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Numéro 191 - août-septembre 2005
( sommaire )

Billet

Chantons la libido !

Rompons le silence et chantons la libido. Une fois n’est pas coutume. Vous souvient-il d’avoir ouï parler de libido durant la dernière décennie ? J’en serais très surpris, si cela était. Ah ! mais ne vous méprenez point, cher lecteur, je n’entends pas célébrer ici cette libido qu’au début du siècle antérieur un aliéniste viennois introduisit dans l’esprit infantile des puritains du Nouveau Monde et que leur générosité légendaire distribua à travers l’Ancien Monde, comme les barres de chocolat après la guerre. Non, il ne s’agit pas de cette obsession vulgaire, aussi asservissante que l’appât du gain, cet enchantement de la divina pecunia sanctifié par la saine éducation protestante !

Parfois, dans la quiétude de ma librairie comme on disait en vieux langage, je songe à émoustiller la libido de mes contemporains, adolescents ou gérontes. Rassurez-vous, je ne prétends nullement joindre ma voix à celle des nouveaux Mentors qui prêchent à l’école, à l’Église, sur le Forum, dans la presse et sur les ondes, le même évangile de l’ambition, la libido dominandi, ce « désir de dominer » qui presse tant d’âmes pieuses à s’agréger aux instances dirigeantes ! J’abandonne volontiers cette quête de la Renommée, épuisante et illusoire, aux thuriféraires de l’art précieux de parvenir, et je n’aurai pas l’outrecuidance de leur remémorer le sort d’un Pompal ou d’un Choiseul ! L’homme de pouvoir tombe toujours du trône, quand la mort ne le lui ôte !

Quelle libido chantez-vous alors, me demanderez-vous ? La seule qui satisfasse l’âme. Car j’ai la faiblesse de penser, à l’instar du Socrate hollandais François Hemsterhuis, que la plus belle part en l’homme est l’âme et que cette âme a des appétences, des désirs, qu’il convient de satisfaire pour l’épanouir et être heureux. Je chante donc la libido sciendi, le « désir de savoir », au risque d’être taxé de passéisme par les suiveurs de modes, de passer aux yeux des bien-pensants pour un antiquaire des mœurs !

Quelle fut la première manifestation de l’enfant Jésus selon l’évangéliste Luc, sinon celle de la libido sciendi ? Il avait douze ans et avait accompagné ses parents à Jérusalem. Après bien des frayeurs, l’enfant fut retrouvé dans le Temple en conversation avec les savants docteurs ! Voilà qui est dit : la religion est la cause première et la cause finale du savoir ! Et maintenant, qu’on m’excommunie ou qu’on m’encense, qu’importe ; je ne donne pas mon opinion pour bonne, seulement pour mienne ! feuille

Jean-Loup Seban

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