Les dernières positions de
Rome, pour anecdotiques qu’elles puissent paraître, sont
néanmoins navrantes. Je dis « anecdotiques » car
le Vatican est accoutumé à servir à ses fidèles
des oukases comminatoires.
Réhabilitation de la messe en latin, condamnation de théologiens
(Claude Geffré le dernier en date), interdiction faite aux fidèles
de verser leur obole à Amnisty International (au motif que cette
ONG serait favorable à l’avortement de femmes violées
ou de femmes qui recourent à des procédés empiriques),
rappel à l’ordre des fidèles brésiliens qui
recourraient à la contraception « artificielle »
encouragés par les efforts du président Lulla pour favoriser
un équilibre démographique compatible avec les conditions
de vie des plus pauvres, etc.
La liste n’est bien sûr pas exhaustive. Il faudrait tout
un livre.
Mais on se prend à se demander si Benoît XVI lit le même
Évangile que moi. J’avais naïvement cru que Jésus
nous appelle à la liberté des enfants de Dieu. J’avais
lu dans les Écritures une invitation à une liberté
(qui n’est ni laxisme, ni anarchie, mais primauté de la
conscience éclairée). Il m’était apparu que
Dieu nous a voulus partenaires répondant librement à sa
grâce.
Protestant de fraîche date, élevé dans le catholicisme,
je ne peux qu’être choqué par toutes ces barrières
qui non seulement imposent aux fidèles des contraintes arbitraires,
mais aussi combattent l’œcuménisme puisque Rome affirme
bien haut que la seule Église qui mérite ce nom est la
catholique romaine (avec toutefois une certaine indulgence envers les
Orthodoxes).
Mis à part tous les interdits relevant de ma morale sexuelle
(que Rome se complaît à maintenir contre vents et marées),
la mise sous tutelle de théologiens me semble particulièrement
dommageable. C’est de leurs recherches que pourrait souffler un
vent libérateur. Ce sont eux qui scrutent l’Écriture
et contribuent à nourrir le peuple des croyants. On ne compte
plus ceux qui furent interdits d’enseigner, voire de publier. Heureux
théologiens protestants qui ont au moins la liberté de
penser et d’écrire. La rébellion, dans ces circonstances,
est un devoir qui s’impose à tous.
Jean Beauté
Juillet 2007 