articles du N° 161 - Décembre 2002
( sommaire
)
Éditorial : Voeux de Noël et de nouvel an
Les moyens de communication modernes,
les styles de relations humaines et surtout les négligences d'organisation
personnelle mettent à mal la vieille coutume des voeux annuels.
Pourtant tout ce qui peut favoriser et améliorer les relations
et contacts entre les êtres qui se cotoient sur une même
Terre, ne devrait pas être négligé. Pour beaucoup,
le « monde » social est si froid et si dur.
Les voeux. Quelle efficacité ont-ils ?
Sont-ils une résurgence de paganisme (la magie des mots prononcés)
?
Mais voir, saluer, exprimer à un être ami, la lumière
et l'espérance dans lesquelles nous le situons demain, est-ce
rien ?
Quand l'apôtre Paul écrivait aux corinthiens «
que la grâce et la paix vous soient données de la part
de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre Seigneur »
disposait-il de cette grâce et de cette paix ?
Pour le croyant, un voeu est une prière. Elle n'est pas vaine.
Elle devient bénédiction.
D'une part, ne serait-ce que parce qu'elle nous engage, envers Dieu
et envers ceux pour qui nous adressons cette prière avec toute
sa sincérité.
Ne sommes-nous pas décidés à rendre bonne l'année
de ceux à qui nous la souhaitons. Ce n'est pas rien.
Enfin confier l'avenir des êtres que nous aimons entre les mains
de Dieu, est-ce une superstition ou un acte de foi ?
Comme la série des années, la vie est une succession
de naissances possibles.
En un sens, nous pouvons, avec les autres et pour eux, naître
de nouveau à l'espérance.
Christian
E. Mazel
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Textes divers
Peut-être fallait-il que l'enfant
naisse de nuit
Méditation pour la nuit de Noël
Francine Carrillo
Peut-être fallait-il que l'enfant naisse de nuit
pour qu'il fasse jour dans le monde.
Peut-être fallait-il être dans la nuit
pour découvrir la lumière.
Peut-être faut-il aimer la nuit
pour que le matin y dessine sa promesse.
Ce qui nous arrive en cette nuit,
dans le visage d'un tout-petit,
c'est ce qui arrive chaque fois
que le sourire d'un enfant brise nos défenses.
Ce qui nous arrive,
c'est une douceur qui n'est pas de ce monde,
non pas une douceur de pacotille,
de celles qui nous écoeurent,
mais une douceur qui éveille le coeur
à la joie d'être, à la joie de naître.
Ce qui nous arrive
c'est que Dieu
n'a pas d'autres chemins
que nous pour venir jusqu'à nous.
C'est en nous que la douceur attend de faire son lit,
C'est à nous qu'il revient de bercer Dieu.
Car la nouvelle de Noël, c'est :
Dieu entre nos mains
pour que se lève demain !
Dieu en attente de notre tendresse
pour que vive sa promesse !
Dieu au berceau de notre âme
pour qu' en nous veille sa flamme !
Rendez-vous manqués
Pas étonnant, doit se dire
Dieu
Que notre histoire soit tissée de rendez-vous manqués
!
Vous m'attendez dans toute la puissance
Et je vous espère dans la fragilité d'une naissance
Vous me cherchez dans les étoiles du ciel
Et je vous rencontre dans les visages qui peuplent la terre !
Vous me rangez au vestiaire des idées reçues
Et je viens à vous dans la fraîcheur de la grâce
!
Vous me voulez comme réponse
Et je me tiens dans le bruissement de vos questions.
Vous me façonnez à votre image
Et je vous surprends dans le dénuement d'un regard d'enfant
Mais sur les ruines de vos errances
Un avenir de tendresse se prépare
Où je vous attends comme la nuit attend le jour...
Seigneur de la nuit
Seigneur de la nuit, Dieu de Lumière,
Visite mon étable obscure !
Prépare en moi un lieu de naissance
Pour que Noël ait lieu en ce jour !
Souvent j'ai croisé en chemin
Des êtres en proie à la fièvre du paraître
et de l'avoir
Et j'ai cru lire dans leurs yeux le reflet de mon propre visage.
Ils m'ont fait horreur, car nous étions du même bord,
Nous étions tous à la dérive...
Sans personne pour nous faire naître à la vie,
Sans personne pour naître de nous !
En tes mains de tendresse, je dépose mon angoisse de ne pas
exister.
Mais en ce jour de Noël, Seigneur,
Tu prendras naissance en moi
Pour venir au monde qui m'entoure,
Et moi, je naîtrai de toi.
Seigneur de la nuit, Dieu de Lumière,
Visite mon étable obscure.
Prépare en moi un lieu de naissance
Afin que Noël ait lieu en ce jour.
Alors enfin, dans mon désert, il y aura place pour les autres
Ces autres que je te nomme maintenant
Dans un silence qui implore ta compassion...
Amen
Service Eurovision 2001
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Les premiers amis de Jésus (Évangile de Jean chapitre
1 verset 35 à 50)
Cette page du début de l'Evangile
de Jean tourne autour de l'identité de Jésus. Non de manière
abstraite ou doctrinale, mais de façon concrète et existentielle.
Jésus parle, rencontre, appelle et amène ses interlocuteurs
à lui répondre, littéralement à être
responsable, par leurs paroles et par leurs actes. Et le lecteur, lui
aussi, est rejoint par cette parole, invité à son tour
à se déterminer. Pour lui, comme pour les disciples, qui
est Jésus de Nazareth ?
De rencontre en rencontre
On note tout de suite l'abondance
de verbes de mouvement et de relation : regarder, marcher, suivre, se
retourner, voir, chercher, venir, aller, écouter, trouver, amener,
sortir, connaitre, appeler, répondre... Tout commence par la
question de Jésus : « Que cherchez-vous ? » (v.38)
Et aussitôt cette parole va susciter d'autres paroles. Son appel
va entrainer d'autres appels. Sa rencontre va provoquer d'autres rencontres.
On a même parfois du mal à suivre.
Il y a d'abord Jean qui désigne Jésus à ses disciples
(v.36), puis André qui amène son frère Simon à
Jésus (v.42), puis Philippe qui va trouver Nathanaël (v.45).
Mais au bout du compte, le résultat est toujours le même
: conduire vers Jésus quelqu'un qui à son tour va l'annoncer
à d'autres.
La foi n'est pas ici la prétentieuse assurance de religieux
bardés de certitudes, mais elle est une quête et un chemin
sur lequel chacun avance à son rythme. Certains comme André,
Pierre, Philippe perçoivent aussitôt une immense et bouleversante
espérance, d'autres comme Nathanaël commencent par se moquer.
Pourtant de proche en proche, dans le doute ou l'assurance, l'Évangile
va se répandre, non comme une doctrine ou un savoir sur Dieu,
mais comme une puissance de vie qui transforme et renouvelle, comme
une parole fragile qui met en route et qui suscite de nouveaux témoins.
Une brassée de confessions de foi
Ici, en quinze versets, il n'y
a pas moins de cinq manières différentes de parler de
Jésus. Pour Jean l'« agneau de Dieu » (v.36), pour
ses disciples c'est un « rabbi, ce qui signifie maître »
(v.38), pour André c'est « le Messie, ce qui signifie le
Christ » (v.41) pour Philippe c'est « celui que Moïse
et les prophètes annonçaient » (v.45) pour Nathanaël,
c'est « le Fils de Dieu, le roi d'Israël » (v.49).
Ainsi, le témoignage rendu au Christ passe par des différences
et cette diversité des expressions de la foi est extrêmement
importante.
En ces temps d'intolérance, elle est le meilleur antidote aux
dérives fondamentalistes, intégristes ou fanatiques de
ceux qui croient avoir mis la main sur Dieu ou qui absolutisent leur
vérité au point de vouloir l'imposer aux autres. Mais
en ces temps de tolérance molle voire d'indifférence,
elle est aussi un appel à partager clairement ses convictions
sans prétention ni timidité, à oser la différence
pour résister à l'uniformité des consensus insignifiants..
