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N° 168 - Juillet-Août 2003

( sommaire )

Cahier :
Questions de notre temps,
par Alain Houziaux

Dans ce Cahier du N° 168 :
  • Peut-on se changer ?
  • A-t-on besoin d'une religion ?
Dans le cahier suivant, du N° 169, deux études :
  • Ce qui m'arrive est-ce de ma faute ?
  • Comment accepter de vieillir ?

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Peut-on se changer ?

L'honneur de l'homme

Nous avons le désir de nous changer. Nous avons tous, au fond de nous-mêmes, le désir de renoncer à nos vices, à nos esclavages, à nos mauvais penchants. Certes, ce désir est particulièrement net chez tous ceux qui se sentent prisonniers d'une sorte d'esclavage infernal, les alcooliques, les prisonniers réci-divistes... mais, Dieu merci, il est aussi présent chez chacun d'entre nous.

Ce désir de se changer, c'est l'honneur de l'homme, et peut-être le propre de l'homme.

Au fond, ce à quoi nous aspirons, c'est à une « nouvelle naissance ». Oui, « naître de nouveau » (cf Jean 3,3), ou plutôt renaître en étant à la fois soi-même et un autre, voilà ce que nous voudrions pouvoir faire.

Mais est-il possible de se changer ? Voilà la question.

Ce qui pose problème dans cette question, c'est le « se ». Peut-on se changer ? Peut-on se changer par soi-même ? Ce serait beaucoup plus facile de répondre à la question « peut-on changer ? ». Nous savons bien que nous changeons, et que la vie nous change. Nous sommes changés par les épreuves que nous subissons. Perdre ses parents, cela nous change. Perdre un enfant, encore plus. Les échecs nous changent aussi, et aussi le fait de vieillir. Les souffrances nous changent. Cioran a écrit : « Tant qu'on n'a pas vraiment souffert, on vit souvent dans le faux et le faux-semblant », on triche, on parade, on « se fait mousser ». En revanche, lorsque l'on a souffert, on apprend à devenir humble, humble vis-à-vis de soi-même et compréhensif vis-à-vis d'autrui. On peut aussi d'ailleurs devenir plus agressif et plus « réactionnaire ». Mais, de toute manière, on change.

Mais la question posée, c'est « peut-on se changer ? » Peut-on se changer par sa volonté, par ses efforts ?

Pour tenter de répondre à cette question, je partirai d'un texte biblique : la parabole du fils prodigue (Luc 15). Cette parabole concerne d'ailleurs non seulement le fils prodigue mais aussi son frère aîné.

Le fils prodigue et le fils aîné de la parabole.

Le fils prodigue, après avoir mené une vie de liberté, de débauche et aussi de misère décide de rentrer à la maison paternelle. Il décide de changer de vie et aussi de se changer. Lui qui a voulu être un homme libre, il veut devenir un simple serviteur de son père.

Comment en est-il venu à vouloir se changer et peut-être à pouvoir se changer ? Après avoir quitté la maison paternelle, il a dépensé tout son bien dans la débauche. Il s'est retrouvé à un rang de « sous-cochon » (il ne s'autorise même pas à manger la nourriture des cochons). Alors qu'il avait choisi la liberté, il a le sentiment d'avoir été « coincé » par lui-même. Sa liberté s'est retournée contre lui.

Et c'est pourquoi il « implose », contre lui-même. Ainsi, c'est son dégoût de lui-même qui change le fils prodigue. Il a été « eu » par lui-même. Il est devenu esclave de son propre désir de liberté. Et il décide de rentrer à la maison paternelle pour pouvoir devenir un serviteur. Pour ne plus avoir à se poser des questions. Pour ne plus avoir à faire de choix. C'est peut-être là la vraie liberté .

Quant au fils aîné, il se pourrait bien qu'il décide, lui aussi, de changer de vie et aussi de se changer. Il commence par mener une vie sage et réglée chez son père. Mais, après le retour de son frère cadet, il refuse de rentrer dans la maison et de partager le repas du veau gras. Et peut-être va-t-il quitter la maison paternelle, comme son frère cadet l'avait fait quelques années plus tôt. L'histoire ne le dit pas. Mais on peut l'imaginer. Lui qui a vécu des années durant comme un simple serviteur de son père, il veut peut-être devenir un homme libre. Comment en est-il venu à changer, à se changer ?

Le fils aîné est resté à la maison paternelle, sage comme une image. Il est considéré par tout le monde comme un bon fils, un bon serviteur. Mais en fait il occulte une part de lui-même. Il est coincé par l'image que les autres se font de lui. Les autres, c'est son père qui ignore la véritable nature de son fils (ils ne se sont jamais vraiment parlé), et aussi ses amis qui le considèrent comme inapte aux réjouissances.

