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Le marquis dArgens : un philo-protestant, apôtre
de la tolérance
Jean-Loup
Seban
La Provence sest brillamment
illustrée au siècle philosophique. Le moraliste Vauvenargues,
le pornographe Sade et léconomiste Mirabeau ornent le
panthéon des Lumières. Daucuns sempresseront
de leur adjoindre Pierre Gassendi qui, au Grand siècle, réhabilita
lépicurisme pour le plus grand bénéfice
des libertins et des esprits forts des coteries philosophiques du
siècle de Voltaire. Mais on oublie fréquemment de mentionner
un polygraphe originaire dAix-en-Provence, qui fut pendant trois
décennies lhôte et le fidus Achates de Frédéric
II de Prusse, à savoir Jean-Baptiste de Boyer, marquis dArgens
(1704-1771). Quelques monographies, quelques études et deux
colloques1 récents lont finalement affranchi des affres
du long purgatoire que navait pas manqué de prédire
Melchior de Grimm dans son incomparable Correspondance littéraire2.
La vie et loeuvre
La destinée du littérateur
provençal fait songer aux trois mouvements dun concerto.
Très animé, le mouvement initial, que retracent les
Mémoires3, recèle tous les ingrédients dun
roman picaresque. Cest la narration dune jeunesse dissipée
denfant du siècle. Le second mouvement est plus ramassé.
Sétant détourné du barreau auquel sa famille
le destinait, il sexila dans les Provinces-Unies pour y répondre
librement à lappel des Muses. On a daté son séjour
dans ce foyer huguenot des lettres françaises de décembre
1735 au mois daoût 1739. Des pasteurs et des éditeurs
réformés lui apprirent à écrire avec succès.
Plus lent, le troisième mouvement prend place en Allemagne.
Dans sa seconde terre daccueil, le polygraphe se chargea de
la rénovation de lAcadémie de Berlin, se maria
avec une comédienne, mena lexistence calfeutrée
dun érudit hypocondriaque, quenrichissaient les
soupers philosophiques de la coterie sceptique de Postdam4 et quagrémentaient
les confidences du roi-philosophe.
Le marquis dArgens légua une oeuvre considérable,
quil entreprit en terre batave, et quil mena à
chef auprès du maître de Sans Souci. Il passa le plus
clair de son temps à lire, à compiler, à transcrire
et à commenter. Le moins quon puisse inférer à
la vue de son oeuvre est que la composition littéraire lui
venait très aisément. Sil marqua la littérature
de son estampille à la fois comme journaliste, romancier, philosophe,
historien de lart et académicien, cest toutefois
en qualité de moraliste classique quil excella. Ses Lettres
morales et critiques de 1737 sont un joyau dont les chatoiements rappellent
au lecteur amusé Balthasar Gracian et La Bruyère. Pour
échapper à laustère studiosité du
jurisconsulte, Montesquieu sétait imaginé être
persan. DArgens rêva dêtre juif pour percer
dans le microcosme des Muses. Pourquoi juif ? Parce quapatrides,
les Enfants dAbraham, répandus sur toute la face de lUnivers,
sont nés pour être les vrais Censeurs, pouvant tout observer
sans être aperçus5. Son premier essai de polyphonie épistolaire
fut un coup de maître. Très bien accueillies, les Lettres
Juives lui assurèrent une renommée durable, que consolidèrent
outre les Lettres Cabalistiques et les Lettres Chinoises, la Philosophie
du Bon-Sens et les Mémoires Secrets de la République
des Lettres.
La tolérance: un combat des Lumières
Quand le jeune provençal
prit la plume à La Haye en 1735, Les Lettres philosophiques
sur les Anglais de Voltaire venaient de connaître un immense
succès. Mais ces épîtres subversives avaient scandalisé
Versailles. Alarmé, le parlement de Paris les avait condamnées
et avait lancé un arrêt contre leur auteur, un poète
qui sétait illustré avec panache dans le grand
genre. La Henriade avait été loccasion pour Voltaire
de prêcher la tolérance, la paix civile et lexclusion
des fanatismes. Converti au déisme et gagné au newtonisme
lors de son séjour en Albion, le poète tragique avait
donné aux lettres anglaises la tournure dun manifeste
en faveur de la liberté de penser et de la tolérance.
Deux principes auxquels se rallia le marquis dArgens. Quest-ce
qui lavait incité à épouser la cause de
Voltaire ? Le procès tragi-comique du père Girard et
de La Cadière ou la rafraîchissante expérience
de la vie quotidienne dans les Provinces-Unies ? Nous nen savons
rien. Nous ne pouvons que conjecturer. Mais ce que nous percevons
avec certitude, cest la trace dune double influence: dune
part celle de la tradition sceptique, dont Montaigne, Gassendi, La
Mothe Le Vayer et Huet ponctuent la généalogie, et dautre
part celle de philosophes et de théologiens protestants, en
loccurence John Locke et les huguenots Pierre Bayle et Isaac
de Beausobre.
