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articles du N° 166 - Mai 2003

( sommaire )

Éditorial : Ce journal : pour quoi faire ?

Des publications naissent. D'autres meurent. Internet avec ses moyens mondialement disponibles, présente des facilités pour s'informer et consulter.

Pourquoi maintenir ce journal ?

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La forme “ libérale ” de la tradition de l'Évangile a été affirmée de façon éclatante aux XIXe et XXe siècles : vivre la foi chrétienne dans le contexte et l'expression de l'époque, s'affranchir constamment des scléroses des répétions faciles, refuser de suivre aveuglément les consensus du temps, croire Jésus vivant en nous et au milieu de nous pour inspirer de nouvelles aventures.

Les manques d'adaptation jalonnent l'histoire. Dans Constantinople, capitale du christianisme, assiégée par les Turcs musulmans (1453), les théologiens discutaient du sexe des anges. A-t-on beaucoup évolué ?

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On nous demande souvent : existe-t-il, à l'heure actuelle des Églises franchement libérales dans telle ou telle région de France ? Une grande ouverture d'esprit s'est faite au sein des églises chrétiennes depuis 2 ou 3 générations (interprétation de la Bible, activités sociales, prédication, publications, synodes, conciles)

Pour l'Église réformée de France, par exemple, le mouvement depuis sa fondation en 1938 (communautés de professants et multitudinistes, orthodoxes en théologie et libéraux, socialement citadines ou rurales ou universitaires) a été dans le sens d'un nivellement et de la standardisation des Églises. On tend vers la possibilité de nommer tout pasteur dans toute église ou fonction. Dans l'Église catholique, après Vatican 2, une génération de jeunes prêtres et certains séminaires sont marqués par un renouveau intégriste.

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Pour nous la liberté est un but et une méthode.

Mais dépassant les cercles des institutions ecclésiastiques et religieuses, en France et en Europe, un nombre important de laïcs et de responsables, de théologiens et d'agnostiques veulent maintenir sans cesse un refus d'accepter les consensus successifs des modes des époques, et une recherche délibérée de liberté de pensée. Ils réclament une indépendance à l'égard des “ ecclésiastiquement corrects ”.

Les moutons de Panurge ont mal fini. L'unanimisme détruit la réflexion personnelle.

Les privations de la liberté de parole et d'expression ne nous paraissent pas une attitude “ libérale ”. Les échanges d'opinions sont un enrichissement pour tous. Les propagandes politiques et économiques à sens unique - déguisées ou non - abusent de la crédulité et violent les consciences.

Les recherches doivent être équilibrées.

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La présentation sous forme d'imprimé d'“ Évangile et Liberté ” paraît plus attrayante que la seule inscription sur l'écran d'Internet.

Telle m'apparaît notre raison d'exister.

Christian Mazel

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Textes divers

Réflexions sur le risque

Rire, c'est risquer de paraître idiot.

Pleurer, c'est risquer de paraître sentimental.

Aller vers quelqu'un, c'est risquer de s'engager.

Exposer ses sentiments, c'est risquer d'exposer son moi profond.

Présenter ses idées, ses rêves à la foule, c'est risquer de les perdre.

Aimer, c'est risquer de mourir.

Vivre, c'est risquer de mourir.

Espérer, c'est risquer de désespérer.

Essayer, c'est risquer d'échouer.

Mais il faut prendre des risques, car le plus grand danger dans la vie,

c'est de ne rien risquer du tout.

Celui qui ne risque rien ne fait rien, n'est rien.

Il peut éviter la souffrance et la tristesse, mais il n'apprend rien,

ne ressent rien, ne peut ni changer ni se développer, ne peut ni

aimer ni vivre.

Enchaîné par sa certitude, il devient esclave, il abandonne sa liberté.

Seuls ceux qui risquent sont libres.

Margaret Mead,
“ Echanges ” - Aube

Rencontrer l'ennemi

Ne pense pas trop vite que ton ennemi est un ennemi de Dieu,

juste parce qu'il est ton ennemi.

Peut-être est-il ton ennemi précisément

parce qu'il ne trouve en toi rien qui donne gloire à Dieu.

Peut-être te craint-il,

parce qu'il ne trouve en toi rien de l'amour de Dieu

et de la bonté de Dieu

et de la patience de Dieu

et de la compassion et de la compréhension envers les faiblesses humaines.

Ne condamne pas trop vite celui qui ne croit plus en Dieu,

car c'est peut-être ta propre dureté et ton avarice,

ta médiocrité et ton matérialisme,

ta sensualité et ton égoïsme qui ont tué sa foi.

Thomas Merton
New Seeds of Contemplation,
WW Norton & Company, revised edition, 1974. Trad. MS

La liberté

La liberté n'est pas un résultat.

Elle est une tension,

un vouloir, un devenir,

une création permanente.

On n'est jamais libre :

on se libère.

La liberté fait de nous

des hommes de combat :

des échecs, des victoires,

de grands élans généreux,

d'immenses lassitudes ;

tantôt des cris de joie

et tantôt des sanglots.

Jacques Leclercq

Prends le temps

Prends le temps de penser, c'est la source de toute force.

Prends le temps de jouer, c'est la source de l'éternelle jeunesse.

Prends le temps de prier, c'est la plus grande qualité du cœur.

Prends le temps d'aimer et d'être aimé, c'est un don rare.

Prends le temps de l'amitié, c'est la route du bonheur.

Prends le temps de rire, c'est la musique de l'âme.

Prends le temps de lire, c'est l'école du savoir.

Prends le temps de donner, c'est trop court un jour pour être égoïste. Prends le temps de travailler, c'est le prix du succès.

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Histoire et mémoire,

Le lien avec le passé

En 1933, exilé d'Allemagne par les nazis, Paul Tillich s'installe aux États-Unis. Il enseigne la théologie à New York. Très vite il remarque que les étudiants américains n'ont pas la même relation avec le passé que les européens. Pour ces derniers, le passé avait une dimension existentielle, il faisait partie de leur être ou de leur existence ; il les imprégnait, les pénétrait, les remuait. Pour les américains, au contraire, le passé représentait un objet extérieur qu'ils étudiaient avec intérêt, mais qui n'était pas élément constitutif de leur vie et de leur identité. Ils le connaissaient aussi bien - ou aussi mal - que les Européens, mais avaient avec lui un rapport objectif, et non un lien personnel. Ne pensons pas qu'il y ait là une supériorité ou un privilège des Européens. Bien au contraire, la mémoire personnelle ou collective déguise, déforme. Berdiaeff disait qu'elle “ transfigure ” ; en fait elle défigure en bien et en mal. Elle nous donne une image du passé certes vivante, mais en grande partie illusoire.

L' histoire contre la mémoire

Contrairement à ce qu'on dit souvent, le savoir de l'historien n'entretient pas la mémoire. Au contraire, il la déconstruit, il la renverse et nous “ dépossède ” de notre passé, comme l'écrit le sociologue Fernand Dumont, pour nous le restituer changé, devenu autre et en partie étranger.

Je suis issu d'une famille de souche huguenote et résolument républicaine. J'ai été élevé dans l'admiration des camisards et de la Révolution française. J'ai vécu des événements importants et intenses, enfant durant la deuxième guerre mondiale, et jeune homme durant la guerre d'Algérie. Le travail des historiens m'a délivré des légendes qu'on m'avait transmises et de celles qu'en toute sincérité, je m'étais forgées à partir de mes impressions et de mes perceptions de naguère. II m'a fait découvrir qu'on ne peut pas se fier aux souvenirs personnels, familiaux ou communautaires. Un ami prêtre vendéen m'a dit avoir fait la même expérience avec sa tradition chouanne et royaliste.