Et c'est pourquoi le fils aîné explose (alors que le fils prodigue implose). Il explose contre ce qu'« on » a fait de lui. Il laisse exploser son appétit de vie et de liberté. Et il décide peut-être de quitter la maison paternelle, en jetant son bonnet (et sa vie d'enfant sage) par dessus les moulins. Partir, pour devenir un homme nouveau. Partir pour aller « vers lui-même », vers la réalisation de ce qu'il est en vérité.

Ainsi cette double parabole s'organise comme un chassé-croisé. Le fils aîné, s'il s'en va, pourrait bien se changer en fils prodigue. Et le fils prodigue, en rentrant chez son père, pourrait bien se changer en fils aîné.

Mais, maintenant, à partir de ces deux exemples, venons-en à la question « comment peut-on se changer ? »

Le déclic de l'émotion

Je commencerai par un propos pessimiste. A mon avis, on ne peut pas se changer par le seul ressort de la volonté et de la décision. L'effort ne suffit pas. La bonne volonté, les bonnes résolutions ne sont guère efficaces. Les changements opérés par la seule volon-té ne tiennent pas longtemps.

Notre manière de nous comporter relève pour une large part de l'involontaire. Nous réagissons en fonction de la situation où nous sommes placés. Et nous le faisons par des schémas comportementaux qui sont plus ou moins déterminés, plus ou moins involontaires. Et ce qu'il y a en nous d'involontaire (notre caractère, mais aussi nos habitudes et nos schémas comportementaux stéréotypés) ne peut guère être changé par la seule volonté. Certes on peut faire des efforts pour tenter d'adopter des comportements diffé-rents. Mais cela ne suffit pas. La nature et les stéréotypes comportementaux reprennent vite le dessus.

On ne peut pas changer par la seule volonté. Le fils aîné ne peut se changer par une décision « à froid ». Et il en est de même pour le fils prodigue.

Ce qui peut nous changer, c'est un bouleversement émotif à l'intérieur de nous-mêmes. Seul un bouleversement émotif peut casser nos stéréotypes comportementaux.

C'est justement parce que l'émotion est de l'ordre de l'involontaire qu'elle peut agir sur l'involontaire de nos habitudes comportementales.

L'émotion agit en tant que déclic. C'est elle qui produit l'énergie qui nous fait prendre la décision de nous changer et peut nous rendre effectivement apte à changer.

- Le premier de ces déclics émotifs pouvant susciter un changement, c'est l'humiliation, c'est-à-dire une blessure narcissique forte. Garder les cochons passe encore, mais mourir de faim alors qu'eux s'empiffrent, c'est trop. Je ne peux pas continuer à m'avilir à ce point. Trop, c'est trop. Même lorsque, toute honte bue, on a été au plus loin de l'abjection, il peut se produire un déclic qui retourne les choses et vous empêche d'aller plus loin.

- Le deuxième de ces déclics possibles, c'est la peur. Ce qui motive la conversion du fils prodigue, ce n'est pas la repentance, c'est plutôt la peur de ce qu'il va lui arriver s'il ne change pas. Ainsi le déclic du changement de comportement, ce n'est pas l'espoir, c'est bien plutôt la peur.

- Le troisième des déclics émotifs pouvant susciter la possibilité de se changer, c'est la révolte. Ainsi le fils aîné de la parabole, à l'occasion d'un incident fortuit (le retour du fils prodigue et la fête que le père organise en son honneur), explose de colère contre son père mais aussi contre les humiliations qu'il a endurées jusqu'alors. Les humiliations produisent très rarement l'humilité. En revanche elles produisent la révolte. Et c'est cette révolte qui peut susciter chez le fils aîné l'énergie suffisante pour décider de quitter la maison paternelle, avec les risques que cela com-porte. La révolte nous donne l'énergie de vouloir que les choses changent et de pouvoir les faire changer.

- Le quatrième des déclics émotifs possible, c'est la jalousie. Le fils aîné est jaloux de la vie du fils cadet, ou plus exactement de l'image qu'il se fait de cette vie. Et c'est cette jalousie, cette rivalité mimétique qui peut le conduire à changer de vie et à se changer.

Mais cette envie de faire comme l'autre peut aussi prendre une forme plus noble que celle de la jalousie. Elle peut susciter aussi un désir de suivre l'exemple de l'autre qui prend la forme d'une vocation, d'un appel. Ainsi la lecture de récits sur la vie du docteur Schweitzer a suscité bien des vocations à se mettre au service des plus défavorisés. De fait, l'exemple de tiers peut induire des décisions et des retournements spectaculaires.

- Autre déclic émotif possible pouvant susciter l'aptitude de se changer : la prise de conscience du mal que l'on fait. L'émotion que l'on peut ressentir en découvrant que l'on fait souffrir autrui peut être un vecteur de changement et de conversion extrêmement fort.

- Je mentionnerai enfin un autre déclic émotif possible : l'amour. L'amour non seulement nous change mais permet de nous changer. L'amour peut faire de nous un autre homme.

Ainsi, pour conclure sur ce point, disons que la décision de se changer, pour être efficace, doit prendre appui sur une émotion vive .

