Numéro 173 - Évangile & Liberté

Numéro 173 - janvier 2004
( sommaire )

Hommage

Reconnaissance et espérance

C’est en juin 1988 que Christian et Solange Mazel ont accepté d’assumer la rédaction d’Évan-gile et Liberté. Notre mensuel comptait alors 3 numéros de retard ! Ils ont dû, et cela du jour au lendemain, tout improvi-ser. Le retard fut magnifiquement rattrapé. Ils démontrèrent d’emblée la générosité et l’efficacité de leur travail à deux. On sait que c’est toujours ensemble que Christian et Solange ont vécu cette exigeante rédaction. Ils ont mis leurs forces, celles de l’esprit et celles du cœur, mais aussi leurs forces physiques, au service d’Evangile et liberté. Une passion communicative les animait. Elle devint ainsi nôtre, si elle ne l’était déjà. Cette force et cette passion ont insufflé au protestantisme libéral une vigueur, une densité de la pensée et un rayonnement qui dépasse de beaucoup les frontières de l’hexagone. Tout cela fut maîtrisé par eux dans une discrétion telle que, s’il n’y avait pas eu, mois après mois, le fidèle éditorial de Christian, on aurait presque oublié l’ampleur de la tâche accomplie. Leur sensibilité a marqué les différents numéros. Elle donna une couleur spécifique à notre mensuel ; une présentation soignée et de beaux textes de spiritualité ont apporté à Evangile et liberté une marque poétique avec laquelle le travail de l’artisan et celui de l’artiste ont ainsi formé un tout harmonieux.

Bien sûr, les textes publiés furent de qualité, mais cela était d’autant plus décisif que le maintien d’une ligne et d’une tradition libérales fut parfois un véritable combat.

Que dire de l’impressionnante diversité des signatures sollicitées, si ce n’est que ce fut là quelque chose de tout à fait neuf ? Des points de vue contrastés purent s’exprimer. Des débats furent également engagés, donnant la parole, avec un grand équilibre et un grand souci de vérité, à des auteurs très éloignés, parfois, des claires options de notre mensuel. Une ouverture à d’autres familles spirituelles, tant du protestantisme que du christianisme et de l’humanisme en général, nous fut ainsi offerte dans une riche mosaïque, où un christianisme social avait aussi sa place.

Christian et Solange ont délicatement su moderniser la présentation d’Evangile et liberté sans jamais choquer un lectorat profondément attaché à sa ligne éditoriale. Il suffit de jeter un coup d’œil sur des nu-méros des années passées pour voir les virages judicieux pris en la ma-tière.

Faut-il rappeler qu’avant 1988, le nombre des abonnés chutait de 50 environ chaque année. Ils ont redressé la barre ; avec eux, Evangile et liberté a régulièrement progressé. Cela est d’autant plus significatif que, dans la même période, bien des publications du protestantisme français connurent des chiffres en perpétuelle régression. Ce ne fut pas et ce n’est toujours pas le cas d’Evangile et liberté.

Christian et Solange ont tissé des liens très forts avec bien des lecteurs. Leur correspondance fut constante et importante, tant du point de vue quantitatif (une bonne douzaine de lettres par semaine), que qualitatif (une attention généreuse aux uns et aux autres). Au-delà de la petite équipe d’amis et proches collaborateurs qui accompagna Christian et Solange dans leur travail rédactionnel, ils ont fait d’Evangile et liberté une sorte de paroisse spirituelle pour des femmes et des hommes qui se trouvèrent vraiment chez eux en étant avec nous. Un journal, c’est d’abord son lectorat.

Christian et Solange fêteront leurs noces de diamant le 1er juillet 2004. Quel merveilleux événement ! Ce mot diamant nous permet de leur exprimer notre attachement qui se veut en effet, lui aussi et tout comme le diamant, limpide, dur et durable, précieux et rayonnant, avec les mille facettes d’une collaboration passée et future, et cela dans la reconnaissance et l’espérance.

Laurent Gagnebin et Raphaël Picon