La fête de noël
est un rite de passage. Cette réalité d’ordre anthropologique
et universel explique le succès d’une fête qui dépasse
les cadres religieux, chrétien, biblique et sort des sanctuaires.
Noël échappe au christianisme et c’est
tant mieux.
Le passage est d’abord la traversée d’une
nuit, celle du 24 au 25 décembre (d’où l’importance
de la « messe de minuit ») ; c’est ensuite celui de
l’obscurité à la lumière et aux jours qui
rallongent (solstice) ; c’est encore la porte franchie pour passer
d’une solennité religieuse à une fête profane
(le 1er de l’an) ; c’est enfin et surtout l’étape
d’une naissance.
La fête de la Nativité est devenue tout naturellement
la fête de la famille et des enfants : de l’enfant Jésus
et de l’étable ; des enfants et de leurs cadeaux ; mais
peut-être surtout de l’enfant que nous avons été,
enchanté par la féerie d’une célébration
qui a marqué notre mémoire et suscité en nous tout
un imaginaire.
Noël au cœur de notre cœur devient alors
une sorte de mémorial intangible avec les bougies, le sapin,
la crèche, les lectures bibliques toujours les mêmes, les
chants d’autrefois un peu désuets et fidèlement repris.
C’est parce que Noël nous conduit principalement
de l’adulte que nous sommes à l’enfant que nous fûmes,
que Noël est une sorte de rite de passage à l’envers.
C’est la raison pour laquelle nous tenons, fût-ce
de manière un peu passéiste, à ce qu’on ne
nous change pas nos Noëls.
Ce rite de passage trouve son accomplissement dans le
Père Noël, image des générations successives.
Il n’a certes rien de biblique, pas plus que l’âne
et le bœuf de la crèche.
Tant pis pour les puristes !
Les évangiles de Noël ne sont-ils pas, eux
aussi, des récits pleins d’inventions, merveilleux et symboliques
? 
Laurent
Gagnebin