En fait l'émotion est révélatrice sur deux points déterminants :

. Elle est révélatrice d'une « facette de soi » qui avait jusqu'alors été occultée et qui, en étant mise à jour, va pouvoir susciter un nouveau comportement. Ainsi le fils prodigue n'était pas, au fond de lui-même, uniquement libertaire et aventureux. L'émotion qui le saisit (le dégoût de lui-même, la peur de l'avenir) lui révèle qu'il y a en lui, occulté jusqu'alors, un aspect de lui-même prudent et casanier. Et c'est cette « facette » qui va alors prendre le pas et destituer le pouvoir de sa « facette » libertaire. Et de même le fils aîné n'était pas au fond de lui-même uniquement discipliné et masochiste. L'émotion qu'il ressent au retour de son frère (faite de révolte et de jalousie) lui révèle qu'il y a aussi en lui, occultée jusqu'à ce jour, une facette libertaire, individualiste et aventureuse.

. L'émotion révèle aussi de désir de changer de situation. Le fils prodigue découvre qu'il n'est pas fait (ou qu'il n'est plus fait) pour une vie de nomadisme et de précarité et qu'il est aussi fait pour une vie (une situation) de sécurité sédentaire. Et le fils aîné découvre (sans doute) qu'il n'est pas fait (ou qu'il n'est plus fait) pour la vie dans la maison paternelle et qu'il lui faut se placer dans une autre situation, celle d'une vie aventureuse et libre.

Le changement de situation permettra l'expression de nouvelles potentialités de notre moi qui étaient déjà présentes, mais occultées en nous. Lorsqu'il sera de retour à la maison paternelle, le fils cadet exprimera sa facette « fils aîné ». Et le fils aîné, s'il quitte la maison paternelle, exprimera à sa facette « fils prodigue ». Le changement de situation leur permettra de contracter de nouvelles habitudes comportementales, c'est-à-dire de nouveaux « jeux de rôle » comportementaux.

Ainsi il y a en chacun de nous différentes facettes, on pourrait dire différents « petits moi » qui se manifestent tour à tour en fonction des situations dans lesquelles nous nous trouvons fortuitement ou de celles dans lesquelles nous nous plaçons volontairement. Changer, c'est changer de facette.

La réalisation du changement

Ainsi la clé du changement, si clé il y a, c'est le changement de situation. En effet « ce que nous sommes » relève certes pour une part de notre nature, mais aussi, pour une part très importante de la situation dans laquelle nous sommes.

Notre comportement est profondément déterminé par la situation dans laquelle nous sommes. Si M. Dupont est simple employé dans une société, il aura un comportement donné (il sera par exemple passif, revendicateur...). Mais si on lui confie une responsabilité et un certain pouvoir, il est probable qu'il changera radicalement de comportement et pourra devenir tyrannique, quitte à retrouver son premier comportement s'il retourne à la base. De même, M. Durand pourra avoir des comportements très différents au travail et en famille, avec son épouse et avec sa maîtresse. Il pourra changer de comportement à l'occasion d'un remariage, surtout si ses deux épouses successives sont très différentes l'une de l'autre (il y a cependant des stéréotypes qui restent parce que, même avec des épouses différentes, la situation d'époux reste déterminante).

Ainsi, à l'occasion d'un changement de situation et d'environnement, certains des aspects de notre moi seront occultés et d'autres auront la possibilité de s'exprimer d'avantage. Et nous ne seront plus « le même », du moins en apparence ! Nous changeons d'habitudes comportementales. Notre comportement s'agence et s'ordonnance de manière différente.

On peut se demander si, pour se changer, il est absolument nécessaire de changer de situation (par exemple de conjoint, de profession, de contexte), ou si une forte émotion peut suffire. On peut espérer qu'une forte émotion puisse suffire. Mais ce n'est pas certain. Si l'émotion n'est pas suivie d'un changement de situation (ou d'un profond changement dans la manière de voir la situation), les anciennes habitudes reprennent vite le dessus. Chassez le naturel, il revient au galop !

La foi nous change-t-elle ?

Pour savoir si la foi peut nous changer, il faut se demander si ceux qui ont découvert la foi, autrement dit ceux qui se convertissent, changent, ou mieux, se changent par le fait même de découvrir la foi.

Il y a incontestablement de nombreuses personnes qui ont profondément changé de vie lorsqu'elles ont découvert la foi. On pense à Saint-Augustin, à Saint-François d'Assise, et à bien d'autres.

La conversion religieuse, au fond, c'est, d'abord et avant toute chose, une décision de se changer. Et ce changement peut se manifester de trois manières différentes.

