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Dans le souvenir de ceux qui nous ont devancés

Nos invisibles s'intéressent a nous

Au fond la question qui prime toutes les autres est celle-ci : Nos invisibles vivent-ils pour de bon, ou bien, leur existence ne serait-elle qu'une apparence de vie ?

S'ils ne s'intéressaient plus à nous, c'est qu'ils ne nous aimeraient plus ; et s'ils ne nous aimaient plus, ils se condamneraient à une existence diminuée.

Or, j'ai dit, et répété que nos morts bienheureux sont, par excellence, des vivants. Tandis, qu'ici bas, nous ne faisons que végéter, ils aspirent à pleins poumons l'air des cimes éternelles. Mais qui dit plénitude de vie, dit plénitude d'amour, par conséquent, plénitude d'action.

Mais, voici, l'espoir de ce revoir ne suffit pas. Il nous faut une consolation immédiate et, cette consolation, la certitude de leur présence actuelle peut, seule, nous la procurer.

On me demandera, peut-être, de quelle façon les Invisibles nous font sentir leur présence. La réponse me semble aisée. Les Morts bien aimés vivent dans la plénitude de l'Esprit. C'est une action toute spirituelle qu'ils exercent sur nous.

D'habitude, ici bas, les esprits ne communiquent que par l'intermédiaire des corps. Ils agissent du dehors. Leur action est extérieure à l'homme qui en est l'objet. Avant que la pensée de mon ami puisse toucher mon âme, il faut qu'elle prenne sa voix pour véhicule et qu'elle vienne frapper mon oreille. Cette règle, toutefois n'est pas sans exception. Lorsque, dans certaines circonstances, l'amour intervient avec puissance et qu'il noue entre les coeurs ce lien de la perfection dont il possède le monopole, des faits nouveaux se produisent. Une forte affection établit, entre les hommes, un mode de communication que ne peuvent soupçonner les esprits desséchés par l'égoîsme.

Les âmes que possède un grand amour, tentent de se pénétrer les unes les autres, elles se comprennent sans parler ; parfois même, le regard devient inutile.

Telle, l'action spirituelle que nos invisibles exercent sur nous. Leurs esprits glorifiés communiquent directement avec les nôtres. Ils ne font subir aucune pression à l'homme extérieur, mais ils agissent exclusivement sur l'homme intérieur et sur les ressorts cachés qu'il recéle. Leur présence ne s'annonce pas à nous comme celle d'un maître qui commande, mais comme celle d'un ami qui suggère et qui conseille.

Tommy Fallot
(1844-1904)

Pourquoi des rites ?

Devant la mort, que faire ? L'insupportable, c'est qu'il n'y ait plus rien à faire. Tout geste apparaît vain, et dérisoire. Parce que celui -ou celle- à laquelle il s'adresse n'est plus là.

Alors s'offre à nous le langage du rite : des gestes que nous faisons, "parce que ça se fait". C'est comme une langue qui nous revient de très loin, que chacun parle devant la mort, même si le sens nous en échappe. Des gestes "sensés et dépourvus de raison" (P. Bourdieu) : on les fait, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire...

Les rites sont comme les complices qui nous prendraient par la main pour nous dispenser d'avoir à imaginer, réfléchir, décider, pour nous épargner l'effort et la peine d'inventer un comportement. Le langage du rite nous guide pour aborder des terres inconnues. Pour traverser l'angoisse aussi : car le rite rassure. Il contribue à remettre en ordre, là où la vie sort de ses gonds. "Le rite est l'humanité apaisée par des régles" (J. Cazeneuve). Que faire ? Ce qui se fait. Ce qui s’est toujours fait. Refermer les yeux. Envelopper de tendresse un corps où ne se lit déjà plus que l'absence. Faire part. Dire adieu. Accompagner jusqu'à la tombe, et déposer en terre. Le rite nous relie à d'autres. C'est un langage immémorial. Avant nous d'autres ont connu la même peine. Ils sont passés par là. Ils ont fait les mêmes gestes. Cette langue, d'autres l'ont parlée avant nous, d'autres la parlent avec nous : ils nous accompagnent de leur présence, de leur proximité, de leur émotion, qui leur remémore bien des traces de leur propre histoire. Le rite est un langage où nous nous reconnaissons.

Gérard Delteil

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