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articles du N°169 - Septembre 2003

( sommaire )

Éditorial : Demander pardon

Dans notre éditorial du n° de juin, après la censure imposée au Courrier des lecteurs concernant des critiques de la présentation de l'homosexualité (rédaction à notre insu), nous avons annoncé notre décision de quitter la direction du journal.

Quand nous regardons le chemin parcouru dans la vie d'« Evangile et Liberté » ces 15 dernières années (1988), nous sollicitons le pardon pour les omissions commises involontairement, pour les maladresses dans la formulation de la pensée, pour les erreurs dues à des évaluations inexactes, pour les échecs de la défense de nos convictions. A ceux que nous avons froissés ou déçus, nous présentons nos excuses s'ils nous lisent...

Mais nous sollicitons aussi l'indulgence pour nos succés. Les réussites parfois dues à des causes diverses indépendantes de notre volonté, suscitent toujours des jalousies de la part de moins privilégiés.I1 y a longtemps déjà un roman de Gilbert Cesbron a propos des combattants 14-18, s'intitule « avoir été »....

Il y a lieu aussi de reconnaitre que nous commettons des dégats chez ceux que nous côtoyons, sans nous en rendre compte. Mais ces méfaits sont réels. Nous remettons donc notre action par « Evangile et Liberté » entre les mains de celui qui crée et ne cesse de créer « de nouveaux cieux et une nouvelle terre »

En ces temps de rentrée scolaire et universitaire, les générations des « ainés » (parents, enseignants en particulier) doivent repenser leurs responsabilités pour l'état du monde social qui accueille les enfants et les jeunes. Quels sont nos sujets de satisfaction (niveau de vie économique, facilités d'études, démocratie, libertés, traditions spirituelles et morales) en comparant avec la situation passée et en regardant ailleurs ? Et nos sujets d'humiliation (corruptions, désordres scandaleux de la planète, égoïsmes individuels et catégoriels, absences de repères pour les valeurs et raisons de vivre) ? Qu'avons-nous fait des espérances saluées et des sacrifices consentis par ceux qui ont apporté des signes de solidarité, de générosité, d'idéal ?

Devant l'inventaire social actuel, aux niveaux personnels et sociaux, nous avons à demander pardon aux générations qui arrivent. Pardon n'est pas seulement reconnaissance honnête et lucide du passe, mais volonté de faire du neuf et de repartir dans des nouveautés de relation avec ceux qui font un moment de route avec nous.

Christian Mazel

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Textes divers

Idéal

Je suis convaincu que notre effort de la vie entière doit viser à conserver à nos pensées et à nos sentiments leur fraîcheur de l'enfance.

L'idéalisme de la jeunesse a raison : c'est un trésor qu'il ne faut échanger contre rien au monde.

La force de l'idéal est incalculable. A regarder une goutte d'eau, on n'y voit trace de force. Mais qu'elle pénètre dans une fissure de rocher, et s'y congèle, elle fera sauter le rocher.

Si les hommes devenaient en réalité ce qu'ils sont à quatorze ans en possibilité, que le monde serait différent !

Albert Schweitzer
Epilogue de mon enfance 1924

 

On a besoin de toi

Si la note disait : « ce n'est pas une note qui fait la musique », il n'y aurait pas de symphonie.

Si le mot disait : « ce n'est pas un mot qui peut faire une page », il n'y aurait pas de livre.

Si la pierre disait : « ce n'est pas une pierre qui peut former un mur », il n'y aurait pas de maison.

Si la goutte d'eau disait : « ce n'est pas une goutte qui peut faire une rivière », il n'y aurait pas d'océan.

Si l'homme disait : « ce n'est pas un geste d'amour qui peut sauver l'humanité »,

il n'y aurait jamais de justice et de paix, de dignité et de bonheur, sur la terre des hommes.

Comme la symphonie a besoin de chaque note,

comme le livre a besoin de chaque mot,

comme la maison a besoin de chaque pierre,

comme l'océan a besoin de chaque goutte d'eau,

comme la moisson a besoin de chaque grain de blé,

l'humanité a besoin de toi,

là où tu es, unique et donc irremplaçable.

Michel Quoist

Psaume

Heureux celui qui est apaisé

en touchant l'écorce d'un arbre

Il entend l'écho des consonnes

égrenées au cloître du vent

Il goûtera jusque dans la vieillesse

les splendeurs de son enfance :

le goût acidulé du blé en herbe

la pluie à l'odeur de craie

La béatitude est pour lui

dans la chair des humbles choses

Le clin d'oeil du paradis

s'inscrit au creux des ravines

Pierre Etienne

Écoute...

Ecoute...

Quelqu'un t'appelle. Il dit ton nom.

Ecoute...

Il t'invite à te redresser, à dire non à la fatalité, à la mort, à la bêtise, à la violence.

mais il veut faire de toi quelqu'un, quelqu'un d'actif, artisan de paix et de justice.

Ecoute...

Toi qui es là où au loin, ouvre la porte à celui qui frappe, ouvre ta porte à celui qui fait mine de passer. Fais-le entrer pour le partage, pour la joie, pour la fraternité.

Ecoute...

Il te dit de t'aimer, d'aimer les autres, et le monde, et Dieu, et la vie, et l'éternité.

Ecoute...

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même.

Amen.

Vincens Hubac

Si un enfant

Si un enfant vit dans la critique

il apprend à condamner.

Si un enfant vit dans l'hostilité

il apprend à agresser.

Si un enfant vit dans le ridicule

il apprend à être gêné.

Si un enfant vit dans la honte

il apprend à se sentir coupable.

Si un enfant vit dans l'encouragement

il apprend à être confiant.

Si un enfant vit dans la motivation

il apprend à s'apprécier.

Si un enfant vit dans la loyauté

il apprend la justice.

Si un enfant vit dans la sécurité

il apprend la confiance.

Si un enfant vit dans l'approbation

il apprend à s'aimer.

Si un enfant vit dans l'acceptation et l'amitié

il apprend à trouver l'amour dans le monde.

Cahiers de la Réconciliation n° 1/2 - 2000

En forme d'humour biblique

Dieu a tellement aimé le monde...

Qu'il ne lui a pas envoyé un comité.

I.P.L.P.

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Interview de Laurent Gagnebin et Raphaël Picon

1. Pouvez-vous dire quel a été votre parcours jusqu'à ce jour ?

Laurent Gagnebin : Je suis né à Lausanne où j'ai passé mon baccalauréat et fait mes études de théologie, ainsi qu'à Göttingen et Heidelberg. C'est à l'université de Lausanne que j'ai soutenu mon doctorat consacré à la prédication de Wilfred Monod. J'ai été, pendant 20 ans, pasteur de l'Eglise réformée de France dans la paroisse de l'Oratoire du Louvre et au Foyer de l'Ame à Paris. Puis, pendant encore 20 ans, j'ai été professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris en théologie pratique et apologétique.

Raphaël Picon : Je suis maintenant professeur à la Faculté de théologie au poste occupé précédemment par Laurent. Pendant deux ans, j'ai été chargé des relations internationales de l'Eglise Réformée de France. Précédemment, pendant six ans, j'ai été pasteur de cette Eglise en Nord-Normandie comme pasteur de paroisse (Lillebonne) et animateur théologique. J'ai aussi été pasteur pendant un an aux U.S.A. J'ai fait mes études de théologie à Paris, Montpellier, au Liban pendant un an dans une faculté grecque-orthodoxe et aussi pendant un an à la faculté « Union » de New-York. Ma thèse de doctorat a été consacrée à la théologie du « Process » et à John Cobb.

