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N° 165 - Avril 2003

( sommaire )

Cahier : La mondialisation

Dans ce cahier :

  • Balbutiements quant à la répartition des richesses du globe, par Hugues Puel
  • La mondialisation : espoirs et désillusions, par Guy Bottinelli
  • Nous sommes tous des anti-mondialistes, par Denis Ruff
  • L'homme, le dernier des dinosaures ?, par Luc Serrano

La mondialisation est une évidence de notre temps. On ne peut plus vivre en autarcie, sur son petit lopin de terre, avec trois chèvres et deux cochons, dans quelque vallée reculée de nos montagnes. La mondialisation appelle une police anti-terroriste et anti-drogue internationale, une police des mers qui pourchasse les épaves flottantes, une politique généreuse pour la répartition des richesses du monde, donc une politique de lutte contre la faim et de santé planétaire. La mondialisation doit devenir l'oecuménisme : toute la terre habitée.

Donc, la mondialisation ne doit pas se faire à n'importe quel prix. Elle ne doit pas permettre aux plus riches de développer leurs richesses, alors que les plus pauvres s'appauvriraient de plus en plus. Elle ne doit pas davantage avoir pour effet un nivellement culturel affligeant.

Donc encore, la mondialisation ne doit surtout pas être uniformisante. Elle doit reconnaître et encoura-ger la diversité, notamment les régionalismes linguistiques et culturels. Que nous soyons actuellement loin du compte ne doit pas nous décourager et nous désarmer.

Les titres des deux derniers articles de ce Cahier sont volontairement provocateurs. Il n'est pas sûr que tous les scientifiques signeraient le dernier de ces articles. Pourtant, nous croyons que le cri d'alarme qui traverse ces pages et l'appel qui en découle à une responsabilité mieux assumée de l'humanité et de notre planète font partie du message que les églises et tous les hommes de bonne volonté ont mission de proclamer aujourd'hui.

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Balbutiements quant à la répartition des richesses du globe, par Hugues Puel

Toutes les traditions chrétiennes ont en commun la conviction suivante : la terre est créée par Dieu pour l'homme, c'est-à-dire pour l'humanité dans son ensemble, mâle et femelle, et sans exclure personne du genre humain, quel que soit la couleur de sa peau, ses références culturelles, religieuses ou politiques, son passé et les actes qu'il a commis, son niveau de développement. La terre est créée pour l'homme in solidum, comme disent les juristes à propos des créanciers, c'est-à-dire de façon solidaire. Cela signifie que les biens de la terre, toutes les richesses qu'elles soient naturelles ou produites à partir des ressources terrestres, appartiennent à l'humanité en général.

Radicalement le principe de destination universelle des biens signifie que les richesses du globe sont à tous. Face aux richesses du globe, le premier principe est un principe communiste. Le principe de base n'est ni la terre au premier occupant, ni la terre à ceux qui la travaille, mais la terre à tous. Aucun chrétien ne devrait s'étonner de ce rappel de la doctrine de la création et de celle de la destination universelle des biens qui s'en déduit. Sans doute la réflexion ne peut-elle s'arrêter là. Tant que la terre n'est peuplée que de quelques tribus de cueilleurs de fruits, de pêcheurs de rivière et de chasseurs d'animaux sauvages, les problèmes de répartition ne sont pas très difficiles à solutionner. C'était vraiment la première société d'abondance, comme l'avait exprimé Marshall Sahlins dans un ouvrage de référence étudiant la vie économique de ces populations 1

. Le problème du partage est d'autant plus facile à résoudre que la mobilité de ces populations excluait tout phénomène acquisitif et toute accumulation, si l'on excepte quelques outils de chasse, de pêche ou de protection. La première agriculture se fait sur brûlis et procède de la même mobilité que tout autre prélèvement direct sur la nature.

Les choses changent avec l'expansion démographique et la révolution néolithique. L'agriculture suppose une stabilisation des populations, le développement de techniques culturales pour fertiliser les terres, c'est-à-dire une appropriation stable sur des vies entières et même des générations. Faire cohabiter les agriculteurs et les éleveurs est déjà difficile. Mais avec les équipements hydrauliques de l'agriculture irriguée, une protection plus poussée devient nécessaire avec toute une diversification sociale de techniciens, de scribes, de fonctionnaires ainsi que des royaumes qui déterminent des appropriations stables à prétention de souveraineté. Le problème de la répartition devient crucial. Le principe d'universalisme doit céder devant des organisations particulières politiquement structurées et militairement défendues. Ce seront les nations et les empires dont les livres d'histoires racontent les évolutions fluctuantes et les renversements de fortune.