L'histoire démontre impitoyablement les faiblesses, les déformations, les erreurs et les insuffisances de la mémoire et de la tradition.

Savoir plutôt que se souvenir

On parle quelquefois de la réconciliation des mémoires entre catholiques et protestants, entre français et algériens, entre occidentaux et africains. Même si je suis sensible à la générosité du propos, il ne me convainc pas. Pour ma part, je souhaite que la mémoire cède la place au savoir, et le savoir n'a pas besoin de réconciliation. Je me méfie de la mémoire et de la tradition, car si on ne les critique pas, elles étouffent, emprisonnent et abêtissent.

Les théologiens devraient en avoir conscience en pensant à tout ce que leur ont apporté les historiens. En déconstruisant les traditions, ecclésiastiques et bibliques, ils ont favorisé la vérité, ils ont aidé à l'émergence d'une foi authentique et actuelle.

N'ayons pas peur de dire que la Bible raconte une histoire fabriquée, artificielle, mais qui a permis à la foi de s'exprimer. N'hésitons pas à dire que les dogmes formulent le message évangélique dans le langage daté et révisable d'une culture qui n'est plus la nôtre et qu'on leur donne une valeur indue quand on veut, au nom de la tradition, les maintenir tels quels.

Il ne s'agit pas d'ignorer ou de mépriser ce qui nous vient du passé, mais de ne pas l'abandonner à la mémoire confuse et trompeuse de la tradition, et pour cela de le soumettre à l'examen du savoir historique et à la critique de la réflexion.

Le devoir d'oublier

Le présent a besoin du passé, sans quoi il n'est qu'un instant vide, sans contenu. Les oeuvres et les monuments que nous lèguent nos prédécesseurs nous aident à vivre, à penser et à sentir. La connaissance historique apparaît indispensable à l'humanité.

L'humanité a également tout autant besoin d'oublier et d'effacer. Il y a un devoir d'amnésie. Nous ne pouvons pas conserver les vieilles haines, nourrir des rancoeurs ancestrales, maintenir des préjugés séculaires, entretenir blessures et animosités. “ La vie, écrit Tillich, utilise son passé, et le combat en même temps ”. Heureusement, français et allemands ont su dépasser leurs querelles et s'entendre. Ils ne l'ont pas fait en camouflant le passé ou en “ réconciliant ” artificiellement leurs mémoires par quelques manipulations étranges, mais en transférant le lien avec le passé de la mémoire à l'histoire.

Les chrétiens cultivent trop la mémoire et pas assez l'histoire. Quand on lit les documents du Conseil oecuménique ou de Vatican, on a l'impression de se promener dans une boutique d'antiquaires, pas dans une maison habitée et vivante. Les Églises se débattent avec un passé qui à la fois nourrit et étouffe leur vie présente. Elles deviennent indigentes quand elles rompent avec ce passé, comme le préconisaient certaines idéologies révolutionnaires ou “ soixante-huitardes ”. Elles se paralysent quand elles donnent trop de poids à la tradition, et s'efforcent de la maintenir. Elles ne doivent ressembler ni à un voyageur sans bagage, ni à Enée traînant sur son dos son père Anchise pendant que Troie brûle. Il leur faut pratiquer, par le moyen de l'histoire, une relation avec le passé qui leur permette de mesurer et d'évaluer précisément leur héritage pour à la fois, le cultiver, le contester et le transformer.

André Gounelle

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Des ratés riches de promesses
Évangile selon Marc du chapitre 8 verset 27 au chapitre 9 verset 41

Ce qui est au coeur de ce long passage c'est, une fois encore, la question de l'identité de Jésus. “ Qui suis-je au dire des hommes ? ” (8/27) interroge-t-il. Et aussitôt les réponses fusent de toutes parts : “ Jean-Baptiste, Elie, un des prophètes ” (8/28). Les disciples semblent à l'aise pour donner des réponses préparées par d'autres, pour se faire l'écho des attentes et des modes religieuses du moment ou pour répéter les éléments de leur catéchisme et de leur tradition. Jésus pourtant ne paraît pas satisfait. Alors il interroge à nouveau : “ Et vous qui dites-vous que je suis ? ” (8/29), réclamant de chacun une démarche libre et responsable, un engagement qui lui soit propre, dans ses mots, dans ses gestes et dans sa vie à lui. Alors “ prenant la parole, Pierre lui répond : "Tu es le Christ" ” (8/29). Nous pensons que Pierre donne une belle et juste réponse. Pourtant Jésus demande à ses disciples de garder le silence, comme s'il pressentait qu'un malentendu est en train de s'installer. Et en effet, dans la suite du texte, ils vont, par quatre fois au moins, tenir des propos qui manifestent leur incompréhension.

La foi n'est pas une évasion

C'est d'abord Pierre qui, avec deux autres disciples, a accompagné Jésus sur la montagne. Là, il a eu, la vision d'un monde transformé. Les mots de ce passage évoquent ceux de la Résurrection. Son espérance se réalise, il voit se dessiner une autre vie possible. Et sa réaction immédiate, c'est d'y demeurer : “ Il est bon que nous soyons ici ” dit-il à Jésus, “ dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moise, une pour Elie ” (9/5). Tentation fréquente qui consiste à vivre la relation avec Dieu à l'écart, loin des bruits et des rumeurs du monde. A faire de la foi un refuge, une évasion, un “ ailleurs ” qui ne prendrait pas à bras le corps l'histoire douloureuse et l'humanité souffrante. Or la suite va montrer que c'est au coeur du monde, tel qu'il est, et non sur quelque sommet religieux, que la foi appelle à incarner l'espérance. Ce n'est pas un hasard si l'on trouve, juste après le récit de la Transfiguration, celui de l'enfant possédé. Après la vision, sur la montagne, d'une humanité transformée, voici le monde de la plaine avec son cortège de malheur et d'impuissance. Après la grande promesse de renouvellement du monde, surgit le scandale du mal : la souffrance d'un enfant possédé et la détresse d'un père désespéré. Après la vision d'un monde transfiguré voici celle d'une vie défigurée.

La grâce seule

Au moment même où, sur la montagne, trois des disciples voyaient se dessiner un monde nouveau, ceux qui sont restés dans la plaine se montrent incapables d'en poser les signes en guérissant l'enfant. Deuxième “ raté ” des disciples que, même après coup, ils ne s'expliquent pas. Au point que le soir, quand Jésus fut “ rentré à la maison ”, ils l'interrogent : “ Et nous, pourquoi n'avons-nous pas pu chasser cet esprit ? ” (9/28). Et leur question est légitime. En effet, plus tôt dans l'Evangile (6/7), Jésus les avait bien institués pour chasser les démons, envoyés en mission à cet effet et leur avait donné autorité pour accomplir cette tâche. Alors, ils se croyaient sans doute désormais propriétaires d'un pouvoir leur permettant d'agir en l'absence de Jésus. Ils ont cru que la guérison, la libération et le salut étaient entre leurs mains, au bout de leurs méritoires efforts humains, alors qu'ils sont dans la seule grâce de Dieu dont ils ne sont que les témoins.

“ Ce genre de démon répond Jésus, rien ne peut le faire sortir que la prière ” (9/29). Ainsi les disciples découvrent qu'en dehors de la communion avec Dieu, ils ne peuvent rien faire ni dire de décisif.

