Chine
Lagence de nouvelles
Eglises dAsie vient de publier un document officiel tiré
de la leçon n° 7 du nouveau manuel chinois à
lusage des étudiants étrangers. Le texte consacré
aux religions et croyances en Chine part du principe que
beaucoup dOccidentaux pensent que les Chinois nadhèrent
à aucune religion et nont pas leur propre religion [...]
comparés aux Occidentaux ou aux autres peuples dAsie.
Or, explique le manuel, depuis la fondation de
la République populaire de Chine en 1949, le gouvernement encourage
les gens à compter sur leurs propres efforts et sur leur dur
labeur pour favoriser la prospérité du pays, plutôt
que de croire aux esprits et divinités et nencourage pas
non plus à croire à la force des religions. Sil
y a bien eu, en Chine comme ailleurs, une religion primitive chinoise
: il y a plusieurs dizaines de milliers dannées,
les peuples primitifs ne disposaient pas de bonnes forces de production
et nayant pas de nourriture et de vêtements ils avaient
besoin de sen remettre à la bonté du Ciel et de
la Nature et pratiquaient un culte du Ciel et de la Terre
avec le culte des ancêtres et des Héros de la nation chinoise.
Puis le manuel énumère des religions à
dimension nationale chinoise : taoïsme, bouddhisme. Quant
au confucianisme, qui nest pas une religion, on lui reconnaît
un rôle plus important quaucune religion dans le développement
de la culture ancienne du pays. Enfin le christianisme, connoté
comme conflictuel avec la culture traditionnelle chinoise et identifié
à la civilisation occidentale ce qui explique sa difficulté
à simplanter. La leçon 7 reconnaît
tout de même quil est lune des religions les
plus influentes dans le monde et rassemble beaucoup de Chinois.
Les Chinois seraient plus sensibles que dautres
aux avantages pratiques des religions et donc naturellement syncrétistes
et préfèrent laisser les dieux vivre en harmonie
et ne les invoquer que quand ils en ont besoin. Les Chinois nont
donc ni grand amour, ni grande haine envers les religions. Leurs pratiques
et leurs offrandes ne sont jamais inconditionnelles. Pragmatiques,
ils suivent le conseil : Ne brûle pas dencens quand
tout va bien, mais étreins les pieds du Bouddha quand tu es en
détresse.
Conclusion : Un certain nombre de gens sont enclins
à croire quil y a quelque chose plutôt quà
croire quil ny a rien du tout. Avec ce texte officiel
étonnant, la Chine très soucieuse de sa bonne image auprès
des étrangers, veut sûrement apparaître comme tolérante
même sil ne faut pas oublier que lenseignement
du marxisme athée est toujours matière imposée
dans léducation, de la primaire à luniversité
et le serment dathéisme obligatoire pour adhérer
au Parti communiste. Il est dit aussi clairement, dans cette leçon
n° 7, que la religion est le produit de lignorance et
de la pauvreté, utilitaire et peu sérieuse et destinée
à disparaître ! Eglise dAsie donne alors le commentaire
suivant : Jamais dans ce manuel, la religion nest considérée
comme une quête spirituelle, une recherche du sens de la vie ou
une tentative de communiquer avec la transcendance. Lessentiel
des préoccupations des Chinois serait ailleurs.
On peut alors se demander pourquoi le gouvernement chinois
déploie de nos jours encore une telle énergie à
contrôler et à sévir contre des religions tellement
inoffensives ! Les persécutions terribles lors de la prise du
pouvoir par les communistes, durant la Révolution culturelle
ou encore aujourdhui, bien que moins intenses, contre le Falungong,
les chrétiens qui refusent dentrer dans les associations
gouvernementales, les moines tibétains, les musulmans du Xinjiang,
etc. ne seraient donc que des encouragements à ne
compter que sur sa force de travail et à ne pas sen remettre
aux religions ! On peut aussi penser que la leçon n°
7 est un avertissement aux étudiants étrangers qui
voudraient communiquer leur foi : les Chinois, leur disent les autorités,
ne sont pas très intéressés par les religions,
ce ne sont pas de bons croyants. Ne vous lancez pas dans une aventure
hasardeuse, vous seriez déçus du résultat !
Claudine
Castelnau
États-Unis
Le président
américain ne veut pas entendre parler de justice pour les
combattants ennemis de lAmérique. Le Conseil national
des Eglises des Etats-Unis (protestants et orthodoxes), le Comité
juif américain, le Cercle musulman nord-américain, lassociation
de défense des droits de lhomme Human Rights Watch et une
dizaine dautres groupes ont demandé à la Cour Suprême
des Etats-Unis que les Etats-Unis mettent fin à la violation
de la Convention de Genève (1949) sur le traitement des prisonniers
de guerre et que les 660 prisonniers détenus sur la base navale
de Guantanamo aient enfin un procès équitable. Ces hommes
et adolescents, suspectés dêtre des membres dAl
Qaida et pour la plupart capturés en 2001 en Afghanistan, croupissent
depuis à Guantanamo vêtus de costumes orange, les menottes
aux mains, nont ni avocat ni contact avec leur famille et sont
privés de tous droits. Le ministère de la Défense
a refusé au secrétaire général du Conseil
des Eglises des Etats-Unis de visiter les prisonniers lors de son voyage
à Cuba en décembre.
Claudine
Castelnau
France
Ça suffit ! Le Monde du 20 janvier sest
fait lécho dune rencontre entre lancien président
Jimmy Carter et le candidat à linvestiture démocrate
Howard Dean. La légende de la photo disait : « Les deux
hommes ont assisté à la messe. » Les protestants
vont à la messe ! Peut-être le rédacteur ignore-t-il
quun seul président des États-Unis a été
catholique : Kennedy. Plus probablement, ne sait-il pas que le service
religieux protestant sappelle un culte. Le 27 janvier, au courrier
des lecteurs du Monde, Marc Vignal, quil convient de remercier,
stigmatise cette erreur et linculture religieuse quelle
exprime. Une fois de plus. Je métonne quil faille
les lignes bienvenues dun simple fidèle pour mettre les
choses au point. Tant quaucun personnage « officiel »
de nos Églises protestantes ne réagira pas fortement à
de telles erreurs où se mêlent inculture et mépris,
prendra-t-on véritablement au sérieux nos rectificatifs
dans un pays fasciné par lautorité épiscopale
ou autre, et si peu par les « laïcs » de la base ?
Laissons-nous donc nier dans notre identité sans rien dire et,
surtout, ne protestons pas quand une émission de télévision
invite à un débat un rabbin, un imam, un évêque
catholique, mais aucun pasteur. Un dernier point : Jimmy Carter et Howard
Dean auraient pu « assister » à une messe, mais non
pas à un culte : on ny assiste pas, on y participe ; il
nest pas un spectacle.
Laurent
Gagnebin