C'est dire que la pluralité n'est pas un oreiller de paresse,
ni la juxtaposition d'opinions diverses et également acceptables.
C'est une réalité exigeante qui appelle discussion et
débat pour confronter les positions diverses et construire les
convictions communes.
La parole des autres
Nous voyons dans ce texte que ceux
qui confessent le Christ sont liés presque physiquement aux témoins
qui les ont conduits vers lui, liés aussi à tous ceux
qui les entourent et à ceux qui les ont précédés.
Et si leurs mots expriment d'abord une réponse personnelle, ils
sont aussi porteurs des espérances et des attentes de tout un
peuple (v.45).
Il en est de même pour nous. Nous ne pouvons vivre sans les
autres, ceux d'hier comme ceux d'aujourd'hui. C'est leur parole qui
nous empêche de construire des vérités à
notre convenance ou de réduire Dieu à notre image. Elle
interroge et bouscule nos points de vue particuliers et exclusifs, ceux
de nos frontières institutionnelles ou confessionnelles, ceux
de nos hexagones spirituels et théologiques. Elle contraint à
la remise en question et à l'approfondissement. C'est le cas
içi pour Nathanaël. Ce que Philippe lui annonce ne «
colle » pas avec son savoir, ne rentre pas dans son système.
Alors il ironise « peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth
» (v.46), une bourgade qui n'est même pas mentionnée
dans les Écritures ! Et c'est pourtant cette parole de l'autre
qui va le déloger de son système, savamment construit,
pour le mettre en route.
Liberté et responsabilité devant Dieu
En effet, quels que soient les
détours et les cheminements et quel que soit le rôle joué
par les témoins, il y a toujours au bout du compte une rencontre
seul à seul avec Jésus. C'est dans cette relation personnelle
avec Dieu que se trouvent le coeur de la foi, la racine inaliénable
de la liberté chrétienne. Personne ne saurait nous contraindre,
ni répondre, ni décider à notre place. Dieu ne
veut pas de relation avec lui par procuration, par ministère
ou institution interposés. Il ne veut pas des réponses
toutes faites, les « prêts à penser » et les
« prêts à croire » des doctrines et des catéchismes,
mais il demande à chacun une démarche qui lui soit propre
dans ses mots, dans ses gestes et dans sa vie à lui.
Ici chacun est appelé à se mettre en route et à
oser dire sa foi. Que celle-ci soit balbutiante ou convaincue, assurée
ou bourrée de questions, Jésus accueille et aime chacun
tel qu'il est. Ainsi Nathanaël qui s'échinait sous son figuier
à scruter la venue du Messie, lui qui pensait savoir et qui n'a
pas su voir. Et quand enfin il croit et reconnaît personnellement
en Jésus le Christ, il découvre qu'il n'y est pour rien,
mais que Jésus depuis longtemps l'avait enveloppé dans
son regard d'amour : « avant même que Philippe ne t'appelât,
alors que tu étais sous le figuier, je t'ai vu ». (v.48).
Ainsi la rencontre avec Dieu n'est pas au bout des efforts humains,
mais elle est le fruit de son amour premier. Sous le figuier de nos
vies, avec leur poids de fatigue, de solitude et de découragement,
il nous voit nous aussi et il promet de nous faire voir (v.50) «
des choses bien plus grandes ».
Michel
Bertrand
Responsable de « Théovie » Service de formation
biblique et théologique à distance de l'Église
réformée de France. Le service « Théovie
» propose un module biblique « Douze rencontres avec Jésus
» dans lequel on retrouvera l'étude de ce texte «
La rencontre de Jésus avec les premiers amis ». Téléphone
: 04.67.06.45.80
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Jésus, fils de Joseph et de Marie
Ben Yoseph
Le premier titre qui lui fût
donné s'énonça certainement ainsi : « Yeschouah
ben Yosef » Jésus fils de Joseph. Dès lors qu'il
venait à parcourir son pays, il devint Jésus « de
Nazareth » pour ceux qui le rencontraient et ne connaissaient
ni Joseph, ni Marie, mais la ville qui l'avait vu grandir. Tout naturellement,
des habitants de Nazareth qui l'entendront lire et interpréter
le prophète Ésaïe s'étonneront : « N'est-ce
pas là le fils de Joseph ? » (Luc 4,22) 1
Matthieu l'appelle « le fils du charpentier » (13, 55)
2. C'est Jean qui présente avec le plus de naturel Jésus
comme « fils de Joseph » : Philippe, qui va annoncer à
Nathanaël avoir trouvé celui dont parlent les écritures,
s'exclame en disant qu'il s'agit de « Jésus de Nazareth,
fils de Joseph » (Jean 1,45). Jean fait encore dire aux Juifs
qui murmurent au sujet de l'enseignement de Jésus portant précisément
sur les rapports entre le Père et le Fils : « Celui-ci
n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph, lui dont nous connaissons
le père et la mère ». L'évangéliste
Jean ajoute cette mention pour marquer que Jésus, dans le rôle
de « Fils » du « Père », est bien né
d'une filiation humaine.
Était-il bien de Joseph... ?
Le doute nous vient du fait que
les évangiles de Luc et de Matthieu, écrits aux environs
des années 85 à 90, nous parlent de la naissance de Jésus
comme du résultat d'un engendrement direct de Jésus par
Dieu - engendré par l'Esprit saint, c'est-à-dire Dieu
(Mt 1 et Luc 1-2).
Dans la secte juive des esséniens (les manuscrits de la Mer
Morte en témoignent) se trouvait développée l'idée
que le messie attendu pouvait n'avoir ni père, ni mère
- tel Melchisédeck, le roi de Salem (Jérusalem) qui rencontra
Abraham, (dans l'ancien Testament en Genèse 14,12-20 et Ps 110,4).
Il suffisait pour les chrétiens de reprendre cette idée
à leur compte - à moins qu'elle ne fut apportée
par des esséniens convertis à la foi au « messie
» Jésus. L'épître aux Hébreux (qui
date à peu prés de la même époque que Mathieu
et Luc) présente, en effet, une tradition trés proche
de celle de la naissance « virginale » : Jésus est
appelé « prêtre... à la manière de
Melchisédek » (Hb 5,6 ; 5,10 ; 11,17), « qui n'a
ni père, ni mère » 3
Nous dirons donc, mais que chacun se sente libre de ses convictions
: Jésus est né de Marie et, certainement de Joseph, ses
frères et soeurs étaient connus dans l'entourage de Jésus
- l'un d'eux, Jacques, deviendra chef de l'Église de Jérusalem.
L'Évangile de l'enfance une interprétation de l'événement
Jésus de Nazareth
Les premiers chrétiens ne
s'étaient guère intéressés à la naissance
de Jésus : L'évangile le plus ancien, Marc, (on situe
sa rédaction entre 55 et 70) n'en parle pas et commence par évoquer
Jean-Baptiste pour présenter ensuite le récit du baptême
de Jésus (adulte) par Jean et l'appel des premiers disciples.
Les textes sur la naissance virginale, nettement plus tardifs, interprètent
l'événement Jésus de Nazareth. En somme, ils nous
apportent une confession de foi des chrétiens (de certains chrétiens,
du moins) des années 80-90, disant que la naissance de Jésus
fait partie d'une sorte de plan de Dieu. Certes, dès que les
chrétiens avancent et multiplient ce genre d'interprétation,
les contradictions s'accumulent : Si ce fut le plan de Dieu de sauver
ou de rétablir Israël dans son intégrité de
peuple élu et libre, il faut bien constater que le résultat
en est un échec, à moins de renvoyer la réalisation
de ce plan à « plus tard », - un report qui dure
depuis deux mille ans ! Par contre, le message des textes demeure. Voyez
comme Dieu vous est proche !
