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articles du N° 168 - Juillet 2003

( sommaire )

Éditorial : Berlin, Impressions du Kirchentag

Le pasteur Jean-Jacques Maison donne un excellent aperçu de ce premier rassemblement oecuménique. Pour nous nous sommes tentés de comparer avec les 8 événements précédents auxquels nous avons participé : problèmes et promesses.

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Une première constatation : le gigantisme nuit parfois à l'ambiance générale et à la spontanéité des rencontres et des générosités. L'organisation est plus pesante et plus difficile à réaliser dans le détail. Le souci d'?cuménisme conduit parfois à des « consensus mous ». Par exemple pour éviter les condamnations de Rome et les menaces de sanctions de l'archevêque catholique de Berlin, les organisateurs laïques n'ont pas prévu de service de communion pour la fin du rassemblement. En arriverait-on à reconnaître l'exactitude de la pensée théologique protestante libérale : la primauté de la foi personnelle sur les rites, et des convictions individuelles sur les dogmes-blocages sur le passé révolu ?

C'est ce message que nous avons essayé de faire passer au cours d'une prédication lors d'un culte trilingue dans la cathédrale française qui ne pouvait contenir tous ceux qui voulaient entrer.

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Pourtant, immergés dans cet océan populaire, il est bon de constater que nous ne sommes pas seuls à croire, à espérer et à travailler, et qu'il y a bien d'autres manières de s'exprimer (cf. les 3200 stands). La modestie de la petite personne que nous sommes prend conscience d'une immense solidarité de foi qui nous dépasse. Les oukases (religieuses ou non) dressent toujours des désobéissances de petites organisations déterminées. Quel est leur avenir dans l'Eglise catholique ou dans les autres Eglises ?

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L'humanité croyante marche comme « un grand fleuve tranquille ».

Avec beaucoup de jeunes et d'entrain.

Telle nous apparaît la vision de ce Kirchentag 2003.

Christian Mazel

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Textes divers : Ton égal

Tu donnes du pain à qui a faim : c'est bien

mais mieux vaudrait que nul n'aie faim et que tu ne donnes à personne.

Tu habilles qui est nu : c'est bien

mais si seulement tous étaient vêtus et qu'il n'y ait point telle nécessité.

Supprime le malheur et les oeuvres de miséricorde n'auront plus de raison d'être.

Le feu de l'amour s'éteindra-t-il pour autant ? Non !

Car plus authentique est l'amour que tu portes à un heureux que tu n'as pas à assister

plus pur sera cet amour

et bien plus franc.

Car si tu assistes un malheureux, peut-être désires-tu t'élever en face de lui et qu'il soit au-dessous de toi ?

Parce que tu l'as assisté tu parais en quelque sorte plus grand que lui.

Souhaîte plutôt qu'il soit ton égal !

Augustin d'Hippone (354-430)

Accepte les surprises qui dérangent tes plans, anéantissent tes rêves,

donnent un tour totalement différent à ta journée, et peut-être même à ta vie.

Ce n'est pas le hasard.

Donne au Père la liberté de bâtir lui-même la trame de tes jours

Helder Camara

Bienheureux ceux...

...qui acceptent de croire qu'ils n'ont encore rien compris, qui acceptent de se laisser dépasser, retourner, désinstaller de leurs positions, de leurs structures, de leurs principes, de tout ce qui allait de soi. Heureux ceux qui savent accepter de penser tout à coup que rien ne va de soi.

Nous nous sommes tous forgé, au long de notre vie, une carapace, un acquis d'habitudes mentales, morales, sentimentales qui nous isolent. Il nous tient de partout cet acquis ; nous y tenons, et rien que l'idée de nous en séparer implique un arrachement.

Le pauvre est celui qui accepte de ne pas être tranquille, d'être critiqué, harcelé, poussé dehors et de se mettre malgré tout en marche. Abraham est le premier pauvre, fidèle à la voie dépouillante de Dieu : « Pars ! Quitte tes biens, ton pays, ton patrimoine, ta culture, tes habitudes, ton passé (il n'était plus tout jeune Abraham) et Abraham partit, dit l'épître aux Hébreux, ne sachant où il allait » ... signe infaillible que c'était dans le bon sens, dit le commentaire de Grégoire de Nysse.

Nous sommes empêtrés par toutes sortes de richesses, de besoin de richesses : confort, sécurité, stabilité, tranquillité, indépendance, goût de la culture, besoin de délicatesse, de raffinement, de jouissances intellectuelles, de dégoût du vulgaire et de soif du beau. C'est bien.

Mais si nous y tenons trop, nous ne serons jamais libres pour poursuivre l'oeuvre de Dieu.

Quel est notre idéal : devenir de plus en plus pauvre ou de plus en plus riche ? À quoi tendent nos efforts ? Quelle est la direction, I'orientation de notre vie ?

Il n'y a pas de programme tout fait. Il n'y a pas de critère établi qui nous assure de réussir notre examen de pauvreté. Une pauvreté établie, toute faite, acquise, est une contradiction dans les termes, une acquisition, une possession de plus. Notre pauvreté sera faite de notre quotidienne désinstallation dans la joie.

Louis Evely

Il faut savoir se résigner à ne pas être tout à fait ce qu'on voudrait être pour l'autre.

Avouer ses faiblesses, c'est autre chose que d'en pleurer

Etty Hillesum

Le puits est en toi

Si tu te contentes de boire l'eau de mon puits, demain tu mourras de soif, soit parce que j'ai fermé la porte, soit parce que je suis en voyage. Si tu veux étancher ta soif, creuse ton terrain et tu trouveras la source, car elle est en toi. Creuse ton puits, ainsi tu auras toujours de l'eau partout où tu iras. Le puits est en toi, l'eau est en toi, la source est en toi. Cherche et tu trouveras le trésor qui t'enrichira.

N'oublie jamais que celui qui compte sur la richesse d'autrui est semblable à celui qui fait un beau rêve dans lequel il reçoit beaucoup d'argent, et qui constate au révei1 que sa poche est vide. Le bien des autres est pour nous comme la fortune d'un rêve.

Cherche en toi, mon frère, et tu trouveras.

