Le terme le plus complexe
du titre Évangile et Liberté, ne serait-il pas «
et » ? Car enfin, quindique cette conjonction de coordination
?
Ce pourrait être une opposition, la juxtaposition
de deux réalités inconciliables. Ainsi le pape Pie IX
condamnait-il dans son Syllabus de 1864 les libertés démocratiques,
inconciliables selon lui avec lÉvangile.
Ou bien, pour éviter de confondre lÉvangile
et la liberté, on opposera le « serf arbitre » de
Luther au « libre arbitre » dÉrasme.
Pour être plus nuancés, on distinguera lÉvangile
de la liberté : si lÉvangile rend libre, il implique
néanmoins une entière soumission à la volonté
de Dieu.
Ou bien lon y verra deux exigences si différentes
lune de lautre quon ne peut les ramener lune
à lautre.
Dautres confondent les deux termes : lÉvangile,
cest la liberté, et la liberté, cest lÉvangile.
Toute liberté serait-elle alors évangélique par
nature ? Cest le pas que franchissent certains libertaires quand
ils font de la liberté sexuelle et de léchangisme
une conséquence de lÉvangile.
« Et » se décline donc de toutes sortes
de manières : il y a leau et le feu, Charybde et Scylla,
la carotte et le bâton, lhomme et la femme, le bien et le
mal, le beurre et largent du beurre
Les lecteurs dÉvangile et Liberté,
heureusement, ne sy trompent pas : lÉvangile et la
liberté ne se confondent pas, mais ils vont de pair ; ils simpliquent
et sappellent lun lautre ; ils se complètent
et sépaulent ; ils sexpliquent lun par lautre
; ils sont étroitement complémentaires ; ils balisent
ensemble le chemin de la vie telle que Dieu la propose. Cest en
tout cas ainsi que nous lentendons. Ouf !
Bernard
Reymond