articles du N°169 - Septembre 2003
( sommaire
)
Éditorial : Demander pardon
Dans notre éditorial du n°
de juin, après la censure imposée au Courrier des lecteurs
concernant des critiques de la présentation de l'homosexualité
(rédaction à notre insu), nous avons annoncé notre
décision de quitter la direction du journal.
Quand nous regardons le chemin parcouru dans la vie d'« Evangile
et Liberté » ces 15 dernières années (1988),
nous sollicitons le pardon pour les omissions commises involontairement,
pour les maladresses dans la formulation de la pensée, pour les
erreurs dues à des évaluations inexactes, pour les échecs
de la défense de nos convictions. A ceux que nous avons froissés
ou déçus, nous présentons nos excuses s'ils nous
lisent...
Mais nous sollicitons aussi l'indulgence pour nos succés. Les
réussites parfois dues à des causes diverses indépendantes
de notre volonté, suscitent toujours des jalousies de la part
de moins privilégiés.I1 y a longtemps déjà
un roman de Gilbert Cesbron a propos des combattants 14-18, s'intitule
« avoir été »....
Il y a lieu aussi de reconnaitre que nous commettons des dégats
chez ceux que nous côtoyons, sans nous en rendre compte. Mais
ces méfaits sont réels. Nous remettons donc notre action
par « Evangile et Liberté » entre les mains de celui
qui crée et ne cesse de créer « de nouveaux cieux
et une nouvelle terre »
En ces temps de rentrée scolaire et universitaire, les générations
des « ainés » (parents, enseignants en particulier)
doivent repenser leurs responsabilités pour l'état du
monde social qui accueille les enfants et les jeunes. Quels sont nos
sujets de satisfaction (niveau de vie économique, facilités
d'études, démocratie, libertés, traditions spirituelles
et morales) en comparant avec la situation passée et en regardant
ailleurs ? Et nos sujets d'humiliation (corruptions, désordres
scandaleux de la planète, égoïsmes individuels et
catégoriels, absences de repères pour les valeurs et raisons
de vivre) ? Qu'avons-nous fait des espérances saluées
et des sacrifices consentis par ceux qui ont apporté des signes
de solidarité, de générosité, d'idéal
?
Devant l'inventaire social actuel, aux niveaux personnels et sociaux,
nous avons à demander pardon aux générations qui
arrivent. Pardon n'est pas seulement reconnaissance honnête et
lucide du passe, mais volonté de faire du neuf et de repartir
dans des nouveautés de relation avec ceux qui font un moment
de route avec nous.
Christian
Mazel
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sommaire du N°
Textes divers
Idéal
Je suis convaincu que notre effort
de la vie entière doit viser à conserver à nos
pensées et à nos sentiments leur fraîcheur de
l'enfance.
L'idéalisme de la jeunesse a raison : c'est un trésor
qu'il ne faut échanger contre rien au monde.
La force de l'idéal est incalculable. A regarder une goutte
d'eau, on n'y voit trace de force. Mais qu'elle pénètre
dans une fissure de rocher, et s'y congèle, elle fera sauter
le rocher.
Si les hommes devenaient en réalité ce qu'ils sont
à quatorze ans en possibilité, que le monde serait différent
!
Albert Schweitzer
Epilogue de mon enfance 1924
On a besoin de toi
Si la note disait : « ce n'est
pas une note qui fait la musique », il n'y aurait pas de symphonie.
Si le mot disait : « ce n'est pas un mot qui peut faire une
page », il n'y aurait pas de livre.
Si la pierre disait : « ce n'est pas une pierre qui peut former
un mur », il n'y aurait pas de maison.
Si la goutte d'eau disait : « ce n'est pas une goutte qui
peut faire une rivière », il n'y aurait pas d'océan.
Si l'homme disait : « ce n'est pas un geste d'amour qui peut
sauver l'humanité »,
il n'y aurait jamais de justice et de paix, de dignité et
de bonheur, sur la terre des hommes.
Comme la symphonie a besoin de chaque note,
comme le livre a besoin de chaque mot,
comme la maison a besoin de chaque pierre,
comme l'océan a besoin de chaque goutte d'eau,
comme la moisson a besoin de chaque grain de blé,
l'humanité a besoin de toi,
là où tu es, unique et donc irremplaçable.
Michel Quoist
Psaume
Heureux celui qui est apaisé
en touchant l'écorce d'un arbre
Il entend l'écho des consonnes
égrenées au cloître du vent
Il goûtera jusque dans la vieillesse
les splendeurs de son enfance :
le goût acidulé du blé en herbe
la pluie à l'odeur de craie
La béatitude est pour lui
dans la chair des humbles choses
Le clin d'oeil du paradis
s'inscrit au creux des ravines
Pierre Etienne
Écoute...
Ecoute...
Quelqu'un t'appelle. Il dit ton nom.
Ecoute...
Il t'invite à te redresser, à dire non à la
fatalité, à la mort, à la bêtise, à
la violence.
mais il veut faire de toi quelqu'un, quelqu'un d'actif, artisan
de paix et de justice.
Ecoute...
Toi qui es là où au loin, ouvre la porte à
celui qui frappe, ouvre ta porte à celui qui fait mine de passer.
Fais-le entrer pour le partage, pour la joie, pour la fraternité.
Ecoute...
Il te dit de t'aimer, d'aimer les autres, et le monde, et Dieu,
et la vie, et l'éternité.
Ecoute...
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même.
Amen.
Vincens Hubac
Si un enfant
Si un enfant vit dans la critique
il apprend à condamner.
Si un enfant vit dans l'hostilité
il apprend à agresser.
Si un enfant vit dans le ridicule
il apprend à être gêné.
Si un enfant vit dans la honte
il apprend à se sentir coupable.
Si un enfant vit dans l'encouragement
il apprend à être confiant.
Si un enfant vit dans la motivation
il apprend à s'apprécier.
Si un enfant vit dans la loyauté
il apprend la justice.
Si un enfant vit dans la sécurité
il apprend la confiance.
Si un enfant vit dans l'approbation
il apprend à s'aimer.
Si un enfant vit dans l'acceptation et l'amitié
il apprend à trouver l'amour dans le monde.
Cahiers de la Réconciliation
n° 1/2 - 2000
En forme d'humour biblique
Dieu a tellement aimé le monde...
Qu'il ne lui a pas envoyé un comité.
I.P.L.P.
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sommaire du N°
Interview de Laurent Gagnebin et Raphaël Picon
1. Pouvez-vous dire quel a été votre parcours jusqu'à
ce jour ?
Laurent
Gagnebin : Je suis né à Lausanne où
j'ai passé mon baccalauréat et fait mes études
de théologie, ainsi qu'à Göttingen et Heidelberg.
C'est à l'université de Lausanne que j'ai soutenu mon
doctorat consacré à la prédication de Wilfred Monod.
J'ai été, pendant 20 ans, pasteur de l'Eglise réformée
de France dans la paroisse de l'Oratoire du Louvre et au Foyer de l'Ame
à Paris. Puis, pendant encore 20 ans, j'ai été
professeur à la Faculté de théologie protestante
de Paris en théologie pratique et apologétique.
Raphaël
Picon : Je suis maintenant professeur à la
Faculté de théologie au poste occupé précédemment
par Laurent. Pendant deux ans, j'ai été chargé
des relations internationales de l'Eglise Réformée de
France. Précédemment, pendant six ans, j'ai été
pasteur de cette Eglise en Nord-Normandie comme pasteur de paroisse
(Lillebonne) et animateur théologique. J'ai aussi été
pasteur pendant un an aux U.S.A. J'ai fait mes études de théologie
à Paris, Montpellier, au Liban pendant un an dans une faculté
grecque-orthodoxe et aussi pendant un an à la faculté
« Union » de New-York. Ma thèse de doctorat a été
consacrée à la théologie du « Process »
et à John Cobb.