Cheikh Adda Bentounès

La Fraternité des coeurs

Ce jour est un jour tout neuf

Il n'a jamais existé

et il n'existera jamais plus. Prenez donc ce jour et faites-en une échelle pour accéder à de plus hauts sommets.

Ne permettez pas que la tombée du jour vous trouve semblable à ce que vous étiez à l'aube.

Faites de ce jour un jour unique, mémorable.

Enrichissez-le et, ce faisant, enrichissez-vous

Ce jour est un don de Dieu

ll n'est donc pas quelque chose d'ordinaire, de fortuit, quelque chose qui va de soi.

Il vous est spécialement offert, prenez-le entre vos mains avec un sentiment de ferveur.

Swâni Chidânanda

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Entre Havel et Spree

Berlin carrefour de l'oecuménisme

« Un jour dans tes parvis vaut mieux que 1000 jours ailleurs » (Psaume 84 :11)

Tous les deux ans, en Allemagne, les autorités des églises, des théologiens, des universitaires de renom mais en même temps toute sorte de mouvements, de communautés, d'associations et de groupes chrétiens sont invités et mobilisés pour le Kirchentag protestant ou le Katholikentag.

En 2003 le rêve d'un Kirchentag oecuménique s'est réalisé du 28 mai au ler juin à Berlin et on a vu se répandre près de 200000 participants dans les rues, sur les places, dans les gigantesques halles de la Foire de Berlin, sur les pelouses, comme par exemple celle du Reichstag, qui a réuni 100000 personnes pour le culte final.

Outre ces grands rassemblements, des manifestations et célébrations réunissaient dans des églises ou des salles de quartier, des personnes moins nombreuses mais tout aussi motivées.

Pourquoi un jour ici vaut-il mille jours ailleurs ? Parce que dans un Kirchentag on découvre les multiples facettes du christianisme, on peut toucher à tous les domaines de la vie où la foi a rendez-vous avec l'éthique, l'engagement avec l'environnement, et l'Eglise avec la cité. Toucher à tout ? Non ce serait superficiel, mais le choix est immense, et sous les pavés il y a la Source...

L'auréole

La publicité pour le Ökumenischer Kirchentag se voulait un clin d'oeil : chaque âge de la vie y trouvait son compte ; les affiches et les dépliants montraient un banal cercle de néon, auréole moderne, sur la jeune fille en blouse violette, sur les copains discutant au bistrot, sur la grand-mère au balcon, sur le papa tenant son gamin endormi devant la rame de métro pour rappeler le slogan même de la rencontre : « Vous serez une bénédiction » Sans parler des gigantesques bouées orange qui flottaient sur les places ...

S'inspirant de la promesse faite à Abraham « tu seras une bénédiction » (Genèse 12:2.3) les organisateurs orientaient ainsi chaque étude biblique, chaque culte, chaque forum, chaque concert, chaque spectacle vers cette idée, mieux, cette réalité : nous pouvons et nous devons être en bénédiction pour autrui.

Le moine et les oiseaux

Voici une vaste halle ; sur la scène se tient le bénédictin le plus publié et le plus lu d'Allemagne, Anselm Grun. Un présentateur - chanteur introduit l'étude biblique sur Genèse 1 :1-26. Nous sommes deux mille à en écouter la lecture ; lentement, clairement, paisiblement le moine nous fait traverser les sept jours de la Création, et le musicien nous entraîne à chanter chaque fois que l'Eternel voit que cela était bon... Après l'évocation des êtres vivants de la mer et du ciel, un air de flûte invite les oiseaux à la fête

Le commentaire théologique sera de qualité : tout ce que Dieu crée est bon, exit la vielle doctrine du péché originel... A la fin, calmement, sans exaltation aucune, Anselm Grun nous fait lever la main, en silence, vers le soleil, comme les Indiens, et sur le peuple que nous formons, comme Aaron ; il prononce la bénédiction : « Que le Seigneur te bénisse et te garde, qu'il fasse luire sur toi sa face... »

Au puits de Jacob, Jean 4

Ici la KirchenVolksBewegung-catholique, donnait rendez-vous à toutes celles et à tous ceux qui souhaitaient « que ce Kirchentag soit vraiment oecuménique ». Ce mouvement milite en Allemagne pour de réels changements dans l'Eglise et son offensive en paroles et en actes, était stimulée par le refus de la hiérarchie romaine, - voir la dernière encyclique pontificale- d'autoriser toute célébration commune de la Cène pendant le Kirchentag.

C'est ainsi qu'un prêtre, en accord avec le pasteur d'une paroisse protestante et soutenu par le Mouvement catholique « Wir sind Kirche » a préparé deux services où l'hospitalité eucharistique était expressément offerte ; les liturgies avaient leur spécificité confessionnelle, mais tous étaient invités.

Autour du puits de Jacob, on a vu et entendu aussi des stars de la contestation théologique comme Hans Kung de Tubingen qui introduisit un débat sur la foi en action, tandis qu'au Kurfurstendamm, non loin du célèbre Hôtel de luxe Kempinski, Mgr Jacques Gaillot participait à un « repas cultuel de la solidarité » avec les gens de la rue.

Deux femmes - prêtres de l'Eglise catholique, - pourtant excommuniées ! - parlaient de leur combat de 40 ans ; mais, devant un cercle de sympathisants, ont cependant eu de la peine à justifier un sacerdoce sans communauté...

De concertations en concerts

Des concertations qui peuvent se vivre le reste de l'année prennent un relief particulier et une caisse de résonance considérable lors d'un Kirchentag, et ce sont l'Europe et la démocratie, le long apprivoisement mutuel de l'Est et de l'Ouest, la démocratie et l'Afrique, la mort en dignité, l'homosexualité en Eglise, le dialogue judéo-chrétien, mais voici qu'on passe à des moments d'intense émotion comme ces concerts en plein air, quand sur la place du Gendarmenmarkt, entre les deux tours du dôme allemand et du dôme français, un oratorio reprend sur des paroles de Thomas Mann, le thème du combat de Jacob avec l'ange ou quand un atelier de danse liturgique permet de vivre ce défi de la vie spirituelle qui échappe aux mots.