- Tout d'abord la foi permet, me semble-t-il, d'accepter des renoncements et même de les vouloir. La notion de sacrifice est consubstantielle à la découverte de la foi. La découverte de la foi ne permet pas toujours d'embrasser une vie nouvelle, mais elle nous aide à sacrifier ce qui était le moteur de la vie passée : le plaisir, la gloire, l'ambition. La foi conduit indubitablement à une forme de renoncement. Elle conduit même à une sorte du goût du renoncement comme si le renoncement était la preuve que l'on se donne à soi-même que l'on a découvert la foi. Je fais des sacrifices, donc je crois. Je cesse de lire des livres pornos, je renonce à une liaison adultérine, j'abandonne un métier lucratif pour partir en mission, je verse à l'Eglise la dîme de mes revenus. C'est là le phénomène des voeux qui répond à un besoin de sacrifice.

- La foi permet-elle de découvrir un sens à sa vie ? De fait, la conversion survient souvent à un moment où on est saisi par l'absurdité de sa vie. Ainsi Saint-Augustin, avant d'adhérer au christianisme, avait vécu « une première conversion ». En lisant un ouvrage de Cicéron, il avait été saisi par le sentiment de la vanité de l'existence et de toutes les espérances humaines.

Mais la question est de savoir si, en se convertissant, on se guérit de ce sentiment de vanité et d'absurdité de la vie. C'est le cas pour certains mais pas forcément pour tous. En effet Saint-Jean de La Croix dit bien que c'est « la nuit » qui sut le guider, et que, même par la foi, il marche toujours de nuit. Pour moi-même, je dirai que ma conversion personnelle, à l'âge de seize ans, m'a permis plutôt d'accepter l'absurdité de la vie que je ressentais intensément. Cette absurdité a alors cessé d'être tragique. Et ce grâce à la découverte de la notion de « justification par grâce seule ». Confesser sa foi, c'est reconnaître joyeusement que sa vie n'a pas de justification par elle-même (qu'elle n'a pas de sens par elle-même, qu'elle n'a pas de raison d'être par elle-même, qu'elle est absurde en elle-même) parce qu'elle n'a de justification que parce que Dieu, et Dieu seul, lui trouve un sens et lui donne un sens. Je m'en remets à Dieu pour ce qui est du sens de ma vie et du sens de ce que j'ai à faire. Et de ce fait je cesse d'être préoccupé par le sens, ou l'absence de sens, de ma vie.

C'est, peut-on dire, la forme luthérienne de l'« amor fati », du consentement au destin. Il est certain que cela vous change : au lieu du souci de soi, une sorte de désinvolture joyeuse ; au lieu de l'angoisse d'avoir à trouver un sens à sa vie, une forme de sérénité à dire « vanité des vanités, et tout est vanité ». La foi, c'est dire : je ne sais, Dieu le sait.

- Troisième changement possible par la découverte de la foi. On dit que la démarche de la foi permet d'« aller vers soi », vers sa vérité. Et on cite l'appel fait à Abraham « Quitte la maison de ton père, va vers toi-même ». Mais je ne suis pas sûr que la foi nous incite à aller vers « nous-mêmes ». Elle nous incite plutôt à aller vers « le Christ » qui, par la foi, vit en nous.C'est plutôt aller vers une dépossession et une destitution de ce que l'on est par soi-même, ou, en tout cas, vers une sorte d'indifférence à ce que l'on est par soi-même. On est porté et conduit dans sa vie par un autre Maître que soi-même. Se changer, ce n'est donc pas tant devenir soi-même (même si ce soi-même a toujours été plus ou moins occulté par les circonstances, le devoir que l'on se donne et aussi la pression du regard des autres sur vous). Se changer par la foi, c'est aller vers l'étran-ger (ou l'Etranger) qui est en soi. C'est devenir d'une certaine manière, étranger à soi-même. On cesse de « faire un » avec soi-même. C'est devenir « étranger et voyageur sur cette terre » (Heb. 11, 13) et en particulier étranger à soi-même.

Pour Simone Weil, le fait d'aimer l'étranger comme un autre soi-même implique que l'on ait à s'ai-mer soi-même comme un étranger et à aimer l'étranger (l'Etranger ?) qui est en soi.

Alain Houziaux

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A-t-on encore besoin d'une religion ?

Pour quelles raisons pourrait-on avoir encore besoin d'une religion ?

Je précise d'abord la manière dont je comprends cette question.

. Je ne rentrerai pas dans la distinction que l'on fait souvent entre la « foi » et la « religion ». La « religion » serait l'expression d'un sentiment plus ou moins ambigu, mêlé de superstition, de crainte et de magie. La « religion » serait, paraît-il, tout à fait différente de la « foi » chrétienne qui, elle, serait la décision libre, gratuite et désintéressée de reconnaître la seigneurie de Jésus-Christ. Et c'est pourquoi des théologiens protestants tels que Bultmann, Bonhoffer et même Karl Barth ont prétendu que la foi chrétienne devait être non religieuse. Mais, à mon avis, il faut considérer le christianisme comme l'une des religions. La foi chrétienne est une manifestation religieuse parmi d'autres. Je définis la religion comme un phénomène social qui implique des croyances, des rites et une communauté. Je ne lui donne pas un sens péjoratif.