A lécole de Pierre Bayle et de John Locke, le disciple
de Voltaire sérigea en apôtre de la tolérance
religieuse. Quil sagisse dAaron Monceca des Lettres
Juives, de Tiao des Lettres Chinoises ou dAbukibak des Lettres
Cabalistiques, les personnages imaginaires du marquis dArgens
dénoncent lintolérance religieuse de manière
récurrente. Depuis la création du Saint Office, lEglise
catholique exerce en Espagne et au Portugal ainsi que dans la péninsule
italienne, à lexception de la République de Venise,
une tyrannie idéologique qui bâillonne les consciences
et qui entrave la marche de la raison expérimentale, les progrès
de la bonne philosophie6.
Tiao écrit dans les Lettres Chinoises que rien nest
plus contraire au bien et à lagrandissement des Etats
que la contrainte de conscience. Doù vient quen
Europe les pays, où lhomme est maître den
suivre les mouvements, sont si puissants ? Cest que la liberté
de penser est le premier apanage de lhumanité, et que
dès quon veut len priver, il est impossible quon
ne la révolte, quon ne la pousse à des excès
dangereux, ou quon ne labrutisse, et quon ne la
réduise insensiblement au-dessous de linstinct des animaux.
(...) Compare, cher Yn-Che-Chan, les connaissances des Anglais, des
Hollandais, des Français, des Allemands avec celle des Espagnols
et des Portugais; examine leurs caractères: tu trouveras en
général autant de différence entre ces peuples,
quentre les Chinois et les nations brutes et sauvages qui les
confinent. Si les Italiens tiennent un milieu entre ces nations si
opposées, cest quils ne sont point aussi libres
de penser que les unes, et aussi contraints que les autres7.
Lintolérance chrétienne, ses degrés
et ses différences
A linstar de Voltaire, la
religion révélée et lintolérance
vont de pair pour le philosophe provençal. Mais le christianisme
nest pas uniformément intolérant. Certaines de
ses traditions le sont plus que dautres. Ainsi le catholicisme
dEtat se révèle-t-il plus intolérant que
le protestantisme dEtat. Et il faut encore distinguer différents
degrés au sein du catholicisme. La France catholique et royale
est moins intolérante que lEspagne ou le Portugal. Mais,
bien que la France ait refusé lInquisition sur son territoire,
elle nen vint pas moins à incarner, à la suite
de la révocation de lEdit de Nantes, ce qui paraissait
de plus en plus intolérable au siècle des Lumières,
la répression des idées. LEglise, la Sorbonne
et le Parlement de Paris veillaient à la pérennité
de lidéologie royale, dont la foi catholique était
une composante essentielle, et faisait obstacle à la diffusion
des Lumières. Le directeur de la librairie exerçait
au nom du monarque un monopole de la censure dont les savants et les
gens de lettres davant-garde faisaient les frais, dès
que leurs investigations les conduisaient dans les domaines réservés
de la religion et de la politique. La plupart des philosophes furent
les victimes de la censure idéologique, en dépit de
protections occasionnelles. Certains y échappèrent grâce
à la pratique du double langage. A lire notre auteur, on a
le sentiment que sa patrie se situe à mi-distance entre les
pays où sévit lInquisition et les terres acquises
à la Réforme.
Il ny a dans toute lEurope que deux pays, écrit
Sioeu-Tcheou, où il soit véritablement permis aux hommes
de dire tout ce quils pensent, et dattaquer ouvertement
les anciennes erreurs et les vieux abus. En Angleterre et en Hollande,
un philosophe jouit en entier de cette heureuse liberté, si
nécessaire à lavancement des belles-lettres et
à la perfection des connaissances humaines8. Liberté
civile, liberté de conscience, liberté de la presse,
autant de fruits de la politique sage et prudente des gouvernements
dAngleterre et de Hollande9. Pour mieux convaincre lopinion
publique européenne, le polygraphe provençal, ce catholique
rallié au déisme, publiait lexemple de ces deux
nations protestantes; exemples qui étayaient ses revendications.
En visite à Londres, Aaron Monceca ne cache pas sa surprise
de constater que chaque anglais a une religion à sa mode10.
De même il se réjouit à Amsterdam qu il
est peu de religion, qui ne soit professée dans cette ville11.
Le juif de notre romancier approuve la sagesse des gouvernants qui
empêchent la Religion Réformée de tyranniser les
autres. Il énumère les sectes anglaises et hollandaises,
souligne leurs antagonismes, et rappelle que ces nations ont accueilli
ses coreligionaires: les Juifs sont libres en Hollande et en Angleterre,
et esclaves partout ailleurs, soit des Nazaréens, soit des
Musulmans12. Philosémite, le marquis dArgens se complaisait
à stigmatiser lantisémitisme des catholiques,
quil appelait les Nazaréens papistes, en contrastant
les nations méridionales avec les nations septentrionales.
La tolérance religieuse en vigueur dans les nations protestantes
était-elle véritablement exemplaire ? Etait-elle au-dessus
de toute critique ? Aaron Monceca remarque avec perspicacité
quon ne peut posséder des charges en Angleterre et en
Irlande, lorsquon nest point du nombre des anglicans13,
et souligne que les juifs dAllemagne doivent sacquitter
dimpôts exorbitants comme prix de leur tranquillité14.
