Cet été
a vu le début d’une nouvelle guerre. Terrible. Celle pour
la « propriété » du pôle Nord ! Plusieurs
pays revendiquent l’appartenance de cette « non-terre »
à leur territoire. Jusque-là, personne (en tout cas pas
moi…) ne se posait la question de savoir dans quel pays étaient
les rares explorateurs qui se retrouvaient sur ce bout de glace balayé
de vents violents. Nous pouvions admirer ces hommes qui voulaient simplement
connaître notre planète. Après les « explorateurs
de l’inutile », vinrent les scientifiques, de tous les pays.
Là encore, il y avait une certaine gratuité dans leur
démarche, une volonté de comprendre, parfois au risque
de leur vie, les mécanismes de notre chère planète.
La cause scientifique est belle et utile. Elle a aussi le mérite
de réunir les peuples. Seulement voilà, tout cela est
terminé ! Simplement parce que l’on a découvert d’énormes
ressources en sous-sol. La ruée vers l’or a commencé
! Cette partie de notre planète était encore vierge de
conflits, toute dédiée à la gratuité et
à nos rêves… Tout cela s’effondre car les enjeux
économiques sont plus forts que tout, écrasant même
nos oasis planétaires.
Oui, notre monde devient fou. Tout doit être utile,
rentable, productif. Et la gratuité ? Et la futilité,
si « utile » à toute existence humaine ? Les robots
étaient censés libérer l’humain des tâches
pénibles, et voilà qu’à notre tour, nous devenons
des robots… Face à cette dérive utilitariste, la
logique de l’Évangile est tout autre. Lorsque Jésus
est « en chemin », il « s’arrête »
pour vivre des rencontres inattendues. Et qu’importe alors que
les personnes rencontrées soient de « bonne » ou
de « mauvaise » vie. La rencontre pour la rencontre, dans
l’instant. À force de vouloir toujours être utile,
nous perdons le sens de la découverte de l’autre, de la
simple plénitude des relations humaines. Rendez-nous notre pôle
Nord ! Mettons un peu d’inutile, de « non-rentable »
au milieu de nos existences. Retrouvons le chemin de notre humanité…

Jean-Marie
de Bourqueney