« Mais je ne te laisserai pas que tu ne m'aies béni » (Genèse 32 :27)

Ce qui demeure, ce qui se prépare.

Les pèlerins sont repartis, d'autres estrades se dressent le long d'Unter den Linden où nous avons vécu le Soir de la rencontre, et à cause des inconnus découverts et des amis retrouvés, nous savons que tout lieu désormais peut devenir ce parvis où un jour en vaut bien mille ailleurs, quand la présence de Dieu m'est révélée dans le visage, le geste et le chant de l'autre découvert comme mon semblable.

Jean-Jacques Maison

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Quelques réflexions sur la difficulté de penser librement

Si nous posions à la ronde la question : « Vous sentez-vous libres de penser ? », un grand nombre d'entre nous répondraient sans doute : « Oui, rien ne nous empêche de penser librement, nous sommes en démocratie ». Il existerait cependant des personnes pour en douter et affirmer par exemple que le règne de la mondialisation marchande et l'ultra-libéralisme nous privent, en réalité, de la vraie liberté de pensée, et que nous sommes soumis à un « totalitarisme sournois » qui fait de nous des pantins manipulés.

Cela ferait rire, ou pleurer, nos amis des anciens pays communistes qui, pour avoir réellement fait l'expérience du totalitarisme, savent le prix, non seulement de la liberté d'opinion, d'expression, de consommation, de déplacement, mais également celui de la liberté de penser, tout simplement.

Nous avons cependant raison, en démocratie, de nous soucier de sauvegarder la liberté de penser, ou même d'en faire chaque jour à nouveau l'apprentissage. Simplement, nous ne devons pas nous tromper d'ennemi. De même que nous ne devons pas confondre liberté d'expression et liberté de pensée, ou plus exactement le fait d'être libre d'exprimer librement son opinion et celui de penser librement. La liberté d'expression dépend essentiellement de conditions extérieures d'ordre politique et social, et ses ennemis sont la censure, le parti unique, un pouvoir autoritaire. Penser librement relève davantage du for intérieur, et ses ennemis sont l'idéologie, le préjugé, le tabou, le matraquage médiatique, la confusion des valeurs. Or si en toute bonne foi, nous ne pouvons vraiment pas nous sentir privés de liberté d'expression dans notre pays aujourd'hui, sommes-nous assurés pour autant d'exercer notre droit, et notre devoir, de penser librement ?

Il est des moments où le conformisme démocratique, qui est une chose positive, se laisse atteindre par la tentation de l'unanimisme. Ces moments sont en général des moments de peur politique ou sociale, où l'on sent qu'un large consensus est requis pour faire face à des situations à risques. C'est ce qui s'est passé par exemple dans notre pays l'an passé, lorsque monsieur Le Pen fut retenu comme candidat pour le second tour de l'élection présidentielle. Et on s'est félicité de n'entendre qu'une seule et même voix pour condamner son projet politique et défendre nos valeurs démocratiques. Cependant l'unanimisme reste problématique quand il veut étouffer les voix dissidentes et signifier que la pensée et les valeurs dominantes d'un groupe ou d'une société sont si indiscutablement bonnes qu'elles ne nécessitent plus d'être étudiées, explicitées, discutées. Car la tâche de la conscience personnelle des sujets d'une démocratie ne peut se réduire à faire caisse de résonance pour la pensée et les valeurs dominantes, y compris si elles apparaissent très morales. De même que le débat contradictoire peut être considéré comme un signe du bon fonctionnement démocratique, la délibération avec soi-même, sans que la cause soit entendue d'avance, est nécessaire à la santé de la conscience personnelle.

La tentation de l'unanimisme a montré sa puissance tous ces derniers mois dans notre pays au sujet de la guerre en Irak. On a assisté à la constitution d'un immense camp de la paix où, au nom de la « bonne cause indiscutable », d'une part les personnes pensant différemment ont souvent été couvertes d'opprobre, et d'autre part les différences fondamentales entre ceux qui constituaient le camp de la paix ont été gommées, au détriment des modérés, qui se sont parfois retrouvés à manifester aux côtés d'extrémistes. De part et d'autre, les temps n'ont pas été propices à l'exercice d'une pensée libre. Car l'unanimisme, non seulement a rendu les débats contradictoires quasiment impossibles, mais encore il a voulu s'imposer dans le for intérieur de chacun sous la forme d'une obligation morale à partager la pensée commune, et d'une honte à émettre le moindre doute sur cette pensée.

Le danger de l'unanimisme, c'est d'atteindre chez l'individu non seulement sa liberté d'expression, sa liberté d'opinion, mais également sa légitimité de sujet à penser, et à penser ce qu'il pense. C'est évidemment la liberté de la conscience qui est pointée là, dans son ultime solitude face aux autres et devant Dieu, et dans sa situation tragique où il s'agit parfois de penser l'interdit, et de décider malgré l'indécidable. Sommes-nous des sujets se vivant comme autorisés à penser librement, c'est-à-dire à penser de manière personnelle, certes conscients de l'apport de ceux qui nous ont précédés et de l'importance de nos contemporains, mais préts à assurner la part d'hypothèse, la part d'incertitude, et au bout du compte la part d'affirmation, et même d'erreur possible de toute pensée personnelle ? Ou bien sommes-nous des êtres paralysés par la peur d'affirmer notre individualité, d'être jugés par autrui, de sortir du cercle rassurant de la « bonne pensée », ou encore, plus simplement, de nous tromper ?

Mais penser librement, n'est-ce pas assumer le risque de se tromper, ou de s'être trompé ? Ennemie alors de la pensée vraiment libre serait cette terrible passion qui nous guette tous de vouloir avoir raison, ou avoir eu raison. Ou plus modestement de n'avoir pas eu tort...

Florence Taubmann

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« Finis tes devoirs, tu iras jouer après ! »

J'ai tant à faire que, si je ne le décide pas, je n'en aurai jamais fini de faire ce que j'ai à faire. Nous nous mettons ainsi des contraintes dans la vie qui nous empêchent de profiter du temps qui passe, des enfants qui grandissent si vite et quittent le foyer familial sans que les parents aient eu le temps de les voir grandir. Vous savez bien, les factures à régler, les plantes à arroser, le chien à promener, la belle-mère à qui il faut téléphoner, le linge à ranger, le relevé de banque à vérifier. Nous pourrions ainsi sans relâche combler tous nos vides d'une multitude de tâches toutes plus ou moins importantes.