2. Quels sont vos centres d'intérêt théologiques ?

Laurent Gagnebin : Mes centres d'intérêt ne sont pas purement théologiques. Dans un certain sens, la pensée chrétienne ne m'intéresse pas en soi, mais dans sa rencontre avec autre chose qu'elle-même. Je ferais volontiers mienne l'expression de Tillich selon laquelle ma théologie est une pensée de la « frontière ». La frontière n'est plus alors comprise comme ce qui sépare, mais bien comme ce qui permet une rencontre et un dialogue. D'où le fait que j'ai écrit 4 livres de critique littéraire (Gide, Camus, Beauvoir, Sartre), deux essais sur art et religion, et ai fait, sous la direction d'André Malet, une maîtrise de philosophie dont l'aboutissement ultime sera mon livre consacré à Nicolas Berdiaeff. Un dialogue avec l'athéisme traverse aussi toute ma vie et mes recherches. L'existentialisme représente également un pôle dans mes réflexions et Bultmann occupe là une place très importante.

Raphaël Picon : Tout m'intéresse en théologie, dès lors qu'on comprend la théologie comme une dimension de la culture, comme ce qui exprime nos préoccupations fondamentales, ultimes dirait Paul Tillich, comme ce qui révèle notre humanité dans toute sa profondeur, sa complexité et ses aspirations. J'aime que la théologie soit réellement au service de la vie et de l'existence humaine. Dans ce sens, tout ce qui concerne le dialogue inter-religieux, la confrontation au politique, le dialogue avec les arts et les sciences, me passionne. Pour moi, la théologie est véritablement une conversation conduite à plusieurs voix qui cherche à repenser les conditions d'une existence ouverte à la possibilité d'une transcendance et à développer de nouvelles images de Dieu.

3. Qu'est-ce pour vous qu'une théologie libérale ?

Raphaël Picon : C'est une théologie pour laquelle rien ne va de soi et qui ose se poser des questions. C'est aussi une théologie qui s'accepte comme relative, constamment soumise à la critique. La tâche de la théologie doit, plus particulièrement, veiller à ce que nos images de Dieu ne deviennent pas des idoles. Une théologie est libérale aussi parce qu'elle appelle chacune et chacun dans sa liberté critique et parce qu'elle soutient que la foi est l'expression de notre liberté. C'est précisément parce que rien nous ne oblige à croire qu'on peut croire librement.

Laurent Gagnebin : On a toujours un peu la théologie de son caractère ! Ce qui signifie, en ce qui me concerne, que je suis profondément allergique à tout ce qui est conventionnel et qui vous dirait ce qu'il est bien de penser et de croire. Je pousse cela très loin parce que je suis assez souvent agacé par ce que les protestants libéraux estiment qu'on doit croire et ne pas croire. Je me méfie autant de l'orthodoxie des orthodoxes que de celle des libéraux. Le protestantisme libéral me semble affirmer fondamentalement que l'amour du prochain, en réponse à l'amour premier de Dieu pour nous manifesté en Jésus-Christ, désigne le coeur de l'Evangile, lequel est donc avant tout d'ordre pratique, moral et social, et non pas doctrinal.

4. Quelles orientations souhaitez-vous donner à Evangile et Liberté ?

Raphaël Picon : Des orientations qu'il a déjà et que nous pourrions peut-être affirmer davantage. D'une part, il s'agit de donner au journal une expression théologique toujours véritablement libérale, sans tabous intellectuels, qui ose exprimer des convictions novatrices, libres, indépendantes. D'autre part, Evangile et Liberté a une orientation spirituelle qui me paraît très précieuse pour notre enrichissement personnel. Le défi d'Evangile et Liberté est de tenir ensemble ces deux éléments trop rarement associés : une théologie accessible à tous et qui ne recule pas devant les questions d'aujourd'hui, et une expression spirituelle propice à l'édification de chacun.

Laurent Gagnebin : Je dirais l'orientation de notre mensuel par ces mots : « Des racines et des ailes » ! Les racines, c'est la reconnaissance de ce que nous devons à tous ceux qui nous ont précédés dans le protestantisme libéral (plus particulièrement au XIX° et au XX° siècle). Les racines, ce sont aussi l'approfondissement d'une spiritualité chrétienne par laquelle libéralisme et piétisme forment un tout assez harmonieux. Les ailes, c'est l'envol vers des recherches théologiques dynamiques, inventives, novatrices, voire paradoxales, qui nous permettent de dire notre foi si possible avec les mots d'aujourd'hui et les concepts de demain.

5. Qu'exprime pour vous l'expression « Evangile et Liberté » ?

Raphaël Picon : D'abord qu'on est nourri, stimulé, fondé par cet Evangile qui nous précède, c'est-à-dire par une parole bonne et neuve qui nous est donnée et nous entraîne. C'est cet Evangile qui nous libère pour les autres, pour l'action, pour la pensée. Ce titre de notre journal dit bien à la fois l'enracinement, l'héritage, le fait d'être relié à d'autres et la possibilité de dire je, d'innover, de se projeter dans l'avenir. C'est un titre très riche et l'on peut espérer que chaque numéro parvienne à illustrer l'une des nombreuses significations que l'on peut donner à ce couple : « Evangile et Liberté ».

Laurent Gagnebin : Pour moi, l'expression « Evangile et Liberté » dit en deux mots ce que l'on pourrait dire en un seul : le protestantisme.

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Journées libérales 2003 : Violence des religions

Samedi matin : « La violence aujourd'hui » - Bernard Hort (Bruxelles)

Samedi après-midi : « La maltraitance comme origine des violences »

Pierre Lassus (Sauvetage de l'enfance)

Table ronde - Jean-Paul Sauzède

Soirée : Concert d'orgues à la cathédrale d'Agde - Cédric Burgelin

Dimanche matin : « Confrontations des cultures ? » - Jean-Nicolas Bitter (Virginie, USA)

Culte : Florence Taubmann

Dimanche après-midi : « Jésus et la violence » - Claude Schwab (Lausanne)

« Un Dieu en paix » - Raphaël Picon (Paris)

Inscription aux journées :

Participation aux frais : 1 pers. seule 30 e, I couple 50 e, pasteur et étudiant : gratuit - Hébergement à Batipaume : (dans la mesure des places disponibles) Chambre (serviettes non fournies, petit déjeuner compris) : 1 pers. 26 e, couple 39 e, pasteur et étudiant : 1 pers. 17 e, couple 24 e.

Repas : 12 e. Règlement-acompte (participation aux frais + 50 % du coût d'hébergement) à envoyer avec le bulletn d'inscripton - Solde à l'arrivée. Chèques à l'ordre d'« Evangile et Liberté ».

Accueil : le vendredi de 16 h à 19 h et de 20 h à 21 h, le samedi de 8 h 30 à 10 h et dans la joumée pendant les pauses. Les repas sont servis à 12 h 30 et 19 h 30 précises. Les services ne peuvent être assurés en dehors de ces horaires. Il ne sera pas envoyé d'accusé de réception.

Renseignements et inscriptions : Galup : 73, place de Thessalie - 34000 Montpellier - Tél. 04 67 65 52 57.

Après l'article du pasteur Florence Taubmann sur « Penser librement » paru dans le numéro de juillet-août 2003, nous continuons une réflexion sur ce sujet.

Christian Mazel

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La liberté et la pensée

Suis-je libre de penser ?

Liberté, penser, vivre, être, paraître, exister, les autres... et soi-même un choix, voilà autant de mots qui, tels des couleurs seront utilisés dans cette petite méditation.