La société internationale d'aujourd'hui est encore marquée par ce particularisme des nations. Elle est en effet structurée en États-nations comme en témoigne l'organisation des Nations unies au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Cette organisation perdure, mais ont voit bien qu'elle est dépassée par la réalité, ne serait-ce que parce que les États-nations étaient une cinquantaine en 1945 alors qu'ils sont aujourd'hui près de 200 ! Des continents se regroupent, à commencer par l'Europe. La séduction internationale, exercée par ce mouvement, manifeste ce besoin d'ouverture à l'universel qui commence par des associations régionales. On parle de plus en plus de la nécessité d'une nouvelle gouvernance qui montre que nous n'avons pas l'organisation politique correspondant à l'état technique, économique et culturel de la planète. Sur le plan technique l'universalité est acquise. Grâce aux avions, tout point de la planète peut être atteint dans la journée. Grâce aux formidables progrès de la productivité dans tous les domaines, de l'agriculture aux services en passant par l'industrie, la terre peut nourrir, habiller, loger, éduquer tous ses habitants, c'est-à-dire les 6 milliards actuels et les 8 à 10 milliards de personnes que l'ont peut prévoir d'ici un demi-siècle, au terme d'une transition démographique qui annonce un nouvel équilibre.

La situation actuelle est donc paradoxale : alors que nous avons tous les moyens de vaincre la rareté, jamais la terre n'a connu tant d'inégalités et de misère. Le Produit intérieur brut (PIB) mondial est d'environ 30 000 milliards de dollars, (le PIB de la France est de 1 430 milliards de dollars) ; il a été multiplié par 3 en 30 ans, par 9 en 50 ans, mais le PIB des pays pauvres tout juste par 2. Si les besoins de base alimentaire sont théoriquement largement couverts, du fait d'une mauvaise distribution, 800 millions d'humains sont sous-alimentés. Dans plus de 80 pays, le PIB par habitant est inférieur en 2000 à celui de 1990. Dans ces pays, plus de 2,5 milliards d'habitants vivent avec moins de deux dollars par jour et 750 millions avec moins d'un dollar par jour. Si le 1/6 de la population mondiale (l'OCDE) dispose de 80 % des revenus de la planète, 10 % , essentiellement en Afrique sub-saharienne, ne dispose que de 1 % ! Depuis 1968, la population de l'Afrique a doublé, alors que sa production alimentaire a diminué de 20 %. Les 7 pays les plus riches de l'OCDE consomment 45 % des produits fossiles. Le revenu moyen dans les 20 pays les plus riches est de 37 fois celui des plus pauvres en 2000. En 1980, c'était seulement 20 fois. La dette extérieure de l'Afrique noire a triplé ces 10 dernières années pour atteindre 183 milliards de dollars, soit plus de la moitié de son PIB total.

On pourrait accumuler plus avant ces quelques indicateurs. Ils suffisent à dénoncer une situation qui crie vengeance vers le ciel, pour parler comme la Bible. Un économiste américain désigne la vraie raison dans un texte intitulé individualisme et rareté 2

Il met en cause les bases même d'une économie au service de la fausse richesse en déclarant que ce n'est pas la rareté qui cause la rivalité, mais la rivalité qui cause la rareté. C'est notre individualisme qui contribue à créer la rareté au sein de l'abondance. Il nous empêche de voir que la rareté est vaincue et de nous organiser pour profiter de notre triomphe. Les ressources existent pour donner à chacun ce qui est nécessaire pour vivre et bien vivre, mais pas pour diffuser à tous le mode de vie américain tel qu'il est devenu. Si l'on se donnait pour objectif d'affirmer la dignité de chaque être humain, de reconnaître l'autonomie de chaque conduite dans sa rationalité, de permettre à chacun d'oeuvrer pour le développement de tous dans un processus donnant à chacun d'exprimer ce qu'il a d'unique et de singulier, on pourrait y parvenir. Il s'agit d'un problème éthique, politique et spirituel, pas d'un problème technique et économique. Nous en sommes aux balbutiements. Il faut créer les conditions de la paix en constituant des ensembles où les hommes puissent vivre ensemble. Les forces politiques nationales les plus puissantes avec le concours de l'ONU devraient converger vers la recherche de solutions aux conflits sur toutes les zones sensibles de la planète : l'Afrique tant à l'est qu'à l'ouest, le Caucase, l'Asie du Sud. On sait depuis les travaux d'Amartya Sen que la cause des famines est politique. Les soins d'une pandémie comme le Sida seront accessibles aux africains si les grands laboratoires pharmaceutiques ne prélèvent pas leur royalties. Il y a des services publics mondiaux à organiser. Il y a aussi des biens publics mondiaux à protéger. La mer est menacée par des pétroliers géants circulant à moindres frais et menacés de naufrage provoquant des pollutions aux conséquences redoutables. C'est tout le marché des transports maritimes de marchandises qui devraient faire l'objet d'une réglementation stricte et d'application surveillée. Le transport terrestre de marchandise est à réorganiser dans la mesure même où elles seraient produites plus près des lieux de consommation, ce qui suppose une politique d'autosuffisance alimentaire et le renoncement aux soutiens extravagants à l'agriculture et à l'élevage 3