Un messie crucifié

Mais ce nouveau “ raté ” des disciples apparemment ne les trouble pas. Ils ne comprennent pas, ils ne guérissent pas, mais ils parlent ! “ De quoi discutiez-vous en chemin ? ” (9/33) demande Jésus. Dans un premier temps, les disciples “ se taisaient ” (9/34). Sans doute ne sont-ils pas très fiers ! En effet, après que Jésus leur ait dit que le “ Fils de l'Homme allait être livré aux mains des hommes ” (9/31), ils se sont querellés en chemin “ pour savoir qui était le plus grand ” (9/34). Ainsi Jésus leur parle de sa croix, il leur parle des souffrances qui attendent ceux qui le suivent. Et eux rêvent de grandeur, de notabilité, se disputant déjà une supériorité sur les autres. Terrible tentation qui consiste à transformer la mission que Dieu donne en instrument de pouvoir et de domination sur les autres. Les Eglises y ont succombé au cours de leur histoire. Et elles rêvent encore parfois aujourd'hui d'influence voire d'hégémonie. Sans oublier la montée inquiétante des intégrismes et des fanatismes. Or Jésus brise ici toutes nos images de Dieu. En Christ, il se révèle non dans la force et la domination mais dans l'abaissement d'un Messie crucifié.

La Bonne nouvelle est pour tout le monde

Et pourtant cela n'empêchera pas les disciples de s'opposer à “ un homme qui guérit en son nom ” (9/38), c'est-à-dire qui réussit là où ils ont échoué, simplement parce qu'il ne fait pas partie de leur groupe. Quatrième “ raté ” des disciples qui prétendent confisquer le Christ et faire main basse sur la Bonne Nouvelle. C'est déjà l'Eglise officielle incapable de reconnaître le Christ à l'oeuvre en dehors d'elle. Eglise préoccupée de ses frontières et de ses prérogatives. Eglise qui s'approprie la Parole et qui refuse de la recevoir de l'autre différent. Alors, au sujet de cet homme qu'ils veulent écarter, Jésus dit à ses disciples “ Ne l'empêchez pas, car il n'y a personne qui fasse un miracle en mon nom et puisse, aussitôt après, mal parler de moi ”. (9/39) Et par ces mots, il leur rappelle que la puissance de l'Evangile échappe à toutes les organisations ecclésiales. Aucune Eglise n'est propriétaire du Christ, aucune n'a le monopole de la vérité, même lorsqu'elle le prétend, surtout lorsqu'elle le prétend. Aux marges des Eglises visibles et en dehors d'elles, des hommes et des femmes sont en communion secrète avec le Christ, vivent de sa Parole, s'engagent en son nom. Ne les appelons pas trop vite l'Eglise, essayons plutôt d'être du même chemin.

Michel Bertrand

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Sauvés par la seule grâce de Dieu : questions au “ sola gratia ”

La doctrine du salut par la seule grâce (sola gratia) de Dieu domine la pensée protestante des origines de la Réforme à nos jours. C'est chez Paul que Luther en a trouvé l'expression et les fondements et, plus particulièrement, dans l'Epître aux Romains. Ce livre biblique est devenu pour les protestants un cinquième évangile, pour ne pas dire le premier. Luther écrit : “ Ceux qui montrent le plus et le mieux comment la foi en Christ seule justifie, sont les meilleurs évangélistes. C'est pourquoi les épîtres de saint Paul sont bien plus un Evangile que Matthieu, Marc et Luc. Car ces derniers ne décrivent pas beaucoup plus que l'histoire des oeuvres et des signes miraculeux du Christ. Mais la grâce que nous avons par Christ, personne ne la décrit aussi bien que saint Paul, spécialement dans l'Épître aux Romains1. ”

L'affirmation de la grâce
n'est pas un discours aisé et consensuel
mais une parole dérangeante
et difficile à admettre.

Lectures catholiques, lectures protestantes

On trouvera dans des ouvrages catholiques romains des pages affirmant de manière très forte la réalité du sola gratia. Mais chez les catholiques, le sola gratia constitue un chapitre parmi les autres et ne les modifie pas ; chez les protestants, ce chapitre est le premier, une introduction dont tout le reste dépend et le marque en profondeur. Ainsi, de même que le salut est un don de Dieu et non pas une oeuvre humaine, de même l'Eglise n'est pas d'abord une institution humaine, mais un événement de la seule Parole de Dieu et de sa grâce. Le culte n'est pas d'abord le rassemblement d'une communauté qui adore Dieu et lui rend gloire, mais un appel premier que la Parole de Dieu nous adresse. La cène n'est pas un sacrifice que nous pourrions offrir à Dieu, mais un don qu'il nous offre en Jésus-Christ. De même pour le baptême signe d'un don premier de Dieu. D'où le fait qu'a l'heure actuelle les liturgies de baptême invitent à procéder au baptême proprement dit avant que soient pris d'éventuels engagements ou prononcées des promesses, de telle manière qu'ils ne paraissent pas conditionner la grâce et lui être un préalable. La fameuse déclaration commune de la Fédération luthérienne mondiale et de l'Eglise catholique romaine à propos de la doctrine de la justification est explicite à ce sujet ; elle insiste en effet nettement sur le fait que nous ne tirons pas les mêmes conséquences du sola gratia, ni ne l'interprétons donc de la même manière2.

Gare aux christianismes doucereux !

Cela dit, il me paraît nécessaire aujourd'hui d'interroger les protestants au sujet de ce sola gratia. Les mots “ grâce ” et “ amour ” deviennent souvent des termes frelatés et faciles conduisant à une pensée doucereuse insistant sur la “ tendresse ” de Dieu. On parle à leur sujet de manière trop exclusive, du sourire de Dieu, non seulement en oubliant de s'expliquer sur les passages bibliques évoquant le jugement divin, mais en faisant comme si ces mots pouvaient être prononcés sans référence au péché. Je me rappelle aussi une leçon de catéchisme où j'exposais l'idée qui m'est chère d'un salut universel et à laquelle tous les jeunes ont aussitôt adhéré. Mais quand je leur posai la question suivante : “ Alors, dans la vie éternelle, Albert Schweitzer et Adolf Hitler auront exactement le même sort ? ” , tous se récrièrent. Il faut assumer, soutenir et ne pas esquiver le caractère proprement scandaleux de la grâce. C'est ce que fait Jésus en racontant la parabole des ouvriers de la dernière heure, en montrant, dans la parabole de l'enfant prodigue, l'indignation du fils aîné qui se sent bel et bien victime d'une injustice. L'affirmation de la grâce n'est pas un discours aisé et consensuel, mais une parole dérangeante et difficile à admettre. “ Vois-tu d'un mauvais oeil que je sois bon ? ” (Mt 20.15), demande le propriétaire de la vigne aux ouvriers qui protestent. Oui, beaucoup de gens voient d'un mauvais oeil que Dieu soit bon ainsi ; aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette bonté n'est pas si facile que cela à admettre.

Il y a une autre manière de dire la grâce qui revient à la proclamer comme si les oeuvres ne comptaient pas. En fait, nos actions ne sont plus celles de la loi, mais de la foi. Nous ne sommes pas libérés par les oeuvres, mais pour elles. “ Nous, nous aimons, parce que lui, le premier, nous a aimés ” 1 Jean 4.19. Il reste vrai que nous sommes toujours tentés d'aimer pour que Dieu nous aime.