Quoiquil ny ait pas de persécution physique ni
de contrainte religieuse en pays protestant, la discrimination y est
cependant fréquemment pratiquée.
Les causes de lintolérance religieuse
A quelles causes attribuait-il
lintolérance religieuse ? A la théologie et à
ceux qui sen servent pour exploiter à leur profit le
genre humain, les clercs. Le sixième Songe philosophique15
nous raconte que la théologie, vieille courtisane édentée
et replâtrée, qui samuse à concocter des
philtres et des poisons, trône dans un palais dossements,
que garde un cerbère armé de deux poignards: lintolérance
et la propagation de la foi. Cette déesse néfaste est
destinée à punir les hommes, en les empêchant
de vivre selon les loix de la nature et de connaître la félicité
des immortels. Elle sème lambition, lenvie et la
discorde, et condamne à mort ceux qui osent la mépriser.
Je compris, sexclame le rêveur en séveillant
de son songe, quen respectant les théologiens, on peut
sans crainte ne rien croire; mais quon est vainement bon et
vertueux, si lon ose les mépriser. A la cause théorique
succède la cause pratique. La caste monastique est linstrument
privilégié de lesprit dintolérance.
Lavarice, loisiveté, lhypocrisie, lintempérance,
larrogance, linutilité au bien public et le fanatisme
sont le partage ordinaire des clercs. Que leur reproche le marquis
? Outre dêtre la sentine de tous les vices16, dinventer
des dogmes chimériques et des cérémonies ridicules,
dasservir le peuple en le maintenant dans lignorance,
de persécuter les dissidents, dentraver le développement
de la science, de simmiscer dans les affaires publiques et de
fomenter des séditions. Quand on connaît les Européens,
et surtout leurs ecclésiastiques, écrit Sioeu-Tcheou,
quon a étudié leur caractère, on est surpris
de les entendre tous se récrier sur les persécuteurs,
les condamner, et être également persécuteurs17.
Pour lhonnête homme, que la lumière naturelle de
la raison illumine, il nest point de crimes plus abominables
que la superstition et lintolérance. O Moine! Peste du
genre humain! Fléau que le ciel donna dans son courroux aux
hommes! Ce cri du coeur, cest Jacob Brito, autre voyageur imaginaire
des Lettres Juives, qui lémet alors quil parcourt
le Portugal, terre dobscurantisme18. Lanticléricalisme
voltairien du marquis dArgens, plus acerbe que celui dAnthony
Collins, anticipe loffensive des Lumières radicales,
dont le baron dHolbach fut le coryphée.
Apôtres de la tolérance contre chantres de la persécution
Après avoir été
lautorité de référence des luthériens,
des calvinistes et des jansénistes, Saint Augustin tomba en
disgrâce au siècle des Lumières. Cest lâge
de la palingénésie du pélagianisme. Cest
également lépoque de léclosion du
proto-libéralisme. Le portrait quen donne le marquis
dArgens dans les Mémoires secrets de la République
des lettres est peu flatteur, quoiquil lui reconnaisse du génie.
Dans les Lettres Juives, Aaron Monceca estime quil soutint si
hautement, quil fallait persécuter, détruire,
anéantir ceux quon nommait hérétiques,
quil en a justement mérité le titre de patriarche
des persécuteurs19. Cest à Saint Augustin quil
impute la responsabilité morale du massacre affreux de la Saint-Barthélémy20.
Bien que le philosophe provençal admirât chez Jean Calvin
un jugement exquis, une plume solide, éloquente, infatigable,
un grand savoir, un grand zèle pour la vérité21,
il nomit point de rappeler que le réformateur de Genève
avait traité linfortuné Servet comme les catholiques
leussent traité lui-même22. Une accusation habituelle
de la Contre-réforme dont les Lumières se firent lécho.
Notre littérateur amplifia même le jugement défavorable
que portait lAllemagne éclairée sur les Réformateurs,
quand il compta Luther et Calvin au nombre des anti-héros du
Livre du destin, en les plaçant aux côtés du père
La Chaise, du diacre Pâris et du comte Zinzendorf23. Dans un
Discours en vers sur lhomme de 1740, Voltaire navait pas
manqué de stigmatiser le Dieu calviniste et janséniste
de la prédestination qui ne cessera jamais de lindigner:
Sur les pas de Calvin, ce fou sombre et sévère
Croit que Dieu, comme lui, nagit quavec colère.
Comme Voltaire, Jean-Baptiste dArgens sinsurgera contre
limmoralité et la cruauté de ce Dieu sans vertu.
Le Dieu de la double prédestination de Théodore de Bèze
et de Jansénius lhorrifiait. Est-il possible, sexclame
Aaron Monceca, quun Dieu miséricordieux ait créé
tant de millions dhommes, pour vouloir les rendre éternellement
malheureux ? Sil existe un culte ordonné par Dieu, ajoute-t-il,
cest pour faciliter le salut des hommes, et non pour les perdre24.
Sceptique, pélagien et épicurien, le marquis dArgens,
qui étudia beaucoup les Pères de lEglise, accorda
ses suffrages à la sotériologie de Basile plutôt
quà celle dAugustin. Les hommes sont libres daimer
leur Créateur qui les a dotés dune grâce
suffisante pour les sauver25. Deux raisons sont invoquées contre
le prédestinianisme: la bonté divine et la nuisance
sociale du fanatisme.