2. Quels sont vos centres d'intérêt théologiques
?
Laurent Gagnebin : Mes centres d'intérêt
ne sont pas purement théologiques. Dans un certain sens, la pensée
chrétienne ne m'intéresse pas en soi, mais dans sa rencontre
avec autre chose qu'elle-même. Je ferais volontiers mienne l'expression
de Tillich selon laquelle ma théologie est une pensée
de la « frontière ». La frontière n'est plus
alors comprise comme ce qui sépare, mais bien comme ce qui permet
une rencontre et un dialogue. D'où le fait que j'ai écrit
4 livres de critique littéraire (Gide, Camus, Beauvoir, Sartre),
deux essais sur art et religion, et ai fait, sous la direction d'André
Malet, une maîtrise de philosophie dont l'aboutissement ultime
sera mon livre consacré à Nicolas Berdiaeff. Un dialogue
avec l'athéisme traverse aussi toute ma vie et mes recherches.
L'existentialisme représente également un pôle dans
mes réflexions et Bultmann occupe là une place très
importante.
Raphaël Picon : Tout m'intéresse
en théologie, dès lors qu'on comprend la théologie
comme une dimension de la culture, comme ce qui exprime nos préoccupations
fondamentales, ultimes dirait Paul Tillich, comme ce qui révèle
notre humanité dans toute sa profondeur, sa complexité
et ses aspirations. J'aime que la théologie soit réellement
au service de la vie et de l'existence humaine. Dans ce sens, tout ce
qui concerne le dialogue inter-religieux, la confrontation au politique,
le dialogue avec les arts et les sciences, me passionne. Pour moi, la
théologie est véritablement une conversation conduite
à plusieurs voix qui cherche à repenser les conditions
d'une existence ouverte à la possibilité d'une transcendance
et à développer de nouvelles images de Dieu.
3. Qu'est-ce pour vous qu'une théologie libérale ?
Raphaël Picon : C'est une théologie
pour laquelle rien ne va de soi et qui ose se poser des questions. C'est
aussi une théologie qui s'accepte comme relative, constamment
soumise à la critique. La tâche de la théologie
doit, plus particulièrement, veiller à ce que nos images
de Dieu ne deviennent pas des idoles. Une théologie est libérale
aussi parce qu'elle appelle chacune et chacun dans sa liberté
critique et parce qu'elle soutient que la foi est l'expression de notre
liberté. C'est précisément parce que rien nous
ne oblige à croire qu'on peut croire librement.
Laurent Gagnebin : On a toujours un
peu la théologie de son caractère ! Ce qui signifie, en
ce qui me concerne, que je suis profondément allergique à
tout ce qui est conventionnel et qui vous dirait ce qu'il est bien de
penser et de croire. Je pousse cela très loin parce que je suis
assez souvent agacé par ce que les protestants libéraux
estiment qu'on doit croire et ne pas croire. Je me méfie autant
de l'orthodoxie des orthodoxes que de celle des libéraux. Le
protestantisme libéral me semble affirmer fondamentalement que
l'amour du prochain, en réponse à l'amour premier de Dieu
pour nous manifesté en Jésus-Christ, désigne le
coeur de l'Evangile, lequel est donc avant tout d'ordre pratique, moral
et social, et non pas doctrinal.
4. Quelles orientations souhaitez-vous donner à Evangile et
Liberté ?
Raphaël Picon : Des orientations
qu'il a déjà et que nous pourrions peut-être affirmer
davantage. D'une part, il s'agit de donner au journal une expression
théologique toujours véritablement libérale, sans
tabous intellectuels, qui ose exprimer des convictions novatrices, libres,
indépendantes. D'autre part, Evangile et Liberté a une
orientation spirituelle qui me paraît très précieuse
pour notre enrichissement personnel. Le défi d'Evangile et Liberté
est de tenir ensemble ces deux éléments trop rarement
associés : une théologie accessible à tous et qui
ne recule pas devant les questions d'aujourd'hui, et une expression
spirituelle propice à l'édification de chacun.
Laurent Gagnebin : Je dirais l'orientation
de notre mensuel par ces mots : « Des racines et des ailes »
! Les racines, c'est la reconnaissance de ce que nous devons à
tous ceux qui nous ont précédés dans le protestantisme
libéral (plus particulièrement au XIX° et au XX°
siècle). Les racines, ce sont aussi l'approfondissement d'une
spiritualité chrétienne par laquelle libéralisme
et piétisme forment un tout assez harmonieux. Les ailes, c'est
l'envol vers des recherches théologiques dynamiques, inventives,
novatrices, voire paradoxales, qui nous permettent de dire notre foi
si possible avec les mots d'aujourd'hui et les concepts de demain.
5. Qu'exprime pour vous l'expression « Evangile et Liberté
» ?
Raphaël Picon : D'abord qu'on est
nourri, stimulé, fondé par cet Evangile qui nous précède,
c'est-à-dire par une parole bonne et neuve qui nous est donnée
et nous entraîne. C'est cet Evangile qui nous libère pour
les autres, pour l'action, pour la pensée. Ce titre de notre
journal dit bien à la fois l'enracinement, l'héritage,
le fait d'être relié à d'autres et la possibilité
de dire je, d'innover, de se projeter dans l'avenir. C'est un titre
très riche et l'on peut espérer que chaque numéro
parvienne à illustrer l'une des nombreuses significations que
l'on peut donner à ce couple : « Evangile et Liberté
».
Laurent Gagnebin : Pour moi, l'expression
« Evangile et Liberté » dit en deux mots ce que l'on
pourrait dire en un seul : le protestantisme.
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Journées libérales 2003 : Violence des religions
Samedi matin : « La violence
aujourd'hui » - Bernard Hort (Bruxelles)
Samedi après-midi : « La maltraitance comme origine des
violences »
Pierre Lassus (Sauvetage de l'enfance)
Table ronde - Jean-Paul Sauzède
Soirée : Concert d'orgues à la cathédrale d'Agde
- Cédric Burgelin
Dimanche matin : « Confrontations des cultures ? » - Jean-Nicolas
Bitter (Virginie, USA)
Culte : Florence Taubmann
Dimanche après-midi : « Jésus et la violence »
- Claude Schwab (Lausanne)
« Un Dieu en paix » - Raphaël Picon (Paris)
Inscription aux journées :
Participation aux frais : 1 pers. seule 30 e, I couple 50 e, pasteur
et étudiant : gratuit - Hébergement à Batipaume
: (dans la mesure des places disponibles) Chambre (serviettes non fournies,
petit déjeuner compris) : 1 pers. 26 e, couple 39 e, pasteur
et étudiant : 1 pers. 17 e, couple 24 e.
Repas : 12 e. Règlement-acompte (participation aux frais +
50 % du coût d'hébergement) à envoyer avec le bulletn
d'inscripton - Solde à l'arrivée. Chèques à
l'ordre d'« Evangile et Liberté ».
Accueil : le vendredi de 16 h à 19 h et de 20 h à 21
h, le samedi de 8 h 30 à 10 h et dans la joumée pendant
les pauses. Les repas sont servis à 12 h 30 et 19 h 30 précises.
Les services ne peuvent être assurés en dehors de ces horaires.
Il ne sera pas envoyé d'accusé de réception.
Renseignements et inscriptions : Galup : 73, place de Thessalie -
34000 Montpellier - Tél. 04 67 65 52 57.
Après l'article du pasteur Florence Taubmann sur « Penser
librement » paru dans le numéro de juillet-août 2003,
nous continuons une réflexion sur ce sujet.
Christian Mazel
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La liberté et la pensée
Suis-je libre de penser ?
Liberté, penser, vivre, être,
paraître, exister, les autres... et soi-même un choix, voilà
autant de mots qui, tels des couleurs seront utilisés dans cette
petite méditation.
« Je pense, donc je suis », « ose penser par toi-même
» ont été deux rencontres qui m'aideront dans cet
essai.
