Parler de Dieu révèle
toujours nos préoccupations les plus ultimes, nos aspirations
les plus profondes, nos doutes, nos rêves et nos fantasmes les
plus vrais. Les raisons pour lesquelles nous croyons ceci ou cela tiennent
beaucoup à ce que nous sommes, à nos expériences
de la vie, à nos modes de pensée, comme aux rouages de
nos psychologies. Nos confessions de foi sont toujours narratives, elles
confessent en effet ce que nous sommes en profondeur.
Dieu ne serait-il alors qu’une projection humaine,
une création de l’homme, comme aiment à le soutenir
certains athées ? Et bien oui, Dieu est une projection humaine
! Ce que nous di-sons de lui reste toujours marqué du sceau de
notre humanité. Quand je dis « Dieu », c’est
toujours un je qui s’exprime ! « C’est la foi qui fait
Dieu », disait Martin Luther montrant par là que Dieu est
une réalité relationnelle, qu’il est toujours ce
qu’il est pour moi. Le Dieu que révèle Jésus-Christ
est un Dieu qui se livre à l’humanité, qui se raconte
à travers ce que nous sommes ; Jésus nous invite à
croire en un Dieu qui se révèle en nous révélant
à notre humanité, qui advient en nous faisant advenir
à nous-mêmes. Parler de Dieu serait alors la manière
la plus souveraine qui soit de parler de l’humanité ouverte
au meilleur d’elle-même, dans toute la grandeur dont elle
est capable, enfin libérée de ses zones d’ombres
et des tensions qui l’aliènent.
Mais si Dieu est toujours une projection humaine, ce
qui nous permet de croire en lui comme au meilleur de l’humain
nous vient d’ailleurs, telle une puissance de vie insoupçonnée
qui nous permet de surmonter les obstacles du monde et de nous épanouir
dans l’existence. Ce qui nous déploie dans une existence
toujours plus harmonieuse atteste de la présence active d’un
Dieu qui ne se laisse jamais enfermer dans les images que nous nous
faisons de lui. 
Raphaël
Picon