Alors que les Essais de Montaigne constituaient pour notre pyrrhoniste
le bréviaire du genre humain26, ce fut cependant dans la lecture
des Pensées diverses sur la Comète de Pierre Bayle quil
trouva un jour le courage dans le danger27. Dans les Lettres cabalistiques,
Ben Kiber fait le panégyrique du huguenot émigré:
Bayle dans ses ouvrages a rassemblé tout ce que les grands
hommes ont écrit et pensé de plus juste. Il a ajouté
à ces pensées étrangères ses réflexions,
qui également solides et curieuses, serviront éternellement
de bibliothèque aux savants. Le génie le plus vaste
quait produit la nature, a été celui de Bayle28.
Le combien célèbre Commentaire philosophique sur ces
paroles de Jésus-Christ: contrains-les dentrer, de 1686,
est selon le mémorialiste de la République des lettres
le livre le plus utile quon ait écrit, pour inspirer
aux honnêtes gens lhorreur de la persécution29.
Loffensive argensienne contre le fléau de lintolérance,
linfâme selon lexpression de Frédéric
II quil plût à Voltaire de reprendre, saccompagne
dun assaut contre la superstition, qui prolonge la campagne
de Pierre Bayle et de Baltazar Bekker, et amorce la croisade voltairienne
contre lhydre abominable. A quelle folie ne conduisent pas la
crainte et la superstition, quand les hommes se mettent à diviniser
un être ou un objet, se lamente le sylphe Oromasis dans les
Lettres cabalistiques30. Le philosophe du bon sens était partisan
dune saine démythologisation de la croyance, dune
démystification du monde des chimères. LHistoire
critique de Manichée et du manichéisme, chef-doeuvre
du huguenot berlinois Isaac de Beausobre remplissait parfaitement
cette tâche: cétait un excellent préservatif
contre la superstition31.
Les avantages de la tolérance
Nombreux sont les avantages individuels
et collectifs de la tolérance religieuse, dont la liberté
de conscience nest pas des moindres. Lapôtre de
la tolérance insiste toutefois sur trois avantages essentiels:
la paix civile, la prospérité économique et lavancement
du savoir. LAngleterre et la Hollande inspirèrent cette
conclusion à Jacob Brito: Mais, lorsque, dans un Etat sagement
réglé, les peuples sont persuadés, quil
doit être permis à chacun de penser, et de servir Dieu
à sa manière, tout le monde y vit en paix et en repos,
quand même il y aurait cinquante religions différentes32.
La paix civile favorise le commerce comme le remarque Aaron Monceca:
La liberté, dont jouissent les hollandais, les a beaucoup favorisés
dans leurs entreprises. Lentière sûreté,
que les étrangers trouvent dans leur pays, lasile, quon
y a accordé, dans tous les temps, depuis létablissement
de la république, à ceux quon a persécutés
dans plusieurs pays à cause de la religion, y ont attiré
un si grand nombre dhabitants, quils ont pu faire de puissantes
colonies, armer un nombre prodigieux de vaisseaux, et voir cependant
leur pays toujours excessivement peuplé33. Jacob Brito loue
la sagesse de la République de Venise qui interdit aux moines
de tyranniser les gens, en dépit du Saint-Office. Cette politique
favorise le progrès et la diffusion du savoir: Les livres,
de quelque façon quils soient écrits, et de quelque
matière quils traitent, ne sont point non plus de juridiction
ecclésiastique.(...) Ainsi, à Venise, chacun est maître
de donner au public tout ce quil juge à propos, pourvu
que la République ne soit point intéressée dans
ses écrits. Les principaux livres de toutes les religions on
été imprimés dans cette ville.(...) Les vénitiens...permettent
que luniversité de Padoue donne le bonnet doctoral, sans
exiger de ceux qui sont reçus docteurs la profession de foi
ordonnée par les pontifes. Ainsi, le corps des docteurs vénitiens
est composé de nazaréens papistes, hérétiques,
de juifs, et de turcs aussi, sil faisait fantaisie à
quelque cadis de Constantinople de prendre le bonnet de docteur. La
République croit, que les chemins de parvenir aux sciences
doivent être ouverts à tous les hommes, et quil
y a de la dureté à les en éloigner sous le vain
prétexte de la religion,...34. Pour le marquis dArgens,
la philosophie naturelle était dune importance primordiale
pour le développement de lêtre humain. Il regardait
les savants comme les précepteurs du genre humain, comme les
organes dont la divinité se sert, pour révéler
aux hommes les secrets de la nature35. Dans son esprit, les savants
étaient les nouveaux prêtres. Il jettait avec son siècle
les fondations de la religion de la science.
Les remèdes à lintolérance des Eglises
Il y a deux remèdes à
lintolérance cléricale selon le marquis dArgens.
