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N° 162 - Janvier 2003

( sommaire )

Cahier

Dans ce cahier :

  • La justice dans le Nouveau Testament, par Michel Miaille
  • La nouvelle composition du religieux et le protestantisme, par Jean-Paul Willaime

 

haut de la page sommaire du N°

La justice dans le Nouveau Testament,
par Michel Miaille

Les titres les plus simples sont toujours les plus complexes. Celui-ci n'echappe pas à la règle. Tout semble simple car chacun comprend les mots qui composent ce thème : La justice, le Nouveau Testament... C'est ce dernier terme qui est le moins difficile, car la composition comme la place du N.T., tel que constitué par le canon de l'Église primitive sont connues. En revanche le mot de justice laisse place à de nombreuses interprétations et ouvre sur des controverses qui sont autant de nature théologique que politique ou juridique.

1. Cette difficulté est redoublée d'abord par le fait que le mot justice appartient au vocabulaire quotidien de la langue commune mais aussi, d'une certaine manière, de la langue savante : celle des juristes et celle des philosophes. Dans de tels cas, la discussion sur ce thème ne revêt pas seulement un caractère académique comme on pourrait s'y attendre avec un mot seulement savant. La discussion engage souvent de la passion et des intérêts. Au travers de ce mot, c'est toute une conception et surtout une pratique de la justice qui est en jeu. C'est « juste » ou « ce n'est pas juste » sont des expressions qui ne se bornent pas à constater une situation. C'est souvent une revendication ou un cri de révolte qui mobilise des individus, des groupes entiers et qui conduit quelquefois à des actions collectives violentes. C'est au nom de la justice que l'on a règné sur des sociétés, mais aussi que l'on a soulevé le drapeau des révolutions et fait basculer des systèmes sociaux

2. Il y a une autre difficulté qui nest pas moins redoutable : le mot justice, en français, recouvre deux objets très différents.

Dans un premier sens, le plus commun, - et pourtant le plus savant - il désigne une qualité, voire une vertu. Etre juste, c'est se comporter d'une certaine manière, pour le minimum, s'analyse comme le respect de certaines règles. Pour reprendre une expression de l'A.T., c'est , avoir « des poids justes et une balance juste ». La justice est dès lors la caractéristique d'une situation, d'une décision ou d'un homme. En ce sens tous les textes sacrés ou non, parlent des « justes » ou de la « justice » (ou de linjustice) dune société. Ce sens se trouve également dans la Bible et dans le N.T. où il est fait appel à la justice ou aux justes comme le passage célèbre du Sermon sur la Montagne (Mat v/6).

Parler ainsi d'une qualité peut encore être rendu plus complexe suivant que l'on attribue cette caractéristique à l'homme ou à Dieu : cela entraîne des conséquences tout à fait importantes et qui, d'une certaine manière, séparent profondément les courants de pensée présents dans les textes. Mais ces divergences se réalisent dans une compréhension commune du mot qui est rapportée à une disposition morale ou sociale.

Le deuxième sens certainement plus récent, désigne en revanche un appareil : La « Justice » représente une institution autonome, avec ses rituels, son personnel et sa logique, chargée de traiter et de résoudre les contradictions nées de la vie sociale. Ce sens n'est pas secondaire car il est supposé, au travers de l'administration judiciaire, parler de la qualité. Si être juste c'est rendre à chacun ce qui lui est dû, l'appareil de la justice ne serait que la concrétisation de cette vertu d'équilibre, de rééquilibrage. On sait pourtant combien il peut y avoir de distance entre le mot et la chose, entre le projet et la réalité. Pourtant, l'institution judiciaire continue de véhiculer cette signification, avec des formes, des procédures et des résultats très variables, selon les moments historiques, les lieux et les problèmes à traiter.

Comme on le voit, ces deux sens renvoient l'un à l'autre, car, s'il est vrai que la qualité du juste peut se manifester en tout domaine, il est vrai aussi que pour être crédible, l'appareil de la justice doit mettre concrètement en oeuvre cette qualité. Cela explique que dans des passages du N.T, nous trouvons des textes et des paraboles où est précisément mise en scène cette double relation.

3. Ces difficultés d'appréhension du mot expliquent déjà qu'il faut s'attendre, dans le N.T. à des perspectives différentes, comme si, en précisant de plus en plus le terme, on en découvrait des significations de plus en plus complexes. Comme la vue au travers d'une fenêtre s'élargit au fur et à mesure qu'on sen approche, l'analyse du mot justice devient de plus en plus problématique au fur et à mesure qu'on la sollicite.

En simplifiant et en organisant cette approche, on pourrait dire que l'on trouve dans le N.T trois sens différents de la justice.