La datation de la naissance de Jésus
Le messie devait bien, pour certains
juifs, naître à Bethléhem. On sait aussi aujourd'hui
que l'événement de la naissance de Jésus se situe
quelques 4 à 6 ans avant l'année fixée comme étant
la « première » (d'après les recherches sérieuses
faites en la matière). L'incertitude est encore plus grande quant
au jour de l'année et l'on sait que les Églises orientales
ont gardé l'épiphanie comme jour anniversaire. Le rôle
de la lumière renaissante dans les fêtes pré-chrétiennes
ainsi remplacées par Noêl est évident dans le choix
porté sur le 25 décembre.
Mais si le doute est justifié à propos de la date, n'est-ce
pas à l'avantage de l'importance de Jésus pour nous ?
Qu'il est bon de pouvoir penser que chaque jour de l'année peut
être celui de la naissance de Jésus, si nous voyons en
lui ce témoin privilégié parmi les hommes porteurs
de la présence de Dieu !
Jésus est-il né à Bethléhem ?
Quant au lieu, il paraissait simplement
logique, vers la fin du 1er siècle, que le Messie soit à
l'image du roi David, originaire de Bethléhem. Quoi de plus tentant
donc de le faire naître à Bethléhem ! Rappelons
que Luc rapporte un déplacement de Joseph et de Marie de Nazareth
vers Bethléhem. Dans l'évangile selon Matthieu, qui est
légèrement postérieur à Luc, l'itinéraire
est exactement inverse ! Matthieu suppose connue l'information au sujet
de la naissance de Jésus à Bethléhem et, après
avoir montré que les mages rendent hommage au vrai roi à
Bethléhem, évoque une fuite en Egypte, pour nous dire
qu'après ces péripéties Joseph et sa famille viennent
s'installer à Nazareth en Galilée (Mt 2).
Mais, en nous basant sur les données de l'évangile le
plus ancien (Marc), on constate que la « patrie » de Jésus
est Nazareth et la Galilée. Si l'idée d'une naissance
à Bethléhem avait été présente dès
le début dans la tradition au sujet de Jésus on en trouverait
mention dans les textes les plus anciens. Et alors, Jésus aurait
pu être appelé « de Bethléhem » plutôt
que « de Nazareth »4 Si, donc, une naissance à Bethléhem
paraît tenir de la légende venant au secours de la démonstration
du caractère royal de Jésus, la question des antécédents
davidiques de Jésus peut être examinée séparément.
La fiabilité des arbres généalogiques de Matthieu
1 et de Luc 2 n'est pas très grande. Mais l'attribution à
Jésus d'un rôle messianique n'est pas une invention postérieure.
Jésus a bien été considéré comme
Messie (Christ), c'est justement le motif de la condamnation que Pilate
fait inscrire sur la croix. Certes, lorsqu'on passe du témoignage
de Marc à celui de Matthieu, nous constatons que la tradition
au sujet de Jésus évolue dans le sens d'un renforcement
du caractère royal, « davidique », de sa personne.
On peut se demander si la famille, et non seulement Jésus, n'avait
pas quelque prétention au « trône »... ? Le
fait que Jacques le frère de Jésus, ait pris la tête
de l'Église de Jérusalem, a depuis longtemps conduit les
spécialistes des évangiles à considérer
la famille de Jésus comme influente et parler d'un « christianisme
dynastique ». Jésus peut donc bien être un descendant
de David, à condition que Joseph soit le père - sinon
il y aurait rupture de la chaîne royale !
Mais il est surtout intéressant de constater qu'une des branches
du christianisme ancien a fortement souligné le caractère
messianique, royal de Jésus - ce qui explique la vigueur d'une
foi en un retour du Christ. Une autre branche, représentée
par Jean, a développé des « confessions de foi »
à charge plus symbolique : Jean parle de « lumière
du monde », de « bon berger », de « chemin »
et l'image d'un Jésus grand-prêtre gagne sur celle d'un
Christ-roi. Et le Christ « élevé » revient
sous forme de « consolateur » (paraclet).
Déjà à la fin du 1er siècle, la foi est
très différenciée suivant l'Église dans
laquelle a évolué la tradition au sujet de Jésus.
Conclusion
Un Jésus plus humain, donc
plus proche
Ceux qui cherchent des vérités historiques absolument
sûres risquent d'être décus. Mais les textes constituant
l'« Évangile de l'enfance » nous parleront si nous
les considérons pour ce qu'ils sont : des confessions de foi
de la fin du 1er siècle. Ils vont alors nous inviter à
développer notre propre confession de foi.
Nous fêtons donc un roi sans couronne et sans état civil
précis ? N'en est-il pas mieux ainsi ? Pour qui ne veut pas retomber
dans le polythéisme, le Seigneur, l'unique, reste Dieu. Et Jésus,
reprenant sa place parmi les humains, nous devient d'autant plus proche
: Ami ? Frère ? Maître ? Exemple de vie ? L'important sera
de trouver en lui, et par lui, ce qui nous aide à vivre.
Ernest
Winstein
Notes
1. Luc garde probablement la forme primitive de ce verset que Marc
présente ainsi, supprimant Joseph " N'est-ce pas le charpentier,
le fils de Marie et le frère de Jacques, de Josès, de
Jude et de Simon ? " Marc 6,3).
2. Matthieu (13,55) ne nomme pas Joseph dans ce passage, et suit
donc Marc, mais transforme le nom de Josès, le frère
de Jésus, en Joseph.
3. Tout le chapitre 7 de l'Épître aux Hébreux
cherche à démontrer que Jésus est un autre prêtre,
« dans la ligne de Melchisédek (7,11) qui n'accède
pas à la prêtrise en vertu d'une loi de filiation humaine
» (7,16). Melchisédek est considéré comme
« prêtre pour l'éternité », et n'ayant
« ni père, ni mère » et se trouve ainsi
« assimilé au fils de Dieu » (7,3 - à rapprocher
de l'annonce « Il sera appelé fils du Très-Haut
» dans Luc 1,32).
Un des manuscrits de la Mer Morte, l'Apocryphe de la Genèse,
découvert dans la grotte 1, présente explicitement Melchisédek
comme « prêtre du Très-Haut ». Remarquons
que Marie n'est pas évoquée dans la lettre aux Hébreux.
4. Voir, e. a., Maurice Goguel, La naissance du christianisme, Paris,
1955, pp.129ss.
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Le présent du roi mage
Nous pensons connaître beaucoup
d'oeuvres d'art, même dans leurs détails. Cependant, dans
la vie courante, leur souvenir s'est le plus souvent effacé de
notre mémoire. Avons-nous d'ailleurs usage des images qu'elles
nous ont apporté, des symboles qu'elles véhiculent, des
idées qu'elles font éclore ?
Je pense ici à cette magnifique adoration des mages qui orne
à Autun un des chapiteaux de la cathédrale. La Vierge,
très juvénile, est à droite, de trois quarts, elle
porte sur ses genoux son enfançon. A gauche, les trois rois mages,
profondément sculptés, portent tous en tête une
couronne peu haute et carrée. On sent une représentation
ancienne des marques de la royauté et on évoque la couronne
de fer des rois lombards.
Le roi placé à l'arrière apporte à l'enfant
ou à sa mère un livre relié qu'il tient serré
contre lui, présent assez rare dans l'iconographie habituelle.
Les deux autres rois offrent de grosses boules rondes surmontées
d'un couvercle qui complète l'aspect sphérique des deux
objets. Celui des rois qui est le plus proche de la Vierge a plié
le genou et s'est incliné : son offrande est donc au niveau de
l'enfant.