Le processus de sécularisation de la société
européenne, plus avancé en terres protestantes quen
pays catholiques, avait encouragé ce fils de juriste aixois
à requérir la séparation de lEglise et
de lEtat que les révolutionnaires de 1789 mirent en application
quelques décennies plus tard. Sous la houlette de Voltaire,
le parti des philosophes ouvrit une brèche dans la superstructure
de lAncien Règime, que les politiques creusèrent
davantage. Le marquis dArgens ne manqua donc pas de dénoncer
lalliance du trône et de lautel, dautant plus
que lEglise y jouait le rôle méprisable dun
allié tyrannique et abusif. Son intention était de garantir
la tranquillité publique en obviant aux troubles politiques
que causent généralement les discordes religieuses.
Un homme, propre à diriger une trentaine de dévots,
nest pas fait pour gouverner un royaume, déclare Jacob
Brito. Si lon établissait une fois dans toute lEurope,
dune manière ferme et stable, que la religion na
rien de commun avec le gouvernement, de quel bonheur tous les peuples
ne jouiraient-ils pas, et quelle tranquillité les rois ne goûteraient-ils
point sur leur trône36.
Le second remède est symptômatique du siècle.
Il sagit sinon de substituer la religion naturelle à
la religion surnaturelle du moins de mettre la religion révélée
sous tutelle rationnelle. Le philosophe provençal se fit le
champion dune religion sensée. Depuis le De Veritate
(1624) de Herbert of Cherbury, les déistes entretenaient lirénique
ambition de définir un crédo universel au départ
de la révélation naturelle. Composé de propositions
essentielles, un crédo minimal eut fourni dans leur esprit
une assise solide permettant non seulement aux théologiens
chrétiens de toute confession de sentendre entre eux
et de se réconcilier avec la philosophie naturelle, mais encore
aux différentes religions du monde doeuvrer de conserve
pour le plus grand bénéfice moral, social et politique
de lhumanité. Anticipée par les progrès
de la philosophie naturelle, une entente cordiale entre les convictions
religieuses devenait de plus en plus pressante. Lidée
dun crédo minimal et universel avait également
fait son chemin chez les latitudinariens et chez certains arminiens,
comme Philippe van Limborch. Ceux-ci se proposaient dinclure
la révélation surnaturelle pour remporter lavantage
sur leurs rivaux, les déistes. Proche des arminiens et des
sociniens, John Locke était entré en lice à la
suite du Rational Catechism (1687) de William Popple; oeuvre qui avait
éveillé des espoirs parmi les gens éclairés
et suscité de vives protestations dans les milieux orthodoxes.
Cette idée représentait pour les modérés
du parti philosophique, comme Voltaire et dArgens, que le supranaturalisme
laissait insensible mais que le matérialisme effrayait, la
meilleure route pour éviter autant le Charybde intolérant
et belliciste des orthodoxies religieuses que le Scylla irreligieux
et amoraliste des esprits forts les plus radicaux. Dans les Lettres
chinoises, Sioeu-Tchéou conclut sa visite de Dresde, ville
luthérienne dont le prince sétait converti au
catholicisme, en faisant lobservation suivante: Etre vertueux,
craindre et aimer lEtre suprême, cest le fondement
de toutes les religions sensées; les cérémonies
sont accessoires, valent-elles la peine de troubler la tranquillité
publique ? et les hommes auraient-ils jamais pensé differemment,
sils navaient point été séduits par
des imposteurs, ou par des ambitieux qui faisaient habilement servir
de prétexte de la religion à lavancement de leur
dessein ?37
La religion rationnelle et la religion révélée
Dans les Lettres cabalistiques,
le cabaliste Ben Kiber se complaît dans la sage réserve
des pyrrhoniens. Les opinions contradictoires des philosophes dune
part et les mésinterprétations des textes sacrés
par les théologiens dautre part confirment, même
en dépit dune hyopthétique révélation,
la présomption humaine en matière de métaphysique38.
Le littérateur provençal consacra un ouvrage entier
à son scepticisme, le seul traité dépistémologie
quil rédigea. Paru en 1737, concommitamment aux Lettres
Juives, La philosophie du bon-sens étaye avec clarté
et simplicité labsence de toute certitude absolue en
histoire, en logique, en physique, en métaphysique et en astrologie
judiciaire. Comment lauteur justifiait-il son entreprise ? Ennuié
de voir le bon sens méprisé, je formai le dessein de
prouver à une personne aimable, chez qui jallais souvent
passer quelques jours à la campagne, que son chapelain, grand
sectateur dAristote, nétait quun ignorant39.
Notre épistémologue entendait en faire rabattre non
seulement aux demi-savants qui se targent de tout savoir mais encore
à la cohorte des philosophes pontifiants. De cette classe aussi
arrogante quignorante, il nexceptait pas les dogmatiques,
ces théologiens qui abusent des Livres sacrés40. La
critique de la connaissance formulée par le marquis, qui anticipe
de dix ans les Essais philosophiques sur lentendement humain
de David Hume, consiste, pour lessentiel, en une interprétation
aporétique de la théorie sensualiste de lEssai
sur lentendement humain de John Locke. Contre la preuve ontologique,
linnéité des idées, des lois morales et
dun sensus divinitatis, le philosophe du bon sens objectait
que les hommes nont pas tous la connaissance de lEtre
souverainement bon et parfait, que certains peuples ignorent même
lexistence de la divinité41.