Réduction du volume des transports, production plus proche des lieux de consommation, réglementation sévère des conditions de sécurité des transports. La question de l'énergie est entièrement à revoir. L'énergie nucléaire serait réservée là où les conditions de maîtrise technique et donc de sécurité sont remplies. La consommation de pétrole serait limitée par une politique de transports collectifs vraiment volontariste dans les villes. La question de la limitation de l'envoi de CO2 détruisant la couche d'ozone et perturbant les climats devrait faire l'objet d'un accord vraiment universel. Les solutions sont connues. C'est la volonté politique qui manque. Cette insuffisance de volonté politique est le fait de gouvernants qui sont les représentants des peuples. Ceux-ci doivent être conscientisés par une libre information, par le développement de la vie civique à la fois associative et politique. Des mouvements de pure défense d'intérêts locaux doivent être contestés comme le phénomène NIMBY (not in my backyard, pas dans mon arrière-cour) qui vise à la protection d'un environnement écologique et social particulier dans une perspective d'étroite défense d'intérêts et de préjugés.

On voit que le problème se situe dans les comportements nécessaires pour créer, réformer et adapter les organisations. C'est donc d'abord une affaire d'humanité, et non pas un problème d'affectation de moyens rares. Nous redécouvrons une vérité que partageaient les premiers économistes pour qui les questions de répartition sont plus importantes que celles de la production.

Hugues Puel

1 Marsall Sahlins, Age de pierre, âge d'abondance : l'écomomie des sociétés primitives, Paris, Gallimard, 1976.

2 Stephen Marglin, in Pierre Dockès, Ordre et désordre dans l'économie-monde, collection Quadrige, Paris, PUF, 2002, p. 419-447.

3 Une vache européenne reçoit 2,5 dollars d'aide par jour alors que 75 pour cent des africains vivent avec moins de 2 dollars par jour. Alternatives économiques, janvier 2003 p. 15.

 

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La mondialisation : espoirs et désillusions, par Guy Bottinelli

C'est en 1953, paraît-il, que le terme de mondialisation apparaît pour signifier l'extension progressive de l'internationalisation du commerce mondial, commencée dès la fin du Moyen Age avec la prise de conscience de la finitude du monde. Mais sa relative nouveauté vient de l'accélération du phénomène depuis vingt ans avec le développement rapide des marchés, des stratégies des technologies et de la globalisation financière 1.Avec la libre circulation des capitaux plus volatils que celle des produits ou des personnes, on se trouve devant une forme nouvelle de la puissance. Car plus qu'un fait, la globalisation financière est une idéologie, c'est-à-dire la croyance dans les avantages du libre marché à l'échelle mondiale. Elle s'est imposée avec force après la chute du mur de Berlin qui a marqué l'effondrement d'une autre idéologie, car les humains ne peuvent s'en passer.Mais la décennie 90 a vu la montée en puissance de la mondialisation pilotée par le capitalisme triomphant,et on assiste depuis le tournant du siècle à un réveil des consciences et à la multiplication des questionnements.

A quoi servirait de contester la mondialisation si, faute d'instances appropriées pour fixer des règles, on laissait jouer sans frein les rapports de force et dominer unilatéralement la puissance américaine ? Lionel Jospin

Le principal qui récapitule tous les autres étant : est-il possible de maîtriser la mondialisation ? Dans un article élogieux que Christian Sautter a consacré à Michel Camdessus au moment où ce dernier quittait la direction du FMI, il fait état des effets ambivalents de la mondialisaion. Elle s'inscrit dans le fameux processus de “ destruction créatrice ” (Schumpeter) qui explique, sinon justifie, l'évolution des sociétés. Aujourd'hui, ces effets de la mondialisation sont bien connus, l'avers comme le revers de la médaille. Toutes les informations sont disponibles sur l'impasse écologique, l'étendue de la délinquance financière (y compris dans les entreprises légales…) et l'accroissement des inégalités. Christian Sautter bien que ne s'accommodant pas de ces conséquences négatives confesse qu'elles sont inévitables. On connaît la réponse des libéraux pour qui, la mondialisation appuyée sur la croissance économique, permet une élévation générale des ressources profitable aux plus démunis comme aux nantis. C'est la métaphore familière du gâteau à faire grossir avant de le partager, que des économistes nouvelle vague se plaisent à inverser : c'est en partageant mieux le gâteau qu'il grossira ! (J.Généreux). La question n'est pas de savoir si tel résultat de la coopération est préférable à l'absence de coopération mais s'il engendre une équitable répartition des bénéfices. Aujourd'hui le débat se polarise sur le caractère inéluctable, inéquitable, des inégalités, dont on devine qu'elles conduiront, inévitablement cette fois, à des conflits de toute nature.

Nous sommes ici au coeur du balancement entre les espoirs et les désillusions. Comment ne pas adhérer à l'analyse en trois points qu'un critique humoriste suggère pour ce genre de phénomène :

C'est l'horreur !