Mon père lorsque l'heure du repas approchait, se mettait à téléphoner lorsque le reste de la famille se mettait à table. Souvent, il a ainsi manqué le début du repas, sous prétexte de finir ce qu'il s'était mis en tête d'accomplir. Et parfois nous n'avons profité de sa présence qu'au moment du dessert ! J'ai été tellement marqué par ce modèle que je me souviens avoir fait de même à la grande colère de ma femme et de mes enfants. Avant le plaisir de la table et celui d'être en famille, il fallait finir ce que je m'étais donné comme tâches à accomplir.

Ils m'agacent, ces amis qui repoussent à plus tard, jusqu'à la retraite parfois, ce projet de voyage qu'ils ont tant à coeur d'effectuer, ce travail artistique qu'ils ont délaissé à regret, ou la collection qu'ils ont abandonnée pour la retraite. A force d'attendre et de repousser à plus tard nous finissons par échapper à l'instant qui passe, à la demande pressante d'une écoute attentive du conjoint ou des enfants, ou simplement au plaisir de se faire plaisir.

Je connais des couples dont la vie sexuelle s'étiole dans la fatigue du soir tant ils se sont chacun consacrés à ce qu'ils avaient à faire, avant de s'occuper de leur rencontre amoureuse. Curieux programme que nous avons enregistré depuis notre enfance : « finis tes devoirs, tu iras jouer après ! ». Comme si le temps du loisir et encore plus du plaisir devait être payé et mérité par les devoirs d'abord accomplis. Comme si le temps passé à ne rien faire était un temps perdu, comme si le temps pour parler avec son voisin, le temps du jeu, ou celui de faire l'amour devait touJours venir après la tâche accomplie. Bien sûr c'est une question de priorité, et pour certains de culpabilité. Il nous est difficile de prendre soin de soi et de notre désir. Sans aller jusqu'à un égotisme ignorant l'autre, cela me paraît être la condition de l'amour de soi. Faire les devoirs, s'occuper des autres : nous savons faire, et les chrétiens sont souvent excellents en la matière. Mais pas au prix de se négliger et passer après. Tu aimeras ton prochain comme toi-méme.

Jean-Paul Sauzède

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La laïcité hier et aujourd'hui

Régulièrement, la République est confrontée au problème de la laïcité. Sa définition et son application sont souvent remises en cause par des groupes divers visant à imposer leurs idées à l'ensemble de la nation pour des raisons idéologiques. Ainsi, par une loi spécifique, ces groupes veulent appliquer dans le domaine public ce qu'ils vivent dans le domaine privé.

Si l'on s'en tient à la définition, la laicité est le principe de la séparation de la société civile et de la société religieuse, cette dernière étant réservée à la sphère privée. Ce principe semble donc s'élargir au-delà de l'opposition profane - religieux. De fait, la laïcité concerne l'ensemble de la société.

La laïcité est liée à la démocratie, à la liberté, à la tolérance. Elle est ce qui est propre au peuple (laos). Elle recouvre ce qui fait consensus, unité. Elle est ce qui est reconnu par tous sans exception. C'est le bien commun. Ainsi, idéalement la justice est égale et reconnue par tous et pour tous, I'enseignement est accessible à tous et unique pour tous, la médecine vise au bien-étre de tous quelle que soit leur appartenance. Ou encore l'état civil, la fiscalité, une certaine approche de l'information sont autant de domaines laïcs, c'est-à-dire neutres vis-à-vis de toute appartenance ou particularité d'un individu ou groupe d'individus.

Autrement dit, autour de ce consensus républicain, la laïcité permet la liberté parce qu'elle définit et protège un espace public où chacun se retrouve dans ce qui constitue le fondement du groupe, elle définit aussi un espace privé où chacun peut vivre selon ses croyances et ses traditions.

L'éducation laïque enseigne justement cette liberté et la tolérance. Ainsi, à condition toutefois qu'elle ne mette pas en danger autrui, toute forme de pensée politique, religieuse ou philosophique est acceptée. Mais la liberté implique des devoirs sans lesquels elle n'est qu'anarchie. Le premier de ces devoirs étant qu'un groupe, quel qu'il soit, respecte le consensus républicain.

Dans ce cadre rapidement défini, il apparaît bien que la laïcité doit ou devrait permettre l'expression des libertés individuelles et collectives dans la sphére privée mais qu'elle devrait réunir tout le monde dans la sphère publique. La République n'est pas qu'une collection de groupes voisins risquant parfois d'être en conflit les uns avec les autres, elle exprime aussi, par ses valeurs fondamentales, le ciment de l'unité et de la convivialité de tous ceux qu'elle accueille et qui acceptent ses valeurs. Dans ce cadre, tout en préservant les spécificités et les richesses humaines de ceux qui la composent, la laïcité permet l'intégration de tous les individus qui constituent la nation.

La laïcité reste fragile. Elle a mis plusieurs siècles pour s'imposer. Préparée par les philosophes des Lumières, John Locke, Pierre Bayle, Voltaire, Montesquieu, etc. jusqu'à Condorcet, elle est clairement définie au cours de la Révolution française, voir par exemple la loi rédigée par le protestant Boissy d'Anglas, le 3 ventôse, An III de la République. Contrairement à ce qu'on pense, les articles organiques de 1802 (qui pourtant reconnaissent le protestantisme et le judaisme) sont une brèche dans la laïcité, le prince n'ayant pas rien à faire dans l'organisation d'un culte privé. C'est la loi de 1905 qui marque, dans le domaine religieux, le principe de la laïcité. De la Déclaration des droits de l'homme à 1905 il a fallu presqu'un siècle de débats et de combats ! Et nous voici aujourd'hui face à des questions d'applications pratiques qui semblent délicates, voire insolubles. Trois exemples : le foulard islamique à l'école, le PACS et la question homosexuelle, la transfusion de sang. Par ces trois exemples, nous voyons que la laïcité ne concerne pas que des problèmes religieux. Et nous constatons que, si la loi de 1905 peut être revue et améliorée il n'en reste pas moins vrai que la prudence s'impose.