« Je pense, donc je suis », « ose penser par toi-même » ont été deux rencontres qui m'aideront dans cet essai.

« Je pense , cette capacité est propre à I'homme, bien que certains animaux montrent des aptitudes très proches de la pensée intelligente. L'homme anaIyse, prévoit, imagine, élabore des raisonnements constuits, est conscient de sa finitude.

En une première lecture une telle phrase peut simplement souligner la place des hommes par rapport aux autres créatures dans la création.

Et si nous déplacions notre analyse sur le « je suis ». Biologiquement nous naissons et nous vivons tous, hommes, animaux, végétaux et j'irai jusqu'aux minéraux.

Pour les humains cette vie est en société, les uns avec les autres. Chacun se construit par, dans et avec ces contacts relationnels, dans le contexte de son époque. Ce que je pense, dis et écris naît de mes échanges avec les autres ; c'est grâce à eux que je peux penser, dire et écrire ce que j'exprime en mon nom propre.

Mais il y a un immense chemin entre cette première phase d'écoute, d'échange, de saisie d'informations diverses et cette dernière étape d expression de soi. Le « je suis » est donc plutôt un « je tends durant toute ma vie à atteindre mon être », mon « je suis ». Et le long de ce chemin, par rencontres successives, par essais de comprendre (prendre avec soi, s'approprier) ce qui m'entoure, je me laisse déplacer (exister) je donne des images (para-être: fausse étymologie pour dire être à côté de « je suis ») de moi aux autres.

En fait, se construit un être en évolution Mais tout comme dans la phase bien connue de l'adolescence, il arrive un, temps de prise de distance, de déconstruction, de déshabillage par rapport a tout ce qui a permis par les relations d' atteindre le temps du « ose penser par toi-même ».

Le « par toi-même » semble alors la découverte importante. Finalement, l 'essentiel est le « ose ».

Partant d'une liberté visible extérieure « tu peux, personne ne te contraint » on découvre que la vraie liberté réside dans le choix que l'on fait soi-même, intérieurement, pour atteindre le « je suis » qu' il nous est donné d'être. Oser, c'est risquer, c'est se risquer, c'est mettre en danger l'image du « paraître » qui fonctionne si souvent en parallèle avec le « faire », « faire sous le regard des autres ». Oser, c'est aussi avancer sur le chemin de la vraie liberté, celle qui paradoxalement est la plus profonde et personnelle mais permet de tisser les liens de relations les plus vrais entre les humains.

Alors je referai la lecture des deux phrases : c'est parce que Dieu (c'est l'expression de ma conviction) m'a donné un « être » à atteindre que 1e pense, mais c'est en osant penser, poser les mots sur le choix des valeurs dans lesquelles je veux inscrire les quelques temps de mon passage sur terre, que je trouverai alors le sens de 1e vie.

Le trouver pour soi est aussi l'offrir aux autres, le partager. Sans doute; aussi, pour moi, avancer ainsi dans la vie aboutit à ce chemin d'humilité qui associe le silence à la pensée, se moquant des belles constructions intellectuelles et recherchant avant tout la cohérence de sa vie/pensée dans la relation à l'autre.

Où en suis-je, dans la vie quotidienne d'être en chemin vers son être, comme tout un chacun ?

Pour sûr je suis imprégnée de toute cette surinformation non hiérarchisée (entre deux reportages télévisés le sourire du présentateur, alors que les morts jonchant la rue d'une ville lointaine sont encore imprimés dans nos yeux, qui annonce les nouvelles collections de la mode... Interviews mêlées de l'homme de la rue, de la vedette du dernier tour de France et du spécialiste sur le dernier conflit en Afrique... obligation pour tous de savoir donner un commentaire tout de suite ; sur tout événement... nécessité d'être réactif... mélange entre l'affectif et le rationnel) qui évoque le tohu-bohu de la Genèse !

Pour sûr je ne suis pas différente des autres et je pleure avec la famille de cette actrice, morte rouée de coups; je pleure avec les admirateurs de ce chanteur violent, jusque là symbole de ceux qui refusent tout malheur.

Cependant, il me reste à analyser mes pleurs, à comprendre qu'ils sont pointés sur toutes les victimes de violence et qu'ils sont volonté de ne pas oublier ceux qui sont écrasés par leur image et leur paraître sans arriver à vivre ce qui est chez eux seulement discours et v?ux pieux (j'en suis aussi !!!).

Mais voilà, mes lamentations vont se joindre à d'autres lamentations, versées pour d'autres raisons peut-être, mais qui grossiront l'audimat des lamentations.

Je le sais et ce qui me permet d'oser penser est la liberté que je prends de ne pas donner de doctes avis spécialisés sur ce que j'ignore, la liberté d'estimer les critères qui m'autorisent à formuler des révoltes et des prises de position que Je veux claires, la discipline d'écouter, comprendre et respecter les arguments des autres.

Ma liberté ne réside pas en l'absence de contraintes mais dans le choix des limites que j'accepte, ou m'impose.

Florence Couprie
Vichy-Montluçon

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Réflexion biblique

Qui dites-vous que je suis ?

L'une des plus belles confessions de foi en usage dans les Églises de la Réforme commence par ces mots : « Avec les premiers témoins de l'Évangile, nous confessons la foi chrétienne ». Elle reprend des déclarations de foi personnelles, qui toutes se trouvent dans l'évangile. Cela produit un texte magnifique, profond et véridique. Pour autant, sa formulation peut induire en erreur.

1. Ce texte est beau, profond. Aucune des paroles qu'il contient n'est superficielle ou factice. Toutes expriment une vérité venue du fond de l'être, issue d'une rencontre personnelle avec Jésus de Nazareth. Toutes s'avèrent porteuses de l'enthousiasme des commencements. Il s'agit là d'un chant nouveau. Il s'agit de l'un des sommets qu'a produits la tradition ecclésiale, depuis l'aube du christianisme.

2. Pour autant, la formulation de ce texte peut induire en erreur. En effet, il affirme exprimer la foi chrétienne - comme s'il n'y en avait qu'une, simple, localisable, et qu'on pouvait savoir laquelle. Pourtant, il réunit des témoignages personnels, singuliers, parfois contradictoires, dits dans l'instant par des témoins d'une présence insaisissable.

Il est facile de montrer que chacun exprime son espérance, sa compréhension de la venue du Maître de l'Évangile, et non pas un savoir sur l'être même de Jésus de Nazareth. Par exemple, Jean le Baptiste exprime sa préoccupation profonde : « Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde ». Cette formule correspond à la mission de celui qui prêchait le baptême de repentance. Pierre, de son côté, proclame : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Il exprime par là l'attente messianique d'un libérateur politique, qui soit en même temps un grand-prêtre. Chacun exprime donc, non pas ce qu'est Jésus, mais plutôt ce qu'il en attend, qu'il en espère.

Jésus, de son côté, n'a jamais demandé : « Qui suis-je ? » Il aurait posé la question de son être, de sa nature ou de ce que d'aucuns appelaient sa « substance ». Mais il a questionné ainsi : « Qui dîtes-vous que je suis ? » Cela revenait à demander : « Qui suis-je, pour vous ? »

Cette question, je ne suis pas certain que les chrétiens en aient mesuré les enjeux. A la limite, peu importe ce qu'est Jésus en lui-même. Personne, probablement, ne le saura jamais. Ce qui importe, c'est ce qu'il est pour nous, pour chacun d'entre nous. Aucune relation n'échappe à cette certitude: je ne sais pas qui est l'autre, mais je sais qui il est pour moi.

