Quelle place accorder
aujourd’hui à l’Ancien Testament ? S’il garde
au demeurant quelque actualité dans la catéchèse,
pour autant est-il souvent le fondement de la prédication dominicale
?
La VIe hymne d’Éphrem Sur les azymes met en
tension dialectique l’agneau que les apôtres avec le Christ
mangent dans la chambre haute, et l’Agneau de Dieu qu’est
le Christ. Pour cela, Éphrem en recherche dans les Écritures
des préfigurations, et s’arrête par exemple à
Abel, dont il relève qu’il offrit un agneau avant d’être
lui-même offert en sacrifice. C’est une manière pour
Éphrem de souligner que ce qui était figure avant la croix,
depuis a acquis une dimension nouvelle, car ce qui n’était
jusque là qu’espérance désormais est certitude.
La cène que Jésus a partagée avec ses apôtres,
dans la fraction du pain est l’événement qui donne
à ceux-là de comprendre que le salut s’opère
au moment où la promesse, dont retentit tout l’Ancien Testament,
va s’accomplir dans le « Voici, tout est achevé »
de Jésus Agneau (cf. Jn 19,30), bonne nouvelle qui sera dans
le Nouveau Testament et par eux portée jusqu’aux bornes
du monde.
Ce que nous dit Éphrem, c’est que l’Ancien
Testament n’est pas caduc, puisqu’il prépare et est
la clef du Nouveau. Il est la clef de la vérité que recherche
tout être humain qui s’interroge sur le monde, sur lui, sur
lui devant le créateur des êtres et des choses. Comment
saisir toute la force du second, si l’on ne connaît pas le
premier ? Que l’Ancien Testament soit figure du Nouveau, ne signifie
pas, bien au contraire, qu’il ne soit pas porteur de vérité.
Celle-ci cependant est mise à nu dans un partage, une communauté
de pain, c’est-à-dire de vie. De vie à l’ombre
de la croix. De vie dans la lumière de la Pâque, le passage,
la délivrance, dans la lumière de Pâques, le tombeau
ouvert. Une vérité qui s’ouvre. Qui nous ouvre. 
Jacques-Noël
Pérès