« Je pense , cette capacité est propre à I'homme,
bien que certains animaux montrent des aptitudes très proches
de la pensée intelligente. L'homme anaIyse, prévoit, imagine,
élabore des raisonnements constuits, est conscient de sa finitude.
En une première lecture une telle phrase peut simplement souligner
la place des hommes par rapport aux autres créatures dans la
création.
Et si nous déplacions notre analyse sur le « je suis
». Biologiquement nous naissons et nous vivons tous, hommes, animaux,
végétaux et j'irai jusqu'aux minéraux.
Pour les humains cette vie est en société, les uns avec
les autres. Chacun se construit par, dans et avec ces contacts relationnels,
dans le contexte de son époque. Ce que je pense, dis et écris
naît de mes échanges avec les autres ; c'est grâce
à eux que je peux penser, dire et écrire ce que j'exprime
en mon nom propre.
Mais il y a un immense chemin entre cette première phase d'écoute,
d'échange, de saisie d'informations diverses et cette dernière
étape d expression de soi. Le « je suis » est donc
plutôt un « je tends durant toute ma vie à atteindre
mon être », mon « je suis ». Et le long de ce
chemin, par rencontres successives, par essais de comprendre (prendre
avec soi, s'approprier) ce qui m'entoure, je me laisse déplacer
(exister) je donne des images (para-être: fausse étymologie
pour dire être à côté de « je suis »)
de moi aux autres.
En fait, se construit un être en évolution Mais tout
comme dans la phase bien connue de l'adolescence, il arrive un, temps
de prise de distance, de déconstruction, de déshabillage
par rapport a tout ce qui a permis par les relations d' atteindre le
temps du « ose penser par toi-même ».
Le « par toi-même » semble alors la découverte
importante. Finalement, l 'essentiel est le « ose ».
Partant d'une liberté visible extérieure « tu
peux, personne ne te contraint » on découvre que la vraie
liberté réside dans le choix que l'on fait soi-même,
intérieurement, pour atteindre le « je suis » qu'
il nous est donné d'être. Oser, c'est risquer, c'est se
risquer, c'est mettre en danger l'image du « paraître »
qui fonctionne si souvent en parallèle avec le « faire
», « faire sous le regard des autres ». Oser, c'est
aussi avancer sur le chemin de la vraie liberté, celle qui paradoxalement
est la plus profonde et personnelle mais permet de tisser les liens
de relations les plus vrais entre les humains.
Alors je referai la lecture des deux phrases : c'est parce que Dieu
(c'est l'expression de ma conviction) m'a donné un « être
» à atteindre que 1e pense, mais c'est en osant penser,
poser les mots sur le choix des valeurs dans lesquelles je veux inscrire
les quelques temps de mon passage sur terre, que je trouverai alors
le sens de 1e vie.
Le trouver pour soi est aussi l'offrir aux autres, le partager. Sans
doute; aussi, pour moi, avancer ainsi dans la vie aboutit à ce
chemin d'humilité qui associe le silence à la pensée,
se moquant des belles constructions intellectuelles et recherchant avant
tout la cohérence de sa vie/pensée dans la relation à
l'autre.
Où en suis-je, dans la vie quotidienne d'être en chemin
vers son être, comme tout un chacun ?
Pour sûr je suis imprégnée de toute cette surinformation
non hiérarchisée (entre deux reportages télévisés
le sourire du présentateur, alors que les morts jonchant la rue
d'une ville lointaine sont encore imprimés dans nos yeux, qui
annonce les nouvelles collections de la mode... Interviews mêlées
de l'homme de la rue, de la vedette du dernier tour de France et du
spécialiste sur le dernier conflit en Afrique... obligation pour
tous de savoir donner un commentaire tout de suite ; sur tout événement...
nécessité d'être réactif... mélange
entre l'affectif et le rationnel) qui évoque le tohu-bohu de
la Genèse !
Pour sûr je ne suis pas différente des autres et je pleure
avec la famille de cette actrice, morte rouée de coups; je pleure
avec les admirateurs de ce chanteur violent, jusque là symbole
de ceux qui refusent tout malheur.
Cependant, il me reste à analyser mes pleurs, à comprendre
qu'ils sont pointés sur toutes les victimes de violence et qu'ils
sont volonté de ne pas oublier ceux qui sont écrasés
par leur image et leur paraître sans arriver à vivre ce
qui est chez eux seulement discours et v?ux pieux (j'en suis aussi !!!).
Mais voilà, mes lamentations vont se joindre à d'autres
lamentations, versées pour d'autres raisons peut-être,
mais qui grossiront l'audimat des lamentations.
Je le sais et ce qui me permet d'oser penser est la liberté
que je prends de ne pas donner de doctes avis spécialisés
sur ce que j'ignore, la liberté d'estimer les critères
qui m'autorisent à formuler des révoltes et des prises
de position que Je veux claires, la discipline d'écouter, comprendre
et respecter les arguments des autres.
Ma liberté ne réside pas en l'absence de contraintes
mais dans le choix des limites que j'accepte, ou m'impose.
Florence
Couprie
Vichy-Montluçon
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Réflexion biblique
Qui dites-vous que je suis ?
L'une des plus belles confessions
de foi en usage dans les Églises de la Réforme commence
par ces mots : « Avec les premiers témoins de l'Évangile,
nous confessons la foi chrétienne ». Elle reprend des déclarations
de foi personnelles, qui toutes se trouvent dans l'évangile.
Cela produit un texte magnifique, profond et véridique. Pour
autant, sa formulation peut induire en erreur.
1. Ce texte est beau, profond. Aucune des paroles qu'il contient n'est
superficielle ou factice. Toutes expriment une vérité
venue du fond de l'être, issue d'une rencontre personnelle avec
Jésus de Nazareth. Toutes s'avèrent porteuses de l'enthousiasme
des commencements. Il s'agit là d'un chant nouveau. Il s'agit
de l'un des sommets qu'a produits la tradition ecclésiale, depuis
l'aube du christianisme.
2. Pour autant, la formulation de ce texte peut induire en erreur.
En effet, il affirme exprimer la foi chrétienne - comme s'il
n'y en avait qu'une, simple, localisable, et qu'on pouvait savoir laquelle.
Pourtant, il réunit des témoignages personnels, singuliers,
parfois contradictoires, dits dans l'instant par des témoins
d'une présence insaisissable.
Il est facile de montrer que chacun exprime son espérance,
sa compréhension de la venue du Maître de l'Évangile,
et non pas un savoir sur l'être même de Jésus de
Nazareth. Par exemple, Jean le Baptiste exprime sa préoccupation
profonde : « Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché
du monde ». Cette formule correspond à la mission de celui
qui prêchait le baptême de repentance. Pierre, de son côté,
proclame : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».
Il exprime par là l'attente messianique d'un libérateur
politique, qui soit en même temps un grand-prêtre. Chacun
exprime donc, non pas ce qu'est Jésus, mais plutôt ce qu'il
en attend, qu'il en espère.
Jésus, de son côté, n'a jamais demandé
: « Qui suis-je ? » Il aurait posé la question de
son être, de sa nature ou de ce que d'aucuns appelaient sa «
substance ». Mais il a questionné ainsi : « Qui dîtes-vous
que je suis ? » Cela revenait à demander : « Qui
suis-je, pour vous ? »
Cette question, je ne suis pas certain que les chrétiens en
aient mesuré les enjeux. A la limite, peu importe ce qu'est Jésus
en lui-même. Personne, probablement, ne le saura jamais. Ce qui
importe, c'est ce qu'il est pour nous, pour chacun d'entre nous. Aucune
relation n'échappe à cette certitude: je ne sais pas qui
est l'autre, mais je sais qui il est pour moi.
La déclaration de la foi n'exprime pas un quelconque savoir.