La déclaration de la foi n'exprime pas un quelconque savoir. Elle affirme le geste d'une espérance. Elle est un voeu, une prière, une demande et une attente. Quand elle revêt la forme de la foi, elle devient une certitude fragile : « Pour moi, tu es cela, mais je ne sais rien de ce que tu es ». Qu'importe ! l'acte de foi prime toujours sur la volonté de savoir. La liberté laissée à l'autre prime toujours sur la volonté de l'enclore.

Jésus, de son côté, ne répond jamais : « Tu te trompes ». S'il s'était agi de son être, sans doute aucune des réponses n'aurait été exacte. S'agissant de ce qu'il est pour chacun, toutes les réponses sont vraies. Le plus profond, dans l'évangile, ne réside donc pas dans la réponse. Il figure dans le respect manifesté par le Maître de l'Évangile : aucune réponse ne dit le vrai, toutes expriment la vérité des relations. Et cette vérité, car elle est un acte d'amour, est peut-être la seule qui importe. C'est une vérité ultime, bien plus profonde encore que celle qui aurait pu - à supposer - exprimer le réel.

Déclarer sa foi, ce devrait toujours être un véritable acte d'amour : Qui tu es, comment le saurais-je ? Mais ce que tu représentes pour moi, cela je le perçois, je le veux, je l'ai choisi, et c'est pour cela que je t'aime.

On a beau dire, même si bien souvent on ne l'a pas compris, l'Evangile demeure un chant d'amour comme bien rarement l'histoire littéraire nous en a apportés. On a beau dire, mais le Maître de l'Evangile a exprimé mieux que quiconque le mouvement profond de la vie, son chant profond, sa vérité fragile et la force de sa certitude.

Lisons, lisons, lisons. Un jour, par-delà la morale, au-delà du bien et du mal, nous découvrirons l'espérance que l'ouverture à l'inédit peut apporter. Un jour, par-delà le christianisme, si souvent obsolète, nous découvrirons la force que l'Evangile nous apporte. Alors, peut-être, peut-être, nous aurons découvert ce que le Maître a apporté : comment se déplacer vers les sommets.

Pierre-Yves Ruff

Nota : Pierre-Yves Ruff est rédacteur en chef de Théolib. Dernières parutions : Sagesse et religion (n° 21) ; Jésus est-il le Fils de Dieu ? (n° 22). À paraître : Protestantisme libéral et christianisme social (n° 23). Hommage à Michel Servet (hors série). L'exemplaire : 6,10 € Hors-série : 6,50 €. Abonnement 1 an (France) : 23 €. Spécimen sur demande. Renseignements et commandes : SPLT, c/o P.-Y. Ruff, 27 rue Thibouméry # 441, 75015 Paris. 01 56 56 86 41.

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La violence envers les femmes : pas une minute de plus

La tragédie de la mort de Marie Trintignant, vedette du cinéma, sous les coups de poing de son compagnon actuel Bertrand Cantat, leader du groupe rock Noir Désir, les 26-27 juillet à Vilnius (Lituanie) ont fait la une des journaux du monde entier. Marie Trintignant à 41 ans a eu 4 enfants de 3 pères différents. Ses parents l'ont lancée dans le monde du cinéma. Et elle tournait un téléfilm. Bertrand Cantat, 39 ans, est porteur d'une contestation politique et sociale : pour le Chiapas, le Tibet libre, José Bové. Contre le Front National et Jean-Marie Messier (Universal). Combien de drames conjugaux n'ont pas cette publicité ?

Nous apportons des informations sur ces tragédies dans le monde.

En France 6 femmes meurent chaque mois des suites des coups reçus. Une femme sur 10 subit des violences et cela dans toutes les catégories sociales.

La violence conjugale et familiale est largement répandue, qu'il s'agisse de pays développés ou en voie de développement. Elle est présente dans toutes sortes de foyers ou de communautés, quelles que puissent être les barrières sociales, le niveau économique, la caste, la race, l'origine ethnique, la nationalité, la religion ou l'âge.

Jusqu'à très récemment, la violence familiale a été considérée comme une affaire privée ou personnelle et n'était pas prise en considération par l'Église, la société en général ou les tribunaux, même lorsqu'on attirait leur attention sur des cas précis. Le secret traditionnellement associé aux actes de violence liés au sexe est considérable -c'est une tradition faite de souffrance, de honte et de peur. En conséquence, la violence et les comportements brutaux continuent de faire des ravages dans de trop nombreuses familles, dans les foyers et dans la population.

La violence envers les femmes, c'est la sélection prénatale à l'avantage des bébés de sexe masculin, c'est l'infanticide des petites filles, ce sont les violences sexuelles, la mutilation sexuelle des filles, le harcèlement sexuel à l'école et sur le lieu de travail, la traite des femmes, la prostitution forcée, les violences liées à la dot, la violence familiale, les femmes battues, le viol conjugal.

Voici quelques cas, pris un peu partout dans le monde :

Brésil : Un homme reconnaît avoir tué sa femme et l'amant de celle-ci à coups de couteau. Il est acquitté pour la deuxième fois par un jury entièrement masculin. L'acquittement se fonde sur l'argument que cet homme aurait agi en état de légitime défense pour atteinte à son honneur.

Caraïbes : Joy se rend au commissariat de police pour porter plainte parce que son petit ami l'a violée. Les policiers se relaient pour la violer dans le commissariat.

Kenya : Dans un pensionnat, 300 garçons assaillent le dortoir des filles. 71 filles sont violées. Dans le sauve-qui-peut, 19 filles sont piétinées à mort. Remarque du directeur adjoint de l'école : « Les garçons n'ont jamais voulu faire de mal à ces filles, ils voulaient seulement les violer ».

Inde : Au cours des émeutes contre les musulmans, au Gujerat en 2002, de nombreuses femmes ont été battues, violées, brûlées et assassinées. Une femme enceinte a été éventrée, le foetus arraché a été brûlé et posé sur son ventre. Des survivants ont raconté que des femmes, toutes nues, étaient arrivées dans un camp de secours destiné aux victimes. Elles pouvaient à peine marcher. L'une des volontaires a dit qu'il a fallu qu'elle leur retire des bâtonnets de cricket que les violeurs leur avaient placés dans le vagin pour s'amuser et les ridiculiser. Une fois les bâtonnets enlevés, ces femmes étaient toutes déchirées à l'intérieur.

Nigeria : Amina Lawal Kurami, 31 ans, est condamnée à la lapidation par un tribunal islamique de la charia pour avoir attendu un enfant hors mariage. Si elle est confirmée, la sentence sera appliquée en 2004, une fois l'enfant sevré.

Pakistan : Sur ordre de la jirga (assemblée traditionnelle) du village, une femme de Muzaffargarh au Pendjab a subi un viol collectif de la part de quatre hommes. Quel était son "crime" ? Son frère aurait eu des relations sexuelles avec une femme d'une tribu d'un rang plus élevé. Et c'est pour ce crime qu'elle a fait l'objet de cette agression publique. Des centaines de personnes ont vu cette femme traînée de force dans sa chambre. Personne n'est intervenu ou n'a dit quoi que ce soit. "Ils m'ont violée pendant une heure, après cela, je ne pouvais plus bouger", a-t-elle dit.

États-Unis : Alors qu'elle attendait, au tribunal, la prolongation d'une ordonnance de protection, une femme de 51 ans a été tuée de 19 coups de couteau par son ancien compagnon. À deux reprises, il avait déjà été accusé de harcèlement, et les deux fois il avait bénéficié d'un non-lieu.