Ce dernier a un geste plein de charme. Il se penche en avant et 1'on
comprend que Marie le retient de ses deux mains pour l'empêcher
de tomber. La petite main droite de son fils est dirigée d'un
mouvement très souple vers le couvercle du présent. On
imagine que son brillant attire les yeux de l'enfant qui veut s'en emparer
pour jouer avec lui. Certains donnent encore un autre sens à
ce geste : en s'appropriant ce présent, Jésus manifesterait
sa souveraineté sur les mages !
J'assiste un jour à un baptême dit oecuménique.
A côté du pasteur qui a aspergé le bébé
et de la maman qui le porte, le curé, à la fin de la cérémonie,
en vient à l'onction rituelle de la liturgie catholique (onction
que celle-ci cependant omet souvent). Il s'agit sans doute d'un rite
de purification. L'ustensile doré qui contient le chrême
brille et attire les regards. Le bébé aussi le remarque
et se penche sur lui, agitant sa longue robe blanche exhumée
du placard d'une grand-mère. Le geste du bébé attendrit
le curé qui le laisse faire pendant un instant. Puis la maman
ramène son enfant vers elle...
Quelques secondes ont suffi. Ce geste de grâce est exactement
pour moi celui que le sculpteur du chapiteau a voulu rendre. C'est un
moment de beauté que je saisis en un éclair et qui me
renvoie vers Autun. Temps infime, mais minute immense où le temps
de Dieu a rejoint le nôtre.
Que conclure ? On pourrait simplement parler de la véracité
de la scène et du talent du sculpteur. Je peux aussi admirer
la fillette, nullement émue d'avoir été barbouillée
de chrême, sa présence d'esprit, son geste gracieux. Autre
chose me semble devoir être proclamé. C'est un don de Dieu
que de pouvoir assister dans la vie à de tels moments de grâce,
de beauté, si courts et en même temps si intenses. Ils
nous donnent d'abord de communiquer avec la spiritualité d'un
artiste du Moyen Age et, à travers la scène qu'iI a composée,
avec une vérité de l'enfance. Goûter, en étant
attentif, à de tels gestes de beauté, c'est participer
à un instant de vérité éternelle. Dieu est
là et je m'émerveille.
Bernard
Félix
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De l'irrationnel
En octobre est sorti le film américain
« Signes ». Le personnage principal est un pasteur qui a
quitté son ministère à la suite de la mort accidentelle
de sa femme. Il est devenu fermier, et aperçoit un beau jour
dans un de ses champs de maïs des traces bizarres et inexplicables
1. Sans dévoiler ni la suite ni la fin, disons que ces traces,
dans ce film, témoignent du passage d'extra-terrestres. Des critiques
de cinéma éprouvent le besoin d'y voir une allusion aux
attaques du 11 septembre 2001, à Georges W. Bush et à
l'actualité. Ce n'est pas nécessaire, car il s'agit d'un
thème récurrent : citons simplement le livre de Herbert
G. Wells « La guerre des Mondes » (1896) et son adaptation
à la radio par Orson Welles (1938), qui décrivaient l'invasion
des États-Unis par des Martiens, sans parler d'innombrables films
décrivant ce genre de défi lancé à notre
planète. L'un d'entre eux, « E.T. », évoquait
par contre les relations plutôt sympathiques d'un de ces «
étrangers » avec des enfants terriens.
Changement du paysage religieux
Il y a plusieurs manières
de « lire » ce film « Signes ». L'une d'elles
est d'y voir un parallèle avec un récent sondage fait
aux USA. sur la situation religieuse de ce pays et son évolution
entre 1990 et 2000, et dont les résultats ont paru dans le «
Christian Science Monitor ». Il indique que le paysage religieux
de l'Amérique change, notamment à la faveur de l'émigration,
et aussi à la suite des déplacements internes de population.
Les grands perdants semblent être les Églises institutionnelles,
entre autres The Presbyterian Church, The United Church of Christ et
The United Methodist Church. Mais cela n'a rien à voir avec du
scepticisme religieux 2!
Tel est un peu le parcours de ce film : on sort d'une Église,
non spécifiée, mais protestante (ce pasteur est marié),
peut-être épiscopalienne. Et puis on rentre dans l'irrationnel,
plus ou moins superstitieux, en tous cas dans le domaine de l'imaginaire
et du religieux, avec la présence et l'action des petits hommes
verts.
Tel est aussi le parcours de notre monde, et particulièrement
de la France. On a voulu y écarter tout ce qui ressemblait à
la religion, soit parce que l'Église (surtout catholique) ressemblait
fort à un pouvoir, soit parce que le religieux handicapait la
vue claire de la raison. Parmi les traditions bien françaises,
il y a celle d'une laïcité pure et dure, qui ne sait toujours
pas quoi faire de l'enseignement des faits religieux 3.
Occident et irrationnel
Et voici que l'irrationnel, mis
à la porte, rentre par la fenêtre. La civilisation de l'Occident
a constamment connu une lutte entre deux tendances. Saint Paul lui-même
oppose la sagesse et la folie (Celle de la croix, 1 Corinthiens 1,18-30)...
L'une cherche à expliquer le monde et donc à le dominer
par la puissance de la raison, de l'esprit critique, du fonctionnement
du cerveau. L'autre, plus globale sans doute, veut impliquer toutes
les données humaines, autant celles de l'émotion que le
rêve ou l'imagination. L'une et l'autre ne sont d'ailleurs pas
obligatoirement opposées, comme le démontrent certaines
utopies. Il faut de l'irrationnel dans notre vie et dans celle de la
société : la démonstration a contrario de ce besoin
est bien l'Europe de nos jours, à laquelle manque justement une
dimension irrationnelle, beaucoup d'imagination, de rêve, et un
peu de folie. Des comptables ou des légistes, même bons,
n'ont jamais enthousiasmé personne pour une cause.
L'irrationnel dans notre société
Mais, en ce début de siècle,
la balance n'est pas égale. En cette fin d'année, ne revenons
pas sur les habituelles superstitions et voyances, prédictions
pour les douze mois à venir. Mais il existe d'autres domaines.
Citons simplement quelques exemples.
A tort ou à raison, les OGM (Organismes modifiés génétiquement)
suscitent une crainte. Or le débat est fréquemment faussé,
parce qu'il ne s'agit pas d'échanger des arguments scientifiques
pour justifier la valeur ou le danger de ces produits, maïs, soja
ou autres. En effet, la position prise par rapport à ces OGM
est la plupart du temps dictée par des a priori qui n'ont rien
à voir avec la science. Est-ce aussi l'une des raisons pour lesquels
les médicaments « génériques » ne sont
pas encore beaucoup prescrits ? Est-ce seulement une question de vocabulaire,
ou bien de l'angoisse devant la manipulation de gènes ?
Les manifestations antimondialisation, comme celles faites le mois
dernier à Florence, sont un autre exemple de comportement irrationnel.
On y constate des réflexes contre une situation économique
difficile, contre la globalisation et le néo-libéralisme
; pourtant il est difficile d'y trouver des projets d'avenir raisonnés.
Cela ressemble plus à des refus irrationnels et incantatoires.
Derrière ces mouvements, n'est-ce pas la vision plus ou moins
idyllique d'une vie sans conflits qui se révèle, à
l'échelle de la planète comme à l'échelle
d'un pays ? C'est un peu une tarte à la crème de dire
que nous vivons une période de mutations et de crises d'identités.
Il n'est pas sûr que fournir des slogans suffise à mieux
la vivre et l'assumer ; il faudrait aussi un recul critique et une réflexion
d'ordre rationnel.