Elle affirme le geste d'une espérance. Elle est un voeu, une
prière, une demande et une attente. Quand elle revêt la
forme de la foi, elle devient une certitude fragile : « Pour moi,
tu es cela, mais je ne sais rien de ce que tu es ». Qu'importe
! l'acte de foi prime toujours sur la volonté de savoir. La liberté
laissée à l'autre prime toujours sur la volonté
de l'enclore.
Jésus, de son côté, ne répond jamais :
« Tu te trompes ». S'il s'était agi de son être,
sans doute aucune des réponses n'aurait été exacte.
S'agissant de ce qu'il est pour chacun, toutes les réponses sont
vraies. Le plus profond, dans l'évangile, ne réside donc
pas dans la réponse. Il figure dans le respect manifesté
par le Maître de l'Évangile : aucune réponse ne
dit le vrai, toutes expriment la vérité des relations.
Et cette vérité, car elle est un acte d'amour, est peut-être
la seule qui importe. C'est une vérité ultime, bien plus
profonde encore que celle qui aurait pu - à supposer - exprimer
le réel.
Déclarer sa foi, ce devrait toujours être un véritable
acte d'amour : Qui tu es, comment le saurais-je ? Mais ce que tu représentes
pour moi, cela je le perçois, je le veux, je l'ai choisi, et
c'est pour cela que je t'aime.
On a beau dire, même si bien souvent on ne l'a pas compris,
l'Evangile demeure un chant d'amour comme bien rarement l'histoire littéraire
nous en a apportés. On a beau dire, mais le Maître de l'Evangile
a exprimé mieux que quiconque le mouvement profond de la vie,
son chant profond, sa vérité fragile et la force de sa
certitude.
Lisons, lisons, lisons. Un jour, par-delà la morale, au-delà
du bien et du mal, nous découvrirons l'espérance que l'ouverture
à l'inédit peut apporter. Un jour, par-delà le
christianisme, si souvent obsolète, nous découvrirons
la force que l'Evangile nous apporte. Alors, peut-être, peut-être,
nous aurons découvert ce que le Maître a apporté
: comment se déplacer vers les sommets.
Pierre-Yves
Ruff
Nota : Pierre-Yves Ruff est rédacteur en chef de Théolib.
Dernières parutions : Sagesse et religion (n° 21) ; Jésus
est-il le Fils de Dieu ? (n° 22). À paraître : Protestantisme
libéral et christianisme social (n° 23). Hommage à
Michel Servet (hors série). L'exemplaire : 6,10 € Hors-série
: 6,50 €. Abonnement 1 an (France) : 23 €. Spécimen
sur demande. Renseignements et commandes : SPLT, c/o P.-Y. Ruff, 27
rue Thibouméry # 441, 75015 Paris. 01 56 56 86 41.
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La violence envers les femmes : pas une minute de plus
La tragédie de la mort de Marie Trintignant, vedette du cinéma,
sous les coups de poing de son compagnon actuel Bertrand Cantat, leader
du groupe rock Noir Désir, les 26-27 juillet à Vilnius
(Lituanie) ont fait la une des journaux du monde entier. Marie Trintignant
à 41 ans a eu 4 enfants de 3 pères différents.
Ses parents l'ont lancée dans le monde du cinéma. Et
elle tournait un téléfilm. Bertrand Cantat, 39 ans,
est porteur d'une contestation politique et sociale : pour le Chiapas,
le Tibet libre, José Bové. Contre le Front National
et Jean-Marie Messier (Universal). Combien de drames conjugaux n'ont
pas cette publicité ?
Nous apportons des informations sur ces tragédies dans le
monde.
En France 6 femmes meurent chaque mois des suites des coups reçus.
Une femme sur 10 subit des violences et cela dans toutes les catégories
sociales.
La violence conjugale et familiale
est largement répandue, qu'il s'agisse de pays développés
ou en voie de développement. Elle est présente dans toutes
sortes de foyers ou de communautés, quelles que puissent être
les barrières sociales, le niveau économique, la caste,
la race, l'origine ethnique, la nationalité, la religion ou l'âge.
Jusqu'à très récemment, la violence familiale
a été considérée comme une affaire privée
ou personnelle et n'était pas prise en considération par
l'Église, la société en général ou
les tribunaux, même lorsqu'on attirait leur attention sur des
cas précis. Le secret traditionnellement associé aux actes
de violence liés au sexe est considérable -c'est une tradition
faite de souffrance, de honte et de peur. En conséquence, la
violence et les comportements brutaux continuent de faire des ravages
dans de trop nombreuses familles, dans les foyers et dans la population.
La violence envers les femmes, c'est la sélection prénatale
à l'avantage des bébés de sexe masculin, c'est
l'infanticide des petites filles, ce sont les violences sexuelles, la
mutilation sexuelle des filles, le harcèlement sexuel à
l'école et sur le lieu de travail, la traite des femmes, la prostitution
forcée, les violences liées à la dot, la violence
familiale, les femmes battues, le viol conjugal.
Voici quelques cas, pris un peu partout dans le monde :
Brésil : Un homme reconnaît avoir tué sa femme
et l'amant de celle-ci à coups de couteau. Il est acquitté
pour la deuxième fois par un jury entièrement masculin.
L'acquittement se fonde sur l'argument que cet homme aurait agi en état
de légitime défense pour atteinte à son honneur.
Caraïbes : Joy se rend au commissariat de police pour porter
plainte parce que son petit ami l'a violée. Les policiers se
relaient pour la violer dans le commissariat.
Kenya : Dans un pensionnat, 300 garçons assaillent le dortoir
des filles. 71 filles sont violées. Dans le sauve-qui-peut, 19
filles sont piétinées à mort. Remarque du directeur
adjoint de l'école : « Les garçons n'ont jamais
voulu faire de mal à ces filles, ils voulaient seulement les
violer ».
Inde : Au cours des émeutes contre les musulmans, au Gujerat
en 2002, de nombreuses femmes ont été battues, violées,
brûlées et assassinées. Une femme enceinte a été
éventrée, le foetus arraché a été
brûlé et posé sur son ventre. Des survivants ont
raconté que des femmes, toutes nues, étaient arrivées
dans un camp de secours destiné aux victimes. Elles pouvaient
à peine marcher. L'une des volontaires a dit qu'il a fallu qu'elle
leur retire des bâtonnets de cricket que les violeurs leur avaient
placés dans le vagin pour s'amuser et les ridiculiser. Une fois
les bâtonnets enlevés, ces femmes étaient toutes
déchirées à l'intérieur.
Nigeria : Amina Lawal Kurami, 31 ans, est condamnée à
la lapidation par un tribunal islamique de la charia pour avoir attendu
un enfant hors mariage. Si elle est confirmée, la sentence sera
appliquée en 2004, une fois l'enfant sevré.
Pakistan : Sur ordre de la jirga (assemblée traditionnelle)
du village, une femme de Muzaffargarh au Pendjab a subi un viol collectif
de la part de quatre hommes. Quel était son "crime"
? Son frère aurait eu des relations sexuelles avec une femme
d'une tribu d'un rang plus élevé. Et c'est pour ce crime
qu'elle a fait l'objet de cette agression publique. Des centaines de
personnes ont vu cette femme traînée de force dans sa chambre.
Personne n'est intervenu ou n'a dit quoi que ce soit. "Ils m'ont
violée pendant une heure, après cela, je ne pouvais plus
bouger", a-t-elle dit.
États-Unis : Alors qu'elle attendait, au tribunal, la prolongation
d'une ordonnance de protection, une femme de 51 ans a été
tuée de 19 coups de couteau par son ancien compagnon. À
deux reprises, il avait déjà été accusé
de harcèlement, et les deux fois il avait bénéficié
d'un non-lieu.