Bien que préchant sans cesse la faiblesse de lesprit
humain42, le sceptique provençal concédait la nécessaire
existence de Dieu. Car la nécessité pour lunivers
davoir un créateur, qui nous épargne lidée
spinoziste dune matière éternelle, satisfait le
bon sens. Notre auteur se déclarait, par ailleurs, favorable
à lidée de création. Car, dans le cas contraire,
il faudrait admettre que la matière fût coéternelle
à Dieu et quil existât, en conséquence,
deux infinis, idée absurde43. La question de limmortalité
de lâme, tant débattue au siècle des Lumières,
est richement commentée dans les Mémoires secrets de
la République des lettres, où lauteur fait laveu
que la religion dissipe le doute sur cette question44. La croyance
en limmortalité de lâme, superfétatoire
pour lhonnête homme, est utile à la populace, qui
sans elle ne se sentirait pas contrainte de pratiquer la vertu. De
surcroît, le bonheur et la prospérité des méchants
dans ce monde appellent une justice transcendante, qui requiert, comme
préalable, limmortalité de lâme45.
Après avoir mis des bornes à la religion rationnelle,
le sceptique provençal mit sous tutelle la religion révélée.
Sil ne contesta nullement la possibilité de vérités
surnaturelles, révélées en loccurrence
dans les Livres sacrés, et sil fut même disposé
à leur reconnaître leur contribution noétique,
il invita cependant le lecteur à prendre sa raison pour guide46.
Prenant position à mi-distance entre la non-ingérence
cartésienne en aval et lingérence kantienne en
amont, le philosophe du bon sens enseignait que ce nétait
quaprès avoir vérifié quune chose
a véritablement été révélée
quon pouvait soumettre sa lumière à lautorité
de la révélation47. Anticipant La religion dans les
limites de la simple raison de Kant, le marquis dArgens, légataire
du scepticisme de Pierre Bayle et de Pierre-Daniel Huet, entérinait
limmixion nécessaire du tribunal de la raison dans le
domaine de la religion. Ce faisant, il réfutait dune
part lirreligionisme naissant des Lumières et contrôlait
dautre part lévasion dans le fidéisme dont
bien des pyrrhoniens se satisfaisaient en fin de compte.
Le philo-protestantisme du marquis dArgens
Le littérateur provençal
bénéficia comme Voltaire de lhospitalité
protestante. Mais à la différence du patriarche de Ferney,
il en jouit plus longuement. Peut-on vivre dans une culture sans en
subir son influence ou sans devoir se définir par rapport à
elle ? Bien que notre auteur nait pas caché ses critiques
à légard des fondateurs du protestantisme, il
reconnut le rôle majeur que joua la Réforme dans le processus
démancipation de lesprit humain. Aaron Monceca
écrit: Il y a environ deux cents ans, que deux hommes illustres
vangèrent le bon sens opprimé. Appuiés de la
raison, ils luttèrent contre lignorance de leur siècle,
furent les restaurateurs des sciences, et préparèrent
cette foule de grands hommes qui les suivirent. Quel dommage, concluait-il,
que le judaïsme nait pas produit de tels hommes, car on
nous aurait délivrés dun joug de cérémonies,
qui me paraît tous les jours plus inutile48. Ce que le marquis
dArgens admirait le plus chez Luther et Calvin cétait
davoir épuré la religion et davoir sapé
le papisme49.
Les penseurs protestants, dont il approuvait la conduite et aux
idées desquels il se ralliait, étaient, outre les pasteurs
wallons des Provinces-Unies qui lui avaient appris lart de la
narration, ceux qui avaient fait dhonnêtes concessions
à la rationalité critique. Le catholique provençal,
qui ne pratiquait pas sa religion mais nempêchait nullement
ses gens de pratiquer la leur, se sentait en communion desprit
avec les épigones de la Réforme qui ne répugnaient
pas à laventure intellectuelle, avec ces théologiens,
ces philosophes et ces historiens qui bousculaient le dogme et la
tradition au nom de la raison, de lexpérience ou de la
véracité historique. Le protestantisme des Lumières,
ce proto-libéralisme, convenait à lavocat de la
religion sensée, dans la mesure où il était un
moindre mal. Selon Aaron Monceca, les Nazaréens réformés
ramènent toute discussion théologique au seul texte
de lEcriture et à lévidence de la lumière
naturelle50. Principe quillustra notamment Isaac de Beausobre,
un des penseurs favoris du marquis. En revanche, lorthodoxie
doctrinale, quaccompagne toujours larrogante certitude,
lépouvantait. Car il craignait le fanatisme et lintolérance
par dessus tout. Qui sétonnera alors que Pierre Bayle
et La Mothe Le Vayer, lun philosophe huguenot et lautre
abbé de cour, voisinassent le plus naturellement du monde dans
loeuvre du marquis. Leurs affinités humanistes, leur
scepticisme et leur fidéisme convergeaient par de-là
les frontières confessionnelles. Le marquis lavait compris.
La civilisation protestante des Lumières naissantes recevait
les suffrages du catholique provençal. Quand il ne sen
inspirait pas directement, il la rejoignait par ses idées.
