Au-delà des politesses de
rigueur et des ronds de jambes obligés, je commence par vous
dire demblée et bien franchement, combien je suis émue
et honorée dêtre aujourdhui invitée
à
non pas "présider" (le terme est un
tantinet lourd), mais à partager avec vous, au milieu de vous,
le risque de la Parole.
Risque de la Parole, dores et déjà livrée
aux aléas de la temporalité : au moment où jécris
ces mots, je suis dans laujourdhui de mon travail, de
ma réflexion. Et je ne puis faire autrement que de me projeter
dans un autre aujourdhui, celui de maintenant et déjà
souvenir pour ceux qui lisent ces lignes
Javais- comme vous tous, pris connaissance des diverses interventions
de ces Journées Libérales. Ce que jécrivais
- sera t-il - est-il a t-il été en phase avec ces interventions,
ou décalé, ou redondant ?? Mais nimitons pas lâne
de Buridan qui, ayant à la fois très faim et très
soif, mourut dinanition entre son baquet deau et son picotin.Il
faut se lancer dans laventure du choc des temporalités,
avec lidée que dun choc peut naître... une
étincelle.
LAMOUR À TOUTES LES SAUCES.
Amour et Compassion, donc ! L Amour, si bibliquement présent,
et surtout, indispensable fondement du Testament du Christ, Pierre
Angulaire du Sommaire de la Loi, Résumé ultime de tout
commandement. LAmour est, sous nos climats, ravalé à
un terme bien galvaudé. La langue française a laissé
sappauvrir le vocabulaire du sentiment au-delà même
du dessèchement : quasi jusquà labsurde.
On avait pourtant le choix : amour du goût, du penchant, une
attirance, de la prédilection, et même, ce mot charmant
et suranné des galants de Molière pour une belle cruelle,
de linclination !
Mais on ne fait plus quaimer ! Devrions-nous le déplorer,
alors quen testament, Jésus nous lègue le commandement
nouveau : aimer tant et plus, de tout cur et sans relâche
! Las ! Il sagit bien de cela
Car on aime tout pêle-mêle
: ses copains, Mozart, le jaune, les promenades sur la plage, les
chats, le melon
et Dieu. Dieu que seul, on adorait. Confusion
des sentiments", érosion, et même, perversion de
la valeur des mots : on a adoré un film, une eau minérale
(St-Y
, jadore ! Diable, on a les saints quon peut
)
; on brade lamour dans son expression suprême pour quelques
bulles de gaz ; sans compter quon a dégoté à
la brocante du coin un amour de petit bibelot, forcément
adorable.
Maintenant que les jeunes préfèrent "craquer",
voire"flasher", il se profile peut-être un espoir
pour que le vrai Amour récupère un peu de ses droits
et de son terrain. Pauvre Amour, comparable au sel de la terre qui
a perdu son goût , jeté au caniveau, piétiné
par la foule versatile, indifférente et cruelle. Pauvre Amour,
vieux tissu quon a fait tellement craquer de partout que lon
chercherait désespérément quelquendroit
encore sauf où coudre une pièce neuve.
Pauvre Amour, mis à toutes les sauces, dépouillé
de sa vigueur, de sa richesse, de sa splendeur ; il me fait venir
à lesprit limage des Prophètes, décrivant
Jérusalem prostituée. Jérusalem la Belle, la
Fiancée dElection, la Princesse des nations.
LAMOUR DANS LEVANGILE DE JEAN
Nous sommes devenus si pauvres à exprimer avec justesse comment
aimer, que ce passage essentiel de lEvangile de Jean, dans ce
curieux chapitre 21, seconde fin artificiellement plaquée sur
la première finale du chapitre 20, que ce passage, donc, est
devenu plat, insignifiant et dépouillé de sa substantifique
moelle. La fine pointe du texte échappe (sauf aux hellénistes
et biblistes ferrés à glace, corporation qui ne court
pas les rues, sauf bien sûr, entre ces nobles murs...). "Pierre,
maimes-tu ?" Mais bien sûr que je taime !
Apparemment, deux personnes "en phase", qui se comprennent
5/5, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais au
fond, dans lessence de lexpression linguistique, un malentendu
profond et révélateur dune communication piégée
par les lacunes du vocabulaire.