La violence envers les femmes se fonde sur la conviction que l'identité
sexuelle se définit par des rapports de pouvoir dans lesquels
la femme serait inférieure à l'homme. Cette conviction
se traduit par le fait que la société reconnaît
qu'il convient de réagir vigoureusement lorsque l'autorité
masculine est mise en cause d'une façon ou d'une autre. L'une
des normes culturelles admises réside dans un double critère
à propos de la sexualité : on tolérera un comportement
sexuel irresponsable chez l'homme, tandis que l'on condamnera l'infidélité
féminine. Les hommes pensent qu'ils doivent pouvoir contrôler
les femmes dans leur vie afin de manifester leur « virilité
», et la société l'accepte. Beaucoup de cultures
estiment qu'il convient de « commander » aux épouses
et de les punir lorsqu'elles désobéissent, voire lorsqu'elles
ne font que répondre avec insolence. L'excuse la plus fréquente
pour expliquer les mauvais traitements est que c'est la faute de la
femme : « c'est elle qui m'a forcé à faire ça
; elle l'a cherché, si seulement elle n'avait pas été
à tel endroit, si elle n'avait pas fait ou dit telle chose, si
elle n'avait pas porté ce vêtement-là... »
Il est admis, également, que la femme est la propriété
de l'homme et que ce qu'il fait de sa propriété ne concerne
que lui. Les grandes religions tolèrent cette façon de
voir les choses, y compris le christianisme, l'hindouisme, l'islam.
Les textes religieux y sont interprétés de manière
à justifier la suprématie masculine et la soumission de
la femme.
Patricia Shei Rattan-Bisnauth
Extrait de UPDATE, Publication de l'ARM, Volume 13
haut de la page
sommaire du N°
Dans le monde des religions
Alexis Muston (1810-1888)
En 1636 arrivait à Bourdeaux
un jeune pasteur suffragant, frais émoulu de la Faculté
de théologie de Strasbourg, où il avait étudié
également la médecine, Alexis Muston, originaire des
Vallées vaudoises du Piémont ; ce haut lieu alpin où
s'étaient réfugiés dès le 14° siècle
des adeptes de Valdo et qui avaient opté pour la réforme
de Calvin au XVI° siècle. Alexis Muston avait publié
un ouvrage sans l'autorisation de l'évêque piémontais
et il avait fui clandestinement son pays, en plein hiver par la montagne,
pour se réfugier en France. Alexis Muston épousa une
bourdeloise et resta pasteur à Bourdeaux jusqu'à sa
mort en 1888.
En plus de ses responsabilités pastorales, il avait de nombreuses
occupations, correspondant aux dons exceptionnels qu'il avait reçus.
Médecin, il soignait gratuitement les gens du pays: il était
en particulier ouvert à l'homéopathie. Excellent dessinateur,
il a laissé des milliers de dessins et d'aquarelles qui nous
présentent les paysages de l'époque, bourdelois et autres,
et les détails de la vie locale d'il y a 150 ans. Historien,
notamment de l'histoire des Vaudois. Écrivain et poète,
il correspondait avec toutes les sommités littéraires
de son temps : Victor Hugo, Jules Michelet, Alphonse de Lamartine,
Alexandre Dumas, George Sand, etc. Il a écrit plusieurs ouvrages
et des documents de grande valeur: les Bourdelois découvriront
avec plaisir qu'il était l'auteur de la fameuse légende
d'Alberte de Poitiers, commémorée le 15 août de
chaque année à Bourdeaux. Botaniste, il décrivait
et dessinait les fleurs et les plantes qu'il découvrait lors
de ses nombreuses pérégrinations pédestres. Éducateur,
il collaborait avec son collègue le pasteur Mailhet, fondateur
d'une école modèle à Bourdeaux. Républicain,
il le resta profondément jusqu'à la fin, fidèle
à la devise fondamentale de sa nouvelle patrie: liberté,
égalité, fraternité.
B.I.P.
SANCTION CATHOLIQUE APRÈS LE KIRCHENTAG OECUMENIQUE DE BERLIN
Un prêtre catholique de Bavière
ne pourra pas célébrer la messe pour avoir enfreint
les ordres du Vatican et avoir reçu l'Eucharistie des mains
d'un pasteur protestant.
Le prêtre Bernhard Kroll a été écarté
temporairement de ses fonctions après avoir assisté
à un service oecuménique organisé à Berlin
à la fin mai malgré les règles officielles du
Vatican qui empêchent les protestants et les catholiques de
partager l'eucharistie, ou la sainte communion.
Bernhard Kroll a prêché lors du service qui comprenait
une eucharistie protestante et a reçu la communion donnée
par un pasteur protestant.
La sanction prononcée à l'encontre de Bernhard Kroll,
le 4 juin, a provoqué une vague de protestations dans sa paroisse
de Grosshabersdorf; l'organiste et les membres du choeur ont refusé
de jouer et de chanter durant les services religieux et un millier
de personnes ont formé une chaîne humaine d'un kilomètre
de long entre les églises catholique et luthérienne
du village, après les services dominicaux du 8 juin.
L'évêque Walter Mixa d'Eichstätt a déclaré
que Bernhard Kroll avait enfreint les règles de l'Eglise sur
l'eucharistie réitérées par le pape Jean-Paul
II dans une encyclique publiée en avril. Le prêtre a
reçu l'ordre de faire une retraite en compagnie d'un conseiller
spirituel.
« Wir sind Kirche » (Nous sommes l'Eglise), l'un des
groupes organisateurs du service à Berlin a demandé
à l'évêque Mixa de rétablir le prêtre
Kroll dans ses fonctions.
Pourtant, selon le professeur Richard Puza, spécialiste du
droit de l'Eglise catholique à l'université de Tübingen,
l'évêque Mixa aurait pu imposer des sanctions plus lourdes
s'il l'avait voulu, comme éloigner le prêtre de façon
permanente de sa paroisse, au lieu de l'écarter temporairement
de ses fonctions.
Ce n'est pas la première fois qu'un prêtre catholique
allemand est soumis à des sanctions à cause de l'eucharistie.
En 2000, Hermann Münzel avait été démis
de ses fonctions après avoir célébré une
eucharistie avec des pasteurs d'autres confessions durant un congrès
de l'Eglise catholique à Hambourg.
ANGLETERRE : ECOLES
1500 familles ont choisi pour des
motifs religieux d'éduquer leurs enfants à domicile.
Ce phénomène en pleine ascension est généralement
le fait de chrétiens évangéliques (mais aussi
de quelques catholiques) qui rejettent les « mensonges que diffuse
l'école publique sur l'histoire, la morale, l'évolution
et la sexualité ».
L'EGLISE ANGLICANE ET L'HOMOSEXUALITÉ
Dans le monde
Le Primat de l'Eglise anglicane au
Nigéria (une des plus grandes provinces anglicanes avec 15
millions de membres) a déclaré qu'il considérait
comme impie la décision de l'évêque de Colombie
britannique, au Canada, de préparer une liturgie pour la bénédiction
des mariages entre personnes du même sexe. L'archevêque
Akinola du Nigéria voit derrière la nomination d'évêques
homosexuels au poste de Reading en Angleterre (Joffrey John) et dans
le New-Hampshire aux USA (Gene Robinson), « un raisonnement
compliqué », qu'il considère comme une «
trahison ». Ces nominations, affirme-t-il, vont à l'encontre
de l'enseignement anglican. En effet les primats anglicans réunis
au Brésil en mai dernier, ont renouvelé leur engagement
de respecter l'autorité des Ecritures et ont rejeté
le mariage entre personnes du même sexe. L'archevêque
Akinola menace de couper les liens avec les diocèses soutenant
la nomination d'evêques homosexuels : « nous ne pouvons
continuer d'être en communion avec ceux qui ont choisi une voie
hors des frontières bibliques ».
L'archevêque de Sydney (Australie), des évêques
des Etats-Unis, de l'Inde, du Rwanda, d'Afrique centrale et d'Asie
prennent la position de menace de schisme.