La Bible n'est pas univoque

Il faut également reconnaître que, concernant le sola gratia, le message biblique est beaucoup moins univoque qu'on le prétend souvent. Il y a là une très grande complexité des textes et de leurs interprétations. J'ai décidé de relire, durant une année, toute la Bible en faisant comme si j'étais catholique romain. Je dois dire que j'ai été stupéfait. J'y ai trouvé beaucoup plus de textes parlant d'oeuvres et de mérites, de récompenses accordées par Dieu avant ou après la mort, que de pages proclamant le sola gratia. Les protestants ont eu tort de penser qu'il suffisait de distribuer la Bible pour convertir à leur cause les catholiques romains, comme s'ils étaient dans l'ignorance ou, alors, de mauvaise foi. Cela est vrai aussi bien pour l'Ancien Testament que pour le Nouveau. Et l'on sait que Luther aurait bien aimé retirer, par exemple, l'épître de Jacques du corpus biblique. Mais il y a bien des passages qu'il estimait suspects : “ Ce qui n'enseigne pas le Christ n'est pas apostolique. Cela fût-il enseigné par Pierre ou Paul. A l'inverse, ce qui prêche le Christ est apostolique, même si ce sont Judas, Anne, Pilate ou Hérode qui le font. ” (Préface, Epître de Jacques) Le sola gratia correspond à une interprétation protestante de toute la Bible, à une grille de lecture dont il semble difficile de prétendre qu'elle est la seule possible.

Une prédication chrétienne
doit nous redonner confiance, courage, élan.
La grâce, ce sera dire
que si Dieu, en Jésus, partage notre condition,
alors nous valons mieux
et nous pouvons plus que ce que nous pensions.

Un message encore actuel ?

Mais l'interpellation critique adressée à une certaine manière de proclamer la grâce me parait aujourd'hui résider encore ailleurs. Il y a eu, incontestablement, aux origines du protestantisme, un effet libérateur du sola gratia, et cela dans une société très fortement encore marquée par le christianisme et terrorisée par la peur de l'enfer. Mais aujourd'hui ? La majorité de nos contemporains croisés ici ou là, dans la rue ou ailleurs, est-elle vraiment accaparée par une telle angoisse ? Où réside alors pour elle le caractère libérateur de la grâce ? Quant aux croyants, qui sont convaincus que le salut ne dépend pas d'eux, que sert-il alors de leur en parler encore ? Croire au salut par la grâce, ne serait-ce pas être totalement libéré de cette question au point de n'y plus penser et de n'en plus parler ?

Il y a un certain radicalisme dans la prédication du sola gratia qui revient finalement à dire que Dieu est tout et que l'homme n'est rien. Est-ce correctement entendre la grâce que de penser les choses ainsi ? Déjà, dans L'essence du christianisme, Ludwig Feuerbach s'en prend à cette idée en dénonçant l'aliénation religieuse. Luther est d'ailleurs l'auteur qu'il cite le plus souvent dans son ouvrage. Feuerbach écrit alors que “ l'homme affirme en Dieu ce qu'il nie en lui-même3 ”. Le christianisme ainsi compris n'est-il pas démobilisateur ? Est-ce à une telle démission que doit conduire le sola gratia ? Un mémoire de maîtrise, dont j'assurais la direction, du pasteur Etienne Berthommier a été consacré, à la Faculté de théologie protestante de Paris, il y a quelques années, à l'analyse d'une année de prédications données sur France culture le dimanche matin à la radio. Une des conclusions, frappante, de ce travail relevait le “ pessimisme foncier sur le monde et sur l'homme ” qui se dégageait de cet ensemble. Ce pessimisme-là est-il libérateur ou accablant ? Est-il encore fidèle au sola gratia bien compris ?

Il faut également reconnaître que,
concernant le sola gratia,
le message biblique est beaucoup moins univoque
qu'on le prétend souvent.
Il y a là une très grande complexité des textes
et de leurs interprétations.

L'homme, une espérance de Dieu.

A l'heure actuelle, l'homme n'a pas besoin d'une grâce qui ajoute à notre accablement. Après deux guerre mondiales, après la shoah, devant l'horreur de la faim dans le monde, du sang à la une, faut-il en plus s'entendre dire chaque dimanche dans nos temples “ tu n'es rien, tu ne peux rien ” ? La grâce ainsi prêchée devient culpabilisante, traumatisante et aboutit à l'effet inverse de celui auquel, libératrice, elle conduisait naguère. Une prédication chrétienne doit nous redonner confiance, courage, élan. La grâce, ce sera dire que si Dieu, en Jésus, partage notre condition, alors nous valons mieux et nous pouvons plus que ce que nous pensions. L'humain est possible. “ L'homme est une espérance de Dieu ” (Charles Wagner) et non pas seulement Dieu est une espérance de l'homme. L'humain nous est ainsi montré, promis, destiné en Jésus-Christ. Notre existence chrétienne n'est pas le fruit d'une grâce qui nous conduit à la passivité, mais à un enthousiasme, un dynamisme créateur répondant à celui de Dieu pour nous. II y a une parole de Jésus, dans l'évangile de Jean (14 : 12) que l'on aurait depuis longtemps trouvé totalement hérétique si elle ne se trouvait là et à lui attribuée : “ Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les oeuvres que je fais, il en fera même de plus grandes parce-que je vais au Père. ”

Laurent Gagnebin

1. Cité par G.EBELING, Luther, Genève, Labor et Fides, 1983, p. 113. Voir à ce sujet : M. LUTHER, Préface du Nouveau Testament, dans Oeuvres, t. III, Genève, Labor et Fides, 1964, p. 259-260.

2. Voir à ce sujet : Positions luthériennes, 1997 / 3, p. 250, 267, 268, 282.

3. L. FEUERBACH, L'essence du christianisme, Paris, François Maspero, 1979, p. 144. Voir aussi la p. 143 à ce sujet.

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“ L'idolâtrie de la race n'est-elle pas une hérésie ouverte ? ”

Les historiens n'ont pas voulu manquer l'ouverture des archives “ allemandes ” du pontificat de Pie XI, le15 février, et, dès le mercredi 19, le Corriere della Sera publiait un document important : la lettre écrite le12 avril 1933 par Édith Stein à Pie XI pour lui demander de dénoncer publiquement ce qui se passait en Allemagne où Hitler n'avait pourtant obtenu les pleins pouvoirs que le 23 mars. On connaissait l'existence de cette lettre, sans que personne, en dehors du Vatican, ne l'ait lue. Quelques mois après, chassée de son emploi de professeur, elle entrera au carmel de Cologne, devra partir aux Pays-Bas où elle sera arrêtée comme juive en 1942 pour mourir à Auschwitz. Elle a été béatifiée en 1987, canonisée en 1998.

“ Saint-Père !

Comme fille du peuple juif, qui par la grâce de Dieu est depuis onze ans fille de l'Église catholique, j'ose exprimer au Père de la chrétienté ce qui préoccupe des millions d'Allemands. Depuis des semaines, nous sommes spectateurs, en Allemagne, d'événements qui montrent un total mépris de la justice et de l'humanité, pour ne pas parler de l'amour du prochain.

Depuis des années, les chefs du national-socialisme ont prêché la haine contre les juifs. Maintenant qu'ils ont obtenu le pouvoir et armé leurs fidèles - parmi lesquels figurent des éléments criminels connus - ils recueillent le fruit de la haine qu'ils ont semée.

Les défections du parti qui détenait le gouvernement jusqu'à il y a peu, finissaient pas être admises mais il est impossible de se faire une idée de leur nombre tant l'opinion publique est bâillonnée. De ce que je peux juger moi-même, sur la base de mes rapports personnels, il ne s'agit pas du tout de cas isolés. Sous la pression des voix venues de l'extérieur, ils sont passés à des méthodes plus “ douces ” et ont donné l'ordre qu'on “ ne touche un cheveu à aucun juif ”.

Ce boycottage - qui nie aux personnes la possibilité de développer une activité économique, la dignité de citoyen et la patrie - a poussé beaucoup de gens au suicide : cinq cas ont été portés à ma connaissance dans mon seul entourage.