Ensuite, depuis le 11 septembre, on s'évertue à expliquer
le terrorisme de manière rationnelle. Voire à le justifier,
mais c'est une autre problématique, impliquant des jugements
de valeurs 4. Ces démonstrations ne reposent pas sur un romantisme
de l'action, ou son idéalisation, tel qu'on les trouvait chez
des écrivains d'avant-guerre comme Kessel ou Malraux. Mais elles
se veulent étayées par des arguments rationnels, voulant
démontrer que l'existence de ces actes correspond à une
relation de cause à effet. Pourtant, c'est à peu près
aussi rationnel que ce qu'on nous présentait jadis comme le «
marxisme scientifique ».
Irrationnel et succés
Dans le domaine religieux, les
constatations du sondage cité au début sont intéressantes,
et elles valent sans doute pour d'autres pays que les États-Unis.
Deux groupes d'Églises sont en nette croissance par rapport aux
autres, pour des causes différentes, mais la raison n'y trouve
pas forcément son compte. L'une est l'Église de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours (autrement dit : les Mormons), dont la
croissance a été de 19 % dans ces dix dernières
années. L'autre compte les Églises évangéliques,
en particulier les Pentecôtistes, en augmentation de 18, 5 % dans
le même laps de temps (D'ici à la moitié de ce siècle,
la « compétition » aux États-Unis risque ainsi
d'être entre ces Églises et l'Église catholique,
qui s'est accrue de 16,2 %). Dans l'un et l'autre cas, ce n'est pas
diminuer la valeur de ces Eglises que de dire qu'elles ne favorisent
pas spécialement une recherche critique ni une attitude raisonnée
vis-à-vis des dogmes.
Pierre
Stabenbordt
Notes
1. De tels signes géométriques ont pu être observés
dans des champs aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en France, sans
qu'un explication entièrement. satisfaisante ait pu être
trouvée.
2. Sur les changements du paysage religieux français, on
peut consulter les recherches publiées par les étudiants
de l'école du journalisme de Lille " Teo, la France des
religions, dans l'intimité des croyants d'aujourd'hui ",
Ecole supérieure du Journalisme, 50 rue Gauthier de Châtillon,
59046 Lille Cedex, ou sur le site,www.esi-lille.fr/atelier/magan2/teo/index.html.
3. Dans cette perspective laïque, on aboutit d'ailleurs à
des conséquences curieuses : des enseignants seraient réticents
à parler du christianisme, par un vieux fonds d'anticléricalisme,
mais seraient disposés à parler de l'islam.
4. Le piquant est que ceux qui justifient le terrorisme sont souvent
les mêmes qui sont contre la guerre. Là aussi, la logique
rationnelle est plutôt contournée.
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sommaire du N°
Dialogue catéchétique
...Comme on faisait dans l'ancien
temps. A des questions convenues, on formulait des réponses un
peu toutes faites. Là, à quelques questions convenues,
nous voudrions faire des réponses non pas inconvenantes, mais
pas forcément attendues.
C'est quoi le christianisme ?
- C'est la réponse de l'humain abandonné à son
Père adoptif
Qui est Jésus ?
- C'est un homme qui n'a pas voulu être quelqu'un d'autre.
C'est qui Dieu ?
- Dieu, c'est quelqu'un de solitaire, qui cherche sa famille.
C'est quoi, le ciel ?
- C'est ce que tu vois bouger parfois, dans l'eau, quand elle ne bouge
pas.
Pourquoi on meurt ?
- Pour que la mort disparaisse.
Pourquoi on vit ?
- Pour aimer.
Pourquoi on souffre ?
- Pour rien.
Mais pourquoi on souffre ?
- La souffrance n'est pas voulue. Elle est naturelle et aveugle.
Comment ne plus souffrir ?
- Observe. Renouvelle ton intelligence.
Le diable existe-t-il ?
- Oui, il est tout ce que ton imagination n'est pas !
Quand on rêve, où est-on ?
- On n'est pas.
Et quand on ne rêve pas ?
- On rêve encore
Les anges existent t-ils ?
- Oui. Sans eux nous serions perdus.
Qu'est-ce qui est le plus amusant dans la vie ?
- Chercher toujours ce qui est le plus beau.
Mais pourquoi ?
- On dit que Dieu est beau ! Que cela fait partie de ses vertus.
Qu'est-ce que ça veut dire, croire ?
- C'est se percevoir, comme dirait Ésaïe (en fait, je dis
bien en fait) « non-abandonné ».
Et ça sert à quoi ?
- A beaucoup de choses. Ne plus avoir peur de rien, par exemple.
C'est possible ?
- Peut-être pas. Mais sans « peut-être », croire
ne signifie rien.
Comment transmettre ?
- En regardant ce qui est fragile dans l'autre, et en aimant cette fragilité.
Ce qui est précieux est forcément rare ?
- Non, heureusement que non.
Pourquoi Dieu n'est-il jamais là ?
- Peut-être que c'est toi qui n'est pas là.
Pourquoi dit-on que Dieu peut tout faire ?
- Peut-être pour éviter de le faire.
Qu'est-ce qui est le plus triste dans la vie ?
- Un lendemain de fête.
Le plus joyeux ?
- Une veille de fête.
Qu'est-ce qu'une fête ?
- Un jour sans précédent ni lendemain.
C'est quoi la tentation la plus grave ?
- Vouloir être quelqu'un d'autre.
Comment savoir qui ont est ?
- Ce n'est pas la peine. Il suffit d'admettre que tu es quelqu'un.
Ca veut dire quoi être aimé ?
- Etre sorti de l'indifférence.
Qu'est ce que l'âme ?
- Ta différence.
Merci
Robert
Philipoussi
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Théodore Monod (1902-2000)
Homme d'une foi libérée des dogmes
« Le christianisme, ce n'est
pas une philosophie, ni une construction intellectuelle et dogmatique
et encore moins une institution. Le christianisme est une foi, une espérance
».
L'histoire de l'Église s'est arrêtée à
Nicée en 325. Personnellement, je ne comprends rien aux questions
théologiques que les Pères, rassemblés à
Nicée et à Constantinople ont débattues. Je ne
vois pas pourquoi on a laissé la philosophie grecque envahir
l'Evangile. Le concile de Nicée, réuni à l'initiative
de l'empereur Constantin qui se piquait de théologie, marque
à mes yeux une triste époque pour l'Église. Il
est regrettable que I'Église ait fait disparaître toutes
les trace, des débats qui s'étaient fait jour au sein
des premières familles chrétiennes et que les théologiens
chrétiens n'aient pas adopté le mode de questionnement
du Talmud. Ainsi s'est constitué un dogme rigide, si rigide d'ailleurs
que personne n'a réussi à le faire évoluer depuis
Nicée. Si Arius et l'arianisme l'avaient emporté, on n'aurait
jamais considéré le Rabbi Jehochoua autrement que comme
un homme. Sous prétexte que les Pères, en ont décidé
à Nicée, on ne va tout de même pas enchaîner
la pensée chrétienne pour des siècles. L'espérance
a une fonction très spéciale. Il ne s'agit pas d'un savoir.
Je ne peux augurer de ce que sera la théologie chrétienne
dans 1000 ans. Mais J'ai le droit d'espérer que le bon sens l'emportera.
Je n'aime pas beaucoup la vérité au singulier. Personne
ne peut prétendre la détenir. Mais au cours de notre existence,
nous pouvons conquérir des vérités partielles qui
peuvent éclairer notre destinée psychologique et même
spirituelle... Le fait de ne pas posséder de théologie
très précise m'empêche d'être dogmatique et
de fournir des définitions precises quant à mes croyances.
J'hésite devant telle ou telle formulation. Je me considère
davantage comme un esprit en recherche qui souhaite découvrir
des solutions aux gigantesques problèmes qui se posent à
l'âme humaine.
Heureux ceux qui peuvent se contenter d'un catalogue fourni par le
premier catéchisme venu. Tel n'est pas mon cas.
Restons là où le destin nous a placés. Si j'étais
né au Tibet, je serais moine dans une lamaserie. Mais je ne vais
pas faire semblant d'être tibétain. Je ne le suis pas.