Dans un premier sens, auquel souvent on ne prête que peu d'attention, nous trouvons toutes les allusions ou toutes les descriptions de l'appareil institutionnel judiciaire qui sert, en quelque sorte, de cadre ou de décor à une action ou à une parabole... La « justice » au sens d'institution nest pas présentée de manière neutre : cela nous renseigne sur une première leçon relative aux pratiques sociales de la justice.

Dans un deuxième sens, le mot renvoie à une expérience humaine, à une pratique individuelle. Etre juste, c'est « pratiquer » la justice. Inévitablement, ce sens magnifie les actes, et, à travers eux, le jugement que l'homme porte sur ses semblables et sur les situations auxquelles il est confronté. Cette responsabilité de trancher pour donner une solution réputé juste, apparaît alors comme le fruit d'une sagesse, d'une écoute, mais aussi d'une compréhension qui forcent l'admiration. La figure du juste dans un homme est le signe dune certaine perfection. On verra tout ce qui découle de cette définition, bon et moins bon !

Enfin, dans un troisième sens, la justice apparaît comme une caractéristique fondamentale de Dieu, et comme telle, moins inaccessible qu'incompréhensible.

La plupart du temps, la justice de Dieu déroute car elle n'a en partage aucun des raisonnements de l'homme. Tant que, selon l'A.T., la loi permettait de séparer ce qui était juste de ce qui ne l'était pas, il était clair que la conduite à mener comme les décisions à prendre pouvaient être mesurées aux prescriptions de cette loi. Mais lorsque celle-ci est accomplie,, lorsque les commandements de la loi se réduisent aux deux impératifs : « tu aimeras ton Dieu et ton prochain », la définition de la justice se brouille complètement. Outre le fait que cette définition échappe à l'univers ordinaire de l'homme, elle a de plus, la particularité de devenir un instrument constant de questionnement, de remise en cause des modes de la vie sociale, au lieu de les confronter et de rassurer ceux qui les mettent en oeuvre.

Trois sens, trois questions finalement qui nous font passer successivement de la mise en scène humaine, à l'expérience personnelle et enfin à l'accomplissement d'un univers radicalement autre, posé comme modèle à la fois indépassable et jamais accompli.

I. La justice comme appareil de mise en scène des rapports sociaux

La présentation de la justice comme institution correspond à des moments, à des situations et à des significations différenciées. On peut, pour simplifier, lire deux enseignements qui, d'une certaine manière sont peut-être complémentaires.

1. Dans un premier sens, nous avons une vue très critique, sinon négative de la justice-institution. Comme décor de parabole, elle apparaît comme un système gouverné plus par l'intérêt personnel ou l'aveuglement des rapports réels entre les hommes que comme un service chargé de dire le droit. L'exemple du passage de Luc XVIII-1 et suivants est éclairant. Cette parabole du juge inique met en scène un magistrat peu soucieux d'exercer son office et une veuve, symbole de la plus grande fragilité dans la société de cette époque. L'aveu cynique que l'accueil que le juge fera enfin à cette femme est la conséquence de l'importunité et non le sens de son devoir, décrit un système qui accentue l'inégalité de positions entre celui qui exerce le pouvoir et les petits qui le subissent.

On comprend, dans ces conditions, que la justice humaine comme appareil, soit présentée dans d'autres passages, comme un lieu et une institution à éviter.

Dans Matt.V- 25 et 40 , ou dans Matt. X-17, le même conseil prévaut : il faut éviter la justice rendue par les tribunaux et régler, au contraire, les différends entre soi. La traduction devant les tribunaux est toujours présentée comme l'acte des méchants contre les justes, des juifs hostiles contre les nouveaux chrétiens, où l'on enferme, on punit, et on chatie ; elle semble être au service des puissants et jamais capable de rendre des décisions justes. Bien des avertissements du Christ concernent cette hypothèse où les fidèles - donc les justes - seront traduits devant les tribunaux, battus et emprisonnés. Cette mise en garde est en même temps l'annonce que la persécution est inévitable et que la justice officielle y prendra sa part.

Il est vrai qu'une partie de cette justice est de nature romaine et appartient à l'occupant réduit ici à sa fonction de gardien de l'ordre. Les textes des évangiles trouvent ici un exemple de choix dans le fonctionnement de cette justice « étrangère » avec le procès de Jésus devant Pilate. Au delà de l'aspect technique de la procédure portant notamment sur la compétence de l'organe qui doit décider, finalement, c'est la description dune machine qu'entreprend le texte du N.T.. En l'espèce, le gouverneur Pilate peut faire figure de parfait fonctionnaire, soucieux non seulement de respecter la procédure et la dévolution des compétences (juridiction dHérode à respecter, Luc...) mais aussi de se concilier les pouvoirs locaux (le tribunal religieux du Sanhédrin, tout autant qu'Hérode) et de se comporter en autorité impartiale. Ses tentatives pour se débarrasser du « cas Jésus » sont significatives, tout autant que sa décision finale, consistant à mettre fin à une situation embarrassante, (une possible révolte populaire appuyée par les autorités autochtones). La justice romaine apparaît alors comme un bon exemple de bureaucratie gouvernée par la raison d'État : le lavement des mains de Pilate couronne la décision de manière paradoxale.

