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Numéro 190 - juin-juillet 2005
( sommaire )

En Bref

Dans le monde et dans les Églises

Pakistan

1. Mixité et sport, un cocktail explosif

Dans une ville du Pendjab proche de la frontière avec l’Inde, les autorités pakistanaises avaient décidé que l’événement sportif, une course à pieds très populaire de 3 km, serait ouvert aux femmes. Les trouble-fête du Majilis-i-Amal, une coalition de partis religieux musulmans extrémistes, y ont vu eux une manifestation «anti-islamique», les femmes courant en public devant des hommes. La course s’est achevée dans la panique, les forces de l’ordre ayant répliqué avec des gaz lacrymogènes et des coups de feu aux centaines d’activistes armés de bâton et d’armes à feu qui attaquaient les spectateurs dans le stade. Une députée de l’Assemblée du Pendjab dénonce cette violence : «Les 1800 femmes qui participaient étaient des étudiantes, des mères de familles, des grand-mères, elles ont pris le départ de la course après les hommes et elles portaient toutes la shalwar kamiz (tunique locale qui couvre tout le corps).» Le gouvernement provincial du Pendjab ne décolère pas non plus et l’un de ses représentants récuse «ce groupe qui parle au nom de la religion et veut prendre la société en otage. Les femmes sont 55 % de la population et ne peuvent être privées du droit de faire du sport et de participer à d’autres aspects de la vie». Réponse des extrémistes religieux : «Ils veulent déshabiller toute la nation. Il est indécent pour une femme de courir sous le regard des hommes et ils soupçonnent une conspiration sponsorisée par les Etats-Unis pour ternir l’image des femmes musulmanes.» D’autres courses ont eu lieu depuis, mais sous haute surveillance. L’Assemblée nationale du Pakistan a voté une condamnation des manifestations d’extrémistes qualifiées de «terrorisme et de violation des droits fondamentaux et constitutionnels des femmes» .

2. Religion sur les passeports

Pourtant, ces religieux extrémistes font peur et le gouvernement pakistanais a reculé pour la mention de la religion sur les passeports. Supprimée depuis la fin de 2004, cette mention devra à nouveau y figurer après les manifestations, encore, du Majils-i-Amal, coalition de 6 partis islamiques… Le secrétaire général du Conseil national des Eglises au Pakistan, qui regroupe les quatre dénominations protestantes les plus importantes du pays, a dénoncé ce recul du gouvernement sur une question qui est source de discrimination envers les minorités religieuses non-sunnites.

3. La loi sur le blasphème

Enfin, les chrétiens pakistanais de concert avec les hindous ont alerté à maintes reprises le gouvernement pour qu’il réforme la loi sur le blasphème. Une loi adoptée en 1984, qui punit de mort le fait de diffamer Mahomet et de la prison à vie le blasphème contre le Coran. La loi a été sévèrement critiquée au Pakistan comme sur le plan international pour les abus auxquels elle a donné lieu et son utilisation dans des conflits privés qui n’avaient rien à voir avec la religion. On compte quelque 5000 affaires portées devant la justice depuis la promulgation de cette loi anti-blasphème en 1984 et il y aurait une centaine de personnes en prison en ce moment, musulmans comme chrétiens. Le gouvernement confronté aux minorités religieuses qui réclament de mettre fin l’usage abusif de la loi a reconnu son impuissance «du fait de la pression des partis politiques islamiques et conservateurs ».

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Italie

Vers l’égalité réelle des religions ?

Les non-catholiques italiens ont bataillé et bataillent encore, afin que soit reconnu dans les faits le droit à l’égalité entre les religions, dans un système où l’Eglise catholique avait depuis toujours une situation privilégiée. D’abord reconnue comme religion d’Etat au temps du fascisme, les autres religions, et pas toutes, n’étant que des «cultes tolérés», il a fallu attendre 1984 pour qu’un nouveau Concordat abolisse la notion de religion d’Etat et fasse une place égale –en droit– aux autres religions. Ainsi la Cour constitutionnelle a pu introduire, sur des cas concrets qui lui étaient soumis, cette notion d’égalité. Il reste à supprimer les divers articles qui punissent d’amende ou de prison l’outrage fait à la religion, aux objets ou aux personnes. Les protestants italiens contestent ce concept d’«outrage» au motif que la foi n’a nul besoin d’être défendue devant la loi. Ils réclament simplement la parité pour tous ! feuille

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États-Unis / Vatican

Liberté de la presse catholique

Le révérend Père Thomas Reese, jésuite progressiste et rédacteur en chef de la très célèbre revue catholique nordaméricaine America a été prié de démissioner de ses fonctions. Reese s’est contenté de dire dans un communiqué: «Je suis fier de ce que mes collègues et moi-même avons fait de ce magazine, et je leur suis reconnaissant, ainsi qu’à nos lecteurs et nos bienfaiteurs pour le soutien qu’ils m’ont apporté.» Durant ses sept années passées à la direction de la revue, le Père Reese n’a pas esquivé les questions difficiles que la société pose aux Églises : le mariage homosexuel, l’avortement, l’interdiction de communier faite aux politiciens qui sont en faveur de l’avortement, etc.

Si aucune condamnation officielle n’a été signée par le pouvoir vatican, on sait que le Père Reese était en délicatesse depuis un certain temps avec la Con-grégation pour la Doctrine de la Foi alors présidée par Joseph Ratzinger…

Le théologien moral Stephen Pope –qui avait récemment signé dans America un article sur le mariage homosexuel– s’inquiétant des dessous de cette «dé-mission» confiait au Herald Tribune : «Si cela est vrai, cela aura pour résultat que les théologiens catholiques qui souhaitent étudier des questions critiques ne souhaiteront plus publier dans les revue catholiques.Cela aura un effet très néfaste.» feuille

Claudine Castelnau

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