Je considère qu'il existe une montagne unique que nous gravissons
les uns et les autres par des sentiers avec l'espoir de nous retrouver
un jour dans la lumière au-dessus des nuage. Et on peut gravir
cette montagne sans pour autant suivre les, sentiers officiels des religions.
Je continue à chercher, à essayer de nourrir une foi qui
soit crédible. Les gens sont souvent scandalisés, lorsqu'on
leur dit qu'il faut faire évoluer la foi. Et pourtant il n'est
plus que jamais temps de rebâtir une pensée chrétienne.
Dans « L'émeraude des Garamantes », on trouve cette
confidence étonnante. Il raconte que pendant plusieurs nuits
au cours d'un de ses voyages sahariens, alors qu'il dormait à
3000 mètres d'altitude, il reçut la visite d'un ange qui
lui présenta six témoins :
Le Frère Laurent, l'amour - Spinoza, la pensée - Tierno
Bokar, la pitié - Ramakrishna, l'Unité - Georges Fox,
la conscience - Alexandre Vinet, la liberté. Au terme de ces
nuits, il s'est entendu dire par l'ange qui accompagnait ces témoins
: Retourne où t'appelle ta besogne d'homme. Ici, on ne peut que
passer. Mais on doit revenir enrichi, transformé. Souviens-toi.
Accroche, pour mieux la conserver au Symbole d'un hexagramme la mémoire
de tes visions... Bien des pays, bien des races, bien des vocabulaires,
bien des religions : un seul accent, une seule certitude, et, pour en
résumer la substance, mets au centre de l'étoile, en lettre
de flamme, ces mots mémorables du sixième témoin.
Pour se donner, il faut s'appartenir. Je veux l'homme maître de
lui-même pour qu'il soit mieux le serviteur de tous.
Et Théodore Monod de conclure : « L'exemple de ces hautes
figures ne doit pas nous inciter, nous, homme, ordinaires, au découragement.
Ce sont nos frères aînés sans doute, mais nos frères
qui nous convient à leur suite à gravir la montagne sainte
au prix d'un effort individuel, méthodique, inlassable. La vie
intérieure, alimentée et cultivée : dans ce domaine-là
qui n'avance pas recule, et qui s'arrête en chemin risque de perdre
ce qu'il avait acquis ».
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Exposition Modigliani à Paris
Des dizaines de tableaux représentant
les visages d'hommes et de femmes. Surtout de femmes. Jeunes, paisibles.
Rarement souriants. Visages inclinés, yeux souvent dissymétriques,
et souvent non peints. Ou alors avec une pointe de lumière dans
la pupille. Regards tournés vers l'intérieur. Méditation,
immobilité pensive. Visages peu expressifs, mais certainement
pas endormis !
Modigliani a peint les hommes et les femmes de Paris. Surtout les
jeunes. Seulement les visages. Les personnages ne sont jamais peints
en pied.
Quelques femmes nues couchées. On dit qu'à l'époque
elles ont fait scandale. Sont-elles érotiques ? Elles sont sensuelles
certes ; pas provocantes. Modigliani aimait les femmes.
Une pourtant ressemble à l'« Olympia » de Manet,
dont elle a la pause et le regard sans timidité, fixé
sur le visiteur. Manet l'avait représentée insolente,
prostituée certainement, Modigliani l'a vue plus douce, moins
violente, moins agressive ou sur la défensive. Les autres femmes
nues sont naturelles et simples, sympathiques et tranquilles.
Modigliani était arrivé à Paris de son Italie
natale en 1906, en même temps que le Roumain Brancusi, l'Espagnol
Juan Gris, à la suite du Hollandais van Dongen et de l'Espagnol
Picasso. Puis arriveront dans leur groupe d'amis le Russe Chagall, le
Hollandais Mondrian, le Japonais Foujita et le Lituanien Soutine. Venus
des quatre coins de l'Europe, ils se retrouvent à Montparnasse,
à la Closerie des Lilas, à la Coupole ou au Sélect.
Modigliani, Léger, Chagall et Soutine logent à la Ruche,
ancien pavillon de l'Exposition universelle, devenue logement bon marché
; ils s'unissent dans la fraternité que l'on appellera l'«
École de Paris » et lorsque les organisateurs du Salon
des Indépendants veulent exposer leurs oeuvres en les classant
par nationalités, nombre d'entre eux quitteront le salon. Aucune
exclusive anti-française parmi eux : ils élisent le Français
Paul Fort « prince des poètes » à la Closerie
des Lilas.
Ils sont venus à Paris pour y trouver l'extraordinaire dynamisme
intellectuel qui permettait l'ébullition des idées et
l'ouverture à toute expérimentation nouvelle en un horizon
élargi.
Modigliani ne suivra pas Pablo Picasso ou Juan Gris dans leur découverte
du cubisme. Il ne sera pas non plus dadaïste ou surréaliste
comme le seront Salvador Dali, Miro ou Max Ernst. Il demeurera dans
cette douce et tranquille École de Paris aux représentations
tout à fait figuratives et heureuses. Une peinture heureuse dans
l'époque dramatique de la Grande guerre. Il faut y penser en
interrogeant du regard les visages de ces jeunes au regard énigmatique,
des visages seuls. Modigliani les représente tous avec la même
tendresse et la même bienveillance. Ses modèles ne sourient
pas. Certains amorcent peut-être un très léger sourire,
d'autres ont un petit air triste. En réalité Modigliani
ne sous-estime pas la détresse, la solitude, le courage, la force,
la méditation des hommes. Modigliani sourit à ses contemporains
de ce demi sourire de ceux qui sont, et à juste titre, trop sensibles
à la souffrance et à l'angoisse du monde au malheur des
temps pour se laisser aller au grand rire léger des indifférents.
Mais il a trop de chaleur et d'espérance pour représenter
leurs larmes éventuelles.
Modigliani voit les jeunes comme des humains qui ont besoin d'être
connus, aimés, compris, comme ils cherchent eux-mêmes,
en se cachant derrière leurs regards sans expression à
se connaître et à se comprendre eux-mêmes. Nous dirions
aujourd'hui qu'il a une spiritualité « universaliste ».
Il ne regarde pas le mal ou le péché, ne suggère
rien, ne pose pas de question, de même que Jésus n'en posait
pas non plus. Dans cette grande exposition du musée du Luxembourg,
nous baignons dans la tendresse de celui qui, peut-être sans s'en
rendre compte, explicite, vit et rayonne la grâce de Dieu, représente
les jeunes de son temps « à l'image de Dieu ».
Exposition Modigliani, Musée du Luxembourg,
19, rue de Vaugirard, 75006 Paris, jusqu'au 2 mars 2003
Gilles
Castelnau
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Choix de livre
LE LIVRE DES ROIS MAGES. Madeleine Félix, Editions Desclée
de Brouwer - 240 pages 25X31 - 55 E - Très nombreuses illustrations.
Remarquable livre d'art avec
des reproductions d'oeuvres de toute l'Europe. Excellents textes d'études
historiques, artistiques et théologiques sur les Mages et leurs
impacts sur la culture occidentale. Nous renouvelons, à l'occasion
des couvertures de ce numéro, notre émerveillement de
cette publication.
Christian Mazel
LA BIBLE ENTRE LE CULTE ET LA CULTURE (Vingt siècles de vitalité
et de résistance), Michel Leplay, Editions du Moulin (Diffusion
en France : Desclée de Brouwer - 91 pages 12,5xl8 - 10,37 E.
L'histoire de l'Occident avec
ses communautés chrétiennes et juives a été
marqué par la Bible. Notre civilisation en est issue. Le pasteur
Michel Leplay en dresse un excellent panorama historique avec de judicieuses
analyses. La Bible avec toutes les traductions récentes reste
un best seller mondial. Dans notre société déchristianisée,
alors que nos contemporains semblent oublier leurs racines et repères,
la Bible reste source de culte et de culture. Ce petit livre d'une
lecture agréable, suit les aspects souvent ignorés de
notre patrimoine et propose des jalons pour demain. L'auteur a été
directeur de Réforme et prèsident de région ERF.