En Angleterre
L'archevêque de Cantorbery,
Rowan William, chef reconnu de l'Eglise anglicane dans le monde, (80
millions de membres) a affirmé soutenir la décision
de la Conférence de Lambeth (de 1998) des évêques
anglicans qui « rejetait la pratique homosexuelle comme étant
incompatible avec l'Ecriture ». Dans un message adressé
aux évêques de l'Eglise d'Angleterre le 23 juin, l'archevêque
a nié que la nomination de Jeffrey John (homosexuel) comme
évêque « bouleversait la discipline actuelle ou
excluait toute discussion future ». Dans une lettre ouverte,
9 évêques diocesains (un cinquième des plus importants
dirigeants de l'Eglise d'Angleterre) ont protesté contre la
nomination de Jeffrey John comme évêque... Les membres
du clergé qui dépendront de Jeffrey John, sont divisés.
Jeffrey John, agé de 50 ans, a déclaré qu'il
acceptait la décision des évêques de l'Eglise
d'Angleterre de 1991 selon laquelle les actes homosexuels étaient
acceptables pour les laïcs, mais non pour le clergé.
Finalement, le chanoine Jeffrey John, a décidé de
renoncer à ce poste d'évêque.
Cette décision intervient après une réunion
de crise le 5 juillet à Lambeth Palace, le siège londonien
de l'archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams, leader
de la Communion anglicane dans le monde entier.
Dans une lettre adressée à l'évêque d'Oxford,
Richard Harries, qui l'avait désigné suffragant (assistant),
Jeffrey John a déclaré qu'il souhaitait se désister
au nom de « l'unité de l'Eglise ».
Rowan Williams a publié une déclaration le 6 juillet
reconnaissant que la nomination de Jeffrey John avait « mis
en lumière un mécontentement chez des gens qui ne peuvent
en aucune manière être taxés d'extrémistes
» au sujet de l'homosexualité dans l'Eglise.
« Personne n'a intérêt à ce que les Eglises
des pays en développement soient coupées des liens très
clairs qui les unissent à l'Angleterre. Cela entraînerait
un appauvrissement de l'Eglise à tous points de vues »
a déclaré l'archevêque de Cantorbéry.
Aux USA
Mais voici qu'à Minnéapolis
(Etats-Unis) au cours d'une Convention épiscopalienne annuelle
(formée de délégués clercs et laïcs
de108 diocèses) Gene Robinson a été élu
(majorité des deux tiers) évêque d'un diocèse
du New-Hampshire. Un second vote nécessaire de la Chambre haute
(évêques) a ajourné la confirmation de cette décision.
Gene Robinson a 56 ans. En 1990 il a divorcé pour se mettre
en couple avec son ami Mark Andrew. L'Eglise Episcopale aux E-U. comprend
2 millions de membres.Cette nouvelle prise de position aux USA complique
sérieusement le problème pour la Communion Anglicane.
C.M.
L'HOMOSEXUALITE ET SES PROBLEMES POSES DANS LE MONDE
Les USA et l'homosexualité
En prévision des élections
présidentielles, des Eglises protestantes et catholiques semblent
s'engager dans un débat de société à propos
des unions homosexuelles garantissant aux couples les mêmes
droits (adoptions des enfants) que les couiples hétrérosexuels.
La cour suprème vient d'abroger la loi interdisant au Texas
la sodomie entre adultes consentants.
En Europe
La France a voté les Pacs.
Les Pays-Bas autorisent les « mariages homosexuels ».
Dans 3 Provinces du Canada, dans l'Etat de Vermont (USA), et en Angleterre,
des formes de partenariat sont présentées.
La société occidentales doit reflechir sur la notion
d'union conjugale et de mariage comme base de la famille. On ne peut
échapper à la préservation de l'interêt
primordial des enfants aux droits de succession, à leur éducation
et aux valeurs de vérité, de fidélité
et de confiance sur lesquelles se fonde le vivre ensemble.
En France, l'Église réformée
L'Eglise Réformée de
France a choisi l'homosexualité comme thème pour les
prochains synodes (régionaux et national) de l'automne 2003.
Est-ce un stimulant pour le renforcement de la cohésion des
Eglises (locales) et pour l'unité de l'« Union (nationale)
d'Eglises » ? Ce choix d'entretiens et de décisions donnera-t-il
du dynamisme aux communautés pour l'annonce de l'Evangile dans
notre société et pour accueillir de nouveaux membres
dont les Eglises ont tant besoin actuellement ? Après un numéro
spécial consacré par notre mensuel à ces questions,
les réponses reçues (interdites de publication dans
la chronique des lecteurs) ne sont pas encourageantes dans leur très
grand ensemble à ce sujet.
Faut-il légiférer en la matière ?
C.M.
LE VATICAN CONTRE LES MARIAGES HOMOSEXUELS
Le Vatican a lancé, jeudi
31 juillet une vaste campagne contre la légalisation des unions
homosexuelles en publiant un document destiné aux évêques
et aux hommes politiques catholiques Le texte approuvé en mars
par le pape Jean-Paul II est intitulé « Considérations
à propos des projets de reconnaissance juridiques des unions
entre personnes homosexuelles ».
Ce document regroupe toutes ies précédentes indications
de l'Eglise catholique sur ce sujet au cours des « vingt dernières
années ».
Le Vatican articule toutes ses considérations autour du principe
que « le mariage est saint alors que les relations homosexuelles
contrastent avec la loi morale naturelle ». Ces dernières
étant considérées « intrinsèquement
désordonnées ».
AFP
En principe (avec des exceptions pour les Eglises orientales) l'Eglise
Catholique n'admet au sacerdoce que les hommes faisant voeu de célibat.
300e ANNIVERSAIRE DE JOHN WESLEY
70 millions de méthodistes
dans le monde ont célébré le 17 juin la naissance
de leur fondateur, John Wesley (1703-1791).
A Epworth, sa ville natale, une exposition a eu lieu dans le vieux
presbytère.
John et son frère cadet Charles (auteur des cantiques les
plus connus) étaient prêtres anglicans. Avec des collègues,
George Whitefield et Thomas Coke, ils ont suscité le grand
mouvement de « réveil méthodiste » en Angleterre
et aux Etats-Unis (alors colonies anglaises). Prédicateur enthousiaste,
John Wesley a parcouru le plus souvent à cheval 300.000 km
durant sa vie. Il prêchait plusieurs fois par jour. «
Il donnait aux gens ordinaires le sentiment qu'ils comptaient vraiment.
Sa foi n'était pas seulement de la piété mais
le moyen de produire des résultats sur le plan social ».
Dans les régions qu'il visitait, il confiait aux gens le soin
d'organiser des communautés actives au plan social. Au XIX°
siècle le mouvement a connu une immense influence dans la classe
ouvrière naissante en particulier ses campagnes pour l'abstinence
d'alcool. La réforme sociale en Angleterre doit plus à
Wesley qu'à Karl Marx, a-t-on dit.
En Angleterre on compte 300.000 membres. Le siège central
du méthodisme est à Lake Junaluska (Caroline du Nord.
USA).
L'appellation « méthodiste » provient d'un sobriquet
donné par les étudiants de l'Institut où il faisait
ses études et où il s'appliquait une stricte discipline
de vie, ainsi que ses camarades.
Ces 40 dernières années le méthodisme a connu
un essor spectaculaire : Amérique Latine (780 %), Asie (690
%) et Afrique (450 %).
En juillet, les délégués ont exprimé
leur désir d'une alliance avec l'Eglise anglicane qui pourrait
conduire à une union.
John Wesley était anglican, mais son action a conduit à
une Eglise indépendante.