Il faut en effet faire la différence entre la religion et la superstition. Etre religieux, c'est une disposition intérieure et c'est d'abord une forme de vénération de Dieu ou des dieux. Et même si l'on craint ces dieux, on tente néanmoins d'obtenir d'eux des manifestations de bienveillance. Et être superstitieux, c'est respecter un certain nombre de tabous. La superstition est constituée de pratiques extérieures, arbitraires et formelles ayant par elles mêmes un pouvoir « ex opere operato », sans référence directe à un au-delà qui serait celui des dieux.

. Je ne jouerai pas non plus sur le sens du mot « besoin ». Je sais bien que certains peuvent considérer que la « foi » et même la « religion » ne sont pas des besoins parce qu'elles seraient des réponses à un appel venu d'En-haut. Mais, que cela soit vrai ou non (et c'est sans doute vrai), il n'en reste pas moins qu'il peut y avoir en l'homme un besoin de religion et des « besoins religieux ». J'entends le mot « besoin » dans un sens psychologique très général. « Un besoin est une exigence née de la nature ou de la vie sociale » (le Robert). On peut avoir besoin d'une religion comme on peut avoir besoin d'exprimer son affection.

Les besoins auxquels la religion ne peut répondre

Donc, pour quelles raisons aurions-nous, même aujourd'hui, encore besoin d'une religion ? Dans un premier temps, nous allons présenter trois raisons qui sont souvent invoquées mais qui, à notre avis, ne sont ni valables ni pertinentes.

La première des raisons que l'on invoque, c'est celle-ci : « avoir de la religion », cela permet d'« avoir de la morale ». Et c'est pour cela que, même encore aujourd'hui, on aurait besoin d'avoir une religion. On suppose souvent que, si l'on n'a pas de religion, tout est permis et qu'on peut mener, impunément et sans scrupules, une vie tout à fait immorale. On entend souvent dire « si on ne croit pas en Dieu, on peut faire n'importe quoi ». Ainsi si l'on envoie les enfants au catéchisme, c'est bien souvent pour leur donner une éducation morale.

Et pourtant, on finit par découvrir, petit à petit, que les gens qui « ont de la religion » ne se conduisent pas mieux que les autres. Mais on persiste néanmoins à confondre religion et morale, et ce même si les bons prêtres et les bons pasteurs vous expliquent que Jésus a pris la défense des femmes de mauvaise vie et aussi celle des collecteurs d'impôts qui n'étaient pas toujours très honnêtes.

En fait, la religion et la morale, ce sont deux choses assez différentes. La religion n'est pas de l'ordre de la morale, elle est de l'ordre de la quête de la vérité. Les religions sont d'abord un enseignement et une prédication. Et cette prédication, elle porte sur les origines du monde, sur le sens de cette vie-ci, et aussi, dans la plupart des cas, sur ce qui nous attend après la mort. Et le message éthique de la religion est en fait secondaire.

Deuxième raison invoquée pour dire que l'on a besoin d'une religion : « avoir de la religion » nous permettrait d'être plus heureux. La religion nous donnerait une certaine forme de sécurité intérieure, une sérénité et peut-être une sorte de détachement vis-à- vis des choses de ce monde et des problèmes de la vie.

Ce n'est pas absolument faux, loin de là. Nous connaissons tous des personnes, qui, avec une sorte de candeur, acceptent tout ce qui leur arrive, même les épreuves, avec la certitude que, quoiqu'il arrive, elles restent « entre les mains de Dieu ». C'est incontestable, la religion, semble-t-il, les aide à supporter beaucoup d'épreuves.

Mais les personnes qui disent être sereines grâce à leur foi ont sans doute une prédisposition intérieure naturelle (et peut-être même innée) à cette sérénité. A mon avis, elles auraient été aussi sereines si elle n'étaient pas croyantes. Et, inversement, je ne pense pas qu'une personne qui est naturellement angoissée puisse trouver la paix et le bonheur par le simple fait qu'elle se convertisse à la foi.

Ainsi, il ne me semble pas que la religion puisse donner par elle-même le bonheur. Et je ne sais pas si la proportion de gens heureux est plus importante dans les églises, synagogues et mosquées qu'ailleurs. Il me semble que parmi les gens religieux, il y a autant d'inquiets qu'ailleurs et que les grands maîtres spiri-tuels (Moïse, David, Jésus...) n'étaient pas particulièrement sereins.

Les livres saints sont rarement des écoles de sagesse. Il y a certes des exceptions (par exemple le livre de l'Ecclésiaste). Mais ces livres de sagesse sont souvent assez peu religieux.

Les livres saints, et en particulier la Bible, apportent souvent moins de consolation que certains ouvrages qui ne sont pas spécifiquement religieux (je pense à Christian Bobin ou au Prophète de Khalil Gibran, ou aux ouvrages d'Elisabeth Kübler-Ross sur l'après-mort).