Christian Mazel
FOI D'HISTORIEN. Gabriel Mutzenberg, Ed. Labor et Fides (Diffusion
SOFEDIS,Paris) - 174 pages 15x2l - 20 E.
Parvenu à son heure avant-dernière
l'historien dresse la chronique de sa vie et donne un reflet de la
vie religieuse et spirituelle en Suisse romande, dans les Grisons
et de la littérature rhéto-romane.
Il évoque aussi des sujets d'histoire qui lui paraissent
importants. Par exemple Calvin le mal-aimé et Henri IV, roi
de France, le trop aimé. Défenseur de Calvin il le présente
comme victime d'un anticalvinisme obscurantiste.
L'historien Mutzenberg s'est éteint Genève à
l'âge de 83 ans ces jours-ci après une longue maladie.
En 1985 il publiait « La Réforme,vous connaissez ? »
dont nous avons rendu compte.
Christian Mazel
PORTE OUVERTE SUR LA LITURGIE. Soeur Myriam, Editions Réveil
Publications - 72 pages - 16 E.
Des méditations et des
prières suivent l'année liturgique et se proposent comme
aide à recréer un rythme intérieur. De belles
photos accompagnent les textes et leur donnent ouverture. Soeur Myriam
a été prieure de la Communauté de Reuilly.
Christian Mazel
L'ÉPURATION SAUVAGE. Philippe Bourdel, Paris, Perrin 2002
- 570 pages.
Triste... à partir d'une
documentation solide - point exhaustive cependant le tableau d'un
épisode peu glorieux de notre histoire. Après 4 ans
d'un pouvoir dictatorial, appuyé en 43-44, sur une organisation
criminelle - la Milice - cela a été le « débondement
» qui, au sud de la Loire, a parfois pris des allures de guerre
civile. Des allures, car il n'y a pas eu deux camps nets. Trop d'ouvriers,
d'instituteurs sont attentistes, car pacifistes ; et la bourgeoisie
de zone Nord, depuis 41, traîne les pieds. Région après
région, c'est le tableau des exactions : passage par les armes
de PG allemands innocents. L'auteur de ces lignes, enfant a assisté
à deux d'entre eux. Nombreux internements arbitraires, fusillades
de « traîtres » sans jugements, vols, assassinats
d'« ennemis de classe », notables, adversaires de 36,
« pécheresses » tondues et parfois promenées
nues dans les rues. A Antibes, des bonnes soeurs italiennes échappent
de peu à ce châtiment ! Pour comble, les compétences
des différents tribunaux sont mal définies et les autorités
(préfets régionaux et départementaux) affrontent
l'anarchie sans moyens. Là, la responsabilité de de
Gaulle et d'Alger est évidente. Les chiffres ? L'auteur avance
une fourchette de 10 à 15 000, mais admet qu'elle puisse être
rabaissée de moitié. Frenay, le fondateur de Combat,
à la veille de sa mort, se reprochait de n'avoir point parlé
en 44-45. C'était un peu tard... Il en reste une tache sur
l'honneur de la Résistance non communiste, car du PC, mieux
vaut ne point parler. Il était en flèche pour l'épuration.
Jean Georgelin
UNE INGULIERE HISTOIRE DU PCF. 1921-1978. Gérard Sreiff -
J.Kanapa, Paris l'Harmattan 2001. T.1 : 571 p - T2 : 587 p
Encore un livre sur le communisme,
mais talentueux, objectif. A travers la vie d'un intellectuel controversé
c'est une bonne coupe sur le PC. Kanapa, fils d'un banquier juif,
adhère au parti après avoir été l'élève
de Sartre. Brillant agrégé de philosophie, il est, d'entrée
de jeu, permanent, et comme tel, sillonne l'Europe. 1948-1958 : très
tôt, les intellectuels prennent leurs distances. Ce qui ne rend
que plus absurde le pro-soviétisme échevelé de
Sartre, de 1952 à l956. Mais Thibaud, rédacteur en chef
d'Esprit, l'avait déjà dit : « Cet article, les
communistes et la paix 1052, fit de nous de jeunes imbéciles
». La vie du PC apparaît moins schématique qu'on
ne l'a dit. Un G.Marchais, astucieux, mais ne tenant pas toujours
son bureau politique, des ouvriers et des cadres sectaires, d'origine
populaire, fermés à tout aggiornamento. Le désastre
électoral de 1981 s'est préparé de longue date.
A l'honneur des intellectuels, ils sont partis dès 1978. Un
bilan ? Kanapa se sort plutôt bien de cette aventure. Or il
a été un aristocrate rouge. Stalinien ? oui et non ;
sans illusion sur les pays de l'Est, leurs médiocres dirigeants,
leurs sociétés peu solides, rongées par des crise
profondes. L'analogie éclate avec l'Église catholique
de ce temps. Y.Congar, dont la biographie a été analysée
ici même, c'est Kanapa, le Saint Office le Kominform, Ottaviani,
Ponomarev, le donneur d'ordres aux partis « frères »,
frères et soumis.
Jean Georgelin
THÉOLOGIE DE L'ANCIEN TESTAMENT Claus Westermann, Editions
Labor et Fides (diffusion en France SOFEDIS Paris) - 326 pages 15x22
- 5,30 E.
Professeur à l'Université
de Heidelberg, l'auteur (1909-2000) est un des meilleurs connaisseurs
de la Genèse et des Psaumes. Pour lui l'A.T. rend compte des
relations multiples entre l'homme et Dieu dans les deux sens. Les
principaux sujets abordés dans les chapitres sont : Que dire
de Dieu l'A.T. ? ; Le Dieu sauveur et l'histoire ; Le Dieu qui bénit
et qui crée ; Les réponses de l'homme à Dieu
(louanges, plaintes, culte, commandements) ; l'A.T. et le Christ.
La traduction permet une lecture facile de cette large recherche à
travers toute la Bible.
Christian Mazel
LES PROPHETES AMOS et OSEE.
Éditions Le Cerf (tél.
01 44 18 12 07, Fax 01 44 18 11 96) - 204 pages 2lx28,5 - 19 E ou
abonnement. La collection « Biblia : la parole de Dieu livre
après livre » publie chaque mois une excellente brochure
très bien illustrée sur un livre de la Bible. Les présentations
des livres, la compétence des auteurs, la ligne théologique
(historique et critique), les commentaires et la qualité des
nombreuses illustrations sont de grandes valeurs pour tous les lecteurs.
Ce mois-ci (n° 13) les 2 prophètes Amos et Osée
sont proposés: textes, les prophètes dans la Bible,
le prophétisme chez les Anciens, Amos (les justes, les pauvres
et le prophète), Osée (le prophète de l'amour
de Dieu), quelques prophètes aujourd'hui.
Complément d'information sur le livre SUR LES TRACES DES
THÉOLOGIES LIBÉRALES Dans la recension faite par le
professeur André Gounelle sur le dernier livre de Bernard Reymond,
il a été omis le nom de l'éditeur. L'éditeur
est Van Dieren, 17 rue Henry Monnier - 75009 Paris
Christian Mazel
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sommaire du N°
Dans le monde des religions
Archéologie : Jacques frère de Jésus
Provenant du village arabe de
Sïlwan (près de Jérusalem), un petit sarcophage
de pierre (ossuaire) a été découvert avec une
inscription en araméen : « Jacob, fils de Joseph, frère
de Jésus ».
L'épigraphiste français, André Lemaire (de
l'École des-Hautes Études de Paris) estime (dans Biblical
Archeology Review) qu'il s'agit bien de celui que l'historien juif
Flavius Joseph nomme « Jacques le Juste » chef de l'Église
judéo-chrétienne aprés la crucifixion de son
frère, lui même lapidé en l'an 63.
