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Numéro 216
Février 2008
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Le dialogue interreligieux est passé de mode. Le pasteur Jean Dumas le regrette, et souhaite que les libéraux de toutes les religions s’unissent pour combattre le fondamentalisme, grâce au dialogue.

L’interreligieux en déshérence

Il y a quelques années, l’interreligieux était une mode. Si les ultras des fondamentalistes de toute religion s’y opposaient par principe, le vulgum pecus se faisait fort de s’en réclamer. L’interreligieux devenait de la vraie bouillie pour les chats !

Dans les salons et jusque dans les sacristies de toutes les églises, c’était des approbations appuyées de hochements de menton pour dire du bien du bouddhiste le Dalaï Lama, de l’hindouiste Gandhi ou du Prix Nobel Nelson Mandela : tous dignes représentants d’une religion universelle qui ne pouvait qu’être l’avenir d’une humanité pieuse.

C’est tout le contraire aujourd’hui. Une récente rencontre de pasteurs ayant pour thème le dialogue interreligieux n’a eu qu’une petite poignée de participants ! Ils préféraient des sujets plus stimulants à leurs yeux : le salut, la résurrection, l’incarnation, la naissance virginale, et j’en passe… Depuis plusieurs années, la Fédération Protestante de France n’a pas réactivé sa commission du dialogue avec l’islam, non plus que celle du dialogue avec le bouddhisme. L’Église catholique romaine avait ouvert de belles perspectives avec Vatican II. Le nouveau pape revient en arrière en fermant les ouvertures. Les éditeurs religieux francophones tant protestants que catholiques, refusent de prendre le risque d’imprimer toute réflexion sur le dialogue, car le gros de leur clientèle préfère une littérature plus conforme aux dogmes traditionnels.

Le climat international semble donner raison aux détracteurs du dialogue. Pour eux, les religions nourrissent les violences fanatiques. Les bombes humaines irakiennes, afghanes, maghrébines, palestiniennes ou autres laissent croire à l’inéluctable violence inhérente à l’islam. Le fondamentalisme radical d’un certain protestantisme nourrit la méfiance envers l’ensemble des Églises protestantes qualifiées de sectes évangélisatrices. Le fanatisme d’un judaïsme ultra-orthodoxe provoque la haine des palestiniens. Le terrorisme, c’est la faute à l’islam ! Les violences, c’est la faute aux religions !

Accepter sans réagir la défaite du religieux et du dialogue est blasphématoire et dangereux.

La définition du blasphème est la suivante : « parole qui outrage la Divinité » (dictionnaire Robert). C’est outrager Dieu que de l’accuser des génocides ou des fanatismes trop répandus de notre époque. Les croyants de toutes traditions doivent relever le défi par l’affirmation vécue d’une foi sans concession. Il est temps de protester !

Qui plus est, demeurer silencieux est dangereux. Le silence n’est pas d’or, il encourage la pourriture des rapports humains entre les individus et entre les cultures. Un député européen a pu dire : « La pire des armes de dissuasion massive n’est pas l’arme atomique, mais le conflit des cultures. » Apaiser ce conflit demande d’oser entamer le dialogue.

La saine thérapie consiste alors à agir sur deux fronts :

– Contrer toutes les formes de fondamentalisme qui ne font que pervertir les religions. Car les religieux peuvent être tentés par la perversion de leur religion, maladie sournoise qui la transforme en intégrisme ou en fanatisme. Ce ne sont là que des déviances religieuses déformant le message initial. Retourner au « fondamental » dénonce ces déviances et demande persévérance et lucidité.

– Entrer en dialogue avec les croyants anti-fondamentalistes de toutes traditions. Certes, la foi d’une autre tradition n’est pas assimilable à la mienne. Les différences sont irréductibles, il n’y a pas de synthèse possible. Respecter l’inconciliable des croyances les plus authentiques dans un dialogue constructif est la clé. S’il y a un inconciliable à refuser, c’est le radicalisme religieux.

Le dialogue dit interreligieux est un combat. Pour le vivre, il est nécessaire de pratiquer le dialogue le plus sincère, chacun prêt à recevoir le témoignage de l’autre tout en témoignant sans arrière-pensée prosélyte de sa propre foi. Il est une arme efficace et indispensable pour s’engager dans le combat du dialogue : celle qui vient du Souffle divin. « L’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père par le Souffle de vérité » (Jn 4,23) Les croyants de toutes traditions se ressourcent au même Souffle, par leurs divers rites de méditation et de prière. Il s’établit là une véritable communion en Esprit. feuille

par Jean Dumas

 

 

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