Mais il faut aussi considérer que les textes du N.T parlent aussi continûment de la justice religieuse maintenue par les romains, qui constitue autour du grand prêtre et du roi Hérode un des éléments de l'appareil juif subordonné au pouvoir de César. Cette « justice »-là nest pas meilleure que la précédente, au contraire elle consacre la main-mise d'une caste sur le peuple juif au nom de la tradition et du respect des coutumes, et d'autre part une conception sectaire et rigide de la transmission de la Loi. Il est significatif de voir combien les membres de ce haut tribunal se satisfont des témoignages achetés, combien ils sont complices d'actions, de manipulation auprès du peuple, et, dans une connivence avec l'occupant, combien ils sont responsables dune collaboration sans retenue avec les Romains. Bref, la justice des juifs, en tant qu'appareil, n'est pas supérieure à celle de l'occupant.

On pourrait tirer de cet ensemble d'exemples, une leçon de défiance à l'égard de la justice-institution dont l'organisation et le fonctionnement trahissent complètement les espoirs ou les attentes que chacun pourrait mettre dans un appareil chargé de donner à chacun ce qui lui est dû.

2. Mais il faut contrebalancer cette présentation par tous les passages du N.T où l'institution judiciaire est montrée comme capable de protéger, certes dans certaines limites, les droits de l'accusé.. Il faut ici faire mention de tout l'arrière plan des Actes des apôtres à propos des tribulations de l'apôtre Paul.

L'action de l'apôtre peut en effet aussi être lue comme une histoire judiciaire entre une accusation (celle des juifs selon le texte) et une procédure par laquelle Paul se défend. Il est interessant de remarquer qu'à partir du chapitre 16 des Actes et ce jusquà la fin du livre (Chap.28) Paul est poursuivi par les juifs qui arrivent à soulever des foules et à convaincre les magistrats. D'où une succession de traductions devant les magistrats, d'enfermements en prison puis de libérations, entrecoupés de fuites grâce aux réseaux des fidèles. A partir du chap.21, l'arrestation de Paul à Jérusalem prend un tour plus sérieux : il échappe à un véritable lynchage grâce à la garde romaine et c'est là, dans la forteresse de la tour Antonia, qu'il évite le supplice du fouet ordonné par le tribun, en révélant sa qualité de « citoyen romain ». Tout le mécanisme juif se déclanche alors, du centenier chargé d'appliquer la peine, au tribun qui la prononcée - et qui se hâtera de l'annuler - jusqu'au gouverneur Felix qui siège à Césarée ; devant ce gouverneur, un véritable procès est ouvert avec l'accusation des grands prêtres et des anciens soutenus par un « avocat » Tertiullus et la réponse de Paul. Puis, le successeur de Félix, le gouverneur Festus recommencera toute la procédure ; et Paul qui connaît ses droits en appelle à César, donc à l'autorité suprême.

Entre temps, le procès a repris devant le roi Agrippa, venu à Césarée et aurait pu en rester là : mais l'appel à César oblige à continuer la procédure. Et c'est le long voyage de Paul vers Rome, comme détenu, constamment surveillé et gardé - voyage long et mouvementé de plusieurs années -. A Rome, Paul jouit d'une relative liberté malgré la constante surveillance d'un garde (chap.28/16), voire d'une plus grande autonomie (v.31), sans que l'on sache d'après les textes, quelle a été la conclusion du procès.

Cette longue histoire est évidemment celle d'un enseignement continu, de conversions multiples et des rencontres de différentes communautés chrétiennes en Méditerranée. Mais elle a, comme fond, la présence constante de la justice romaine dont la procédure permet la préservation des droits, et d'abord, du premier d'entre eux, le droit à la vie, grâce à la possibilité de se défendre. Le Sanhédrin apparaît, au contraire, mal organisé de ce point de vue (chap.23 à partir du v.1) et moins fiable.

Cela ne signifie pas que cette version positive de la justice romaine renverse complètement le jugement antique porté sur la justice des hommes puisque les mêmes conseils et les mêmes préventions à l'égard de cet appareil subsistent dans les autres textes du N.T.. Notamment les lettres de Paul aux Romains (spécialement chap. 2 et 3) rappelle fort le rapport étroit entre la Loi (certes spirituelle) et le péché ; en d'autres termes, un système fondé sur la loi, n'aboutit en définitive, qu'à la condamnation. On pourrait élargir au domaine socio-politique et dire que le procès et la justice des hommes, aussi perfectionnés soient-ils, ne peuvent qu'engendrer culpabilité et condamnation..