La violence envers les femmes se fonde sur la conviction que l'identité sexuelle se définit par des rapports de pouvoir dans lesquels la femme serait inférieure à l'homme. Cette conviction se traduit par le fait que la société reconnaît qu'il convient de réagir vigoureusement lorsque l'autorité masculine est mise en cause d'une façon ou d'une autre. L'une des normes culturelles admises réside dans un double critère à propos de la sexualité : on tolérera un comportement sexuel irresponsable chez l'homme, tandis que l'on condamnera l'infidélité féminine. Les hommes pensent qu'ils doivent pouvoir contrôler les femmes dans leur vie afin de manifester leur « virilité », et la société l'accepte. Beaucoup de cultures estiment qu'il convient de « commander » aux épouses et de les punir lorsqu'elles désobéissent, voire lorsqu'elles ne font que répondre avec insolence. L'excuse la plus fréquente pour expliquer les mauvais traitements est que c'est la faute de la femme : « c'est elle qui m'a forcé à faire ça ; elle l'a cherché, si seulement elle n'avait pas été à tel endroit, si elle n'avait pas fait ou dit telle chose, si elle n'avait pas porté ce vêtement-là... » Il est admis, également, que la femme est la propriété de l'homme et que ce qu'il fait de sa propriété ne concerne que lui. Les grandes religions tolèrent cette façon de voir les choses, y compris le christianisme, l'hindouisme, l'islam. Les textes religieux y sont interprétés de manière à justifier la suprématie masculine et la soumission de la femme.

Patricia Shei Rattan-Bisnauth
Extrait de UPDATE, Publication de l'ARM, Volume 13

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Dans le monde des religions

Alexis Muston (1810-1888)

En 1636 arrivait à Bourdeaux un jeune pasteur suffragant, frais émoulu de la Faculté de théologie de Strasbourg, où il avait étudié également la médecine, Alexis Muston, originaire des Vallées vaudoises du Piémont ; ce haut lieu alpin où s'étaient réfugiés dès le 14° siècle des adeptes de Valdo et qui avaient opté pour la réforme de Calvin au XVI° siècle. Alexis Muston avait publié un ouvrage sans l'autorisation de l'évêque piémontais et il avait fui clandestinement son pays, en plein hiver par la montagne, pour se réfugier en France. Alexis Muston épousa une bourdeloise et resta pasteur à Bourdeaux jusqu'à sa mort en 1888.

En plus de ses responsabilités pastorales, il avait de nombreuses occupations, correspondant aux dons exceptionnels qu'il avait reçus. Médecin, il soignait gratuitement les gens du pays: il était en particulier ouvert à l'homéopathie. Excellent dessinateur, il a laissé des milliers de dessins et d'aquarelles qui nous présentent les paysages de l'époque, bourdelois et autres, et les détails de la vie locale d'il y a 150 ans. Historien, notamment de l'histoire des Vaudois. Écrivain et poète, il correspondait avec toutes les sommités littéraires de son temps : Victor Hugo, Jules Michelet, Alphonse de Lamartine, Alexandre Dumas, George Sand, etc. Il a écrit plusieurs ouvrages et des documents de grande valeur: les Bourdelois découvriront avec plaisir qu'il était l'auteur de la fameuse légende d'Alberte de Poitiers, commémorée le 15 août de chaque année à Bourdeaux. Botaniste, il décrivait et dessinait les fleurs et les plantes qu'il découvrait lors de ses nombreuses pérégrinations pédestres. Éducateur, il collaborait avec son collègue le pasteur Mailhet, fondateur d'une école modèle à Bourdeaux. Républicain, il le resta profondément jusqu'à la fin, fidèle à la devise fondamentale de sa nouvelle patrie: liberté, égalité, fraternité.

B.I.P.

SANCTION CATHOLIQUE APRÈS LE KIRCHENTAG OECUMENIQUE DE BERLIN

Un prêtre catholique de Bavière ne pourra pas célébrer la messe pour avoir enfreint les ordres du Vatican et avoir reçu l'Eucharistie des mains d'un pasteur protestant.

Le prêtre Bernhard Kroll a été écarté temporairement de ses fonctions après avoir assisté à un service oecuménique organisé à Berlin à la fin mai malgré les règles officielles du Vatican qui empêchent les protestants et les catholiques de partager l'eucharistie, ou la sainte communion.

Bernhard Kroll a prêché lors du service qui comprenait une eucharistie protestante et a reçu la communion donnée par un pasteur protestant.

La sanction prononcée à l'encontre de Bernhard Kroll, le 4 juin, a provoqué une vague de protestations dans sa paroisse de Grosshabersdorf; l'organiste et les membres du choeur ont refusé de jouer et de chanter durant les services religieux et un millier de personnes ont formé une chaîne humaine d'un kilomètre de long entre les églises catholique et luthérienne du village, après les services dominicaux du 8 juin.

L'évêque Walter Mixa d'Eichstätt a déclaré que Bernhard Kroll avait enfreint les règles de l'Eglise sur l'eucharistie réitérées par le pape Jean-Paul II dans une encyclique publiée en avril. Le prêtre a reçu l'ordre de faire une retraite en compagnie d'un conseiller spirituel.

« Wir sind Kirche » (Nous sommes l'Eglise), l'un des groupes organisateurs du service à Berlin a demandé à l'évêque Mixa de rétablir le prêtre Kroll dans ses fonctions.

Pourtant, selon le professeur Richard Puza, spécialiste du droit de l'Eglise catholique à l'université de Tübingen, l'évêque Mixa aurait pu imposer des sanctions plus lourdes s'il l'avait voulu, comme éloigner le prêtre de façon permanente de sa paroisse, au lieu de l'écarter temporairement de ses fonctions.

Ce n'est pas la première fois qu'un prêtre catholique allemand est soumis à des sanctions à cause de l'eucharistie. En 2000, Hermann Münzel avait été démis de ses fonctions après avoir célébré une eucharistie avec des pasteurs d'autres confessions durant un congrès de l'Eglise catholique à Hambourg.

ANGLETERRE : ECOLES

1500 familles ont choisi pour des motifs religieux d'éduquer leurs enfants à domicile.

Ce phénomène en pleine ascension est généralement le fait de chrétiens évangéliques (mais aussi de quelques catholiques) qui rejettent les « mensonges que diffuse l'école publique sur l'histoire, la morale, l'évolution et la sexualité ».

L'EGLISE ANGLICANE ET L'HOMOSEXUALITÉ

Dans le monde

Le Primat de l'Eglise anglicane au Nigéria (une des plus grandes provinces anglicanes avec 15 millions de membres) a déclaré qu'il considérait comme impie la décision de l'évêque de Colombie britannique, au Canada, de préparer une liturgie pour la bénédiction des mariages entre personnes du même sexe. L'archevêque Akinola du Nigéria voit derrière la nomination d'évêques homosexuels au poste de Reading en Angleterre (Joffrey John) et dans le New-Hampshire aux USA (Gene Robinson), « un raisonnement compliqué », qu'il considère comme une « trahison ». Ces nominations, affirme-t-il, vont à l'encontre de l'enseignement anglican. En effet les primats anglicans réunis au Brésil en mai dernier, ont renouvelé leur engagement de respecter l'autorité des Ecritures et ont rejeté le mariage entre personnes du même sexe. L'archevêque Akinola menace de couper les liens avec les diocèses soutenant la nomination d'evêques homosexuels : « nous ne pouvons continuer d'être en communion avec ceux qui ont choisi une voie hors des frontières bibliques ».

L'archevêque de Sydney (Australie), des évêques des Etats-Unis, de l'Inde, du Rwanda, d'Afrique centrale et d'Asie prennent la position de menace de schisme.