Qu'une jeune fille vienne au collège avec un foulard ne remet pas en cause le contenu de l'enseignement. Mais ce faisant elle affiche ostensiblement une appartenance qui s'impose aux autres. Par là, elle se met en danger par des réllexions qu'elle peut entendre, par des brutalités de camarades hostiles à l'Islam, ou encore elle peut être mise en difficulté par un professeur qui ne partage pas ses opinions (cas d'un professeur nationaliste extrême). De plus, si le foulard est accepté, on ne peut refuser la kippa juive ou la cornette de la bonne soeur !

Le PACS, dans un autre domaine, est intéressant. Parlons net, cette loi généreuse a été faite essentiellement pour la communauté homosexuelle. Mais reconnaître une autre forme de mariage - ou d'union - pose question : qu'allons-nous faire face à la polygamie ou à la polyandrie ? D'autre part est-il intéressant de mettre un groupe à part, avec des lois spécifiques à ce groupe ? Intégrer et reconnaitre, ce n'est pas mettre à part.

Que faire de la transfusion sanguine pour les Témoins de Jéhovah s'il y a urgence. Peut-on accepter un type de médecine pour les uns et un autre type pour les autres quand une vie en dépend ?

Nous voyons le problème au-delà de la générosité et de la liberté absolue qu'on voudrait pour chacun. Un consensus permet à tous de fonctionner et permet l'intégration. Dans une société plurielle et sans cesse changeante, le consensus laïc devient précisément une nécessité ou alors il faut redéfinir le fondement même de la République. Ce n'est peut-étre pas pour rien que les protestants (avec entre autres les juifs et les francs-maçons) ont milité pendant de longues années pour la loi de 1905.

Vincens Hubac

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A propos du film de Peter Muller « The Magdalene sisters » et de la croix chrétienne

Il est important de noter que ce film a été réalisé à partir de témoignages de vie dans une institution catholique irlandaise, le couvent des « Magdalene sisters » qui n'a fermé ses portes qu'en 1996. L'objet de ce couvent était de permettre aux « femmes pécheresses » de se racheter, expiant leurs péchés dans une vie rude de labeur et d'humiliation sous la coupe de soeurs dépourvues de toute humanité.

C'est donc un film bouleversant où l'on voit tour à tour « incarcérées » Margaret, jeune femme violée par un cousin, Rose, jeune mère célibataire à qui l'on a retiré son bébé, Bernadette, adolescente jugée trop aguichante pour les garçons... Et c'est pour la morale et la respectabilité de leur farnille que les parents souvent conseillés par un prêtre demandent leur « enfermement ».

Ce film appelle pour moi quatre réflexions, en fait quatre interrogations :

1. On ne peut que s'insurger contre cette société bien-pensante et ses clercs qui diabolisent des femmes jugées non conformes à la norme d'une morale religieuse qu'ils ont instituée à l'encontre de l'esprit des Evangiles, glorifiant la souffrance comme voie d'expiation et de salut.

Alors, ne faut-il pas beaucoup d'humilité pour juger les évènements actuels, en particulier vis à vis de l'Islam ?

2. Nous portons souvent un jugement sur les traditions religieuses de cultures qui nous sont étrangères. Mais les textes fondateurs eux-mêmes sont-ils en cause ? ou bien l'imbrication entre culture et religion est-elle trop confuse, des traditions, des arguments économiques et politiques prenant le pas sur les textes fondateurs ?

Alors est-il aisé d'incriminer le Coran par exemple pour critiquer le statut des femmes musulmanes ?

3. De manière plus générale, ce film pose la question de la réception des livres « sacrés », Bible, Thora, Coran, Bhagavad-Gîtâ, Veda, Sûtra, Tao te king... l'interprétation de ces textes, leur critique historique, leur actualisation. Certes le Coran me semble être le seul texte réputé dicté par Dieu - à travers l'ange Gabriel - mais ne peut-on pas se poser la question de l'auto-affirmation orgueilleuse de « La Vérité » qu'assènent souvent les représentants des trois religions révélées et monothéistes, et ceci dans une éthique et une théologie figées ? Existerait-il une relation entre cette certitude, la révélation et le Dieu unique, trois « indicibles » qu'on a tendance à s'approprier ?

Alors, ne faut-il pas beaucoup d'humilité pour juger ?

4. De manière plus précise, en milieu chrétien, n'assiste-t-on pas encore aujourd'hui à une certaine idolâtrie de la souffrance, voie de passage obligée vers la rédemption ? La croix et surtout le crucifix ne véhiculent-ils pas cette idolâtrie ? Bien sûr, la croix est signe de l'espérance de la résurrection, de l'homme nouveau, elle traduit bien l'émergence verticale de la transcendance dans l'horizontalité du monde et des hommes. Mais, si elle est mémoire de la souffrance de Jésus pour les chrétiens, comment cette croix, instrument de justice repoussant, est-elle lue par les autres cultures ? En toute objectivité et en s'extrayant de notre culture chrétienne, comment peut-on dire valablement que la croix - c'est-à-dire une potence - constitue le symbole le plus signifiant de croyants que réunit leur foi en l'amour du prochain et en la paix ? Ceci demande à être longuement décrypté et explicité. Oseraisje dire que notre croix huguenote avec sa colombe - symbole chrétien de l'esprit mais aussi symbole universel de paix et de pureté - me semble avoir en clair une valeur symbolique autrement significative aux yeux du monde.

Robert Serre

Festival de Cannes, jury oecuménique

Le jury attribue son 29° prix au film « A cinq heures de l'après-midi » de Samira Makhmalbaf. En filmant le quotidien d'une famille en Afghanistan, la cinéaste porte un regard poétique et politique sur les rapports entre tradition et modernité ; elle s'attache particulièrement au rôle des femmes dans une société à reconstruire.

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Influences gnostiques dans le Nouveau Testament

Pour les gnostiques, la connaissance des mystères divins, dont le contenu varie selon les gnoses (religions ou écoles), se présente comme une révélation transmise qui va changer le coeur de l'homme et modifier sa manière de penser et son comportement.