C'est en ce sens que l'on peut comprendre qu'il n'est pas sage, du point de vue chrétien, d'user des moyens offerts par les institutions. « Bénissez ceux qui vous persécutent » (XII,14) ; « ne vous vengez point vous-mêmes » (19). Plus fortement Paul réaffirme que le seul juge est le Seigneur et que donc peu lui importe d'être jugé par ses contemporains « ou par aucun tribunal humain » (I Cor. IV, 3). Le passage qui suit dans cette lettre (I Cor.VI, v1 et...) est éloquent : Paul demande que les dissensions ou les conflits qui divisent les membres de l'Église ne soient pas portés devant les tribunaux « paiens », c'est à dire devant la justice des hommes et exhorte les chrétiens à régler leurs difficultés entre eux. Car faire ainsi trancher les litiges internes par des infidèles c'est pratiquer l'injustice.

C'est ce qui est précisé par Paul dans une autre lettre (I Tim.V,19 ) : toute accusation contre un ancien doit comporter la déposition de deux ou trois témoins. Ainsi s'organise une sorte de justice parallèle, interne à l'Église qui est chargée de traiter les conflits, et fait remplacer le jugement par l'amour fraternel, même si, en de nombreux cas, Paul appelle la sanction de Dieu sur tel ou tel membre de la communauté.

On peut donc conclure sur cette première approche de la justice prise dans son appareil humain en constatant qu'elle n'a pas la valeur que le monde lui reconnaît et que pour la primitive Église, elle ne saurait représenter un modèle de règlement des conflits, surtout lorsque ceux-ci concernent les membres de la communauté des fidèles. Ce sont ces fidèles-là qui sont peut être porteurs dune possible justice..

II. La justice comme expérience de l'homme de vertu

Il y a en effet un tout autre sens que celui d'institution et qui vise au travers de la justice, un certain type de rapport social - la justice entre les hommes - et un certain type de comportement - le juste opposé à l'homme injuste -. Nous sommes dans un tout autre registre. Il ne sagit plus de considérer des procédures et des institutions, mais des comportements et des attitudes.

Cela ne renvoie pas, dailleurs, uniquement aux qualités de certains hommes ou groupe mais peut aussi désigner des situations et des promesses dont le sens n'est pas facile à décrypter. Cependant une chose est sûre, cette interprétation du mot justice met l'accent sur les vertus nécéssaires de l'homme. Ces deux aspects doivent être considérés.

1. La justice comme émanation de la vertu de l'homme...

L'idée essentielle résulte d'une structure profondément enracinée dans la culture juive et, depuis, dans la culture chrétienne : celle de la loi comme norme posée et imposée, à partir de laquelle l'obéissance et la désobéissance déterminent la conduite juste ou injuste. Est juste ce qui correspond à la loi.

Observons que ce primat de la loi nest pas, comme on voudrait souvent le croire, un rajout imposé à la condition humaine : il est la condition même de l'humanité. Seul, l'homme, à la différence des animaux simpose (ou accepte, ce qui revient au même) une règle qu'aucune nécessité naturelle ne l'oblige à respecter depuis le jardin d'Eden jusqu'aux prescriptions de toute nature depuis les rapports entre les sexes jusqu'aux interdits alimentaires- l'homme affirme son humanité en s'interdisant certains actes. En dehors de la loi qui tranche, sépare, ordonne au sens dorganise, il n'y a que chaos et confusion. Dès lors, le respect de la loi est au principe même de l'humanité ou, comme le diraient des anthropologues contemporains, un passage de la nature à la culture, qui est le propre de l'homme. On comprend que dans ces conditions l'idée même de justice est liée à celle de loi : est juste celui qui respecte la loi.

On peut tout à fait concilier ce sens avec des théories de la justice qui nappartiennent pas à la culture juive. Cest le cas de la philosophie grecque. Chez Aristote la justice est perçue de deux manières : justice distributive, selon laquelle la richesse et les honneurs sont répartis entre les individus ; Justice commutative qui restitue à celui qui est privé dune partie de ses biens ou de son honneur, ce dont on l'avait indûment privé. La justice est donc une affaire de proportions : il faut donner (ou rendre) à chacun ce qui lui est dû. La justice comme attitude consiste précisément à respecter ce partage des biens et de la considération.

Cette doctrine de la justice peut être retrouvée dans nos textes : c'est en quelque sorte, un minimum d'accorder à chacun ce qui lui est dû, mais c'est, au fond, plus que cela, comme déjà l'énonçaient les textes de lA.T. Il sagit bien de pratiquer la loi, au delà, de pratiquer la charité, envers tous.

La parabole si connue de Matt.XXV.31 l'indique bien. Donner à manger et à boire, accueillir l'étranger, vêtir ceux qui sont nus, visiter les détenus, voilà ce que l'on peut résumer dans un mot : la Justice. C'est ce qu'énonce le v.37 « alors les justes » répondront : « Quand t'avons nous... » et la conclusion de cette annonce c'est que « les justes iront à la vie éternelle » (v.46).