En Angleterre

L'archevêque de Cantorbery, Rowan William, chef reconnu de l'Eglise anglicane dans le monde, (80 millions de membres) a affirmé soutenir la décision de la Conférence de Lambeth (de 1998) des évêques anglicans qui « rejetait la pratique homosexuelle comme étant incompatible avec l'Ecriture ». Dans un message adressé aux évêques de l'Eglise d'Angleterre le 23 juin, l'archevêque a nié que la nomination de Jeffrey John (homosexuel) comme évêque « bouleversait la discipline actuelle ou excluait toute discussion future ». Dans une lettre ouverte, 9 évêques diocesains (un cinquième des plus importants dirigeants de l'Eglise d'Angleterre) ont protesté contre la nomination de Jeffrey John comme évêque... Les membres du clergé qui dépendront de Jeffrey John, sont divisés. Jeffrey John, agé de 50 ans, a déclaré qu'il acceptait la décision des évêques de l'Eglise d'Angleterre de 1991 selon laquelle les actes homosexuels étaient acceptables pour les laïcs, mais non pour le clergé.

Finalement, le chanoine Jeffrey John, a décidé de renoncer à ce poste d'évêque.

Cette décision intervient après une réunion de crise le 5 juillet à Lambeth Palace, le siège londonien de l'archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams, leader de la Communion anglicane dans le monde entier.

Dans une lettre adressée à l'évêque d'Oxford, Richard Harries, qui l'avait désigné suffragant (assistant), Jeffrey John a déclaré qu'il souhaitait se désister au nom de « l'unité de l'Eglise ».

Rowan Williams a publié une déclaration le 6 juillet reconnaissant que la nomination de Jeffrey John avait « mis en lumière un mécontentement chez des gens qui ne peuvent en aucune manière être taxés d'extrémistes » au sujet de l'homosexualité dans l'Eglise.

« Personne n'a intérêt à ce que les Eglises des pays en développement soient coupées des liens très clairs qui les unissent à l'Angleterre. Cela entraînerait un appauvrissement de l'Eglise à tous points de vues » a déclaré l'archevêque de Cantorbéry.

Aux USA

Mais voici qu'à Minnéapolis (Etats-Unis) au cours d'une Convention épiscopalienne annuelle (formée de délégués clercs et laïcs de108 diocèses) Gene Robinson a été élu (majorité des deux tiers) évêque d'un diocèse du New-Hampshire. Un second vote nécessaire de la Chambre haute (évêques) a ajourné la confirmation de cette décision. Gene Robinson a 56 ans. En 1990 il a divorcé pour se mettre en couple avec son ami Mark Andrew. L'Eglise Episcopale aux E-U. comprend 2 millions de membres.Cette nouvelle prise de position aux USA complique sérieusement le problème pour la Communion Anglicane.

C.M.

L'HOMOSEXUALITE ET SES PROBLEMES POSES DANS LE MONDE

Les USA et l'homosexualité

En prévision des élections présidentielles, des Eglises protestantes et catholiques semblent s'engager dans un débat de société à propos des unions homosexuelles garantissant aux couples les mêmes droits (adoptions des enfants) que les couiples hétrérosexuels. La cour suprème vient d'abroger la loi interdisant au Texas la sodomie entre adultes consentants.

En Europe

La France a voté les Pacs. Les Pays-Bas autorisent les « mariages homosexuels ». Dans 3 Provinces du Canada, dans l'Etat de Vermont (USA), et en Angleterre, des formes de partenariat sont présentées.

La société occidentales doit reflechir sur la notion d'union conjugale et de mariage comme base de la famille. On ne peut échapper à la préservation de l'interêt primordial des enfants aux droits de succession, à leur éducation et aux valeurs de vérité, de fidélité et de confiance sur lesquelles se fonde le vivre ensemble.

En France, l'Église réformée

L'Eglise Réformée de France a choisi l'homosexualité comme thème pour les prochains synodes (régionaux et national) de l'automne 2003. Est-ce un stimulant pour le renforcement de la cohésion des Eglises (locales) et pour l'unité de l'« Union (nationale) d'Eglises » ? Ce choix d'entretiens et de décisions donnera-t-il du dynamisme aux communautés pour l'annonce de l'Evangile dans notre société et pour accueillir de nouveaux membres dont les Eglises ont tant besoin actuellement ? Après un numéro spécial consacré par notre mensuel à ces questions, les réponses reçues (interdites de publication dans la chronique des lecteurs) ne sont pas encourageantes dans leur très grand ensemble à ce sujet.

Faut-il légiférer en la matière ?

C.M.

LE VATICAN CONTRE LES MARIAGES HOMOSEXUELS

Le Vatican a lancé, jeudi 31 juillet une vaste campagne contre la légalisation des unions homosexuelles en publiant un document destiné aux évêques et aux hommes politiques catholiques Le texte approuvé en mars par le pape Jean-Paul II est intitulé « Considérations à propos des projets de reconnaissance juridiques des unions entre personnes homosexuelles ».

Ce document regroupe toutes ies précédentes indications de l'Eglise catholique sur ce sujet au cours des « vingt dernières années ».

Le Vatican articule toutes ses considérations autour du principe que « le mariage est saint alors que les relations homosexuelles contrastent avec la loi morale naturelle ». Ces dernières étant considérées « intrinsèquement désordonnées ».

AFP

En principe (avec des exceptions pour les Eglises orientales) l'Eglise Catholique n'admet au sacerdoce que les hommes faisant voeu de célibat.

300e ANNIVERSAIRE DE JOHN WESLEY

70 millions de méthodistes dans le monde ont célébré le 17 juin la naissance de leur fondateur, John Wesley (1703-1791).

A Epworth, sa ville natale, une exposition a eu lieu dans le vieux presbytère.

John et son frère cadet Charles (auteur des cantiques les plus connus) étaient prêtres anglicans. Avec des collègues, George Whitefield et Thomas Coke, ils ont suscité le grand mouvement de « réveil méthodiste » en Angleterre et aux Etats-Unis (alors colonies anglaises). Prédicateur enthousiaste, John Wesley a parcouru le plus souvent à cheval 300.000 km durant sa vie. Il prêchait plusieurs fois par jour. « Il donnait aux gens ordinaires le sentiment qu'ils comptaient vraiment. Sa foi n'était pas seulement de la piété mais le moyen de produire des résultats sur le plan social ». Dans les régions qu'il visitait, il confiait aux gens le soin d'organiser des communautés actives au plan social. Au XIX° siècle le mouvement a connu une immense influence dans la classe ouvrière naissante en particulier ses campagnes pour l'abstinence d'alcool. La réforme sociale en Angleterre doit plus à Wesley qu'à Karl Marx, a-t-on dit.

En Angleterre on compte 300.000 membres. Le siège central du méthodisme est à Lake Junaluska (Caroline du Nord. USA).

L'appellation « méthodiste » provient d'un sobriquet donné par les étudiants de l'Institut où il faisait ses études et où il s'appliquait une stricte discipline de vie, ainsi que ses camarades.

Ces 40 dernières années le méthodisme a connu un essor spectaculaire : Amérique Latine (780 %), Asie (690 %) et Afrique (450 %).

En juillet, les délégués ont exprimé leur désir d'une alliance avec l'Eglise anglicane qui pourrait conduire à une union.

John Wesley était anglican, mais son action a conduit à une Eglise indépendante.