Je suis convaincue qu'il s'agit d'un phénomène général qui provoquera beaucoup d'autres victimes. On peut penser que les malheureux n'auront pas eu assez de force morale pour supporter leur destin. Mais si la responsabilité retombe en grande partie sur ceux qui les ont poussés à un tel geste, elle retombe aussi sur ceux qui se taisent.

Tout ce qui est arrivé et ce qui arrive quotidiennement vient d'un gouvernement qui se définit “ chrétien ”. Non seulement les juifs, mais aussi des milliers de fidèles catholiques de l'Allemagne - et je pense, du monde entier - attendent depuis des semaines et espèrent que l'Église du Christ fasse entendre sa voix contre un tel abus du nom du Christ.

L'idolâtrie de la race et du pouvoir de l'État, avec laquelle la radio martèle quotidiennement les masses, n'est-elle pas une hérésie ouverte ? Cette guerre d'extermination contre le sang juif n'est-elle pas un outrage à la très sainte humanité de notre Sauveur, de la bienheureuse Vierge et des Apôtres ?

N'est-ce pas en opposition absolue avec le comportement de Notre-Seigneur et Rédempteur, qui, même sur la croix, priait pour ses persécuteurs ? Et n'est-ce pas une tache noire sur l'histoire de cette Année sainte qui aurait dû devenir l'année de la paix et de réconciliation ?

Nous tous qui regardons la situation allemande actuelle comme enfants fidèles de l'Église, nous craignons le pire pour l'image mondiale de l'Église elle-même si le silence se prolonge ultérieurement. Nous sommes aussi convaincus que ce silence ne peut à la longue obtenir la paix de l'actuel gouvernement allemand.

La guerre contre le catholicisme se développe en sourdine et avec des moyens moins brutaux que contre le judaïsme, mais pas moins systématiquement. Il ne se passera pas beaucoup de temps avant qu'aucun catholique ne puisse plus avoir un emploi à moins qu'il ne se soumette sans conditions au nouveau courant.

Aux pieds de Votre Sainteté, demandant la bénédiction apostolique. ”

Édith Stein
Extrait de Oecuménisme-Informations / 334 : Avril 2003

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Bruits

Tous les bruits qui nous entourent

font beaucoup moins de tapage

que nous-mêmes.

Le vrai bruit,

c'est l'écho que les choses ont en nous.

Ce n'est pas de parler

qui rompt forcément le silence.

Le silence

est la place de la parole de Dieu.

Et si, lorsque nous parlons,

nous nous bornons à répéter cette parole

nous ne cessons pas de nous taire.

M. Delbrel

Je crois

L'Esprit est Dieu.

L'Amour est Dieu.

La Lumière est Dieu.

II est source de vie.

II règne et conduit l'Univers.

II accompagne ma destinée de chaque instant auquel il donne un sens.

Je crois en Jésus, personne à la fois incluse dans l'histoire et supérieure à elle.

II s'est désigné comme le Fils de l'Homme

et nous reconnaissons en lui le vrai Fils de Dieu.

II a prêché au-delà des croyances de son époque,

une foi ouverte à tous les temps et à tous les hommes : la confiance au Père.

II a offert sa vie en signe d'une vie autre,

laquelle pour nous ne s'épanouiera jamais entièrement sur cette terre,

mais peut cependant, pour chacun, commencer tout de suite.

II est mort sur une Croix, mais a bientôt surgi victorieux dans la foi des hommes.

II vit pour nous plus intensément que les vivants.

II éclaire notre route et notre action quotidienne.

Par son Esprit nous participons à la grande communion des morts et des vivants,

et à l'oeuvre du Dieu d'Amour pour sauver le monde

et “ créer la nouvelle Terre ” ou la justice habite.

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Exposition Chagall, au Grand Palais, Paris, jusqu'au 23 juin 2003

Nous pénétrons dans le monde de la couleur. Le rouge et le vert, le jaune, le violet brillent. Manifestement, Chagall a aimé Gauguin, Matisse, qui ne reproduisaient pas les couleurs de la nature, comme les impressionnistes s'y efforçaient, mais jouaient avec leurs tubes de peinture, à la manière des expressionnistes allemands pour exprimer leurs états d'âme, leur monde intérieur.

Chagall c'est aussi, et je veux m'y attarder un peu, le monde surnaturel, le monde du miracle, de la poésie. Les personnages volent dans le ciel comme des oiseaux. Au-dessus des toits, on rencontre un couple d'amoureux, un violoniste, des hommes, des femmes, des chevaux (un cheval rouge), des vaches, un coq, un âne, une pendule, un ange, un bouquet, un acrobate, la Torah... En l'air tout est possible, un monde nouveau surgit.

On voit la terre d'en haut. Vitebsk, en Russie, petit monde juif, pauvre mais sans misère, village souriant et paisible. La terre de France aussi, tourmentée par les nazis. Et tous les petits personnages de notre monde, gens sans importance, que Chagall colorie et transcende, qu'il nous montre tranquilles et sans contrainte dans un monde qui connaît pourtant la misère, la persécution, l'angoisse, la guerre.

C'est la terre vue du ciel, dans l'ambiance de tendresse et de douceur qui ne saurait manquer d'y régner. Le monde que voit Chagall est réel mais il est idéal. C'est ainsi que seront les choses quand le Messie viendra. Mais où, en attendant, le Christ, il est vrai est crucifié.

Chagall représente souvent le Christ crucifié. Ses amis juifs le lui ont reproché comme s'il trahissait sa religion. Mais Chagall ne croit pas en un Dieu fait homme, une 2e personne de la Trinité, un sacrifice expiatoire. II est tout à fait juif. Très croyant, très pieux, grand lecteur de la Bible. II peint le crucifié comme prototype de l'homme souffrant, pour représenter tous ceux qui meurent. Pourtant, ce n'est pas la haine ou la discorde qu'il peint, le péché ou l'angoisse. C'est la tendresse, la réconciliation, l'espérance, la joie de la foi. C'est le monde de Dieu.

La journaliste Elisabeth Lebovici n'y a rien compris, lorsqu'elle écrit dans “ Libération ” du 14 mars : “ on connaît les motifs désespérément pieux : couples en lévitation, violonistes sur le toit, animaux malicieux, mariées en blanc et christ en croix, bondieuseries baignant dans le bleu Chagall... ”

Pourtant, Chagall a dit : “ Malgré les difficultés de notre monde, je n'ai jamais renoncé en mon for intérieur à l'amour dans lequel j'ai été élevé, pas plus qu'à l'espoir de l'homme dans l'amour. Comme sur la palette d'un peintre, il n'y a dans notre vie qu'une seule couleur qui donne un sens à la vie et à l'art, la couleur de l'amour ”. (cité par Jacob Baal-Teshuva dans “ Chagall ”, éd. Taschen).

Chagall est venu à Paris en 1910 comme Modigliani, comme van Dongen, comme Soutine. Les “ Fauves ” exposaient au Salon d'automne et faisaient scandale avec leur couleurs violentes.

II y avait aussi Picasso, Brancusi, Juan Gris, Mondrian, Foujita. II se rencontraient à Montparnasse, ils logeaient à la “ Ruche ”, parce que c'était bon marché, ancien pavillon de l'Exposition universelle, devenu logement pour les artistes. Jeunes peintres qui refaisaient le monde dans la liberté et l'esprit de création qu'ils trouvaient à Paris. On les a appelés plus tard les peintres de “ l'École de Paris ”.