Parce que nous ne savons plus nuancer lAmour.Les Grecs parlaient
en Erôs, Philè, Agapè. Les Latins en Dilectio
et Amor.Lorsquon fait le tour de nos traductions françaises
de la Bible, le dialogue entre Jésus et Pierre tourne toujours
court. Même notre regrettée et subtile France QUERE,
dans sa "LECTURE DE LEVANGILE DE JEAN" ne fait pas
la différence entre lAgapè proposée par
Jésus et la Philè revendiquée par Pierre. Si
je devais traduire ce passage, en tant que libérale convaincue,
je privilégierais, bien-sûr, lesprit du texte.
Mais en loccurrence, s'en tenir au seul verbe "aimer",
nest-ce pas aussi trahir aussi la lettre, puisquil faudrait
deux verbes différents pour traduire deux notions différentes
? "Pierre, me chéris-tu ?". Oui, Seigneur, tu sais
bien que je suis ton ami, ton copain !". A la troisième
demande, : "Pierre, es-tu mon ami, mon copain ?". "Mais
cela fait 3 fois que je te le répète
". Le
disciple pense tristement que le Maître est devenu un peu dur
doreille, ou distrait
Alors que cest lui-même
qui est dur, non doreille, mais de cur, lui qui na
pas su entendre loffre dAgapè. Pierre a beau être,
dans ce chapitre supplémentaire établi sur le troupeau
du Christ il ne peut accéder à la qualité secrète
qui lie intimement le DISCIPLE BIEN AIME au Christ ; le partenaire
délection au nom à jamais secret, dont la seule
définition est le qualificatif d"AGAPETOS",
celui qui a atteint le niveau de lexcellence de lAmour.
LES MOTS DE LAGAPE : compassion, sympathie, pitié,
charité, miséricorde.
Voici un rapide bilan des heurs et malheurs de lAgapè.
Quant à la compassion ?Elle porte elle aussi pas mal de cicatrices.
Pourtant, elle est moins employée que lAmour, et donc,
devrait être moins usagée. Quoique, dans les grandes
épreuves, dans les deuils, elle sert souvent dexpression
passe-partout quand on ne sait que dire : "Vous avez toute ma
sympathie". Sympathie/Compassion, deux parfaites jumelles gréco-latines
pour dire le "souffrir avec". La sympathie est devenue chose
frivole, perdant sa finale en même temps que sa force : cest
sûr quil ne nous viendrait pas à lidée
de plaindre le "petit bistrot sympa" du coin de la rue.
Et le "compatir" est parti aux oubliettes en même
temps quun mot si simple, si beau, et pourtant hélas,
maintenant regardé avec méfiance, et pris avec moult
pincettes : la pitié.
La pitié, doublet de la piété, toutes deux
filles de la pietas latine.Un bien beau couple, qui rendait si parfaitement
le Sommaire de la Loi. De lHomme à Dieu, Piété.Puis
de Dieu à lHomme et de lHomme à lHomme,
Pitié.Et enfin cette superbe notion de lHomme qui a pitié
de Dieu crucifié avec les souffrances du monde : juste et noble
retour des choses, ainsi formulé par le pasteur Dietrich BONHOEFFER,
dans son poème "Chrétiens et païens":
"Des hommes vont à Dieu dans sa misère
Le trouvent pauvre et méprisé, sans asile et sans pain
Le voient abîmé sous le péché, la faiblesse
et la mort.
Les chrétiens sont avec Dieu dans sa Passion"
(In : Résistance et soumission, L&F, Genève, 1973,
p. 361).
En un mot, les hommes sont invités à "Com-passionner"
avec Dieu. La pitié/piété, cest aussi la
figure de la pieta, une mère qui pleure, le cadavre de son
enfant sur les genoux. Femmes dAlgérie, de Bosnie, du
Rwanda et dailleurs, ni saintes, ni vierges, simplement hélas
des pietà, victimes de léternel massacre des innocents
: "Une voix sest fait entendre à Rama, des sanglots,
des larmes amères. Rachel pleure sur ses fils ; elle refuse
dêtre consolée sur ses fils" (Jr 31.15).
Et pourtant, par les temps qui courent, la pitié est synonyme
de mépris, de condescendance. Un autre beau mot, très
proche, est devenu incontestablement péjoratif : la commisération.