Oui mais, ce n'est pas si terrible que ça...

N'empêche qu'il y a quand même des problèmes !

Nous ne sommes pas loin du verre à moitié plein ou à moitié vide. La littérature sur la mondialisation est suffisamment abondante pour illustrer avec des exemples concrets chacune de ces remarques. Dès lors chacun peut nourrir ses craintes ou ses espoirs en puisant, outre son expérience personnelle, dans ces ouvrages nombreux qui fourmillent d'exemples opposés. Il est toutefois intéressant de noter des appréciations communes :

- Dans la progression de la mondialisation,il y a des gagnants et des perdants. Il est donc vain d'imaginer un processus qui s'effectuerait sans léser personne. - Les inégalités se creusent tant au niveau des ressources matérielles (niveau de vie) qu'au plan du développement de l'ensemble des potentialités humaines, qu'on les exerce ou non (espoir de vie).

- On ne peut, à terme raisonnable, envisager qu'un accès au niveau de vie occidental du reste de la planète soit concevable. Ceci en supposant bien sûr que ce soit le “ meilleur ” à atteindre, dès lors que l'on renonce à la croyance que plus égale mieux.

Ces trois constats suffisent à établir le jugement des dénigreurs de la mondialisation auxquels on peut toujours opposer la réflexion alternative : les trois perspectives redoutées seraient-elles meilleures ou pires en cas de non- mondialisation ? On n'a jamais pu élucubrer sérieusement sur un non-événement ! Le poids pris par l'économie dans la mondialisation domine les débats et occulte ses autres aspects, et dans une certaine mesure, les détermine. Face au capitalisme de marché on ne voit pas émerger d'institutions suffisamment efficaces pour en maîtriser le développement. Une logique est à l'oeuvre selon laquelle tout peut être livré aux règles du marché. C'est pourquoi les militants de l'altermondialisation clament : Le monde n'est pas une marchandise !

Cette idéologie dominante est d'autant plus prégnante qu'elle est le substrat économique d'une puissance en situation hégémonique : les USA. Dans un ouvrage retentissant, Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie et ancien numéro 2 de la Banque mondiale, tire à l'arme lourde sur le FMI, qu'il accuse d'avoir fait capoter la mondialisation en se mettant au service de la haute finance internationale. Le titre français de son livre “ la grande désillusion ” traduit bien l'opinion de nombre de nos contemporains sur la mondialisation.En effet, tout y est dit, pour raviver la mémoire des dominations coloniales, pour souligner le faible impact des résultats qui sont parfois meilleurs lorsque les injonctions du FMI n'ont pas été respectées,pour remettre en cause le libre-échange et lorgner à nouveau vers le protectionnisme, pour dénoncer les inégalités. Et pourtant...

“ Là où le péril croît, croît aussi ce qui sauve ” (F. Hölderlin)

Aujourd'hui les clignotants s'allument dans toutes les sphères de pouvoir et de contestation, qui manifestent une prise de conscience du péril. Le capitalisme triomphant en rabat de sa verve depuis les scandales Enron, World Com, Tyco aux USA où le président Bush a pris des mesures en juillet 2002 pour accentuer les contrôles. A Davos, en janvier 2003, on en appelait à reconstruire la confiance. Les institutions internationales, cibles de la contestation, Le FMI, la Banque Mondiale, l'OMC sont sommées d'associer l'OMS, le BIT 2 et une agence internationale de l'environnement à créer, à la prise de décisions. A titre d'exemple, pourquoi l'OMS n'est-elle pas partie prenante dans les règlements concernant les médicaments génériques ?

Dans la guerre comme dans la paix, le dernier mot est à ceux qui ne se rendent jamais. Georges Clémenceau

Dans un ouvrage collectif trois anciens hauts fonctionnaires 3 au nom de leur foi catholique, proposent une vingtaine d'utopies à réalisation vérifiable, comme : en finir avec les paradis fiscaux, un statut pour les ONG,la taxation des ventes d'armes, une écotaxe européenne, etc... Les chartes, les manifestes, les décalogues qui en appellent à une société-monde (E. Morin) plus humaine, prolifèrent et émanent d'horizons les plus divers. A ceux qui ne voient se mondialiser que les finances, le commerce et les communications, on peut rappeler que la mondialisation est aussi un extraordinaire champ d'action pour la solidarité. Voir les 5 000 ONG (dont toutes ne sont pas pures !) qui de par le monde développent leurs actions transfrontières.

Aujourd'hui une société mondiale existe déjà, car il n'y a pas d'autre réalité sociale que l'humanité. En mal d'enfantement elle est en recherche de son unité dont la nébuleuse de la société civile mondiale est un signe précurseur. Elle préfigure une représentation de l'humanité au delà des Etats qui sont censés la représenter. Certes, au plan institutionnel, la gouvernance mondiale n'est pas pour demain, mais la laborieuse expérience de la construction européenne indique la direction.