Ils avaient repris les couleurs fortes et contrastées des Fauves, mais ils les adoucissaient et leurs tableaux qui reflétaient certes la misère du monde étaient marqués, comme ceux de Chagall, d'une grande douceur qui fait leur charme. L'image de l'homme qu'ils nous donnent, chacun à sa manière, et nous avons vu Modigliani récemment au musée du Luxembourg, est émouvante et sensible.

Lorsque, artiste reconnu, Chagall se verra chargé par André Malraux, alors ministre de la Culture, de peindre le plafond de l'Opéra de Paris, il s'écriera, en repensant à cette fraternité de Montparnasse désormais lointaine : “ Nos rêves secrets n'ont besoin que d'amour. J'y ai travaillé de toutes mes forces et c'est avec gratitude que j'offre cette oeuvre à la France et à son École de Paris sans lesquelles il n'y aurait pas de couleur, pas de liberté ” (op. cit).

Chagall était explicitement croyant et son amour pour la Bible est évident. Le lecteur de la Bible que je suis ne peut pas s'empêcher de penser que les autres peintres de la Ruche, de l'École de Paris, étaient animés par la présence secrète du même Esprit divin, incognito certes, qui inspirait Chagall.

Modigliani dans sa douceur, aurait-il été à l'aise en écoutant Jésus dire le Sermon sur la Montagne, ainsi que Soutine dans sa détresse et son angoisse, en entendant Jésus clamer “ venez à moi vous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos pour âmes ”.

Vous penserez en regardant les tableaux de Chagall, ses crucifixions et ses représentations des malheurs de Vitebsk ou de l'Allemagne nazie, qu'il était proche du terrible Soutine. Et Jésus qui acceptait le parfum de Marie Madeleine aurait-il désavoué van Dongen qui comprenait si bien les femmes, aimait tant les peindre belles, sans pour autant se priver de manifester dans ses peintures une sourde réprobation pour leur conduite. Chagall, lui, ne les représentait qu'en douces amoureuses.

Compassion, joie, fraternité, amour, douceur, rêve, transcendance, présence de Dieu. Le visiteur se demandera devant les toiles de Chagall s'il est digne de pénétrer dans ce monde, s'il est capable de laisser monter ce souffle en son coeur.

Gilles Castelnau

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Choix de livres

“ QUAND MEME ... ” - Emile MIHIERE, 137 pages - 21 x 30 Edité par l'auteur (Chemin St-Michel, Impasse des Tourterelles, 13400 Aubagne - Tél. 04 42 84 91 69).

Notre ami Emile Mihière qui a “ bourlingué de Suisse à St-Nazaire, de Marseille à Paris, en mission en Afrique ”, n'a jamais caché ses engagements pour la liberté des peuples et sa quête d'humanité. Il publie une quarantaine de textes qu'il a écrits au cours de sa vie pour “ Evangile et Liberté ”, “ Ensemble ”, l'“ Union Pacifiste de France ”. On retrouve avec plaisir son dynamisme qui,par fidélité à l'Evangile, bouscule des conventions sociales, les injustices, les violences, les scléroses et les habitudes. Ceux qui aiment la fougue, la totale sincérité et la chaleur amicale du pasteur (aujourd'hui à la retraite à Aubagne) peuvent lui écrire di-rectement pour avoir sa brochure illustrée.

Christian Mazel

L'INCROYANCE. UNE CHANCE POUR LA FOI ? - Arnaud Corbic - Editions Labor et Fides (Diffusion en France : COFEDIS Paris) - Fév. 2003, 100 pages - 15x22,5 - 16 euros.

Qu'est-ce que l'incroyance ? l'athéisme ? l'irreligieux ? l'antithéisme ? l'agnosticisme ? L'indifférence religieuse est-elle un désintérêt à l'égard de Dieu ? Dans notre monde et notre culture “ sans Dieu ” il convient d'“ écouter ” et de “ comprendre ” avec soin ces questions qui nous concernent tous. Corbin inscrit sa recherche dans un dialogue pénétrant avec Feuerbach, Marx, Freud, Nietzsche, Camus, Sartre. L'incroyance et la foi chrétienne sont-elles fondamentalement antagonistes ? Dans cet essai “ idoloclaste ” l'auteur reprend les positions du théologien Dietrich Bonhoeffer (résistant allemand et prophète) qui affirme avec force que l'incroyance en matière “ religieuse ” est une aide à éliminer le superflu pour aller à l'essentiel. Le christianisme doit retrouver le caractère “ non-religieux ” du Christ : vivre “ devant Dieu et avec Dieu, sans Dieu ”. La dynamique de la grâce transcende les frontières politiques, culturelles et religieuses. Arnaud Corbin est franciscain.

Christian Mazel

PEUT-ON APPRENDRE A ETRE HEUREUX ? Lytta Basset, Pascal Bruckner, Sylvie Germain, André Gounelle, Marek Halter, Alain Houziaux, Daniel Sibony,... Ed. Albin Michel, 280 pages 15,5x23,5 - 18 euros.

Ce livre donne les conférences et les échanges présentés au Temple de l'Etoile à Paris, sous la direction du pasteur Alain Houziaux. Ces études et ces dialogues sont remarquables pour la profondeur et la clarté des exposés. Très accessibles à tous ils offrent une immense richesse de réflexions à lire à tête reposée sans les problèmes de sonorisation. Ces interventions brèves et variées par des personnalités de premier plan et compétentes abordent 8 questions essentielles : Peut-on tirer profit de ses échecs ? (J. Arnould, Ysé Tardan-Masquelier) ; La souffrance a-t-elle un sens ? (Guy Coq, S. Germain) ; Peut-on apprendre à être heureux ? (Pascal Bruckner, I. Graesslé) : La foi peut-elle aider à vivre ? (E. Drewermann, J-Y. Leloup) ; Faut-il avoir peur de ses émotions ? (La croix, F. Bizot, A. Gounelle) ; Comment vivre quand on n'a plus d'espoir ? (Lytta Basset) ; Peut-on apprendre à accepter les autres ? (H. Auque, D. Sibony, Marek Halter) ; Peut-on apprendre à s'aimer soi-même ? (Bernard Besret, P-L. Assoun, J-P. Guétry).

Christian Mazel

LA RESURRECTION DE JESUS (croire et comprendre) - Gaston Deluz, Editions Labor et Fides ; Diffusion France et Belgique Sofedis Paris, 146 pages - 15x22,5 - 21 euros.

J'ai lu d'un trait ce livre. Il résume bien les travaux récents publiés sur la résurrection de Jésus : exégétiques, psychologiques, sociologiques,comportementaux en réalités religieuses. L'apôtre Paul sur le chemin de Damas (Actes des Apôtres) et dans ses épîtres (en particulier 1 Corinthiens 15) situe sa “ vision ” au même plan que celles des évangiles. Les récits des 4 évangiles sont contradictoires entre eux et peu crédibles : tombeau vide, Jérusalem ou Galillée, personnages visités, actions de ceux-ci, paroles échangées, témoignages ou silence des femmes, temps des apparitions immédiats ou lointains... L'événement historique est l'événement spirituel qui s'est réalisé dans le coeur de l'apôtre Paul, des amis et amies et nous-mêmes. Deluz réhabilite la “ vision ” qui ne doit pas être entendue comme une extase ou une névrose, mais comme une compréhension (“ je vois ”). L'Esprit de Dieu (du Christ ou Saint Esprit) agit dans le coeur des disciples et des croyants pour rendre sensible cette présence de ceux qui l'aiment. Il faut évacuer de notre imagination les images d'un Christ triomphant. Pâques et Pentecôte sont à mettre en relation comme manifestations de l'Esprit. Des anecdotes émaillent 1'étude biblique.

