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La résurrection des disciples d'Emmaus
Luc 24 v 13 à 32

Comment terminer l'histoire de la bonne nouvelle par la mort du héros en pleine force de l'âge ? Telle fut une des grandes questions de la première communauté chrétienne. Et chaque évangéliste fait état de ces légendes d'apparition qui disent, chacune à leur manière, que la mort n'a pas le dernier mot. Luc, dans cet épisode d'Emmaüs, ne déroge pas à la tradition mais fait œuvre d'originalité car il a probablement composé lui-même une bonne partie du récit.

Il y a dans cette belle histoire un permanent quiproquo. Lorsque Jésus apparaît aux disciples, ceux-ci ne le reconnaissent pas et, lorsqu'ils le reconnaissent, Jésus disparaît. Le ressuscité est donc une sorte de compagnon de route irréel que l'on ne peut voir et connaître en même temps. Il est absent lorsqu'il est présent et présent lorsqu'il est absent. Il ne peut se faire connaître que dans le regret de ne pas l'avoir reconnu. C'est ainsi que Luc exprime le paradoxe de cet homme qui est mort mais toujours présent et beaucoup plus présent depuis qu'il est mort.

Et voilà que les disciples, interrogés sur la route par Jésus, se perdent dans cette histoire de tombeau, de femmes qui n'ont pas vu le corps et puis d'autres compagnons qui sont allés au tombeau et n'ont pas vu Jésus, comme les disciples en ce moment, sur la route d'Emmaüs, ne voient pas Jésus qui marche avec eux.

" Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire tout ce qu'ont déclaré les prophètes… ", interrompt Jésus, arrêtez avec vos histoires de corps qu'on a vu ou qu'on n'a pas vu, je vais vous expliquer les Ecritures. Le problème de la résurrection ne consiste pas à savoir si le tombeau est vide, mais à avoir un cœur et une intelligence pour comprendre cette histoire écrite de Dieu qui réclame, par Moïse et par les prophètes, qu'on fasse ce qui est bien à Ses yeux et que l'on pratique la justice. Par exemple, que l'on s'occupe de la veuve, de l'orphelin, de l'étranger et du pauvre.

Ce n'est qu'après avoir rappelé cette lutte de Dieu et fait le geste habituel de rupture du pain que Jésus est reconnu. Mais aussitôt, il disparaît : le ressuscité n'est pas celui qui a quitté le tombeau, mais c'est le disparu qui a expliqué les Ecritures et partagé le pain (le disparu de Pâques, comme dit Louis Simon à propos de son récent livre " Mon Jésus ").

Alors les disciples se lèvent. Mais le verbe en grec, traduit par "se lever" est le même que celui traduit ailleurs par "ressusciter". La résurrection est donc contagieuse, communicative. Lui ressuscite d'expliquer les Ecritures ; eux ressuscitent d'avoir entendu les Ecritures. La résurrection est le partage du pain, de la bénédiction et de cette longue route faite ensemble, pendant laquelle on cherche à comprendre, avec le cœur et l'intelligence, la vieille sagesse d'Israël. Elle se passe donc dans notre tête et pas dans une histoire de corps que l'on n'aurait plus vu.

D'ailleurs, les ressuscités d'Emmaüs ne voient le ressuscité que lorsqu'ils ne le voient plus. Parce que la résurrection, pour reprendre le verset 32, c'est quand les cœurs brûlent de se faire ouvrir les Ecritures.

Henri Persoz

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