Et c'est cette connaissance qui est la source de la vie véritable; aussi, d'une certaine manière, la foi-confiance n'est plus nécessaire, mais la foi-connaissance.

On peut remarquer que l'Eglise, au cours des siècles, en luttant contre les gnosticismes, s'est toujours placée sur le terrain de ses adversaires : celui où la connaissance (la sienne, véritable, orthodoxe, officielle), serait la source de la vie étemelle, puisque ceux qui n'adhéraient pas à ses dogmes étaient déclarés anathèmes. Elle opposait ainsi, si l'on peut dire, une gnose à une autre, contestant le contenu et non le principe.

Or, Jésus a prêché tout autre chose qu'une gnose ! Il a rappelé le seul commandement d'amour qui était déjà dans la Torah de Moïse et il a prouvé que nous pouvons le vivre, le mettre en pratique.

L'auteur de la première Épître de Jean se démarque absolument du gnosticisme lorsqu'il écrit : « quiconque aime est né de Dieu et progresse dans la connaissance de Dieu » (4.7) faisant ainsi de 1'amour la source de la vie, la connaissance n'en étant qu'un des fruits.

Non, décidément, le Nouveau Testament n'est pas gnostique, même s'il contient, pour décrire la réalité visible et invisible, des éléments que l'on trouve aussi chez les gnostiques.

Il annonce le salut par la foi au Christ, foi qui est confiance, relation, avant de devenir connaissance, laquelle sera d'ailleurs toujours imparfaite et limitée. Et l'on peut parler de révélation, à propos du Nouveau Testament, sans crainte d'être contaminé par le gnosticisme, parce qu'il nous présente le Christ venu, non apporter une connaissance salvatrice venue d'en haut, mais porter témoignage au Dieu d'amour en révélant aux hommes, concrètement, comment il leur était possib/e de vivre eux-mêmes la loi d'amour.

Ces remarques devraient permettre d'engager tout dialogue interreligieux sur des bases saines.

L'homme peut, en effet, considérer sa religion, quelle qu'elle soit, comme un ensemble fermé de pratiques et de vérités ou, au contraire, comme une voie d'ouverture au divin. Dans 1e premier cas il peut s'attendre à des conflits et des « guerres de religion », tandis que dans le second, il apprend peu à peu~à connaître Dieu, les autres, la réalité, la vie !

Jean Blanchet

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Journées du Protestantime libéral 2003 : « Violence des religions »

Les religions suscitent-elles la violence, ou sont-elles plus simplement l'expression difficilement évitable de la violence enfouie dans la profondeur de la psychologie humaine ? Et à quoi servent les religions si elles ne contribuent pas à maItriser cette violence ? Ces questions de tous les temps ont resurgi ces dernières anneées au point que certains attribuent la responsabilité des grands conflits actuels au choc des religions. Il était donc normal que notre association « Évangile et Liberté » fasse de ces questions le thème de ses prochaines journées du protestantisme libéral.

Bernard Hort, professeur de théologie à Bruxelles, commencera par nous proposer un tour d'horizon théologique, cherchant à tirer les enseignements de quelques conflits passés.

Mais pourquoi la violence ? Pierre Lassus, psychologue et directeur de l'Union française pour le sauvetage de l'enfance, expliquera que la violence commence bien souvent par la maltraitance des enfants.

Nous avons parfois l'impression que le choc des cultures, et donc aussi des religions, est en bonne partie responsable des conflits modernes. Jean-Nicolas Bitter qui est théologien, mais aussi spécialiste de l'analyse et du traitement des grands conflits, nous donnera des explications sur le mécanisme de formation des conflits, sur la part du facteur religieux, et sur les moyens qu'il faudrait mettre en ?uvre pour en atténuer la violence.

Et Jésus dans tout cela ? Claude Schwab, pasteur et enseignant, situera Jésus dans le mouvement prophétique de son temps et montrera qu'il ne pouvait rester neutre, face à la violence de son époque, au point d'en devenir la victime.

Nous aurons aussi une bonne discussion générale sur le problème de la violence qui sera animée par Jean-Paul Sauzède.

L'envoi sera prononcé par Raphaël Picon, professeur de théologie à Paris, qui se demandera si, au milieu de cette violence, Dieu peut être en paix.

Le culte sera présidé par Florence Taubmann, pasteur à l'Oratoire du Louvre. Le samedi soir Cédric Burgelin, organiste titulaire des grandes orgues de la cathédrale de Saintes, nous offrira un récital en la cathédrale d'Agde.

Henri Persoz

Inscription aux journées

Participation aux frais : 1 personne seule 30 euros, couple 50 euros, pasteur et étudiant gratuit

Hébergement à Batipaume : (dans la mesure des places disponibles)

Chambre (serviettes non fournies, petit déjeuner compris) : 1 personne 26 euros, couple 39 euros, pasteur et étudiant : 1 personne 17 euros, couple 24 euros.

Repas : 12 euros.

Règlement-acompte (participation aux frais + 50 % du coût d'hébergement) à envoyer avec le bulletn d'inscription.

Solde à l'arrivée.

Chèques à l'ordre d'Evangile et Liberté.

Accueil : le vendredi de 16 h à 19 h et de 20 h à 21 h, le samedi de 8 h 30 à 10 h et dans la joumée pendant les pauses.

Les repas sont servis à 12 h 30 et 19 h 30 précises. Les services ne peuvent être assurés en dehors de ces horaires.

Il ne sera pas envoyé d'accusé de réception.

Renseignements et inscriptions : Galup : 73, place de Thessalie - 34000 Montpellier - tél. 04 67 65 52 57

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Choix de livres

LES ECRIVAINS FACE A DIEU - Alain HOUZIAUX - Editions in Press (01 43 35 40 32) - 195 pages - 21euros.