On peut confirmer que dans le N.T., tous ceux qui sont pieux et observateurs de la loi de Dieu, sont dénommés « justes ». Ainsi Jean le Baptiste est présenté comme un homme saint et juste (Marc VI,20), et celui qui reçoit un juste aura une récompense de juste (Matt.X,41) ; c'est aussi la conclusion de la parabole du Semeur qui sortit pour semer et dont les semences tombent dans des terrains inégaux. Le Christ, sollicité d'expliquer cette parabole conclut : « alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur père » (Matt.XIII,43) : on comprend que ces justes sont précisément ceux qui ont entendu la parole, qui l'ont comprise et qui ont porté du fruit (v.23), c'est à dire qui l'ont mise en pratique.

Cette justice qui est la mise en oeuvre de la loi de Dieu ne sarrête pas aux signes extérieurs. Jésus met en garde contre cette justice des pharisiens et des scribes (Matt.V,20) qui, pour l'essentiel s'arrête à une conception purement formelle ou ritualiste. Il faudrait citer ici tout l'évangile de Matthieu et les protestations renouvelées du Christ contre cette justice de façade : il suffira de rappeler les imprécations contre les pharisiens du chap.23 : le malheur est appelé sur tous ceux qui ne font pas ce qu'ils disent, qui affichent une foi purement d'extérieur, qui conduisent les autres à leur perte, qui blanchissent 'lextérieur et cachent la pourriture à l'intérieur. Tout ceci peut être résumé dans un court verset du chap.VI,1 : « Gardez-vous d'étaler votre justice devant les hommes pour être admirés d'eux ».

Cette recommandation montre que la justice des hommes est plus difficile à réaliser que la simple application des textes et des prescriptions. Elle est plus une manière d'être que de savoir, plus une attitude intérieure qu'un comportement extérieur. Si la justice est la conséquence de la vertu de l'homme, elle ne peut s'accomplir dans le seul registre de l'exécution de règles.

On comprend que le mot justice devient plus difficile à saisir : partis de la loi nous arrivons à une situation où le mot devient presque incompréhensible. Ainsi en est-il de certains passages quelque peu énigmatiques : lorsque Jésus demande le baptème, le texte dit que Jésus devant la protestation de Jean lui dit : « laisse faire pour le moment car il est convenable que nous accomplissions ainsi toute justice » (Matt.III,15) ; de même le texte pourtant si connu des Béatitudes ouvre sur une autre conception de la justice : « Heureux, ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » (Matt V,6). Il y a là le point où éclate l'ambiguité de la justice demandée aux hommes.

2. Le danger, en effet, de présenter la justice comme une expérience de la vertu humaine est d'adopter une représentation « religieuse » de la justice.

Pour s'expliquer, il faut préciser ce qu'indique le terme de « religieuse ». On pourrait dire que la confiance en Dieu - ou la foi dans sa parole - est très vite entraînée à s'organiser dans des rituels et des formes que l'on dénommera « religion ». L'homme semble ne pouvoir durablement accepter une promesse et une foi qu'en les coulant dans le moule dune religion. Désormais tout ce que la foi avait d'incertain et la promesse de risqué se transforme en acte de dévotion parfaitement définis en rituels qui suppriment tout doute. (La parabole du Bon Samaritain en est l'illustration avec le renversement de la question initiale : de « qui est mon prochain ? » à « de qui es-tu le prochain ? »). Cela veut dire que l'adéquation à la loi et l'observance stricte des interdits et obligations remplaceraient désormais la libre aventure d'une fidélité à une promesse. On mesure tout ce que la justice perd dans cette opération ! Si elle n'est que l'application des normes et donc l'exécution formelle dune règle, elle se vide de sens dune certaine manière, et surtout elle fait reposer l'ensemble des comportements sur les qualités et les vertus de l'observant. On débouche alors sur le pharisaïsme, il faut le préciser, sur un pharisaïsme sérieux. Au delà des hypocrites faciles à dénoncer, il y a les docteurs de la loi qui pensent pouvoir ainsi faire leur salut. La rencontre avec le jeune homme riche l'illustre parfaitement : le Christ ajoute, comme on sait , un commandement « inconnu » - vendre tout ce que l'on a - pour rappeler que la loi n'est pas la mesure de la justice et que le fidèle ne peut faire le décompte exact de tout ce qu'il respecte (comme le fait ce jeune homme ) au risque d'oublier l'essentiel..

