Quil sagisse
des petits sacrifices quotidiens demandés à lenfant
que nous fûmes (pour certains dentre nous) ou de la lecture
sacrificielle de la mort de Jésus, ce mot est lourd de tant de
sang, de douleurs, et de culpabilité, quil est difficile
à prononcer à notre époque. Il représente
souvent pour nos contemporains le religieux dans ce quil a de
plus détestable, et la vision des kamikazes, qui simmolent
pour tuer et pour gagner le ciel ne nous encourage pas
à reconsidérer positivement lidée de sacrifice.
Non plus que ce fameux film sur les dernières heures du Christ
dailleurs ! Cest un peu comme si, aujourdhui comme
hier, le sacrifice nous entraînait, de manière presque
fatale, vers « la violence et le sacré » ! Pourtant
déjà la Bible présente une alternative au sacrifice
sanglant, cest celui du cur : « Le sacrifice agréable
à Dieu, cest un esprit brisé, un cur brisé
et contrit » nous dit le psaume 51. Et le sens dun des mots
hébreux traduits par sacrifice : « korban » renvoie
à lidée dintériorité, dun
espace rendu disponible pour que Dieu puisse sapprocher. De quoi
faire réfléchir sans doute ! Néanmoins le terme
doffrande, moins chargé, nest-il pas préférable
? Il porte la vie, le partage, la joie. Et lengagement dans loffrande
nest pas moindre si lon songe à ces paroles de Jésus
dans lÉvangile de Jean : « Il ny a pas de plus
grand amour que doffrir sa vie pour ceux quon aime. »
Florence
Taubmann
Le mois prochain : Prédestination.