Notre seul espoir repose sur le refus de la fatalité. Dans le domaine qui nous intéresse, ce sont les hommes qui inventent ce qu'ensuite ils nomment fatalité. Notre désillusion vient d'une insuffisante volonté politique pour la réduire, surtout quand cette absence de volonté s'associe au conservatisme frileux des individus. Un mot pour conclure : la mondialisation est mal partie, mais...

Guy Bottinelli

1 Globalisation et mondialisation sont souvent interchangeables dans les publications diverses.Pour la commodité considérons que globalisation recouvre un champ moins vaste (la finance) que mondialisation qui s'applique à un ensemble de phénomènes économiques, culturels, politiques, technologiques.

2 OMC : Organisation mondiale du commerce

OMS : Organisation mondiale de la Santé

BIT : Bureau international du travail

3 Jean Boissonnat, Michel Camdessus, Michel Albert, dans “ Notre foi dans ce siècle ” (Arléa).

 

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Nous sommes tous des anti-mondialistes, par Denis Ruff

La mondialisation est aujourd'hui un sujet omniprésent dans l'actualité et il n'est pas inopportun de se demander ce qu'elle peut nous apporter, de bien ou de mal, à nous et aux pays pauvres. Mais en premier lieu, il convient de tâcher de définir ce terme. Ce phénomène de mondialisation débute, rappelons-le, avec le commerce triangulaire. Les échanges intercontinentaux prennent alors une nouvelle amplitude jamais connue jusqu'alors, reposant sur la domination européenne. On peut voir à la mondialisation de multiples aspects. Le monde est composé d'une petite dizaine d'aires culturelles marquées par leurs langues, leurs religions dominantes, leurs traditions.

La première forme de mondialisation est d'ordre économique : elle se produit déjà et se renforce de jour en jour, plaçant les économies nationales sous l'égide de grandes firmes multinationales, toutes occidentales. Elles sont alors une nouvelle forme de colonisation. Qui peut alors avoir intérêt à ce que le phénomène se poursuive et s'intensifie ? Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, bien entendu !

La deuxième forme de cette mondialisation, liée à la précédente, est plus pernicieuse. Parmi les aires culturelles, l'une prend le dessus et s'impose partout, l'aire occidentale, bien sûr. Ce modèle tend à détruire les autres, ce qui ressemble surtout à une acculturation. Ce modèle concerne les modes vestimentaires, notamment les tenues sportives, le dollar et le hamburger, les sodas et le chewing-gum : la liste en serait longue ! Au-delà de ces signes extérieurs d'alignement et de dépendance, il s'agit du développement du matérialisme, du système de consommation et de pensée (les droits de l'homme), comme des modalités d'urbanisation, de communication et d'information.

Cela pose trois problèmes majeurs :

- Ce sont forcément les plus pauvres qui sont exclus des avantages de cette conjoncture, en particulier les pays d'Afrique et du Moyen Orient, et ils risquent de l'être de plus en plus.

- L'uniformisation des coutumes, des langues et des comportements rend l'altérité et le dialogue impossibles, faute d'identités marquées, car l'échange ne peut être le fait que de deux êtres ou de deux groupes distincts et différents. En outre, cette homogénéisation de la planète ne peut en être que l'appauvrissement, une fois les diversités éradiquées. S'agirait-il d'un vaste génocide de la race humaine ou d'une tentative semblable, sous le prétexte de sa maîtrise totale ? C'est ainsi que les événements actuels relatifs à l'Irak ne trompent pas l'opinion mondiale devenue impuissante face au processus engagé, auquel nous participons tous, malgré nous.

- Enfin, ce phénomène suscite des réactions qui, avec le temps et l'affirmation de cette uniformisation, sont de plus en plus violentes et fréquentes : les attentats du 11 septembre, les prises d'otages au théâtre de Moscou, etc... Face à un dominateur de plus en plus écrasant, l'Occident, les réactions ne peuvent que s'exacerber, le désespoir devenir le moteur d'actions suicidaires, surtout lorsque la misère s'ajoute au sentiment d'oppression. N'a t-on pas vécu aussi jadis des formes de fanatisme parfois délirant, lorsque des religions furent persécutées ?

Certains diront que le monde se diversifie. Par exemple, le nombre des états a fortement augmenté dans le monde depuis les années 1990. En réalité, il s'agissait alors de la victoire d'un camp dans la bataille du monde bipolaire qui opposait l'Occident au monde communiste. Il en naquit un monde multipolaire, mais l'on peut se demander si l'on ne glisse pas maintenant vers un monde unipolaire qui ne soit pas malheureusement celui des Nations-unies. La volonté hégémonique actuelle des Etats-Unis ne le laisse-t-elle pas supposer ? Certains pays, pauvres et exclus du système mondial, préfèrent cependant jouer l'indifférence ou subissent en silence. Peut-être fatalistes et persuadés que l'orage finira bien par passer ? Peut-être se comportent-ils ainsi par seule impuissance ?

