On
n'est pas forcément d'accord avec cet article de Libération,
et ici il semble opposé à la Fédération
protestante pour soutenir l'élu de gauche, ce qui est bien
dans le rôle de ce journal, bien entendu.
Mais dans cet article, Catherine Coroller n'a peut-être
pas si tort quand elle dit que la Fédération Protestante
cherche à intégrer des églises "évangéliques"
pour augmenter ou ne pas perdre de son influence alors que les effectifs
luthéro-réformés sont en décroissance.
En tout cas le sens, la visée de la politique d'élargissement
de la Fédération Protestante est une vraie question.
Le titre de cet article n'est pas mal vu non plus :
"les protestants ne tendent pas l'autre joue". Il est en
effet question ici d'églises relativement ou très fondamentalistes,
cherchant à lire et appliquer la Bible au premier degré.
L' argument de Catherine Coroller serait malhonnête face à
des chrétiens libéraux. Nous entendons bien l'idée
avancée par ce verset du sermon sur la montagne (Matthieu 5:39),
mais nous ne le recevons pas comme un décret devant s'appliquer
aveuglément en toute circonstance. Jésus frappé
à la joue par un soldat romain aurait réagi en disant
"pourquoi me frappes-tu ?" (Jean 18:23 ) ce qui est une
façon créatrice de réagir, mais peut-être
pas non plus universellement adaptée. La question de la réaction
face à l'agression ne peut ainsi être tranchée
hors d'un contexte particulier, ne jamais réagir serait laisser
complètement le champ libre à la haine et à la
violence, et systématiquement réagir en attaquant serait
participer à cette violence. Entre les deux, il faut réfléchir,
prier, et choisir.
Notre lecture serait plus dans la ligne de ce que propose
Saint Augustin dans ce célébrissime commentaire de la
1e lettre de Jean : Une fois pour toutes, ce bref commandement
t'est donné : Aime et fais ce que tu veux. Si tu te tais, tais-toi
par amour, si tu parles, parles par amour, si tu corriges, corriges
par amour, si tu pardonnes, pardonne par amour. Aie au fond du cœur
la racine de l'amour. De cette racine, il ne peut sortir que du bien.
« En cela consiste l'amour. Dieu a fait paraître son amour
pour nous, en envoyant son Fils unique dans le monde, afin que nous
vivions par lui. Et voilà en quoi consiste cet amour : ce n'est
pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés
le premier ».
En l'occurrence, L'acte du député-maire
Jean-Pierre Brard est un acte politique, et la réponse judiciaire
que propose M. de Clermont peut être vu comme un Pourquoi me
frappes-tu ? également médiatique, adéquat et
proportionné. Pourquoi pas ? 
Marc Pernot