Et pourtant, quelle haute vertu que de se réclamer partie prenante
de la misère dautrui ; Cependant, on évite la
pitié comme une pestiférée ; on la refuse comme
un os jeté à un chien : je nai que faire de votre
pitié !
La pitié est devenue synonyme dune gifle, dun
outrage rajouté aux outrages de la misère physique et/ou
morale. On fait la manche dans le métro, on accepte largent,
mais pas la pitié. Du reste, on fait la manche, mais surtout,
on ne demande pas la charité ! Pauvre charité elle-aussi
tristement vilipendée : "vous faites cela par charité,
parce que vous voulez mhumilier"
Quant à laumône,
nen parlons pas ! Et pourtant
A lorigine, le verbe
grec eleein, éprouver de la pitié, de la miséricorde.
On le connaît peut-être par linvocation "Kyrie
Eleison" ; mais sait-on bien que cest le verbe de la 5ème
Béatitude : "Heureux les miséricordieux
"
? Alors la Béatitude signifiant vraiment "Heureux les
apitoyés, car vous serez objet de pitié", "Heureux
les faiseurs daumône (et pourquoi pas les aumôniers
?), car vous recevrez, aux jours difficiles, ne serait-ce que laumône
dun sourire, dun regard
compatissant". Où
sont là le mépris, lavilissement et la dérision
du pauvre ?
Mais là, Amour et Charité se donnent la main dans
une commune damnation : et pourtant, dans lesprit de la Bible,
dans lesprit de Paul, ils ne font quune seule et même
chose : lAgapè ; celle qui surpasse la Foi et lEspérance,
et qui ravale tous les talents au magasin des accessoires (1 Co. 13).
Il est, donc, long et affligeant, linventaire des noms de lAmour
bradé et saccagé. Commisération, salie dun
sourire méprisant ! Miséricorde, reléguée
au rayon desséché du vocabulaire religieux, à
la rigueur inusable question à 1000 francs, en tant que repose-fesse
pour moine assoupi
LAMOUR SE SUFFIT A LUI-MÊME ?
Hélas, Amour, Compassion, Agapè, Philè, vous
avez tous en commun dêtre les victimes de terribles contresens.
mais gardons-nous cependant de vous mettre dans le même panier,
car si vous êtes tous frères, vous êtes loin dêtre
jumeaux. Aimer, Amour, peuvent à la limite, se passer de complément.On
aime, un point, cest tout ! Sentiment absolu qui peut presque
se passer dobjet ; lorsque, justement, dans son expression la
plus extrême, il peut abolir la notion de sujet et dobjet,
transgressant les frontières du JE et du TU.
Je me souviens davoir lu avec étonnement cette maxime,
au plafond dune église dAllemagne : "AMOUR
UERUS SEIPSO CONTENTUS" : le véritable amour se satisfait
de lui-même. Serait-ce une superbe déclaration dégoïsme,
de rayonnante auto-suffisance ?Une sorte de "parthénogénèse
du sentiment" où le monde extérieur est renommé
superflu ?Orgueilleux, exclusif tête-à-tête, à
la limite moins avec lAimé quavec son propre sentiment.Amour-narcisse
qui rit à mort de se voir si beau en ce miroir Du serpent qui
se mord la queue, au cercle parfait verrouillé sur soi-même,
au "COR INCURUUM IN SE", cur recroquevillé,
effondré sur soi, le grand Péché aux yeux de
Luther, il ny a quun pas.
LAmour, même à deux, peut-être une passion
dévorante. Certes, qui ne sest un jour attendri de surprendre
le regard des amoureux : autour deux, le monde peut crouler,
quimporte ! Il nexiste que la bulle magique qui les fait
planer "loin de la foule déchaînée".
Ils sunissent dans ce regard extatique où lun se
fond en lautre. Cette expérience damour exclusif
et brûlant ne se limite pas au couple humain, dans la mesure
où elle a tant de fois servi à décrire lineffable
contemplation entre le mystique et Dieu.