De Victor Hugo, croyant et inlassable chercheur de Dieu, mais farouchement indépendant à 1'égard de tout dogme à Camus tiraillé entre refus de Dieu et refus de l'athéisme ; de la « soif de Dieu » inapaisée de Saint-Exupéry à la quête mystique de l'absolue pureté chez Simone Weill ; de la recherche spirituelle de Christian Bobin au mystère du mal et de la liberté chez Dostolevski, la question de Dieu occupe une place centrale et pourtant si différente de l'un à l'autre. Cet ouvrage conduit par Alain Houziaux donne la parole (conférences de l'Église de l'Etoile) à des croyants et des agnostiques et revèle questionnements, convictions et doutes à travers la présentation de ces écrivains. Parmi les conférenciers citons MIchel Leplay, avec étude sur Charles Peguy.

Christian Mazel

DE MÉNILMONTANT A CLERMONT-FERRAND, récit - Réveil publications Lyon 2003 - 61 pages - 10 euros.

en 1920, à Paris-Ménilmontant, pasteur de l'Église réformée, A. Maillot retrace avec verve et humour les grandes lignes de sa vie. Issu d'un milieu ouvrier pauvre, d'un père catholique et d'une mère protestante, il conte sa jeunesse à Paris, ses études, ses engagements... puis ses études de théologie et son ministère dans les paroisses de Lamastre en Ardèche d'abord, et de Clermont-Ferrand ensuite, sans oublier ses passions pour le sport, la péche et l'écriture.

Exégète bien connu, il aura rédigé plus de trente ouvrages dont les fameux commentaires des Psaumes (Labor & Fides, malheureusement épuisés) et des Proverbes (Cerf) en collaboration avec son ami de Faculté André Lelièvre.

Un livre émouvant qui relate la foi et les combats de son auteur face aux illusions et espérances du XXe siècle. Un divertissement qui vaut bien les dix euros.

Jean-Joseph Hugé

LE CHRIST NU - Alain CHAPELIER - Editions du Seuil, Paris - 237 Pages - 19 euros.

Alain Chapellier est prêtre à Houdan, dans les Yvelines. A l'occasion d'un voyage à Florence, il découvre dans le musée de la Casa Buonarotti, un crucifix sculpté par Miche-Ange à l'âge de dix-huit ans et dont le corps du Christ en croix est représenté par celui d'un adolescent nu.

Cette découverte bouleversante donne à l'auteur l'occasion de se laisser interpeller par une relecture éclairée de l'Evangile en dehors de tous les prismes déformants du conformisme, des dogmatismes et des enthousiasmes délirants de la piété populaire. Il s'interroge longuement, avec intelligence et humour, sur l'indécence des habillages successifs dont on a pu, au cours des siècles, revêtir celui qui s'est toujours offert à nous dans la vérité nue. Un livre qui décoiffe et remet profondément en question. Un livre que les protestants apprécieront allègrement.

Jean-Joseph Hugé

QUAND LA BIBLE SE RACONTE - Daniel MARGUERAT - Editions Le Cerf - 211 pages - 17 euros.

De la Genèse à l'Apocalypse de Jean, la Bible est un trésor d'histoires racontées. Son art de conter enchante les lecteurs de tous âges et de toutes cultures : intrigues, réseaux de personnages, imaginaire du lecteur, voyage dans l'espace et le temps. Dans ce livre collectif introduit par Daniel Marguerat, le professeur de Lausanne analyse cette discipline du conte. Sept biblistes choisissent un texte de 1'A.T. ou du N.T. pour mettre en lumière cette approche. Que de découvertes inattendues et enrichissantes ! Le Genèse un récit, André Wenin (Louvain) ; l'épreuve d'Abraham, J-L SKa (Institut pontifical Rome) ; A quoi Jephté sacrifie-t-il sa fille ?, A. Wenin ; la finale courte de Marc, Elian Cuvillier (Montpellier) ; les pelerins d'Emmaüs, Sophie Reymond (Lausanne) ; Cycle pascal du 4e Évangile, J. Zumstein (Zurich) ; l'évasion de Pierre et la mort du tyran, D. Marguerat ; l'intrigue amoureuse de 1 Corinthiens 13, Corina Combet-Galland (Paris).

Christian Mazel

TOUT L'HUMOUR DE LA PROVENCE (Tome 3) - Jean-Claude REY - Editions Autres Temps (97 avenue Gouffonce - 13009 Marseille) 188 pages - 18 euros.

Dans ce nouveau livre, le « conteur du Luberon » propose une centaine de très brèves histoires humoristiques sur la vie en Provence, qu'il aime et fait aimer. Il trouve le sel et le poivre dans tout ce qui se passe autour de lui. Il découvre les traits amusants de l'existence quotidienne du tout-venant. Les auditeurs (des milliers chaque jour) de France bleue Provence (103.6) savoure les contes de ce bienfaiteur de l'humanité dont les petites histoires valent tous les anti-dépresseurs de la bonne humeur de bon aloi. Une détente qui n'est pas dangereuse.

Christian Mazel

L'ETHIQUE CHRETIENNE (Du Nouveau Testament aux défis contemporains) - Eric FUCHS - Ed. Labor et Fides (diffusion en France SOFEDIS, Paris) - 160 pages - 20 euros.

Plusieurs modèles de morale sociale sont présents dans le Nouveau Testament: Paul (le livre fait découvrir l'évolution des conceptions de l'apôtre à travers la suite de ses épitres dans son opposition à l'auto-satisfaction de la Loi), Marc (avec la perception de la présence de Dieu dans l'opacité du réel), Luc (tendresse et proximité de Dieu pour les pécheurs), Matthieu (un certain conservatisme par rapport à l'Ancien Testament), les textes deutéro-pauliniens, Jacques (condamnation des riches), Jean (tension entre vérité et amour), Pierre... Dans la dernière partie du livre, le célèbre théologien ethicien de Genève identifie les lieux actuels sur lesquels l'éthique chrétienne peut apporter une collaboration aux recherches de notre temps et apporte une note particulière (avec son combat intérieur au christianisme en revisant sans concession l'héritage de la tradition et son combat externe avec l'idéologie des droits de l'homme). La reflexion est trés fortement documentée. La pensée et le style sont clairs.

Christian Mazel

COUP DE FOUDRE - Klauspeter BLASER - Ed.Labor et Fides - 56 pages - 12 euros.

Libres propos sur Dieu et la tradition chrétienne, ce livre est une façon de promenade à travers concepts, idées et sentiments religieux, toujours marqués au sceau de la reflexion. Enrichi par les illustrations d'Adrian Frutigier à qui on doit la signalétique du métro parisien.