L'accomplissement de la justice qui apparaissait comme une oeuvre strictement humaine et qui reposait alors sur les qualités de l'homme juste, éclate en révélant que la justice n'est pas produite par les hommes sinon très imparfaitement mais donnée à ceux qui en ont faim et soif. Un verset de l'évangile de Jean résume cette idée : « je ne puis rien faire de moi-même ; je juge d'après ce que j'entends et mon jugement est juste parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé » (Jean V,30). On peut comprendre pourquoi, humainement, la justice est un exercice si difficile « ne jugez point afin de n'être point jugés ; car de la façon dont vous jugez, vous serez jugés vous-mêmes » (Matt.VII,1). La paille et la poutre montrent suffisamment que si l'exercice de la justice se limite à ce que nous voyons ou aux règles que spontanément nous utilisons, la justice sera bancale et cette asymétrie se retourne contre nous-mêmes.

Ainsi, en conclusion provisoire : Si la justice n'est pas seulement application de la loi et mise en oeuvre de nos vertus, elle nous dépasse et nous oblige à ouvrir encore plus le champ de notre compréhension : c'est le seul moyen pour que ce qui était jusque là incompréhensible devienne un enseignement, pour que les usages du mot justice, apparemment obscurs, séclairent dun sens nouveau. Pour cela, il faut avancer d'un pas et postuler que la justice ne peut avoir tout son sens que comme accomplissement divin modèle indépassable et pourtant offert.

III. La justice comme accomplissement divin de la promesse

Le N.T comprend une autre interprétation qui par opposition, déchire l'idée d'une justice fruit de la vertu des hommes : cette justice nouvelle est proprement incompréhensible.

1. On partira de la parabole des ouvriers recrutés à des heures différentes par le maître d'une vigne (Matt.XX,1-16). On a l'habitude d'insister sur la légitime colère des ouvriers de la première heure devant le paiement de ceux de la onzième heure. Comment accepter qu'un travail inégal donne lieu à un salaire égal ? ou comment l'égalité peut-elle sappliquer à des situations inégales ?

Nous sommes ici à l'opposé de la conception grecque selon laquelle il faut rendre à chacun ce qui lui est dû, car il apparaît, qu'il est plus dû à ceux qui ont beaucoup travaillé qu'à ceux qui n'ont travaillé qu'une heure. Le maître répond avec une certaine logique que le prix convenu au départ a été respecté. Le respect du contrat de travail est indéniable et les premiers ouvriers ne sont pas lésés : au moins du point de vue formel ! Car, « au fond », il y a bien une inégalité choquante. Alors le maître utilise un autre argument : celui de son bon vouloir, celui d'être « bon » comme il lui plait ! L'argument est imparable. Mais pas forcément acceptable ! Le bon vouloir du maître n'a pas à être discuté, il s'impose comme une donnée de la situation.

Il faudrait peut-être remarquer ici, une autre dimension de la justice : celle qui n'est pas le résultat des hommes qui ont travaillé, comme une sorte de fruit de leur labeur et de leurs vertus. Elle les dépasse au sens où elle leur est donnée on pourrait dire imposée par quelqu'un qui est plus grand qu'eux et c'est cette dimension qui pose problème !

En effet, la justice du maître échappe aux ouvriers comme si, au delà ou au dessus de l'histoire qu'ils vivent, une autre histoire se réalisait dont la logique est différente. On pourrait multiplier les exemples des paraboles où la même idée et la même conclusion prévalent : les hommes ne sont pas prêts à recevoir ce qui leur est donné et préfèrent organiser eux-mêmes leur propre système. Pourtant, c'est ce que proclame le verset des Béatitudes : « les affamés de justice seront rassasiés » cela signifie que quelqu'un leur donnera ce qu'ils attendent en vain des arrangements de leur société.

Cette conception mérite d'être appréciée et approfondie dans ses conséquences, sous peine de donner matière à une vision très démobilisatrice de la justice.

2. Certes, la première interprétation est celle que Paul va particulièrement développer : la justification aux lieux et place de la justice. Le déplacement des mots est considérable et l'on sait que c'est sur ce jeu de mots que s'enracine toute la Réforme commençante avec l'illumination de Luther, réfléchissant sur le passage de la lettre aux Romains (I,17) « car, dans cet évangile est révélée la justice de Dieu, celle qui s'obtient par la foi et qui conduit à la foi, ainsi qu'il est écrit : "celui qui est justifié par la foi vivra" » (citation d'un passage de l'A.T., c'est à dire du livre de Habacuc II,4).

La justice n'est donc pas une action que l'homme développe, mais un don de Dieu grâce auquel il se retrouve non juste mais justifié. Cest un renversement complet qui substitue à la recherche des vertus humaines, la seule acceptation reconnaissante d'une grâce.

Cette conception de la justice soppose à celle qu'avaient développée les pharisiens : il n'est nullement question de la vertu des hommes. De même que dans l'A.T, la justification était l'oeuvre propre du juge (être acquitté), qu'elle signifie aussi l'acte de pardon, de même dans le N.T., selon Paul la justification est l'oeuvre de Dieu à l'égard de tous, puisque nés sous le péché, les justes comme les païens. Paul sélève donc contre les idées judaïsantes et pharisiennes qui se sont développées dans les premières communautés chrétiennes : c'est un combat concernant le contresens du mot justice..