Troisième raison pour laquelle on pourrait avoir besoin d'une religion : avoir une religion permettrait d'être intégré à une communauté, à une sorte de famille spirituelle.

C'est sans doute vrai. De fait, on peut constater qu'aujourd'hui, les religions qui retiennent le plus de fidèles sont celles qui procurent une réelle identité communautaire. Je pense au judaïsme, à l'islam, et aussi au catholicisme. Au contraire, le protestantisme (du moins le protestantisme des Eglises réformées et luthériennes traditionnelles) fait moins recette, car il est trop tolérant et ouvert, et il n'est pas assez structuré par un dogmatisme contraignant et par des rituels exigeants. C'est vrai, les religions identitaires et plus ou moins sectaires procurent un sentiment de sécurité . Et c'est pourquoi je pense qu'au XXIe siècle, les communautés religieuses qui résisteront le plus seront celles qui offriront une réelle vie communautaire.

Mais je veux ajouter un point, ou plutôt un contrepoint. Depuis quelques décennies, les personnes qui se considèrent comme « religieuses » n'ont plus tellement besoin de ces communautés fortement identitaires. Elles se construisent une religion personnelle « à la carte », en marge de toute communauté structurée. Et elles deviennent souvent des nomades allant d'une communauté à l'autre, sans vraiment chercher une intégration ou une identification réellement efficace.

Actuellement, il y a une dissociation entre le besoin religieux et le besoin d'une communauté. Les besoins religieux d'aujourd'hui ne sont plus des besoins d'identification communautaire.

En conséquence, à la question « avons-nous encore besoin d'une religion ? », nous présentons donc une première réponse plutôt négative : la religion et les religions traditionnelles ne peuvent répondre ni à notre besoin de morale, ni à notre besoin de bonheur. Quant au besoin d'appartenir à une communauté, il ne faut pas le confondre avec le besoin d'avoir une religion.

Mais cela ne veut pas dire que nous n'avons plus besoin de religion. Cela veut simplement dire qu'il ne faut pas demander à la religion de répondre à des besoins qui ne sont pas de son ressort. Nous ne pouvons avoir besoin d'une religion que si nous avons encore des besoins qui sont effectivement des besoins religieux.

Et c'est pourquoi, la question qu'il nous faut en fait poser, c'est celle-ci : aujourd'hui, sommes-nous encore habités par des besoins que l'on peut considérer comme étant, à proprement parler, de nature religieuse ? Et les religions d'aujourd'hui peuvent-elles y répondre ?

Les besoins auxquels la religion peut répondre

Eh bien oui, nous avons encore besoin d'une religion. En effet, me semble-t-il, il y a encore chez l'homme d'aujourd'hui des besoins que l'on peut qualifier de religieux et auxquels les religions d'aujourd'hui (et en particulier le christianisme) peuvent répondre.

Le premier de ces besoins, c'est celui d'un langage qui permette d'exprimer un certain sens de l'infini, de la transcendance, du mystère, du divin, de l'au-delà qui est en nous. Ce besoin de dire l'indicible d'un au-delà du monde visible et connaissable reste toujours présent chez l'homme d'aujourd'hui. Et nous avons aussi besoin d'un langage pour dire la culpabilité, l'espérance, le sentiment d'être exilé dans ce monde, le désir d'aimer et d'être aimé. Et ce besoin d'un langage du mystère et de la vérité profonde de la vie, les reli-gions d'aujourd'hui peuvent continuer à le satisfaire.

En effet, le langage des mythes et des symboles offerts par les religions est plus adapté à cette deman-de que celui des concepts intellectuels de la philosophie.

Je suis frappé de voir combien d'écrivains même agnostiques (tels que Camus, Gide, Valéry ou Malraux) recourent constamment à un langage emprunté à la Bible, à ses mythes, à ses symboles et à son vocabulaire pour exprimer le sens qu'ils ont de l'aventure humaine et du mystère de la vie. Les titres de leurs ouvrages en témoignent (La Porte étroite, Si le grain ne meurt, L'Exil et le royaume, La Chute, Le Premier Homme...). Même si ces écrivains n'ont pas à proprement besoin d'une religion, ils ont néanmoins besoin qu'il y ait des religions.

Ainsi le langage des religions est une boîte à outils précieuse et même semble-t-il indispensable pour permettre l'expression de besoins fondamentaux de l'homme. Parmi ces besoins, certains sont de types religieux ou mystique (je constate qu'un nombre considérable d'écrivains agnostiques et non religieux se disent mystiques), et d'autres sont plus existentiels et psychologiques. Mais, quoi qu'il en soit, pour exprimer ces besoins, le langage qu'offrent les religions et les mythologies est infiniment plus riche et plus évocateur que celui de la psychologie et la philosophie.

Par rapport à ce besoin de langage, les religions (dans leurs livres saints et même dans leurs catéchismes) restent un « organum » et un « clavier » tout à fait utile et fructueux.

