Le Pentateuque est,
pour le monde hébraïque, le texte identitaire par excellence.
Tradition des origines et Loi y sont énoncées en souvrant
vers le futur quest la Promesse faite à Abraham davoir
une descendance et une terre. Cest Dieu qui préside au
destin du peuple en lui donnant la Loi mais aussi la liberté.
La Loi est toujours transcendante, identitaire, vitale. Elle parle
pour le peuple, qui laccepte et sy reconnaît. La
Loi fixe le cadre à lintérieur duquel peut sexprimer
le « vivre ensemble » et le projet davenir du peuple.
La distance qui nous sépare des Lois de lAntiquité
fait que nous sommes surpris par certains textes que nous avons du
mal à comprendre. En particulier les lois du Lévitique
(Lv 18 et 19) ou les malédictions de Dt 27 relatives à
la sexualité. Là sont posés des interdits dont
la sanction est la mort. Si nous comprenons encore aujourdhui
certains interdits comme la zoophilie, dautres nous semblent
discutables comme ceux relatifs à lhomosexualité.
Dans tous les cas, la sanction nous est insupportable... Alors pourquoi
ces interdits ? Quelle est leur valeur pour nous aujourdhui
?
Retour sur la loi : Lidentité et la vie.
La Thora dans son ensemble insiste sur la vie. Limportance
des interdits relatifs au sang, qui signifie la vie, le montre bien.
Dans un autre registre, la protection des plus faibles : veuves, émigrés
par exemple, montre le même souci. Protégeant la vie,
la Loi va dénoncer ce qui empêche la vie. Ici les interdits
sexuels vont être soigneusement définis, puis dénoncés
et enfin sanctionnés. Lv 18,20 et Dt 27 sont des textes très
sévères vis-à-vis de toute déviance. La
précarité de la vie dans lantiquité peut
justifier une telle rigueur. Ne sont donc acceptés que les
relations entre mariés. La loi du lévirat fait exception
qui prévoit que lépouse dun homme décédé
devient lépouse du frère du défunt.
La loi est aussi porteuse didentité. À
coté des interdits du sang, les interdits concernant limpureté
sont aussi très nombreux. Les Hébreux aiment la netteté,
ce qui est clair, identifiable. LÉcriture nomme, sépare,
identifie. Gn 1 et 2 sont là pour nous le rappeler, ainsi que
tous les noms des hommes de la Bible. Lidentité même
dIsraël sinscrit dans cette manière de voir.
Les règles de vie régissant la sexualité sont
donc très strictes.
La Promesse.
La Promesse renforce la Loi et en fait partie car elle
en accentue laspect identitaire. Les enfants dAbraham
forment le peuple que Dieu sest choisi, et ce peuple aura une
terre : Le pays de Canaan. La promesse est fondamentale pour comprendre
les interdits sexuels de lAncienne Alliance, car ceux-ci permettent
de réaliser la conclusion de lAlliance voulue par Dieu.
De ce fait, tout doit être mis en uvre pour que se réalise
cette promesse ; on doit donc être sûr de son ascendance
pour se savoir appartenant au peuple élu. On doit être
tout aussi sûr de sa descendance pour que celle-ci soit un jour
héritière de la terre. Outre léthique quimplique
lappartenance au peuple de Dieu, on comprend limportance
que revêtent les interdits sexuels.
Toute lénergie sexuelle doit être
mise au service de la descendance légitime. Ici deux types
dinterdits. Tout dabord les interdits qui empêchent
de mettre en péril la descendance : Ce sont toutes les relations
sexuelles hors mariage comme ladultère, le viol, la prostitution.
Ensuite les interdits qui visent à empêcher le détournement
de lénergie sexuelle en dehors de la relation homme-femme.
Nous retrouvons là lonanisme (Gn 38), lhomosexualité
masculine ou féminine, la zoophilie. Tous ces interdits posent
comme sanction la mort pour la bonne raison quils veulent éviter
de mettre en péril la transmission de la promesse et par là
lidentité dIsraël.
La Nouvelle Alliance marque une rupture. Pour Jésus,
lessentiel nest pas lappartenance à la descendance
biologique dAbraham. Lessentiel, la promesse du Royaume,
est lié à la Grâce. Cette rupture nous permet
une nouvelle approche. Si, pour certains, les interdits du Lévitique
doivent encore être pertinents, pour dautres, ils sont
vus comme étant obsolètes, reflet dune théologie
dépassée. Nous ouvrons là un autre débat...
Vincens
Hubac