On peut énumérer une douzaine de points de convergence:
(1) la garantie de la liberté individuelle et la pratique de
la tolérance religieuse; (2) lémancipation des
laïcs et la sécularisation progressive de lEtat;
(3) la société méritocratique; (4) lépanouissement
de la modernité; (5) laffranchissement de la férule
romaine; (6) la légalisation du divorce; (7) le désenchantement
du monde imaginaire; (8) le retour aux sources de la religion, au
christianisme primitif; (9) lusage cultuel de la langue vernaculaire;
(10) le rejet du dogme du purgatoire; (11) le mariage des pasteurs
et (12) leur érudition. Pour toutes ces raisons, nous pouvons
conclure que notre auteur, qui était par ailleurs profondément
philo-sémite, éprouvait une certaine attirance envers
le proto-libéralisme protestant. Sans doute nétait-ce
que la sympathie dun déiste tolérant.
Le marquis dArgens, qui vécut près de trois
décennies auprès de Frédéric II de Prusse,
songea-t-il jamais à se faire protestant ? Nous nen saurons
jamais rien, car son oeuvre est muette à ce sujet. Le déiste,
anti-papiste et anti-clérical, riche dempathie envers
les persécutés, naurait-il pas gagné en
prestige moral à rejoindre les rangs de chrétiens qui
sétaient affranchis de la tutelle romaine, dautant
quil comptait parmi eux de nombreux amis ? Ce que nous pouvons
conjecturer, cest quune telle conversion eût requis
de sa part plus de sacrifices quelle ne lui eût rapporté
davantages. Sa pensée était trop moliniste, et
son coeur trop libertin pour sagréger à un milieu
dont le puritanisme, encore vivant, ressemblait au jansénisme
comme un frère jumeau. Les Pères de lEglise éveillaient,
par ailleurs, beaucoup plus son intérêt que les Saintes
Ecritures. Enfin, comme Voltaire, le philosophe provençal était
insensible à langoisse sotériologique du seizième
siècle. Lextraordinaire répercussion queût
à lépoque la proclamation de la gratuité
du salut lui échappa complètement. De la Réforme,
il ne retint que la cause éthique et la conséquence
politique. Cette réduction, qui effaçait leschatologie,
était symptômatique des Lumières. Les Lumières
protestantes, des Néologiens aux éthicistes et aux rationalistes
kantiens, mirent laccent sur léthique intramondaine
au détriment de la sotériologie supramondaine, sécularisèrent
le royaume de Dieu. Le salut nétait le souci ni de Voltaire
ni du marquis dArgens. Notre polygraphe navait donc aucun
motif religieux de changer de religion, dautant quil pouvait
librement ne pas pratiquer le sienne, une religion dont il sétait
émancipé. Toujours à lexemple Voltaire,
qui fit le los des quakers et des sociniens et qui plaça quelques
espoirs dans les pasteurs rationalistes de Lausanne et de Genève,
notre philosophe approuvait les idées révolutionaires
des marginaux du protestantisme, saluait ces penseurs audacieux qui
osaient allumer, à la périphérie dune tradition
figée, la flamme de la religion naturelle et de la morale utile
qui promettait tant de lumière à lhumanité.
Queût-il alors gagné à rejoindre les rangs
dune Eglise dont la majorité était piétiste
quand elle nétait pas orthodoxe ?
Lannée en cours a vu la célébration de
lEdit de Nantes. Ce fut loccasion de mettre laccent
sur la tolérance; principe dautant plus nécessaire
aujourdhui que nous vivons dans une société multi-raciale
et pluri-culturelle. Le marquis dArgens vécut il y a
trois siècles. Certes, son oeuvre a depuis pris quelques rides.
Mais le coeur du message demeure dactualité. Il répond
autant que naguère aux impératifs du siècle.
Pour nous qui devons affronter les renaissantes ténèbres
de lintolérance et de lexclusion, le combat du
marquis dArgens contre le fanatisme est notre combat. Valéry
navait-il pas raison, lorsquil affirmait, en redécouvrant
le message de Jésus de Nazareth, que lEvangile et les
Droits de lhomme sont bien daccord sur lessentiel:
la valeur infinie de la personne.
Jean-Loup
Seban
- 1 Elsie Johnson, Le Marquis dArgens, sa vie et ses oeuvres,
(1928), Slatkine Reprints, Genève, 1971; Jean Molino, Le
Bon sens du marquis dArgens: un philosophe en 1740, thèse,
univ. de Paris, 1972; Steve Larkin, Correspondance entre Prosper
Marchand et le marquis dArgens, Oxford, 1984; Le marquis dArgens,
colloque international de 1988, édité par J-L. Vissière,
Aix-en-Provence, 1990; Marquis dArgens: Aufklärer und
Verklärer der Modernität, colloque international organisé
en 1997 à Wolfenbüttel par H.-U. Seifert et J-L. Seban.
- 2 Grimm et Diderot, Correspondance littéraire, philosophique
et critique, adressée à un souverain dAllemagne
depuis 1770 jusquen 1782, seconde édition, Buisson,
Paris, 1812, tome 1, p. 426.