AMOUR ELAN MYSTIQUE
Si lon parle en termes amoureux pour décrire lélan
mystique, voici, demblée, deux femmes : les deux Thérèse,
dAvila et de Lisieux, deux virtuoses en la matière. Mais
beaucoup ne se privent pas dironiser sur le "transfert",
la frustration de lhomme idéalisé en Dieu, les
"noces mystiques"
Et de gloser, loeil brillant,
sur la nature de lextase entre jouissance et souffrance qui
convulse le visage de la sainte transpercée, dans le groupe
de marbre "La Transverbération de Sainte-Thérèse"
du Cavalier BERNIN.Voire ! Le mysticisme nest pas toujours une
perversion sexuelle. Jean de la Croix, Pierre dAlcantara (franciscain,
1499-1562), et les mystiques rhénans, Henri Suso, Tauler et,
last but not least, Maître Echkardt, ne sont pas des nonnes
énamourées !
"Réjouissez-vous, je suis devenue Dieu", osait
écrire la bienheureuse Angèle de Foligno, mystique franciscaine
du XIIIème siècle. Moi et Toi, Je et Tu, se fondent
dans une surprenante dépersonnalisation. LAmour total
consiste-t-il à abolir son "je" pour se laisser docilement
coloniser par le "tu" ? Est-ce un service à rendre
à lautre que de jouer à la mante
religieuse?
Je taime, donc je tue et en retour, je me laisserai tuer, absorber,
évanouir en toi.LAmour ne peut-il se prouver sans allégeance,
phagocytose et sacrifice ? Nest-il pas écrit : "tu
aimeras ton prochain comme toi-même" ? Impossible si lun
des deux est mangé. Moi et lAutre, Je et Tu, ne peuvent
saimer et saider que dans la reconnaissance mutuelle des
différences. Ce nest pas, comme disent les enfants :
"Moi, cest moi, et toi, tes toi (tais-toi !)",
mais "moi je reste moi, et toi, que dis-tu?".
Le flamboiement exclusif de lamour a certes un côté
divin, mais si divin, que peut-être, un peu étranger
à notre humanité. Reprenant Blaise PASCAL, pourquoi
ne pas accepter le "divertissement", non comme une échappatoire
facile à la contemplation et ses risques, mais un sain retour
de nos extases vers un vécu plus terre-à-terre, mais
humble, comme nous
?
AMOUR ET COMPASSION ENSEMBLE
Mais sans doute ne faut-il pas différencier Amour et Compassion
de façon trop caricaturale. LAmour na pas la caractéristique
exclusive daspirer vers le haut, dêtre un sentiment
fort, divin, une passion. Tandis que la compassion serrait un sentiment
tendre, humain, partagé
LAmour nimplique
pas nécessairement la souffrance, même si aimer véritablement
amène tôt ou tard à souffrir. Tandis que la Compassion
naît implicitement dun regard jeté sur la souffrance
de lautre. Ainsi, lun tendrait vers le haut, la seconde
vers le bas. Mais ces élans divergents ne les renvoient pas
dos-à-dos, mais bien plutôt face-à-face. Non adverses,
mais complémentaires. lenvers et lavers de la même
médaille.
Peut-être quelque chose à chercher du côté
du symbole du Yin et du Yang, qui sinterpénètrent,
se contrebalancent, séquilibrent ? Ce pourrait être
limage de lhumain, capable des plus nobles élévations
et des plus terribles abaissements. Haut/bas, Yin/Yang, Soleil/Lune,
Feu/Terre nourricière, Ish et Ishah ("mâle et femelle
il les créa", Gen. 1,27). Et pour nous, image du Christ,
si hautement divin et humblement humain, image attestée par
le Prologue de Jean, chantre du Verbe incarné, et lHymne
de Philippiens 2 : "Il na pas retenu comme une proie à
arracher dêtre égal à Dieu, mais il sest
"vidé" lui-même, prenant la condition desclave
"
(Ph. 2,6-7).