Et nous, avons-nous les moyens de faire autrement ? Que faisons-nous en Occident face aux licenciements résultant de délocalisations ou des stratégies des grandes firmes ? Que faisons-nous face aux catastrophes multiples qui polluent de façon irrémédiable notre planète ? Ne nous sentons-nous pas impuissants en regardant les images du drame du Prestige ? N'est-ce pas un vaste dégoût que nous inspirent ces désastres écologiques et l'impunité de leurs vrais responsables ? Que faisons-nous face aux ravages d'une pauvreté grandissante sous nos yeux et qui favorise l'enrichissement des plus nantis ? Que cela ait toujours existé est certain, mais la tournure n'en devient-elle pas excessive ? Souvent nous baissons les yeux lorsqu'un responsable justifie tout cela par la mondialisation, reconnaissant lui-même son impuissance. On peut se demander ce qu'est encore le citoyen d'une démocratie sans pouvoir réel.

Alors que peut-on attendre de cette mondialisation ? Moins de conflits ? Ce n'est pas le cas. Plus d'écologie et une meilleure diffusion de la démocratie et du respect de l'être vivant et non leur parodie ? On pourrait aller dans cette direction, mais il faut reconnaître que nous sommes loin du compte et que nos dirigeants les évoquent sans hâte ni enthousiasme !

Peut-on envisager une mondialisation dont les aspects économiques ne nuiraient pas aux identités et qui éviterait les exclusions ?Aux Etats-Unis, pays de la morale puritaine et le plus riche du monde, plus de 15 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté. Ceux-ci appartiennent presque tous à des minorités ethniques. C'est peu encourageant.

Conclure en présageant de l'avenir est bien délicat. Probablement la seule issue serait-elle la foi, foi en l'homme et en sa citoyenneté, foi en Dieu, quelle que soit la place et la forme qu'on lui attribue, foi surtout en la conscience humaine, notamment en celle de ceux que nous élisons et qui nous doivent des comptes. Dans un texte exceptionnel, car elle se livrait rarement ainsi, Marguerite Yourcenar indiquait comme en rêve ses espérances les plus hautes, ses souhaits :

Je souhaiterais vivre dans un monde

Sans bruits artificiels et inutiles…

Un monde sans effusion de sang humain ou animal…

Un monde où les plus pauvres auraient accès à la vraie laine, à la vraie soie…

Un monde où jeter un vêtement usé, un plat ébréché, serait un geste rituel

Accompli seulement avec hésitation et regret,

Un monde où tout objet vivant, arbre, animal, serait sacré et jamais détruit,

Sauf avec regret et du fait d'une absolue nécessité...

Un monde où l'idée même de concurrence serait stigmatisée comme basse.

Elle exprime plus loin ses plus forts dégoûts, ses haines :

La réclame, c'est-à-dire l'imposture,

La rivalité économique poussée à son paroxysme,

La fabrication d'objets inutiles,

L'asservissement et l'abrutissement des masses occupées à fabriquer ces objets...

La brutale laideur du costume des compétitions sportives…

Les objets en série... par millions, les boites de fer-blanc qui roulent sur la route, avec dedans la radio qui beugle des nouvelles fausses et des informations dirigées...

Cet inventaire partiel peut paraître bien rétrograde ! On entend souvent dire : “ Il faut vivre avec son temps ” ! Comme si le temps le plus récent était forcément le meilleur !

Le progrès ne peut être dans l'injustice et la destruction, ce qui n'est que régression. Ce n'est pas du conservatisme de vouloir préserver sur terre la vie humaine, animale et végétale, la justice et la dignité des êtres, et simplement le droit de tous à respirer ensemble et paisiblement. Peut-être la solution est-elle en une troisième forme de mondialisation onirique ou à l'état d'ébauche, mais que le temps et la persévérance peuvent affirmer ?

Face à la domination de la mondialisation dans ces formes actuelles, économique pour l'essentiel, peu sensibles aux hommes et aux autres êtres vivants, il reste la prise de conscience, l'espoir et l'action déterminée des citoyens. Peut-être avons-nous une responsabilité historique d'une importance sans précédent dans ce domaine ? Pour l'heure, la mondialisation qui s'installe est peu celle dont nous rêvons. En ce sens, nous sommes des anti-mondialistes !

Denis Ruff

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L'homme, le dernier des dinosaures ?, par Luc Serrano

Rio, c'était il y a dix ans déjà ! Johannesburg, seulement il y a quelques semaines, à la fin de ce chaotique été 2002, mais entre ces deux “ sommets de la Terre ” il n'y aura eu aucun véritable changement dans l'attitude de la majorité des états du monde en ce qui concerne la sauvegarde de la Création et la lutte contre le réchauffement de la Planète.