C'est donc que la justice renvoie à Dieu souverainement et non à l'homme. C'est ainsi qu'il peut, parce qu'il est Juste et qu'il tient ses promesses, justifier les hommes. C'est en quelque sorte une qualité de Dieu qu'il communique aux hommes.

3. Reste quand même une figure de la justice dans le N.T. qui ne peut pas être éludée : celle du jugement dernier qui occupe une part non négligeable de l'enseignement du Christ et que l'on retrouve dans les lettres des apôtres ou, évidemment dans le livre de l'Apocalypse : « L'heure du jugement est venue » (XIV,7) et les livres sont ouverts et tous « furent jugés, chacun selon ses oeuvres » (XX,13), à la suite de quoi, ceux qui n'étaient pas inscrits dans le livre furent jetés dans l'étang de feu et qu'apparut un ciel nouveau, puis une nouvelle terre, la nouvelle Jérusalem.

C'est ici apparemment une autre justice qui s'accomplit, celle que déjà annonçait l'A.T. où Dieu dans un sens plus commun, rétribue les justes et punit ceux qui sont ses ennemis, y compris au sein de son propre peuple.

Rien de révoltant dans cette justice qui conforte le sens commun et comme dit Paul : « Si notre injustice fait éclater la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu est-il injuste (je parle ici comme les hommes) en laissant agir son courroux ? Non, certes ! Autrement comment Dieu jugerait-il le monde ? » (Rom.III,5-6). Mais après ce constat irrécusable, Paul en dénoue la conclusion dramatique (nous serions tous promis au châtiment) par la situation nouvelle qu'ouvre Jésus Christ : désormais, en effet « c'est en dehors de la loi que la grâce de Dieu a été manifestée » (Rom.III,21) ce qui signifie que tous ceux qui croient en Jésus Christ échapperont à cette justice vindicative et répressive pour entrer dans la justification par grâce.

Cette explication donne un autre sens au tableau de la séparation des bons et des méchants qui organise encore le récit de Matthieu XXV. La séparation des justes et de ceux qui iront au châtiment éternel pourrait bien être celle qui différencie ceux qui acceptent et ceux qui ne reconnaissent pas la justice de Dieu, au sens de la foi. Ceux qui interrogent pour savoir quand ils ont pu rencontrer Dieu dans celui qui a faim, soif, froid, est en prison ou étranger, ressemblent fort à des personnes qui tentent de se justifier et c'est ce qui est impossible pour les hommes et qui les condamne comme les pharisiens.

Dès lors, la justice de Dieu est déroutante : elle ne fonctionne pas selon la logique des hommes (sera gratifié celui qui est juste et sera puni le méchant) mais selon une autre logique, selon laquelle tous sont appelés à être justifiés sils l'acceptent..

Nous sommes bien loin du premier sens le plus commun de la justice : il ne sagit plus de balance et d'équilibre entre le bien et le mal, le juste et le méchant. Cela signifie-t-il pour autant que l'homme peut se désinteresser de tout ce qui constitue la vie au sein de la société ? Certainement pas, car si la loi ancienne est passée, une nouvelle « loi » est posée : Tu aimeras (Mat.XXII,3), et cela oblige beaucoup plus que d'être en règle avec l'ancienne loi. Cela déborde la comptabilité du bon et du mauvais qui sert de base à la justice car, désormais, cette conduite personnelle et sociale guidée par l'amour des autre - ou ce qui est « semblable », l'amour de Dieu - fait entrer dans une tout autre justice, mais une justice quand même. Justice d'une nouvelle naissance acceptée comme don et non fruit de notre vertu.

Pour conclure, on comprend que le mot justice révèle des oppositions et des conflits non seulement savants et théologiques mais aussi communs et politiques. Ces conflits ouvrent des lectures et des pratiques différenciées de la parole.

A chacun de choisir son camp !

Michel Miaille
doyen de la Faculté de droit de Montpellier
Conférence donnée aux journées Évangile et Liberté à Agde 2002

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La nouvelle composition du religieux et le protestantisme,
par Jean-Paul Willaime

La modernité, ce n'est pas moins de religieux, c'est du religieux autrement. Il n'est plus possible aujourd'hui de raisonner à partir d'un schéma simpliste de la sécularisation selon lequel le religieux s'amenuiserait au fur et à mesure que les sociétés se modernisent. Certes les Églises chrétiennes ont perdu une grande part de leur pouvoir social et de leur autorité ces dernières décennies et le nombre de leurs fidèles a diminué. Le fait frappant est particulièrement la baisse de la proportion des jeunes qui sont catéchisés : moins de la moitié d'une classe d'âge à l'heure actuelle, ce qui signifie que la majorité des jeunes grandit aujourd'hui en dehors de toute formation chrétienne. Mais le détachement par rapport à l'institution Église ne signifie pas obligatoirement absence de spiritualité ou de convictions religieuses.