Christian Mazel

OSSUAIRE DE JERUSALEM MENTIONNANT JESUS

Nous avons annoncé la découverte d'un petit ossuaire datant de la fin du 1er siècle, trouvé à Jérusalem et mentionnant « Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus ». Ce texte gravé en araméen avec les caractères de cette époque, a suscité un immense intérêt parmi les archéologues et tous les chrétiens. Le français André Lemaire de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris, a authentifié l'inscription par les méthodes scientifiques (microscope du laboratoire de géologie israélien) dans un article du « Biblical Archeoligical Review » (octobre 2002). Le 18 juin 2003, le directeur israélien du Département des antiquités à Jérusalem, Shouka Dorfman, met en doute non l'authenticité de l'ossuaire en pierre, mais l'inscription elle-même qui serait récente. Le collectionneur Oded Golan qui a découvert l'ossuaire, voit ainsi baisser la valeur marchande de cet objet... Mais la controverse entre spécialistes (paléographes, géologues, linguistes, archéologues) continue à ce sujet, le professeur André Lemaire ne se déclarant pas convaincu par les déclarations de son collègue de Jérusalem.

Christian Mazel

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Choix de livres

Parmi la centaine de livres et revues édités chaque jour ouvrable en France nous signalons :

L'EGLISE S'INSTALLE - (La vie des chrétiens aux 2° et 3° s.) - Jean-Marc Prieur - Editions du Moulin (diffusion en France Ed. Desclée de Brower 01 46 56 26 03) - 99 pages 12,5x18 - 10,37 e.

Les Eglises chrétiennes n'ont pas toujours été ce qu'elles sont aujourd'hui. Contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire ! Le message de Jésus (prédication et vie) interprêté par les premières communautés, s'est répandu durant le 1° siècle dans les principales métropoles de l'Empire romain. Avant de devenir religion officielle, doctrinale et oppréssive au 4° siècle, comment le christianisme a-t-il évolué aux 2° et 3° s. ? A l'aide des rares documents dont nous disposons (Didaché, Clément de Rome, Eusèbe de Césarée, Ignace, Iréné, Justin, Justin, Origène, Tertullien..etc..) J-M. Prieur, fin connaisseur de cette période, raconte la vie des chrétiens minoritaires dans une société pluraliste: un comportement moral strict est exigé de tous les croyants. Certains métiers sont interdits aux chrétiens.

Le baptème collectif (rupture avec le passé et entrée dans le monde de Dieu) est précédé d'une longue initiation (plusieurs années). Il est déterminant pour l'adhésion à l'Eglise. Les actes symboliques (culte dominical, cène, pénitence, fête de Pâques) s'uniformisent très lentement Les 3 ministères s'organisent et deviendront de plus en plus contraignants : évêque, prêtre, diacre. La réflexion théologique reste très ouverte. L'écriture (comme toutes les brochures de cette excellente collection) est simple et accessible à tous.

Christian Mazel

LE FEU SACRÉ, (fonctions du religieux) - Régis Debray - Editions Fayard - 391 pages - 18,5x23 - 25 e.

Après « Dieu, un itinéraire », ce « pavé » d'un style toujours un peu syncopé et élaboré, mérite une lecture persévérante pour celui qui cherche « les fondamentaux de l'homo religiosus ». Au coeur de la cité et dans leur coeur les hommes sont animes d'« un feu sacré », domaine du religieux: foyer paisible ou volcan en éruption, domestique ou sauvage, vivifiant ou mortifère. Comment penser les religions ? L'auteur examine avec soin et lucidité, les fonctions vitales, sociales et psychologiques qu'elles exercent dans l'histoire de l'Occident et sous d'autres latitudes. L'imaginaire est une porte d'entrée dans le réel. Le fait religieux est à la base des fraternités, des guerres, de l'identité de l'être humain, de la soif de reconciliation. L'ouvrage se présente comme une mine considérable de réflexions judicieuses. Nombreuses illustrations. Récemment Régis Debray a écrit un rapport (positif) sur l'enseignement du fait religieux à l'école.

Christian Mazel

SUR LES TRACES DES VAUDOIS DES ALPES AU LUBERON - Hubert Leconte - Editeur La Cardère - 161 pages - 14x21 - 16 e.

Ce petit livre propose à ceux qui veulent connaitre la tradition spirituelle de Valdo depuis de 12° s. à Lyon dans les vallées des Alpes (Vallouise, Fressinières, Queyras) et en Luberon. Ce guide donne pour les villages et lieux historiques, de brèves notices très bien documentées qui font découvrir ces sites riches de mémoire. Ces itinéraires, fort bien écrits, incitent à découvrir par soi-même un monde trop ignoré. Les illustrations en couleurs et des textes intéressants évoquent bien ce parcours. Ce nouveau livre complète, la trilogie : La croix des Humiliés, Les larmes du Luberon, Le glaive et l'Evangile. La seconde partie du livre offre le texte de la pièce de théatre « La vaudoise et le franciscain » jouée en Luberon, au Festival d'Avignon et à Largentière, mettant en scène les drames du 16° siècle dans les régions de Provence et des Alpes.

Christian Mazel

LE PROTESTANTISME ET LA COMMUNICATION - Rémy Hebding - Editions Labor et Fides (diffusion en France SOFEDIS, Paris) - 160 pages - 12,5x17 - 10 e.

Le rédacteur-en-chef de REFORME nous donne dans ce petit livre une intéréssante analyse de la communication en ce début du 21° siècle : sa valeur, ses possibilités inouies et ses grandes espérances. Mais la fascination de cette multitude incalculable d'informations et d' images détourne de la relation vraie avec les autres et elle nuit à des contacts personnels. Faut-il retrouver une forme d'iconoclasme protestant à l'égard des médias en général ? Qu'en est-il de la communication dans la Bible ? Cette théologie de la communication n'est pas facile à faire. Luther et la Réforme ont uni. communication et communion. Hors des circuits institutionnels les nouvelles techniques peuvent favoriser les échanges.

Christian Mazel

LES GRECS ET LA VIEILLESSE - d'Homère à Epicure - Andrée Catrysse - Ed. l'Harmattan 2003 - 240 p - 19,80 e.

Comment les Grecs du 7° au 4° siècle av. J.C., vivaient-ils leur vieillesse ? Enorme travail de recherches, Andrée Catrysse, universitaire, helleniste et historienne, dresse un tableau de la période archaique à la période classique, dans un style simple, clair et parfois humoristique. Grâce aux rares écrits qui nous sont parvenus, échappés aux méfaits du temps et aux ravages des violences humaines, l 'auteur montre comment chaque catégorie (historiens, orateurs, philosophes, médecins-savants, poètes tragiques et comiques ) parlait de la vieillesse, de ses maux ou de sa sérénité. A chaque commentaire, les nombreuses citations et notes permettent de mieux connaître les auteurs dans leurs réflexions philosophiques. Bien des noms, disparus de nos mémoires, sont évoqués. Tout un monde de comportements qui n'ont pas vieilli au 21° siècle. Cette littérature classique est bien la base de notre culture. A lire avec plaisir par tous ceux , qu'ils s'intéressent à la Grèce antique, ou non.

Solange Mazel

LA MEMOIRE BLESSEE : PLAIDOYER POUR LA RESITANCE - Jean-Daniel Nessmann - 100 pages - 19x29

Le 13 juillet 2000, (ab)-usant d'un pouvoir discrétionnaire le premier ministre du Gouvernement de la république, prenait, contre l'avis des ministres concernés, de ses conseillers, des associations de résistants et de déportés, à l'insu des élus de la Nation, un décret discriminatoire à l'encontre de toute une catégorie d'orphelins de guerre, victimes de la barbarie nazie. Réactions à ce décret de la part de responsables politiques et associatifs. Les injustices doivent être dénoncées et réparées.