Au contraire ! Puisque les Etats-Unis, la nation la plus pollueuse de la terre (1/3 des rejets de pollution), la plus orgueilleuse d'entre les orgueilleuses, la plus belliqueuse aussi (elle consacre autant d'argent à ses armées que l'ensemble des 20 autres plus grandes puissances militaires réunies), non seulement n'a fait aucun effort pour ratifier le protocole de Kyoto pour la réduction des émissions de gaz à effets de serre, mais fait même pire qu'avant 1992. De plus, son président, George Rambo Bush n'a même pas daigné venir au sommet de Johannesburg, mais il prépare la guerre en Irak. Et si l'on prépare la guerre, on ne peut pas travailler à la paix, à la justice, et encore moins à la sauvegarde de la création ! Les dégâts collatéraux annoncés, puits de pétrole et usines chimiques en flammes, n'aideront guère à combattre les graves problèmes d'environnement de la planète.

Et pourtant il y a péril en la demeure ! La démographie galopante et l'essor industriel incontrôlé de certains pays émergeants, ajoutés au gaspillage et à l'égoïsme des pays les plus riches, n'aident pas les hommes de bonne volonté à faire en sorte que, demain, il y ait encore “ une Planète bleue ” à transmettre en héritage aux générations suivantes. En écrivant cela, les phrases d'une vieille femme wintu (une indienne d'Amérique du Nord) me reviennent en mémoire. Au début du siècle dernier, elle décrivait déjà les dégâts que “ l'homme blanc ”, faisait, et fait toujours d'ailleurs, à la création :

“ L'homme blanc ne s'est jamais soucié de la terre, du daim ou de l'ours. Lorsqu'un Indien tue un animal il le mange, sans laisser de restes. Lorsqu'il creuse le sol à la recherche de racines, il ne fait qu'un petit trou... Lorsqu'il brûle l'herbe pour trouver des sauterelles, il n'endommage rien. Il secoue l'arbre pour prendre les glands ou des noix, mais ne l'abat pas... L'homme blanc, lui, retourne le sol, déracine les arbres, tue toute chose...”

Alors, pourquoi tergiverser quant aux causes des catastrophes naturelles qui s'abattent, de plus en plus souvent et de plus en plus violemment sur le monde. Autrefois, on parlait de crues centenaires, de tempête du siècle. Mais lorsque ces calamités reviennent tous les deux à trois ans, que dire, que penser ? Et s'il n'y avait que cela ? Quelques fous, de Dieu ou d'autres causes, jugent nécessaire d'y ajouter leurs lots d'actes de terrorisme, de guerres injustes. Au nom de Dieu, de la liberté ou des droits de l'homme, on viole, on pille, on détruit, on tue, des hommes, des femmes et des enfants, mais aussi des animaux, la terre, les océans et jusqu'au ciel étoilé. Et l'on s'étonne que le ciel nous tombe sur la tête, ou que d'épais nuages de pollution ou de fumées d'incendies de forêts commencent à tuer, ici en Asie du Sud, là à Mexico, Moscou, Athènes, et bientôt, Paris, Lyon, Marseille, Grenoble.

L'humanité, mais aussi le monde animal et végétal souffrent de nos excès, industriels, agricoles, mais aussi domestiques. Alors le droit des hommes, devient le droit de polluer, d'exploiter sans limitation les richesses de la terre, des mers et de l'air. Et la terre meurt, se désertifie à petit feu. Les mers et les rivières sont souillées et l'eau potable va manquer. Quant à l'air, il est de moins en moins pur.

“ ... Le premier ange sonna de la trompette. Et la grêle et du feu mêlés de sang furent jetés sur la terre ; le tiers de la terre fut brûlé, le tiers des arbres fut brûlé, et toute herbe verte fut brûlée... ” Apocalypse 8,7. Si je cite ce passage du livre de la Révélation ce n'est pas pour crier à l'imminence de l'Apocalypse, au vu de ce qui arrive. Si je le faisais, je réagirais comme ces illuminés qui guettent la fin du monde ou la colère de Dieu derrière chaque événement dramatique. Il n'y a qu'à lire les gros titres des journaux pour s'en persuader, l'homme, même éloigné de Dieu, cherche encore dans le Ciel une réponse aux calamités qui bouleversent son existence.

Ce qui est insupportable, c'est moins le malheur, la souffrance ou la misère, que la puissance elle-même et son arrogance. Ce qui est insuppor table et inacceptable, c'est l'émergence de la toute nouvelle puissance mondiale. Jean Baudrillard

Devant des tempêtes toujours plus violentes, face aux tremblements de terre, devant les incendies qui brûlent des centaines de milliers d'hectares ou les rayons du soleil faisant fondre les glaces des pôles et mourir de plus en plus d'hommes à cause de la sécheresse ou des cancers de la peau, face aux inondations qui noient des régions entières... l'homme scrute les cieux, et se demande : Et Dieu dans tout cela ?