Dans le domaine religieux comme dans d'autres domaines, en particulier le domaine politique, les institutions n'ont plus la même capacité d'encadrement : nos contemporains sont devenus plus difficilement assignables à résidence ecclésiastique ou politique. Les appartemances se fragilisent et la participation se fait épisodique et sélective, selon les goûts et les envies de chacun. On le constate dans la vie des Églises comme dans la vie associative en général. C'est la fin du religieux par héritage, par transmission coutumière et héréditaire au profit du religieux par choix personnel. L'affaiblissement du pouvoir des institutions et la perte d'évidence culturelle du christianisme renforcent le rôle de l'individu, sa responsabilité aussi. Dans un univers sécularisé et pluraliste, c'est à lui de s'orienter, de faire librement ses choix et de les assumer.

Face à de telles évolutions, le protestantisme n'est pas démuni. Si sa relativisation des institutions ecclésiastiques et sa pluralité confessionnelle peuvent nuire à sa visibilité et à son témoignage public, elles peuvent aussi accompagner positivement l'insistance contemporaine sur les appropriations personnelles. La critique protestante de magistère institutionnel et la valorisation protestante de l'individu constituent incontestablement ici des atouts. La modernité triomphante avait tendance à dévaloriser la différence culturelle et à promouvoir l'homogénéisation, ce qui a pu favoriser l'oecuménisme pour résorber la différence confessionnelles. Aujourd'hui l'ultramodernité réinvente les différences et les valorise : il est de bon ton d'être différent et la pluralité est plus vue comme une richesse que comme un handicap. De là, l'évolution du programme oecuménique dans le sens d'une « diversité réconciliée », d'une pluralité confessionnelle valorisée.

Autant les religions ont pu paraître comme des expressions traditionnelles et obsolètes face à une modernité conquérante, autant elles peuvent aujourd'hui apparaître comme des groupes de référence signifiants dans des société tellement laïcisées que les idéaux séculiers, notamment politiques, ont eux-mêmes été démythifiés. Dans un environnement sécularisé et pluraliste, le religieux se recompose sous la forme de sous-cultures identifiables et en tension plus ou moins forte avec la société gobale. Qu'est-ce que cela peut signifier pour le protestantisme aujourd'hui ?

Assumer positivement le fait que les lieux d'Églises sont, tout en étant profondément et nécessairement insérés dans la société, irréductibles à d'autres lieux sociaux et différents d'eux. Le problème n'est plus aujourd'hui de rejoindre « le monde », il est de signifier la différence radicale de l'Évangile dans un monde qui perd ses repères par enfermement sur lui-même.

Cela signifie assumer positivement que l'on est en lieu religieux, c'est-à-dire un lieu de décentrement par rapport au quotidien en référence à une altérité radicale : Dieu. Ce qui pose la question de la spiritualité protestante, de ses modes d'expression individuels et collectifs. Cela signifie en même temps prendre très au sérieux ce monde dans ses souffrances et ses problèmes majeurs - économiques, sociaux, écologiques, politiques, culturels - tant au niveau des personnes qu'au niveau des collectivités locales, régionales, nationales, internationales : importance de l'accompagnement et de l'écoute des individus dans leur itinéraire et leurs quêtes, importance d'une action et pensée sociales protestantes en mouvement et cherchant à éclairer, dans une perspéctive spécifique, les enjeux du présent. Cela signifie aussi prendre très au sérieux ce monde dans ses modes d'expression et moyens de communication : dans une culture du sensible, de l'image, des émotions, de la communication interactive, le protestantisme ne peut pas rester figé dans ses modes traditionnels d'expression et de communication (cela va de l'esthétique des temples aux types de discours, de musiques, de gestes et de symboles à travers lesquels on cherche à créer du lien social tout en exprimant l'essentiel).

La sécularisation radicale des sociétés occidentales aboutit à ce résultat paradoxal : la réelle perte de pouvoir des Églises sur la société et sur les individus est le socle sur lequel se recompose positivement le rôle de ces Églises comme groupements de personnes qui, parce qu'ils sont ancrés dans une espérance les engageant activement dans la société tout en les libérant des modes et des conformismes, peuvent apporter une contribution spécifique à la vie collective. Au protestantisme d'assumer sa différence et réinventer constamment les façons dont il permettra aux individus de se décentrer par rapport au quotidien, d'être solidaires et dont ils permettra aux individus de se décentrer par rapport au quotidien, d'être solidaires et d'envisager sereinement un avenir personnel et collectif.

Jean-Paul Willaime

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