- 3 J-B; dArgens, Mémoires et Lettres de M. le Marquis
dArgens, La Haye, 1735.
- 4 D. Thiébault, Souvenirs de vingt ans de séjour
à Berlin, 3ème éd., Paris, 1813, p. XXXX; E.
Johnston, Opus citatum, p. 69.
- 5 J-B; dArgens, Lettres Juives, nouvelle éd., Lausanne
& Genève, 1739, tome 7, lettre 201, p. 202.
- 6 Ibidem, tome 2, lettre 45, p. 120-128; tome 4, lettre 100,
p. 86-95, et lettre 108, p. 161-171; Lettres Cabalistiques, La Haye,
P. Paupie, 1741, tome 1, lettre 12, p. 121-133; Mémoires
secrets de la République des Lettres, Amsterdam, Neaulme,
1744, tome 1, p. 229 (Lauteur cite quelques vers de la Henriade).
- 7 J-B. dArgens, Lettres Chinoises, nouvelle éd.,
La Haye, Paupie, 1755, tome 2, lettre 30, p. 17-18.
- 8 Ibidem, tome 2, lettre 46, p. 200
- 9 J-B. dArgens, Lettres Juives, tome 4, lettre 92, p. 16;
tome 5, lettre 142, p. 213.
- 10 Ibidem, tome 5, lettre 122, p. 14.
- 11 Ibidem, tome 4, lettre 92, p. 14-17.
- 12 Ibidem, tome 4, lettre 94, p. 32.
- 13 Ibidem, tome 5, lettre 126, p. 48.
- 14 Ibidem, tome 5, lettre 110, pp. 190.
- 15 J-B. dArgens, Songes philosophiques, Berlin, 1746, p.
39-46.
- 16 J-B. dArgens, Lettres Juives, tome 1, lettre 15, p.
128.
- 17 J-B. dArgens, Lettres Chinoises, tome 3, lettre 81,
p. 274.
- 18 J-B. dArgens, Lettres Juives, tome 4, lettre 108, p.
167.
- 19 Ibidem, tome 5, lettre 142, p. 208.
- 20 Ibidem, tome 7, lettre 181, p. 8.
- 21 J-B. dArgens, Mémoires secrets de la République
des lettres, tome 1, p. 263.
- 22 J-B. dArgens, Lettres morales et critiques sur les différents
état, et les diverses occupations des hommes, nouv. éd.,
Amsterdam, 1746, p. 135.
- 23 J-B; dArgens, Songes philosophiques, 2ème songe,
p. 146-187.
- 24 J-B. dArgens, Lettres Juives, tome 2, lettre 33, p.
19 et 24.
- 25 J-B. dArgens, Mémoires secrets de la République
des Lettres, tome 1, p. 224-226.
- 26 J-B. dArgens, Réflexions historiques et critiques
sur le goût et les ouvrages des principaux auteurs anciens
et modernes, Amsterdam 1743, p. 403.
- 27 J-B. dArgens, Mémoires et lettres, Londres, 1748,
p. 168-169.
- 28 J-B. dArgens, Lettres Cabalistiques, tome 4, lettre
136, p. 316.
- 29 J-B. dArgens, Mémoires secrets de la République
des Lettres, tome 4, lettre 10, p. 134-135.
- 30 J-B. dArgens, Lettres Cabalistiques, tome 1, lettre
13, p. 134.
- 31 J-B. dArgens, Mémoires sercrets de la République
des Lettres, tome 2, p. 68.
- 32 J-B. dArgens, Lettres Juives, tome 4, lettre 120, p.
280.
- 33 Ibidem, tome 4, lettre 92, p. 13-14.
- 34 Ibidem, tome 2, lettre 48, p. 151-152.
- 35 Ibidem, tome 2, lettre 44, p. 111.
- 36 Ibidem, tome 5, lettre 136, p. 151, et tome 4, lettre 120,
p. 280.
- 37 J-B. dArgens, Lettres Chinoises, tome 4, lettre 95,
p. 91.
- 38 J-B. dArgens, Lettres Cabalistiques, tome 1, p. 315.
- 39 J-B. dArgens, La Philosophie du Bon-Sens, tome 1, p.
8.
- 40 J-B. dArgens, Lettres Cabalistiques, tome 1, p. 315.
- 41 J-B. dArgens, La Philosophie du Bon-Sens, tome 2, p.
11-12.
- 42 J-B. dArgens, Lettres Cabalistiques, tome 3, lettre
69, p. 32.
- 43J-B. dArgens, La Philosophie du Bon-Sens, tome 2, p.
35-39.
- 44 J-B. dArgens, Mémoires secrets de la République
des lettres, tome 2, p. 271-383.
- 45 J-B. dArgens, La Philosophie du Bon-Sens, tome 2, p.
120.
- 46 Ibidem, tome 2, p. 127.
- 47 J-B. dArgens, Lettres Juives, tome 5, p. 170-171.
- 48 Ibidem, tome 1, lettre 26, p. 221-222.
- 49 Ibidem, tome 6, lettre 141, p. 129.
- 50 Ibidem, tome 2, lettre 41, p. 91.
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