Christian Mazel

AVEC LE MAITRE - Philippe VERNIER - Ligue pour la lecture de la Bible - 240 pages - 10,50 euros.

Condamné et mis en prison plusieurs fois pour objection de conscience, Philippe Vernier a rédigé chaque jour un texte de reflexion et d'encouragement. Le livre rassemble tous les textes retrouvés et parfois publiés entre 1933 et 1940.

Christian Mazel

JOSEPH ET SES FRERES - Collecton Biblia, Ed. du Cerf.

Cette très intéressante série de commentaires bibliques bien illustrés, se poursuit. Vendu en librairies et par abonnement.

Christian Mazel

MA DROLE DE GUERRE - Michel JANTON - Ed. ISC, - (51 rue de Paradis, 75010) - 189 pages - 20 euros.

Le sergent-chef au 341° RI matricule 1151 raconte au jour le jour sa vie et ses impressions de 1939 à 1944. C'est du vécu, bien exprimé.

Christian Mazel

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Dans le monde des religions

CHINE - Importance des femmes dans les Églises protestantes

Sur les 14 millions de fidèles, 75 % sont des femmes, et les activités sociales sont devenues une partie essentielle du ministère. Les Eglises protestantes connaissent une croissance importante. En 1949, lorsque la Chine est devenue un pays communiste, il y avait moins de 700 000 protestants. Le « Mouvement des 3 autonomies » (de gouvernement, de popagation et de financement) fondé en 1954 comme seul organisme légitime, compte plus de 400 femmes-pasteurs. 98 % d'entre elles ont été consacrées après la révolution cultuelle.

Des groupes indépendants existent à côté de l'Église reconnue.

SUISSE - Zurich Reconciliation protestante

Lors de la Réforme au XVI° siècle, des persécutions ont frappé (notamment par noyades collectives ) les « anabaptistes » (qui rebaptisent les baptisés hors de leur communautés). Les ménnonites et les amishs sont les succésseurs de ce mouvement. Dans la cathédrale de Zurich, le 3 mai dernier, les réformés et les mennonites ont échangé des paroles de reconciliation. Des pasteurs reformés en robe pastorale ont lavé les pieds des représentants amichs venus des Etats-Unis, vêtus de leur austère costume traditionnels. Cet évènement s'est déroulé durant une conférence de quatre jours unissant les successeurs de Zwingli (XVI° siècle) et amishs de Montana (USA).

ROYAUME UNI - une Église gonflable

Si l'on ne peut pas faire venir les fidèles à l'église, alors il faut leur apporter l'église.

C'est ce que pense Michael Gill, de Grande-Bretagne, organisateur d'événements, qui pense qu'une église gonflable peut être placée n'importe où comme un moyen amusant d'attirer les fidèles. Cette structure remplie d'air est faite de P.V.C (chlorure de polyvinyle) ininflammable, et la flèche s'élève à 14 mètres. Elle possède des vitraux et même un autel gonflable.

Michael Gill voit en cette église gonflable la réponse à la diminution du nombre des fidèles dans les Églises du Royaume-Uni et d'autres pays. Elle pourrait être transportée et utilisée pour des services religieux organisés à I'improviste, aussi bien sur la place d'une ville que dans des cités privées d'églises.

L'église, qui mesure 110 mètres carrés, sera montée en Belgique et proposée à la vente ou à la location. Le prix d'achat est de 21750 £ (35 000 $ EU).

FRANCE - Eglise de la confession d'Ausbourg en Alsace et Lorraine

Le 1er octobre prochain le professeur Jean-François Collange (de la Faculté de théologie protestante de Strasbourg, membre du Comité national d'éthique) a été élu président du directoire de 1'ECAAL.

Au lendemain de son élection il a répondu à diverses questions. Sur la possibilité d'une seule Eglise Protestante en France « Le courant qui milite en faveur d'une Eglise protestante unie en France a toute ma sympathie. Rien d'essentiel ne nous sépare, mais il s'agit de ménager les minorités et la majorité. Mon maître en matière d'ouverture est incontestablement le réformateur strasbourgeois Martin Bucer ». Sur l'intercommunion avec les catholiques et l'interdiction qui leur est faite de l'hospitalité eucharistique « La formule du "devoir de désoboissance" employée par Sylvie Reff (candidate aussi à la présidence) à ce propos me plait beaucoup. La communion dans les Eglises protestantes est ouverte à tous. Si les catholiques ne veulent pas la donner, qu'ils la gardent ».

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Forum d'idées à débattre

A propos de l'article Dieu est-il injuste envers les femmes ? (Corinne Lanoir). La transcription par les hommes et des dames est probablement différente, mais ne préjuge pas de justice ou d'injustice envers tel ou tel sexe surtout qu'à l'époque n'avait pas encore cours l'utopie de l'égalité des sexes. Pesonnellement je ne peux croire que Dieu a fait l'homme à son image.

Mme P.S. 33500

Les correspondances internationales de Calvin montreraient que ce « chauvin » était certainement plus « libéral » qu'on ne le pense généralement en France, et certainement plus « humble » que sa réputation en France ne le montre. Il y a à ce sujet une « légende noire » de Calvin qui sert de prétexte à condamner sans reflexion une certaine conception du monde jugée trop « moralisante ».

G.P. 74960

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Un peu d'humour et de vérités

Un sondage a été mené récemment au niveau mondial par l'ONU.

La question était :

« Veuillez donner honnêtement votre opinion sur d'éventuelles solutions à la pénurie de nourriture dans le reste du monde ».

Le sondage a connu un échec complet :

- En Afrique, personne n'a compris ce que signifiait « nourriture »

- En Europe de l'Est, personne n'a compris ce que signifiait « honnêtement »

- En Europe de l'Ouest, personne n'a compris ce que signifiait « pénurie »

- En Chine, personne n'a compris ce que signifiait « opinion »

- Au Moyen Orient, personne n'a compris ce que signifiait « solution »

- Aux Etats-Unis, personne n'a compris ce que signifiait « le reste du monde ».

Communiqué par Henri Persoz

 

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