"Comme il sen allait,
Jésus vit, en passant, assis au bureau des taxes, un homme
qui sappelait Matthieu. Il lui dit : suis-mois. Il se leva et
le suivit. Or, comme il était à table dans sa maison,
il arriva que beaucoup de collecteurs dimpôts et de pécheurs
étaient venus pendre place avec Jésus et ses disciples.
voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples : Pourquoi
votre maître mange-t-il avec les collecteurs dimpôts
et les pécheurs ? Mais jésus qui avait entendu déclara
: Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin
mais les malades. allez donc apprendre ce que signifie : Cest
la miséricorde que je veux et non le sacrifice; Car je suis
venu appeler, non pas les justes, mais les pécheurs".
Une fois de plus, nous sommes à table ; moment de partage
joyeux des fruits de la terre ; mais aussi moment de partage dune
parole de Jésus qui va bouleverser les idées reçues.
Il existait une coutume sympathique, dans ce monde palestinien :
Pouvaient sinviter à la table dun maître
ceux qui passaient par là et souhaitaient participer au repas.
Cest pourquoi les collecteurs dimpôts et les pécheurs
"étaient venus prendre place", nombreux. Mais attention,
une autre règle plus solidement établie voulait que
les justes, cest-à-dire ceux qui obéissent à
la Loi, ne mangent quavec les justes. Les autres, sils
venaient à sinviter parmi la communauté sainte,
risquaient donc dêtre reconduits à la frontière
censée protéger la pureté du peuple des justes.
La question des pharisiens aux disciples de Jésus est donc
toute naturelle : "Pourquoi votre maître accepte-t-il des
pécheurs à sa table?"
Jésus répond par un vieux proverbe connu de tout le
monde : "Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin
mais les malades". Il renverse donc complètement les critères
de lexclusion. Sont acceptés à la table, auprès
de Jésus, non pas ceux qui ont un comportement correct, ou
des papiers en règle, mais ceux qui ont besoin de lui. Et cest
eux-mêmes qui décident de se joindre à lassemblée
et non pas les législateurs ou autres hommes de loi.
Car cette communauté est formée des malades de Dieu,
de tous ceux qui veulent se refaire une santé en écoutant
Jésus, quels que soient leur comportement antérieur
et leur respect des règles de pureté. Il ny a
pas de condition ni de critère pour faire partie du nouveau
peuple, si ce nest celui dêtre malade. Malade peut-être
den être exclus.
Mais les pharisiens, eux, ne sinvitent pas ; ils restent prudemment
à lextérieur. Ayant oublié ce quest
la miséricorde, ils veulent exclure les pécheurs ; de
ce fait ils sexcluent eux-mêmes. Ce sont ceux là
qui établissent les règles de lexclusion qui se
trouvent exclus du peuple nouveau.
En appelant les pécheurs, et non les justes, Jésus
inverse les espaces protégés par les frontières
: lextérieur devient lintérieur et réciproquement.
Il inverse surtout le principe de lélection en réservant
les nourritures du ciel et de la terre à ceux qui en ont besoin
et nen déplaise aux chefs religieux gardiens des bons
usages.
Cest ainsi que lEglise doit être le rassemblement
de tous les malades de Dieu et les justes qui sen offusquent
doivent réfléchir davantage à ce quest
la miséricorde. Le peuple de Jésus na pas vocation
à excommunier mais à inviter à sa table tous
les pécheurs et autres sans-papiers.
Henri
persoz