Christian Mazel

MESSAGE POSTHUME DU PASTEUR ANDRE TROCME - Jacques Trocmé - Dossier 21x29,5

Notamment sur l'inspiration du pasteur André Trocmé, la population fortement marquée par le protestantisme et les pasteurs du Plateau du Chambon-sur-Lignon ont apporté durant la guerre 1939-40 et l'occupation allemande, une aide efficace et risquée aux réfugiés de diverses nationalités et particulièrement des Juifs fuyant les nazis et la police de Vichy. La communauté juive et le mémorial de Yad Vachem à Jérusalem ont rendu hommage à cette protection contre les persécuteurs. Des livres (Hallie, Philippe Boegner et bien d'autres auteurs), des films (« La Colline aux mille enfants » de Lorenzi, « Les armes de l'Esprit » de Pierre Sauvage, entr'autres), de nombreux articles ont fait connaître cette belle page d'histoire, suite de la guerre des Camisards et des « résiste » huguenots. Des révisionnistes (livres, colloques) ont entrepris des campagnes de dénigrements systématiques d'André et Magda Trocmé. En réponse à ces attaques, Jacques Trocmé, leur seul fils actuellement vivant, publie toute une documentation réfutant les griefs et critiques mis en avant ces dernières années.Cet important document de réhabilitation donne d'utiles mises au point et des réflexions fort bien documentées sur cette période de l'histoire du Plateau de Haute-Loire et les actions qui y furent menées durant la guerre. Excellente oeuvre de mémoire.

Christian Mazel

LE MERVEILLEUX VOYAGE EN FRANCE D'OMAR BEN ALALA (et autres contes) - Gérard de Senneville - Editions de Fallois, Paris 2003 - 196 pages - 13x20 - 15 e.

Inspiré par les « contes philosophiques « du 18° siècle, l'auteur écrit une série de descriptions de la société française d'aujourd'hui en la projettent dans les années 2030. Avec esprit et bonne humeur, ces contes se moquent des travers de la société actuelle: gréves, outrecuidances politiques, éducation et enseignement, projets écologiques, PDG et économie, sécurité et alarmes. Et aussi fouilles archéologiques japonaises sur notre civilisation disparue. Ceux qui aiment le style d'une fine qualité humoristique pour regarder les comportements du monde où nous vivons, se régaleront de cette imagination détendante et amusée. Et pourtant l'analyse est perspicace. Elle met en garde.

Christian Mazel

PAUL RICOEUR À L'ÉCOUTE DU TEXTE BIBLIQUE - Marcel NEUSCH

Une série d'études où le philosophe montre une fois de plus que, face à l'Écriture, exégèse savante et lecture confessante peuvent s'épauler réciproquement.

L'herméneutique biblique de Paul Ricoeur

Traduit et présenté par François-Xavier Amherdt, éditions du Cerf, 380 pages.

Du point de vue de la philosophie, Paul Ricoeur jugeait la question de Dieu indécidable. C'est en auditeur de la Parole, donc en lecteur de la Bible, qu'il s'est forgé ses convictions en la matière. Un tel tournant n'allait pas de soi. Aux yeux de certains, il était pour le moins suspect. Ricoeur est conscient qu'il implique une conversion radicale. « J'échange le moi, maître de lui-même, contre le soi, disciple du texte "Ric?ur," philosophe chrétien » ? L'étiquette ne lui plaît pas. Il accepte tout au plus qu'on parle d'un « christianisme de philosophe ».

Les études réunies dans le présent volume traduites par François-Xavier Amherdt, témoignent en tous les cas d'un intérêt persistant pour le texte biblique, l'unique sol de son discours sur Dieu. Un premier ensemble tourne autour de la méthode : comment lire l'Écriture ? Selon le mot de Grégoire le Grand « L'Écriture croît avec son lecteur ». Un deuxième ensemble relève de l'application : commentaires de textes, prédication. Un troisième porte sur la narrativité et le bénéfice que peut en tirer la théologie.

Toujours, chez Ricoeur, l'exégèse s'efface devant la compréhension existentielle. Si la Bible est le lieu d'un « conflit des interprétations », l'interprétation croyante ne le cède en rien à d'autres. Quand les « maîtres du soupçon » (Freud, Marx, Nietzsche) réduisent les symboles bibliques à des mythes, Ricoeur fait le pari de la foi : « Les symboles donnent à penser ». Le discours religieux qui s'y exprime « n'est pas dénué de sens, il vaut la peine de l'examiner, parce que, en lui, quelque chose est dit qui n'est pas dit dans les autres modalités du discours ».

Si l'oeuvre de Ricoeur est de part en part traversée par la question religieuse, comme on l'a dit, cette question a son site privilégié dans la Bible. En abordant le texte biblique, la vigilance critique qui doit gouverner le discours du philosophe n'a pas à être mise de côté, mais ne doit pas étouffer toute conviction. « Il me semble, écrit Ricoeur, qu'aussi loin que je remonte dans le passé, j'ai toujours marché sur deux jambes. » Critique et conviction, exégèse savante et lecture confessante, loin d'être en concurrence, peuvent s'épauler réciproquement.

On ne sera pas surpris de rencontrer Paul Ricoeur une fois de plus sur le territoire de l'Écriture. On le sera sans doute plus de le voir revêtir à l'occasion l'habit de prédicateur. Surprise heureuse. Qu'on lise le très beau sermon sur les paraboles, ou sur la parole du Christ « Celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera », qu'il commente ainsi : « Comme seul pouvoir divin, Dieu ne donne aux chrétiens que le signe de la faiblesse divine, qui est le signe de l'amour de Dieu. »

Oecuménisme-Informations / 316 : juin 2001

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Forum d'idées à débattre

A propos de « L'idolâtrie de la race, n'est-elle pas une hérésie ? », je vous envoie un autre avis d'une jeune femme juive également, professeur également de philosophie et qui n'a jamais réussi à franchir le pas de la conversion au catholicisme comme Edith Stein.

Ce que nous nommons idolâtrie est dans une large mesure une fiction du fanatisme juif. Les Hébreux ont eu pour idole, non du métal ou du bois, mais une race, une nation, chose tout aussi terrestre. Leur religion est dans son essence inséparable de cette idolâtrie, à cause de la notion de « peuple élu ». (Simone Weill - Lettre à un religieux - NRF - Gallimard - 1951)

Jean-Daniel NESSMANN
68040 INGERSHEIM

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Coin de l'humour

Un pasteur très apprécié suscitait pourtant l'inquiétude de son Conseil presbytéral. Le Président du C.P. lui dit :

- Nous vous aimons beaucoup. Vous prêchez bien, pas trop long. Vous faites beaucoup de visites, pas trop longues. Vous savez vous occuper des jeunes et aussi des anciens. Mais on ne sait jamais où vous êtes à 5 heures de l'après-midi.

Vous n'êtes ni chez les paroissiens, ni au presbytère, ni à des réunions.

- C'est que vous ne me cherchez pas où je suis.

- Mais où ?

- A la gare.

- Mais aucun train ne s'y arrête à cette heure-là ?

- Oui, mais c'est l'heure où le TGV traverse la gare à 150 km à l'heure. Et ça me fait du bien de voir dans cette Eglise quelque chose qui bouge sans que je la pousse.

.

Après l'école biblique, de retour chez lui, un enfant dessine sur son cahier : sa mère lui demande :

- Que dessines-tu ?

- Dieu, répond-il.

- Mais Dieu, dit la mère, personne ne l'a vu, on ne sait pas comment il est.

- Et bien, répond l'enfant, maintenant, on saura.

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