Ainsi le langage religieux, et de façon plus générale la religion, permet d'exprimer l'inexprimable d'une quête, d'un appel, d'une vocation, d'une asymptote de ce monde avec l'infini, l'éternité et la lumière d'un soleil invisible.

Se priver du langage religieux et des ressources qu'offrent les religions, c'est s'amputer de la possibilité d'exprimer la face invisible de l'homme et du monde. Et ce, même les agnostiques, et peut-être même surtout les agnostiques, l'ont compris.

Ainsi le besoin d'une religion, c'est d'abord le besoin d'une poétique, d'une symbolique, de récits et de paraboles pour dire « Dieu », c'est-à-dire l'appel vers ce « Dieu » et le besoin de ce « Dieu » qu'il y a pratiquement en tout homme, et ce même si certains récusent le terme de « Dieu » et la foi en ce Dieu.

La deuxième raison pour laquelle nous avons besoin d'une religion, c'est celle-ci : aujourd'hui autant qu'hier, nous avons besoin de nous sentir aimés, compris, protégés, je dirais même « maternés ». En fait, ce besoin me paraît être plus fondamental que le besoin d'être heureux. Et alors que la religion ne peut pas vraiment répondre au besoin d'être heureux, elle peut répondre à ce besoin d'une forme de protection et de bénédiction sur nos souffrances, nos faiblesses et nos misères.

En fait, les religions répondent à ce besoin de consolation à propos de nos souffrances. Et elles le font bien mieux que bien des psychothérapies. En effet, elles annoncent des modes de salut et elles promettent une délivrance soit dans l'au-delà, soit même dans l'ici-bas.

Mais, ce qui compte au moins autant, c'est qu'elles nous donnent des exemples et des modèles de héros et de saints qui ont souffert comme nous. Et ces « serviteurs souffrants » deviennent des compagnons et des soutiens pour nos propres itinéraires.

Ce n'est pas un hasard si les saints du calendrier liturgique de l'Eglise catholique ont tous d'abord été des martyrs. Et ce n'est pas un hasard non plus si le récit de la Passion de Jésus-Christ reste le thème central des tableaux et des vitraux des églises.

Nous avons besoin d'une religion de proximité et de compassion plus encore peut-être que d'une religion d'évasion et de rêve.

Nous avons besoin de cantiques et de psaumes qui nous permettent d'exprimer notre plainte, notre solitude et notre prière et qui nous annoncent aussi que nos appels sont entendus. Ces chants et ces prières que nous proposent les Eglises et les religions, ils nous accompagnent et nous rassurent. Ils nous fortifient. Et c'est là l'essentiel.

Le livre de l'Exode (qui est le récit d'une marche au désert), le livre de Job (qui exprime la plainte des hommes), et le récit de la Passion de Jésus sont pour nous bienfaisants et secourables tout comme le sont, pour beaucoup, les chemins de croix et les calvaires de nos campagnes. Nous ressentons les Hébreux du désert, le Psalmiste, et Jésus lui-même comme solidaires de nos souffrances et comme aptes à exprimer nos angoisses et nos plaintes. Et c'est cela qui nous importe d'abord, beaucoup plus sans doute que des discours dogmatiques, intellectuels et abstraits qui nous assèneraient des vérités soi disant tombées du ciel. Nous avons besoin d'une religion qui nous accompagne dans nos épreuves et non pas d'une religion qui nierait ces épreuves. Nous avons besoin d'une religion de compassion et non pas d'une religion d'héroïsme et de stoïcisme.

Et, il me semble que les religions, et peut-être plus particulièrement les religions d'aujourd'hui répondent à ce besoin d'être accompagné dans l'épreuve. Le christianisme en particulier a su aujourd'hui se faire plus humble, plus humain, plus fraternel et plus attentif à la misère et à la souffrance des hommes. Il répond mieux à ce besoin d'être consolé. Il a cessé de prêcher la colère et le Jugement de Dieu. Il excommunie moins qu'avant.

Les Eglises d'aujourd'hui sont moins exi-geantes et envahissantes. Elles respectent les ambiguïtés et les faiblesses de la nature humaine.

Tertio. Nous l'avons dit, le besoin que nous avons d'une religion peut, pour certains, s'exprimer comme un besoin d'appartenir à une communauté structurant une identité collective forte. Mais je pense que, aujourd'hui, notre besoin fondamental n'est pas là. Il est plutôt un besoin de communion et de d'émotion. Nous avons besoin d'exprimer des émotions et de communier dans ces émotions.

Je sais bien que toutes les émotions collectives ne sont pas forcément de nature religieuse. Le sport le montre bien. Mais il y a des émotions que seules les célébrations religieuses permettent d'exprimer. Je pense au besoin de fraternité devant les épreuves et les souffrances, au besoin d'une espérance inconditionnelle et aussi à cette émotion, que l'on appelle la prière, que l'on éprouve devant l'Infini et l'Au-delà.