Christian Mazel
OSSUAIRE DE JERUSALEM MENTIONNANT JESUS
Nous avons annoncé la découverte
d'un petit ossuaire datant de la fin du 1er siècle, trouvé
à Jérusalem et mentionnant « Jacques, fils de
Joseph, frère de Jésus ». Ce texte gravé
en araméen avec les caractères de cette époque,
a suscité un immense intérêt parmi les archéologues
et tous les chrétiens. Le français André Lemaire
de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris, a authentifié
l'inscription par les méthodes scientifiques (microscope du
laboratoire de géologie israélien) dans un article du
« Biblical Archeoligical Review » (octobre 2002). Le 18
juin 2003, le directeur israélien du Département des
antiquités à Jérusalem, Shouka Dorfman, met en
doute non l'authenticité de l'ossuaire en pierre, mais l'inscription
elle-même qui serait récente. Le collectionneur Oded
Golan qui a découvert l'ossuaire, voit ainsi baisser la valeur
marchande de cet objet... Mais la controverse entre spécialistes
(paléographes, géologues, linguistes, archéologues)
continue à ce sujet, le professeur André Lemaire ne
se déclarant pas convaincu par les déclarations de son
collègue de Jérusalem.
Christian Mazel
haut de la page
sommaire du N°
Choix de livres
Parmi la centaine de livres et revues édités chaque
jour ouvrable en France nous signalons :
L'EGLISE S'INSTALLE - (La vie des chrétiens aux 2° et
3° s.) - Jean-Marc Prieur - Editions du Moulin (diffusion en France
Ed. Desclée de Brower 01 46 56 26 03) - 99 pages 12,5x18 - 10,37
e.
Les Eglises chrétiennes n'ont
pas toujours été ce qu'elles sont aujourd'hui. Contrairement
à ce que certains voudraient nous faire croire ! Le message
de Jésus (prédication et vie) interprêté
par les premières communautés, s'est répandu
durant le 1° siècle dans les principales métropoles
de l'Empire romain. Avant de devenir religion officielle, doctrinale
et oppréssive au 4° siècle, comment le christianisme
a-t-il évolué aux 2° et 3° s. ? A l'aide des
rares documents dont nous disposons (Didaché, Clément
de Rome, Eusèbe de Césarée, Ignace, Iréné,
Justin, Justin, Origène, Tertullien..etc..) J-M. Prieur, fin
connaisseur de cette période, raconte la vie des chrétiens
minoritaires dans une société pluraliste: un comportement
moral strict est exigé de tous les croyants. Certains métiers
sont interdits aux chrétiens.
Le baptème collectif (rupture avec le passé et entrée
dans le monde de Dieu) est précédé d'une longue
initiation (plusieurs années). Il est déterminant pour
l'adhésion à l'Eglise. Les actes symboliques (culte
dominical, cène, pénitence, fête de Pâques)
s'uniformisent très lentement Les 3 ministères s'organisent
et deviendront de plus en plus contraignants : évêque,
prêtre, diacre. La réflexion théologique reste
très ouverte. L'écriture (comme toutes les brochures
de cette excellente collection) est simple et accessible à
tous.
Christian Mazel
LE FEU SACRÉ, (fonctions du religieux) - Régis Debray
- Editions Fayard - 391 pages - 18,5x23 - 25 e.
Après « Dieu, un itinéraire
», ce « pavé » d'un style toujours un peu
syncopé et élaboré, mérite une lecture
persévérante pour celui qui cherche « les fondamentaux
de l'homo religiosus ». Au coeur de la cité et dans leur
coeur les hommes sont animes d'« un feu sacré »,
domaine du religieux: foyer paisible ou volcan en éruption,
domestique ou sauvage, vivifiant ou mortifère. Comment penser
les religions ? L'auteur examine avec soin et lucidité, les
fonctions vitales, sociales et psychologiques qu'elles exercent dans
l'histoire de l'Occident et sous d'autres latitudes. L'imaginaire
est une porte d'entrée dans le réel. Le fait religieux
est à la base des fraternités, des guerres, de l'identité
de l'être humain, de la soif de reconciliation. L'ouvrage se
présente comme une mine considérable de réflexions
judicieuses. Nombreuses illustrations. Récemment Régis
Debray a écrit un rapport (positif) sur l'enseignement du fait
religieux à l'école.
Christian Mazel
SUR LES TRACES DES VAUDOIS DES ALPES AU LUBERON - Hubert Leconte
- Editeur La Cardère - 161 pages - 14x21 - 16 e.
Ce petit livre propose à ceux
qui veulent connaitre la tradition spirituelle de Valdo depuis de
12° s. à Lyon dans les vallées des Alpes (Vallouise,
Fressinières, Queyras) et en Luberon. Ce guide donne pour les
villages et lieux historiques, de brèves notices très
bien documentées qui font découvrir ces sites riches
de mémoire. Ces itinéraires, fort bien écrits,
incitent à découvrir par soi-même un monde trop
ignoré. Les illustrations en couleurs et des textes intéressants
évoquent bien ce parcours. Ce nouveau livre complète,
la trilogie : La croix des Humiliés, Les larmes du Luberon,
Le glaive et l'Evangile. La seconde partie du livre offre le texte
de la pièce de théatre « La vaudoise et le franciscain
» jouée en Luberon, au Festival d'Avignon et à
Largentière, mettant en scène les drames du 16°
siècle dans les régions de Provence et des Alpes.
Christian Mazel
LE PROTESTANTISME ET LA COMMUNICATION - Rémy Hebding - Editions
Labor et Fides (diffusion en France SOFEDIS, Paris) - 160 pages - 12,5x17
- 10 e.
Le rédacteur-en-chef de REFORME
nous donne dans ce petit livre une intéréssante analyse
de la communication en ce début du 21° siècle :
sa valeur, ses possibilités inouies et ses grandes espérances.
Mais la fascination de cette multitude incalculable d'informations
et d' images détourne de la relation vraie avec les autres
et elle nuit à des contacts personnels. Faut-il retrouver une
forme d'iconoclasme protestant à l'égard des médias
en général ? Qu'en est-il de la communication dans la
Bible ? Cette théologie de la communication n'est pas facile
à faire. Luther et la Réforme ont uni. communication
et communion. Hors des circuits institutionnels les nouvelles techniques
peuvent favoriser les échanges.
Christian
Mazel
LES GRECS ET LA VIEILLESSE - d'Homère à Epicure - Andrée
Catrysse - Ed. l'Harmattan 2003 - 240 p - 19,80 e.
Comment les Grecs du 7° au 4°
siècle av. J.C., vivaient-ils leur vieillesse ? Enorme travail
de recherches, Andrée Catrysse, universitaire, helleniste et
historienne, dresse un tableau de la période archaique à
la période classique, dans un style simple, clair et parfois
humoristique. Grâce aux rares écrits qui nous sont parvenus,
échappés aux méfaits du temps et aux ravages
des violences humaines, l 'auteur montre comment chaque catégorie
(historiens, orateurs, philosophes, médecins-savants, poètes
tragiques et comiques ) parlait de la vieillesse, de ses maux ou de
sa sérénité. A chaque commentaire, les nombreuses
citations et notes permettent de mieux connaître les auteurs
dans leurs réflexions philosophiques. Bien des noms, disparus
de nos mémoires, sont évoqués. Tout un monde
de comportements qui n'ont pas vieilli au 21° siècle. Cette
littérature classique est bien la base de notre culture. A
lire avec plaisir par tous ceux , qu'ils s'intéressent à
la Grèce antique, ou non.
Solange Mazel
LA MEMOIRE BLESSEE : PLAIDOYER POUR LA RESITANCE - Jean-Daniel Nessmann
- 100 pages - 19x29
Le 13 juillet 2000, (ab)-usant d'un
pouvoir discrétionnaire le premier ministre du Gouvernement
de la république, prenait, contre l'avis des ministres concernés,
de ses conseillers, des associations de résistants et de déportés,
à l'insu des élus de la Nation, un décret discriminatoire
à l'encontre de toute une catégorie d'orphelins de guerre,
victimes de la barbarie nazie. Réactions à ce décret
de la part de responsables politiques et associatifs. Les injustices
doivent être dénoncées et réparées.