Christian Mazel

QUERELLES FONDATRICES (Eglises des premiers temps et d'aujourd'hui) - François VOUGA, Editions Labor et Fides, Genève (Diffusion en France et Belgique, SOFEDIS, Paris), 102 pages - 15x22,5 - 16 euros.

Les premières communautés chrétiennes étaient éclatées et traversées de courants opposés. Les divergences entre les familles chrétiennes d'aujourd'hui (catholique, protestante et orthodoxe) n'ont rien d'une dégradation d'une supposée unité première. Elles s'inscrivent dans le droit à la différence : continuité de foi et succession apostolique, universalisme et pluralisme, élection et prédestination, contemporanéité de 1'Eglise avec le Dieu tout-autre.

François Vouga, professeur à Bielefeld en Allemagne, écrit une bonne étude théologique que conclut Gérard Delteil.

Christian Mazel

UN FEMINISME SOUS TUTELLE (Les protestantes françaises 1810-1960) - Geneviève POUJOL, Editions de Paris (Max Chaleil) - 54, rue des Saints-Pères - 75007 Paris - Tél. 01 45 44 l6 22 - Fax. 01 42 84 19 79 - 2003, 288 pages 16x24 - 23 euros.

Geneviève Poujol, sociologue et militante sociale, nous livre son énorme travail de recherche. Voici une excellente histoire de l'émancipation des femmes au sein des Eglises protestantes au cours du XIX° et du XX° siècles. Au milieu du XIX°s, les femmes protestantes s'affirment avec les actions philanthropiques puis dans des mouvements sociaux : U.C.J.F., Eclaireuses FFE et Eclaireuses unionistes, Christianisme social, Cimade, Mouvement Jeunes Femmes, Planning Familial. L'originalité des femmes protestantes est présenté au milieu du courant féministe. Pour s'affranchir de la tutelle masculine et des résistances face â l'autonomie des organisations féminines, des femmes durent faire preuve de beaucoup d'énergie et de persévérance. Parmi les 475 femmes citées, le livre présente la notice biographique de 112 protestantes françaises. Geneviève Poujol retrace avec perspicacité et compétence une analyse du protestantisme français dans ses générations récentes.

Christian Mazel

DIEU A LA CROISEE DE NOS QUESTIONS (L'évangile de Jean témoigne) - Anne Maillard, Ed. du Moulin (Poliez le Grand.Suisse) - Diffuseur en France Desclée de Brouwer (Malakoff 92240), 91 pages - 12,5x18 - 10,37 euros.

On croyait pouvoir se passer de Dieu. Mais il reparaît dans nos questions : Dieu est-il cause de nos maladies, infirmités, mort ? Est-il le grand Magicien chargé du bonheur universel ? Avons-nous des preuves de ses interventions ? À quoi sert-il ? À travers les récits commentés de l'évangile de Jean, l'auteur fait découvrir un Dieu qui s'intéresse à ce qui nous arrive et se donne à nous dans l'existence très humaine de Jésus : la culpabilité des parents d'un infirme de naissance, la foule avide de sécurité exprime son besoin de bonheur, les soeurs devant un frère mort. Nous ne pouvons faire l'économie d'une démarche personnelle. L'évangile de Jean (écrit pour une communauté petite et ébranlée par les objections extérieures) invite au dialogue. Nouvelle brochure de cette excellente collection accessible à tous ceux qui cherchent.

Christian Mazel

LA SCIENCE FACE A L'ENIGME DES OVNIS, Peter STURROCK, Paris, Presses du Chatelet. 2002 ; 334 p.

Enquête scientifique la plus probante jamais menée.

Un historien qui s'intéresse aux ovnis ? Certes... dans ce livre il est opportunément rappelé que trois disciplines sont en mesure d'appréhender le phénomène : l'astronomie, pour la haute atmosphère, la physique pour les basses altitudes, l'histoire pour les témoignages. (depuis de longues années, nous avons constitué un dossier là-dessus). Que penser de ce livre ? Il est fort utile et l'on saura gré à l'auteur d'avoir fait appel à des français : en ce domaine notre pays, avec les E.U, est en flèche ; et ce, depuis 1947-48. L'histoire des recherches est bien menée, du rapport Condon au groupe de Ponantico (1997). L'auteur évoque aussi les journalistes (français) “ consciencieux ”. Ce faisant, il vise sûrement P. Bourret et son beau livre, si souvent réédité. La réalité du phénomène ne doit plus être mise en doute, mais Sturrock se situe en retrait de P. Bourret. La question pour une théologie chrétienne est cruciale : il s'agit de la réalité de la pluralité des mondes qui peut, non détruire, mais obliger la foi chrétienne à se recentrer. Mais nous sommes sans illusions, car les communautés croyantes opposent un grand conformisme, tout comme pour l'au-delà, et ce faisant, déchristianisent, car elles laissent le champ libre à des sectes douteuses porteuses de messages frelatés.

Jean Georgelin

LE DIEU DU MARCHÉ (Ethique, économie et théologie dans l'oeuvre d'Adam Smith) - François DERMANGE, Editions Labor et Fides ( Diffusion France & Belgique SOFEDIS Paris), 340 pages - 25 euros.

Pour justifier le libéralisme économique (dont on parle tant) Adam Smith (1723-1790) invoque “ la main invisible ” censée commuer l'intérêt individuel en bienfait social. Cet essai du professeur de l'université de Genève, aide à repenser le défi posé par Adam Smith de tenir ensemble l'éthique, l'économie et la théologie. La thématique de la responsabilité individuelle s'avère indispensable pour réguler ce que le Dieu du marché échoue à réaliser.

Christian Mazel

Un nouveau bulletin d'histoire protestante

La Société d'Histoire du protestantisme de Nîmes et du Gard, sous l'impulsion de son président,le pasteur Roger Grossi, lance une nouvelle revue d'Histoire. Au sommaire du Bulletin n° l : Boissy d'Anglas et la Franc-Maçonnerie (H. Boissy d'Anglas) ; Charles Gide (Marc Penin) ; Le christianisme a-t-il un avenir ? (Marc Lienhardt) ; Protestantisme et Politique en France au XX° siècle ; (Patrick Cabanel) ; Les gentilshommes verriers en Languedoc (C-A. Gaidan) ; Charles Gide (Grossi) ; Afrique noire (Pierre Cadier) ; Jean de la Croix et les idées protestantes (J. Boulet) ; Une famille protestante à Sète (J-Cl. Gaussent) ; Alexis Muston (Pierre Bolle) ; les protestants de la Principauté d'Orange (F. Moreil).

Renseignements SHPNG, Rue Claude Brousson - 30000 Nîmes.

CAHIERS JACQUES ELLUL.

L'Association Internationale Jacques Ellul lance la publication de cahiers annuels. La réflexion de J. Ellul peut contribuer à éclairer tel ou tel aspect de la société moderne, en l'occurrence l'intégrisme religieux.

AS. In.J. Ellul : Patrick Chastenet, 21 rue Brun - 33800 Bordeaux.

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Dans le monde des religions

DIEU ET LA GUERRE EN IRAK

Saddam Hussein présenté jusqu'alors (lui-même et médias) comme “ un laïque ”, invite “ au djihad islamique international ” contre le “ Satan ” américain. Des centaines de volontaires se présentent comme sacrifice religieux. Le Congrès des USA remet le sort de la guerre entre les “ mains Dieu ” et vote une journée de jeûne et de prière. La guerre est contre “ l'axe du Mal ”. L'interprétation assez fondamentaliste de la Bible donnée par George W. Bush a été relevée par bien des théologiens américains et européens, ces derniers temps. Les “ Gott mit uns ” (allemand ; Dieu avec nous) ont été revendiqués de tous temps par les guerriers. Durant la guerre contre Hitler, Staline a découvert “ la sainte Russie orthodoxe ”. On peut relire aussi certaines pages du “ Premier ” (ou Ancien) Testament.