“ ... Et voici le Seigneur passa. Et devant le Seigneur, il y eu un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers : le Seigneur n'était pas dans le vent. Et après le vent, ce fut un tremblement de terre : le Seigneur n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu : le Seigneur n'était pas dans le feu... ” 1 Rois 19,11b-12a.

Si Dieu n'est pas à l'origine de ces catastrophes, qui en est responsable ?

Le soleil, la lune et les étoiles du firmament ?

La terre et son magma remuant ?

Le climat toujours changeant ?

Et l'homme dans tout cela ?

Oui, et nous les hommes, nous qui avons succédé aux terribles dinosaures en ce qui concerne la domination de la planète, nous les derniers et sans doute plus grands prédateurs de l'histoire du monde, quelle est notre part dans tous ces malheurs ? En effet, au regard des catastrophes naturelles qui s'abattent, toujours plus violentes, sur toute la surface du globe terrestre, on peut légitimement se poser la question de la responsabilité de l'humanité dans les dérèglements climatiques, l'extinction de nombreuses espèces animales et végétales et la désertification. Certes, en Genèse 2, 26, on lit que c'était le projet même de Dieu que l'homme domine sa Création.

Mais le texte biblique n'entendait pas ce dominer au sens de tout transformer, remodeler... à notre image, et en fin de compte détruire irrémédiablement. La Bible dit dominer dans le sens de régner, c'est-à-dire de gérer et non de transformer : l'homme étant alors le jardinier d'une terre qui ne lui appartient pas, et non un créateur-paysagiste libre de faire ce que bon lui semble suivant les limites de sa science. Jardinier dans ce jardin de Dieu qui est aussi la terre de tous les hommes, et pas seulement des plus forts, des plus riches, des plus industrieux. Mais l'homme a voulu imposer sa loi là où régnait l'har-monie de la Loi de Dieu.

L'homme a rasé des montagnes, changé le cours des fleuves et des rivières, étouffé la terre sous le bitume et le béton, exploité jusqu'à l'épuisement, sols, rivières et océans, le tout pour son confort, pour son bien être, mais aussi parce que sa science le permet. Et certains rêvent même de terraformer Mars en y faisant sauter des bombes atomiques pour faire fondre une hypothétique calotte glacière et créer des conditions de vie satisfaisantes pour le jour où l'homme viendra exploiter les richesses de la Planète rouge, celles de la terre étant épuisées.

Ainsi, ce n'est pas le loup, le lynx ou l'ours qui est nuisible à l'équilibre de la vie sur terre, mais l'homme, première des créatures de Dieu, car faite à son image, mais aujourd'hui plus grand ennemi de la création, comme de lui-même.

Alors, inutile d'implorer ou de maudire le Ciel quand celui-ci nous tombe sur la tête sous forme de tempêtes dévastatrices, de sécheresses ou d'inondations d'une ampleur sans précédent. Si les glaces des pôles fondent plus vite que prévu, si demain des terres entières seront submergées par les eaux, faisant de bien des îles de nouvelles Atlantides, si le soleil de ses rayons ultraviolets brûlera encore plus nos peaux fragiles et nos récoltes transgéniques, ne cherchons pas ailleurs que dans notre mode de vie, notre science parfois sans conscience, l'origine de tant de maux. Alors me direz-vous, et Dieu dans tout cela ? Et bien il pleure !

Il pleure sur sa Création, ou plutôt sur ce qu'on en fait. Il pleure sur la misère de ces peuples oubliés, pillés, laissés à l'agonie au nom du dieu profit. Il pleure chaque homme, chaque femme et surtout chaque enfant victime de nos folies destructrices qui ont pour nom : attentats terroristes, guerres, violences urbaines ou économiques, maltraitance d'enfants... mais aussi incendies de forêts, terres gavées de pesticides, pollutions industrielles, agricoles et domestiques.

Il pleure cette création bonne, du moustique à l'éléphant, du lion au boeuf et du loup à l'agneau, que l'homme, son jardinier, n'a pas su préserver. Il pleure avec nous, avec toutes les victimes de la folie des hommes, avec tous ceux qui souffrent et qui sont aux prises avec le Mal. Car Dieu n'est pas dans le vent violent, dans les tremblements de terres ou le feu des armes ou du ciel, mais dans un doux murmure : la goutte de rosée qui chaque matin vient réveiller la nature endormie. Il est là tout près, très bas, au ras de nos existences, chaque jour crucifié mais chaque jour relevé de la mort. Alors, il ne tient qu'à nous de ne pas laisser mourir notre terre, de ne pas nous laisser glisser vers le précipice, mais au contraire de nous relever pour, à la lueur de Pâques, partir renouvelés vers un monde à réveiller, à relever et faire passer de la mort à la vie, ici et maintenant.

Pourquoi l'homme fut-il créé le dernier jour ?

Pour que, si l'orgueil le prend, on puisse lui dire :

Dans la Création, le moustique t'a précédé !

Midrach Rabba sur Genèse 1

Luc Serrano

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