Christian Mazel
MESSAGE POSTHUME DU PASTEUR ANDRE TROCME - Jacques Trocmé
- Dossier 21x29,5
Notamment sur l'inspiration du pasteur
André Trocmé, la population fortement marquée
par le protestantisme et les pasteurs du Plateau du Chambon-sur-Lignon
ont apporté durant la guerre 1939-40 et l'occupation allemande,
une aide efficace et risquée aux réfugiés de
diverses nationalités et particulièrement des Juifs
fuyant les nazis et la police de Vichy. La communauté juive
et le mémorial de Yad Vachem à Jérusalem ont
rendu hommage à cette protection contre les persécuteurs.
Des livres (Hallie, Philippe Boegner et bien d'autres auteurs), des
films (« La Colline aux mille enfants » de Lorenzi, «
Les armes de l'Esprit » de Pierre Sauvage, entr'autres), de
nombreux articles ont fait connaître cette belle page d'histoire,
suite de la guerre des Camisards et des « résiste »
huguenots. Des révisionnistes (livres, colloques) ont entrepris
des campagnes de dénigrements systématiques d'André
et Magda Trocmé. En réponse à ces attaques, Jacques
Trocmé, leur seul fils actuellement vivant, publie toute une
documentation réfutant les griefs et critiques mis en avant
ces dernières années.Cet important document de réhabilitation
donne d'utiles mises au point et des réflexions fort bien documentées
sur cette période de l'histoire du Plateau de Haute-Loire et
les actions qui y furent menées durant la guerre. Excellente
oeuvre de mémoire.
Christian Mazel
LE MERVEILLEUX VOYAGE EN FRANCE D'OMAR BEN ALALA (et autres contes)
- Gérard de Senneville - Editions de Fallois, Paris 2003 - 196
pages - 13x20 - 15 e.
Inspiré par les « contes
philosophiques « du 18° siècle, l'auteur écrit
une série de descriptions de la société française
d'aujourd'hui en la projettent dans les années 2030. Avec esprit
et bonne humeur, ces contes se moquent des travers de la société
actuelle: gréves, outrecuidances politiques, éducation
et enseignement, projets écologiques, PDG et économie,
sécurité et alarmes. Et aussi fouilles archéologiques
japonaises sur notre civilisation disparue. Ceux qui aiment le style
d'une fine qualité humoristique pour regarder les comportements
du monde où nous vivons, se régaleront de cette imagination
détendante et amusée. Et pourtant l'analyse est perspicace.
Elle met en garde.
Christian Mazel
PAUL RICOEUR À L'ÉCOUTE DU TEXTE BIBLIQUE - Marcel
NEUSCH
Une série d'études
où le philosophe montre une fois de plus que, face à
l'Écriture, exégèse savante et lecture confessante
peuvent s'épauler réciproquement.
L'herméneutique biblique de Paul Ricoeur
Traduit et présenté par François-Xavier Amherdt,
éditions du Cerf, 380 pages.
Du point de vue de la philosophie, Paul Ricoeur jugeait la question
de Dieu indécidable. C'est en auditeur de la Parole, donc en
lecteur de la Bible, qu'il s'est forgé ses convictions en la
matière. Un tel tournant n'allait pas de soi. Aux yeux de certains,
il était pour le moins suspect. Ricoeur est conscient qu'il
implique une conversion radicale. « J'échange le moi,
maître de lui-même, contre le soi, disciple du texte "Ric?ur,"
philosophe chrétien » ? L'étiquette ne lui plaît
pas. Il accepte tout au plus qu'on parle d'un « christianisme
de philosophe ».
Les études réunies dans le présent volume traduites
par François-Xavier Amherdt, témoignent en tous les
cas d'un intérêt persistant pour le texte biblique, l'unique
sol de son discours sur Dieu. Un premier ensemble tourne autour de
la méthode : comment lire l'Écriture ? Selon le mot
de Grégoire le Grand « L'Écriture croît
avec son lecteur ». Un deuxième ensemble relève
de l'application : commentaires de textes, prédication. Un
troisième porte sur la narrativité et le bénéfice
que peut en tirer la théologie.
Toujours, chez Ricoeur, l'exégèse s'efface devant
la compréhension existentielle. Si la Bible est le lieu d'un
« conflit des interprétations », l'interprétation
croyante ne le cède en rien à d'autres. Quand les «
maîtres du soupçon » (Freud, Marx, Nietzsche) réduisent
les symboles bibliques à des mythes, Ricoeur fait le pari de
la foi : « Les symboles donnent à penser ». Le
discours religieux qui s'y exprime « n'est pas dénué
de sens, il vaut la peine de l'examiner, parce que, en lui, quelque
chose est dit qui n'est pas dit dans les autres modalités du
discours ».
Si l'oeuvre de Ricoeur est de part en part traversée par
la question religieuse, comme on l'a dit, cette question a son site
privilégié dans la Bible. En abordant le texte biblique,
la vigilance critique qui doit gouverner le discours du philosophe
n'a pas à être mise de côté, mais ne doit
pas étouffer toute conviction. « Il me semble, écrit
Ricoeur, qu'aussi loin que je remonte dans le passé, j'ai toujours
marché sur deux jambes. » Critique et conviction, exégèse
savante et lecture confessante, loin d'être en concurrence,
peuvent s'épauler réciproquement.
On ne sera pas surpris de rencontrer Paul Ricoeur une fois de plus
sur le territoire de l'Écriture. On le sera sans doute plus
de le voir revêtir à l'occasion l'habit de prédicateur.
Surprise heureuse. Qu'on lise le très beau sermon sur les paraboles,
ou sur la parole du Christ « Celui qui perd sa vie à
cause de moi la trouvera », qu'il commente ainsi : « Comme
seul pouvoir divin, Dieu ne donne aux chrétiens que le signe
de la faiblesse divine, qui est le signe de l'amour de Dieu. »
Oecuménisme-Informations / 316
: juin 2001
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Forum d'idées à débattre
A propos de « L'idolâtrie
de la race, n'est-elle pas une hérésie ? », je vous
envoie un autre avis d'une jeune femme juive également, professeur
également de philosophie et qui n'a jamais réussi à
franchir le pas de la conversion au catholicisme comme Edith Stein.
Ce que nous nommons idolâtrie est dans une large mesure une
fiction du fanatisme juif. Les Hébreux ont eu pour idole, non
du métal ou du bois, mais une race, une nation, chose tout aussi
terrestre. Leur religion est dans son essence inséparable de
cette idolâtrie, à cause de la notion de « peuple
élu ». (Simone Weill - Lettre à un religieux - NRF
- Gallimard - 1951)
Jean-Daniel NESSMANN
68040 INGERSHEIM
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Coin de l'humour
Un pasteur très apprécié
suscitait pourtant l'inquiétude de son Conseil presbytéral.
Le Président du C.P. lui dit :
- Nous vous aimons beaucoup. Vous prêchez bien, pas trop long.
Vous faites beaucoup de visites, pas trop longues. Vous savez vous occuper
des jeunes et aussi des anciens. Mais on ne sait jamais où vous
êtes à 5 heures de l'après-midi.
Vous n'êtes ni chez les paroissiens, ni au presbytère,
ni à des réunions.
- C'est que vous ne me cherchez pas où je suis.
- Mais où ?
- A la gare.
- Mais aucun train ne s'y arrête à cette heure-là
?
- Oui, mais c'est l'heure où le TGV traverse la gare à
150 km à l'heure. Et ça me fait du bien de voir dans cette
Eglise quelque chose qui bouge sans que je la pousse.
.
Après l'école biblique,
de retour chez lui, un enfant dessine sur son cahier : sa mère
lui demande :
- Que dessines-tu ?
- Dieu, répond-il.
- Mais Dieu, dit la mère, personne ne l'a vu, on ne sait pas
comment il est.
- Et bien, répond l'enfant, maintenant, on saura.
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