

La liberté de conscience et le libre examen, principes énoncés par Martin Luther, Sébastien Castellion et Alexandre Vinet sont des valeurs pour lesquelles nous nous sommes voués corps et âme depuis de nombreuses années.

Le protestantisme reforme, un espace de vie

Pour le protestant réformé, la foi –cheminant en étroite complicité avec la raison- s’avère être une source de progrès et de réelles inspirations quant à son propre devenir et à celui de l’humanité.

Dans cette quête existentielle, le libre examen –appréhendé comme une méthode et non comme une doctrine- apparaît comme une condition essentielle à tout progrès réel de la conscience humaine. C’est en cela que cette méthode profondément ancrée dans la tradition réformée reste un outil spécifique et nécessaire (dans le sens philosophique du mot) légué à tout protestant.

Certes, il est des questions qui taraudent la conscience, mais on n’arrivera jamais à tout clarifier ; c’est pourquoi, sans confondre la foi et la raison, le protestant en cherchera donc les relations, les rapports et les interdépendances éventuelles. La spiritualité trouvera dans le doute le creuset préalable d’où surgiront la connaissance et une réflexion authentique permettant d’opposer à l’obscurantisme religieux –source de tous les fanatismes et de l’intolérance qui asservit l’homme- la voie royale d’une foi libérée des entraves dressées face à Dieu, à lui-même et aux autres.

Ainsi donc, dans cette volonté de vivre autrement sa foi, tout espace sacré –comme domaine de prospection réservé aux uns et dénié aux autres- perd son sens et relève d’une limitation arbitraire tracée par certains pour vouer à la damnation ceux qui ne reconnaîtraient pas le monopole qu’ils prétendent détenir du message chrétien.

Le seul espace que reconnaît la foi réformée est un espace de vie qui échappe à toute coercition institutionnelle. Le protestantisme n’a jamais connu et ne connaîtra jamais de nihil obstat, d’imprimatur ou d’index car la recherche philosophique, théologique et éthique est formellement libre.

Que notre spiritualité est bradée au goût du jour, voilà une des accusations portée à notre égard par les milieux obscurantistes. Or, nous affirmons à la suite de Hegel, philosophe protestant, que “ce n’est pas en niant les contradictions, mais en se montrant capable de les affronter, de les mettre en valeur, de les analyser et de les surmonter au prix de nouvelles contradictions et de nouveaux développements que l’on fait preuve de forces spirituelles ””.

C’est dans la foulée de ce postulat que le protestant réformé inscrit sa démarche, ne cherchant en aucune manière à susciter des luttes stériles et à entretenir de vaines polémiques. Bien au contraire, son projet est de maintenir une qualité de réflexion, de participer dans un climat fraternel à des débats, d’ouvrir le chemin vers un véritable dialogue…

Un nouvel ordre moral

Depuis quelques années, des églises fondamentalistes (de type charismatique ou évangélique qui possèdent (–elles-seules- La Vérité) ont interpellé officiellement le Ministre de la Justice.

Ces églises fondamentalistes ne reconnaissent pas deux des principes de la Réforme, à savoir : la liberté de conscience et le libre examen.

Pierre A. Bailleux

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