Les religions ont toujours été recherchées en renfort spirituel lors des “ combats douteux ” extérieurs et internes aux Etats. Dieu est mobilisé en des sens bien différents ; Yhawéh, Allah, Jésus, la Trinité, Adonaï, le Bien...

Faut-il mettre à l'actif de la “ Providence ” un certain nombre d'évènements ?

La nomination de Bush par la Cour Suprême des USA alors que son concurrent avait davantage de voix ? Que serait-il advenu de Saddam Hussein si les gouvernements occidentaux, les manifestations de rue et les démonstrations populaires dirigés contre la coalition anglo-américaine avaient orienté leurs efforts pour demander la liberté du peuple irakien quand il était encore temps ? Qu'en serait-il aujourd'hui et demain si ces mêmes pressions s'exerçaient pour la liberté du peuple de Tchéchénie, celui de la Corée du Sud et celui de Cuba ?

Que serait-il arrivé si Bush avait suivi les conseils de son Eglise Méthodiste au lieu des interprétations “ messianiques ” des fondamentalistes ? ou si le Conseil de sécurité avait su faire observer ses recommandations concernant l'Irak ? Et si selon l'esprit de l'Evangile les budgets consacrés par les USA, l'Irak et les autres pays, aux armements, efforts humains, sacrifices consentis, avaient été dirigés vers des actions pour sortir les peuples de la misère, du SIDA et des malheurs ?

“ Au vu des fondamentalistes impériaux lanceurs de missiles et les fous de Dieu poseurs de bombes, la question revient : la religion porte-t-elle la guerre comme le nuage la pluie ? ” (Regis Debray “ Le feu sacré ” Ed. Fayard)

Toutes les religions courent le risque de voir leurs prétendus adeptes se servir d'elles au lieu de servir leur idéal. Tout peut être dévoyé et perverti en ce monde. La vraie foi libre de tout intérêt rend pourtant lucide et vigilant.

Christian Mazel

LA FEDERATION PROTESTANTE DE FRANCE ET LES “ EVANGELIQUES ”.

Le Conseil de la Fédération s'est réuni en mars et a réélu le pasteur Arnold de Clermont comme président pour un nouveau mandat de 3 ans.

Ont été admises comme membres et envisagées de devenir membres de la Fédération des Eglises de type “ évangélique ” c'est à dire fondamentalistes. Cette arrivée importante risque de modifier les orientations théologiques et éthiques de la Fédération ces prochaines années.

Ceux qui se disent en France “ évangéliques ” sont appelés “ evangélicalistes ” en pays anglo-saxons. La tendance fondamentaliste (ou intégriste) se caractérise par une lecture littéraliste de la Bible (autorité absolue en matière historique, scientifique, morale, sociale), par une eschatologie prémilénariste et un pessimisme foncier à l'égard du monde. A l'égard de l'accès des femmes au ministère de prédicateur ou de pasteur, elles sont très conservatrices. Ces églises refusent le divorce, l'avortement légal, les fécondations in vitro.

La plupart des “ pasteurs ” (le terme n'est pas “ protégé ” en France. N'importe qui peut s'appeler “ pasteur ”) sont des autodidactes reconnus seulement par leur communauté.

Avec près de 1800 Eglises et quelque 350 000 membres en France, le courant évangélique progresse depuis une trentaine d'années. Ce courant est en passe de devenir majoritaire dans le protestantisme français.

Dans les pays germaniques le terme “ évangélique ” désigne les “ protestants ” par opposition aux “ catholiques ”.

Christian Mazel

SIDA : 28 MILLIONS D'AFRICAINS CONTAMINES

Le sida a tué 2.300.000 Africains en 2001. Les 3.400.000 nouvelles infections enregistrées durant cette même année portent à 28,1 millions le nombre d'Africains atteints du virus fin 2001, indique ONU-SIDA.

Le président des Conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar, Mgr Laurent Monsengwo, a refusé le recours au préservatif dans la prévention du sida. Pour combattre le sida, l'Église catholique prône une “ éducation à la vie ”, de même que l'abstinence, la chasteté et la fidélité.

Israël : MUR PRES DE LA TOMBE DE RACHEL

Le gouvernement israëlien envisage de construire un mur pour assurer la sécurité autour de la tombe de Rachel. Dans les traditions de la Bible, Rachel, épouse de Jacob, eut bien des difficultés à être enceinte pour donner naissance à Joseph. C'est la raison pour laquelle certaines femmes juives désireuses d'avoir des enfants, viennent sur cette tombe. Israël veut protéger ces visites qui se font en bus blindés, encadrés de soldats. Le tombeau à l'origine construit en style des mausolées musulmans, a été transformé par Sir Moses Montefiore, un philanthrope juif au XIX°s. Le gouvernement israélien, il y a 5 ans, a dépensé 2 millions de $ pour l'enfermer dans une forteresse surmontée de tours. Finalement le mur sera-t-il construit ? Le gouvernement envisage la construction d'un mur de 360 km pour séparer les Palestiniens des implantations juives et éviter les attentats-suicides.

Le Président de la République Malgache à la Fédération protestante de France

Lors de son séjour à Paris, pour le 22e sommet France-Afrique, Marc Ravalomanana, président de la République malgache, a inclus dans son programme une visite à la Maison du protestantisme, le 21 février. II tenait à remercier les Églises et les Institutions protestantes françaises pour leur soutien.

À la suite d'élections dont le résultat était contesté par Didier Ratsiraka candidat sortant. Marc Ravalomanana avait eu beaucoup de difficultés à faire reconnaître la validité de son mandat et à être soutenu par la communauté internationale. La Fédération protestante de France et ses membres avaient beaucoup oeuvré pour la reconnaissance du nouveau président par le gouvernement français. Les protestants avaient aussi très généreusement répondu à l'appel de la FPF “ 10 euros pour Madagascar ” totalisant 55.000 euros au 15 février 2003.

Le président de la République a affirmé, devant un parterre étonné par son optimisme, qu'actuellement Madagascar ne manque pas tant d'argent international - la Banque Mondiale sait se montrer généreuse - que de compétences et d'infrastructures. II faut gérer les priorités et mettre en place des stratégies. Le président de Madagascar a souligné qu'il est difficile de traduire les changements dans tout le pays. Exemple : il faut refaire des routes, mais par lesquelles faut-il commencer ? Il a confirmé que les Églises étaient le seul réseau structuré du pays et a remercié pour le travail accom-pli. Concevoir et gérer des projets, voilà le nouveau défi malgache.

Le président de la République malgache est l'actif vice-président de l'Eglise Réformée de Madagascar (3 millions de membres).

AFRIQUE : FAMINE

38 millions de personnes sont menacées de famine en Afrique. Parmi elles, 14 millions d'Éthiopiens, la moitié de la population du Zimbabwe et près de 42 % des habitants en Érytrée... Des chiffres révélès par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (Pam). Avant le climat c'est le manque de volonté des États africains qui est pointé du doigt. L'aide alimentaire connaît une baisse inquiétante.

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Courrier des lecteurs

Contrairement à notre habitude et à l'annonce faite dans le n° de mars, les lettres et textes rëçus et destinés au “ courrier des lecteurs ” (et en particulier les correspondances relatives au n° spécial 163 ) ont dû être supprimés dans ce numéro.

Les auteurs et les lecteurs voudront bien excuser l'actuel directeur-rédacteur pour ce renvoi indépendant de sa volonté.

Christian Mazel

 

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