Le confessionnal et lisoloir
On peut trouver des
ressemblances entre le confessionnal et lisoloir. Il sagit
dans les deux cas despaces bien délimités souvent
sous forme de cabines, lun dans le cadre ecclésial et romain,
lautre dans un cadre civil. Les deux sont en rapport direct avec
le secret et nous mettent à labri découtes
et regards indésirables ; ils permettent de sisoler. Se
confesser est parfois une obligation. Il en va de même pour lisoloir
: on ne doit pas, en loccurrence, voter et choisir son bulletin
au su et vu de tous.
Mais là sarrêtent les proximités,
car les symétries observées définissent en fait
de nettes oppositions. Le confessionnal est le symbole du système
romain, hiérarchique et de type monarchique, où le prêtre
exerce une fonction qui lui est réservée, alors que lisoloir
est lexpression par excellence de la démocratie. Un vote
sans isoloir (ou ce qui en tient lieu) nest plus vraiment démocratique.
Le secret du confessionnal est le secret de quelques-uns
; il est le pouvoir des prêtres découter et dabsoudre,
avec toutes les dérives possibles dun tel pouvoir. En ce
qui concerne lisoloir, il y a bien pouvoir, mais il sagit
de celui de chacune et de chacun, dun pouvoir partagé et
exercé par tous et où aucun regard indiscret nest
possible. Dun côté lautorité, de lautre
la liberté.
Le secret du confessionnal où le prêtre
sollicite des confessions et impose réparation au pénitent
na, il est vrai, rien à voir avec un isoloir dont le but
est précisément le respect absolu dun vote qui doit
être et peut ainsi rester secret.
Il est dailleurs significatif que labandon
par les protestants du confessionnal au profit dune confession
générale et publique ait très exactement
correspondu à un exercice exigeant de la liberté, celui
du sacerdoce universel. La liberté quimplique ce dernier
a été un apprentissage long et difficile, cest une
belle conquête parallèle, à bien des égards,
à celle de la démocratie et du droit de vote. Alors profitons-en
!
Laurent
Gagnebin