A cette image du Christ humilié, la compassion pourrait être,
en quelque sorte, une "kénose" de lAmour. La
compassion rééquilibre la contemplation amoureuse, et
même, elle la crédibilise. La Bible entière résonne
de cette mise en garde contre une foi "cérébrale"
qui ne mettrait pas la main à la pâte. LEpître
de Jacques, "lEpître de paille" qui fâchait
tant Luther, nest pourtant pas mal fondée à recommander
:
"Si un frère ou une sur sont nus, et manquent
de la nourriture de chaque jour, et que lun dentre vous
dise : Allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous ! Sans lui donner
ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il
?" (Jc 2, 15-16)
Maître Eckhardt, évoqué tout-à-lheure
y pensait peut-être en écrivant :
"Si quelquun était dans un ravissement, comme
ST-Paul, et savait quun malade attend quil lui porte un
peu de soupe, je tiendrais pour bien préférable que,
par amour, tu sortes de ton ravissement, et serves le nécessiteux
dans un plus grand amour" (in : Instructions Spirituelles). Cest,
bien sûr, la Multiplications des Pains, où Jésus
invite ses disciples à prendre soin des corps après
linstruction des esprits. Parce que Jésus, au sens propre
de lEvangile, est "pris aux tripes" (traduction garantie),
par la détresse des hommes. La compassion, ce sont les "entrailles
de Dieu", de
Notre-Mère qui es sur Terre" !!
AMOUR : CIEL ET TERRE
Si nous étions assez hardis pour concevoir Dieu sans catégories
dâge, de race, de couleur, et même de sexe, peut-être
(réflexion passagère et nullement agressive), certains
chrétiens seraient plus proches dun Dieu pas nécessairement
vénérable potentat toujours courroucé ; et peut-être
seraient-ils plus authentiquement et efficacement proches de Marie,
simple femme de Nazareth, hasardeuse et blessée, sans recourir
à une Déesse-Mère antédiluvienne, très
Sainte, Très vierge et très Mère, et surtout
très lointaine de moi, pauvre mortelle. Au-delà de la
proclamation si profonde dans sa provocation "I met God, she
is black !" (Jai rencontré Dieu, elle est noire
!), on rejoint lintuition dEsaïe (49,14-16a) dun
Dieu maternel, et pour reprendre lexpression superbe dAndré
CHOURAQUI, un Dieu "matriciel".
LAmour ne nous invite à contempler vers le haut que
pour mieux regarder en bas. Jean lEvangéliste joue sur
le mot "élever de terre", pour le Christ à
la fois glorification et pendaison sur la croix : la croix, point
de jonction entre le sublime et latroce à létat
pur. La croix : lieu où nous sommes conviés à
élargir la géographie de notre cur, non seulement
à la hauteur et à la profondeur, mais aussi à
la longueur et à la largeur (cf Eph. 3,18). Aucune dimension,
aucun point cardinal néchappe ainsi à la parfaite
géométrie de lamour parfait allié à
la parfaite compassion.
On peut avoir des réserves quant à la formulation
des diverses confessions de foi. Dans celle de lEglise Réformée
de France, jaime à retrouver ce mouvement, qui en préambule
"fait monter son cri vers le Père des Miséricordes",
puis affirme manifester sa foi par "la lutte contre les fléaux
sociaux". Dans cet esprit, le mouvement du Christianisme Social
a bien su lier la gerbe dAmour et Compassion.
Un jour, une dame, fort avancée dans lordre Rosicrucien,
ma donné son interprétation du symbole de létoile
de David, et jen suis restée frappée : létoile
comporte deux triangles ; lun senracine de toute sa base
dans le terrestre pour sélever en pointe vers le haut,
figure de lélan vers le Divin. lautre triangle,
prend sa source en haut et descend, saffinant, vers le bas,
pénétrant lautre. Le triangle viril aux larges
épaules, féconde le triangle féminin aux larges
hanches. Lequel est Amour ? Lequel Compassion ?Le triangle qui monte
est celui qui est lourd de ses racines terrestres ; celui qui descend
semble avoir contemplé les choses den-haut
Au triangle
terrestre, il nest pas refusé de monter comme une flamme
vers ces choses ; tandis que le triangle céleste ne dédaigne
pas de pousser sa pointe plus bas que la base de lautre.
Et leur géométrie complémentaire sinscrit
dans la figure parfaite du cercle. Et ce cercle, né de la fusion
des deux entités, pourrait être, non plus une bulle dégocentrisme
stérile, mais un uf, gros de lespoir des lendemains
du monde, que nous tenterons de faire chanter en nous rappelant ceci
"Nayez pas peur !".
Récit Christine
Durand 18/10/98 - Sète.
Journées Evangile et Liberté