Ce Joseph serait l'époux de Marie. Nous aurions là
une 1ère confirmation archéologique de l'existence de
Jésus.
L'authenticité a été vérifiée
au microscope électronique.L'araméen n'a été
utilisé, pour les inscriptions sur les ossuaires, que de l'an
20 à l'an 70. Ce qui correspond à la période
historique. L'avis de Jacques Duquesne, journaliste connu pour ses
livres sur « Jésus » et "« Le Dieu de
Jésus », appuie cette thèse. Cette découverte
(l'ossuaire appartient à un collectionneur peu au courant des
problèmes théologiques) renforce encore la foi des chrétiens
libéraux selon laquelle Jésus a eu une famille «
normale » : une mère, un père et des frères
et soeurs.
Nous ne pensons pas que ce soit un « abaissement » ou
un déshonneur d'avoir une famille !... Au contraire. La croyance
en la virginité de Marie a mis plusieurs générations
et même plusieurs siècles pour apparaitre. Le culte de
Marie date essentiellement du XIXe siècle.
Les Tziganes protestants reçus par Nicolas Sarkozy
Vendredi 8 novembre, Nicolas
Sarkozy, ministre de l'intérieur, a reçu près
d'une heure, une délégation de quatre pasteurs de la
Mission évangélique tzigane. Il les a laissés
s'exprimer et a reçu leurs propositions. La délégation
espère maintenant des amendements à la proposition de
loi sur le sécurité intérieure.
« Ce n'est pas le peuple tzigane qui est un danger pour la
France a déclaré le pasteur Meyer. Nous sommes gitans
français depuis le 15e siècle ».
« Notre délit : vivre en caravane et se déplacer.
La caravane, c'est notre mode de vie pas notre loisir ! » a-t-il
poursuivi. Ils attendent donc des amendements à la loi mais
sont prêts « Dans l'honneur de notre peuple et la dignité
de notre foi, à aller plus loin s'il le fallait. Mais sans
brûler des voitures, pacifiquement ».
Baisse de la pratique et augmentation de la foi
La pratique religieuse en France
est en baisse (20 % pour les catholiques) bien que 70 % des Français
se réclament du catholicisme et 80 % aient des obsèques
religieuses. En une quarantaine d'années, le nombre des prêtres
a diminué de 24 000. Il n'en reste que 25 000 dont la majorité
a plus de 60 ans. Mais les jeunes européens sont en moyenne
plus nombreux à déclarer croire en Dieu. En France on
passe de 44 %, il y a 20 ans à 47 %. Il y a 20 ans 30 % croyaient
à « une vie aprés la mort ». Ils sont actuellement
47 %. Les Églises devraient méditer sur leurs inadaptations.
L'université catholique de Louvain autorise des manipulations
sur l'embryon
L'Université catholique
de Louvain autorise le prélèvement des cellules souches
humaines sur les embryons surnuméraires et, si nécessaire,
la production d'embryons humains pour la recherche. Elle permet également
le clonage thérapeutique. Dans un document daté du 7
octobre L'UCL précise cependant que l'embryon humain n 'est
pas « un instrument chosifié » et ne peut jamais
faire l'objet d'un commerce.
Mahomet un terroriste ?
Le pasteur « évangélique
» (comme ils se disent) Jerry Falwell a traité le prophète
musulman de « terroriste » lors d'une interview le 6 octobre
sur la chaine CBS dans le programme très suivi de « 60
minutes ». Le Conseil National des Églises et diverses
organisations religieuses aux USA ont vivement critiqué des
propos qualifiés de « haineux, destructeurs et incendiaires
». Le 7 octobre dans l'État indien du Jammu-et-Cachemire,
à majorité musulmane, des milliers de manifestants ont
envahi les rues obligé les magasins à fermer, ont crié
des slogans anti-américains. Un journal iranien aurait réclamé
la mort du pasteur Falwell. Le clergé iranien a appelé
les fidèles à « ne pas rester silencieux ».
Le ministre iranien, Kamal Kharazi, et le ministre de Malaisie Mahathir
Mohamed ont condamné cette déclaration. Le pasteur «
évangélique » Falwell et le pasteur « télévangélique
» Pat Robertson ont traité Mohamet de « fanatique
dérangé ». De telles déclarations ne sont
pas faites pour favoriser les contacts inter-religieux et le dialogue
amical.
Exclu de synagogue
L'avocat du leader palestinien
Marwan Barghouti, appréhendé à Ramallah par des
soldats israéliens en avril dernier, est désormais interdit
de synagogue pour avoir comparé son client à Moïse
qui s'est dressé contre la servitude de son peuple en Egypte.
Marche pour la paix en Inde
Des dirigeants chrétiens
de New Delhi ont participé à une marche pour la paix,
aux côtés de responsables hindous, sikhs et musulmans,
afin de protester contre la propagation de la haine au nom de la religion.
L'évêque Karam Masih, de l'Église de l'Inde
du Nord, et l'archevêque catholique Vincent Concessao ont rejoint
des personnalités à la fin de cette marche de cinq jours
qui s'est terminée à Raj Ghat - mémorial du Mahatma
Gandhi - le mercredi 2 octobre, jour férié pour commémorer
le jour de la naissance de Gandhi.
Des enfants d'écoles chrétiennes se trouvaient parmi
les centaines de jeunes des écoles de Delhi qui ont parcouru
quelques kilomètres, brandissant des pancartes sur lesquelles
on pouvait lire « Plus de haine » et « Gardons la
mémoire de Gandhi vivante ».
La marche de plusieurs centaines de kilomètres avait débuté
près d'Ayodhya, ville sainte hindoue, le 27 septembre, et s'est
déroulée par étapes avant de se terminer devant
la flamme sacrée de Raj Ghat, là où Gandhi a
été incinéré.
France enseignement du fait religieux
Un an aprés le 11 septembre,
l'éducation nationale a du mal à combler ses lacunes
en matière d'enseignement religieux à l'école,
car beaucoup d'enseignants craignent encore de trahir le principe
de laïcité en abordant la question. Pourtant l'urgence
de développer cet enseignement de manière pluridisciplinaire
et d'améliorer la formation des enseignants, ainsi que le contenu
des manuels scolaires, a été souligné, lors d'un
séminaire national interdisciplinaire sur l'enseignement du
fait religieux à l'école, ouvert aux cadres de l'éducation
nationale, qui s'est tenu à Paris du 5 au 7 novembre.
« Alors que jusqu'à présent les problèmes
que peut poser l'enseignement du fait religieux étaient principalement
présenté dans une perspective historique et géographique,
ils doivent désormais concerner davantage les littéraires,
les philosophes, les professeurs d'enseignements artistique ou de
langues vivantes qui ont des réponses spécifiques à
apporter », a déclaré le ministre délégué
à l'enseinement scolaire, Xavier Darcos, en ouverture d'un
colloque consacré à l'enseignement du fait religieux
à l'école.
Dans un entretien, paru dans la Croix, le 5 novembre, le ministre
de l'éducation nationale Luc Ferry, a déclaré
« Je soutiens le projet de Régis Debray qui vise notamment
à aider les enseignants à mieux pénétrer
une culture religieuse qui fait souvent défaut ».
« On est en train de dépasser une phase anticléricale
militante et au nom de l'intelligence et de la culture, on admet que
nous devons mieux connaître l'histoire religieuse pour comprendre
notre monde », a-t-il ajouté.
Fédération lutherienne Mondiale
Le conseil de la FLM a pris acte
du départ de la FLM de l'Église Lutherienne de Chine
(Talwan), en raison de son désacord avec la Déclaration
commune sur la Justification signée avec l'Église Catholique
Romaine.
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