En fait, le besoin de Dieu est une émotion, et la foi est d'abord une forme d'affectivité. Et pour exprimer cette émotion, il nous faut des célébrations religieuses.

Et ce besoin de célébration n'est pas incompatible avec ce que nous avons appelé le goût du nomadisme spirituel et de la « religion à la carte ».

En effet, ce qui me frappe dans les grands rassemblements charismatiques et de style JMJ, c'est que l'on prie ensemble sans pour autant prier par des prières stéréotypées identiques. Autrement dit, le besoin d'une religion n'est plus le besoin d'un dogmatisme uniforme ni celui d'une soumission à des rituels identitaires. Il est plutôt le besoin d'une affectivité chaleureuse et contagieuse qui permet, le temps d'une célébration, d'un rassemblement ou d'une fête, d'ou-blier la solitude et le stress des rapports de force du quotidien. Et les religions, même les religions traditionnelles, se sont bien adaptées à ce « new âge » de l'effusion, de la convivialité et de la communion spirituelle.

Le besoin d'une religion répond au besoin de vivre avec d'autres les mêmes valeurs, la même spiritualité, les mêmes expériences, dans une sorte de « communion des saints ». Il répond au besoin de transmettre à ses enfants ce que l'on a reçu de ses parents. Le besoin d'une religion exprime le besoin de faire partie d'un peuple qui s'entraide pour « cheminer » et vivre ensemble le courage, l'espérance et le rêve.

Ainsi, nous avons donc toujours besoin d'une religion, mais ce besoin, ce n'est plus d'abord celui d'une structure autoritaire et contraignante, c'est d'abord un besoin de cérémonies, de rites et de lieux où l'émotion puisse s'exprimer. Et je pense que ce besoin de vivre ses émotions en communion avec d'autres a et continuera d'avoir recours à des formes religieuses pour pouvoir s'exprimer.

Ainsi, au XXIe siècle, plus encore qu'au XXe, nous aurons besoin d'une religion.

La fonction régulatrice de la religion

J'ajoute encore deux points.

• Au XXIe siècle, plus encore qu'au XXe siècle, les hommes auront un besoin d'absolu, de consécration et même de sainteté. Ils auront un besoin d'idéal, d'engagement. Mais cela comporte des risques. Le besoin d'absolu peut devenir absolutisme, totalitarisme et même fanatisme. Le besoin d'idéal peut devenir idéalisme, aveuglement, refus des réalités (cela est clair, dans les sectes). C'est pourquoi il est souhaitable que ces besoins (qui peuvent facilement devenir pervers) s'expriment dans des structures régulatrices. Et les religions traditionnelles ont un rôle à jouer dans ce domaine.

Sans les structures, les enseignements, les rituels et les médiations des religions traditionnelles, le besoin d'absolu peut virer au terrorisme. Ainsi les religions traditionnelles auront demain un rôle éducatif. Elles auront pour fonction de prolonger l'esprit des Lumières et de la tolérance dans un monde où le besoin d'irrationnel va sûrement s'amplifier, que ce soit dans l'orbite du Judaïsme, ou dans celles du christianisme ou de l'islam.

Il me semble que les religions traditionnelles, après s'être opposées à l'esprit des Lumières, seront, au XXIe siècle, le meilleur vecteur de ce qu'il restera de cet esprit. Et c'est pourquoi leur rôle sera indispensable.

• Je ne crois pas qu'il puisse y avoir une foi indépendante de toute « religion ». Je ne crois pas à une foi démythologisée, purifiée, indemne de tout soupçon de crédulité et même de superstition.

Une foi absolument pure de toute religion, qu'est-ce que ce serait ? Ce serait une sorte de théisme pour lequel Dieu serait seulement un Principe tout à fait abstrait (celui de la transcendance pure). Ce serait une sorte de mystique par laquelle on s'offrirait à l'Ineffable, au Silence, au Rien et à la Nuit. Ou ce serait une sorte d'humanisme pour lequel l'homme serait un dieu fait chair. Tout ceci me paraît une manière de vouloir déguiser sous les oripeaux de la foi un très réel athéisme. Les athées, eux aussi, savent ce que sont la métaphysique, la mystique et l'humanisme.

Il ne peut donc y avoir une foi qui serait non religieuse, c'est-à-dire indépendante de toute la mythologie religieuse (les miracles, les naissances virginales, les résurrections...). Une foi qui serait indemne de toute religion, ce serait une foi qui ne croirait ni en un Dieu personnel, ni en un Dieu intervenant dans les affaires de ce monde, ni en un Dieu répondant aux prières. Ce serait un Dieu abstrait, un Principe, une Idée. Ce ne serait pas un vrai Dieu.

Il nous faut une religion qui nous donne du charnu à la vie, à l'émotion et à la fraternité. Il nous faut une religion qui donne de la vie à ces idées abs-traites et intellectuelles que sont l'Infini, la Perfection et l'Eternité

Alain Houziaux

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