Les évangiles de Matthieu,
Marc et Luc relatent les récits du tombeau vide et des apparitions
du Ressuscité avec un souci apologétique ; ces faits prouvent,
selon eux, que Jésus est vivant. Sa résurrection est ainsi
présentée sur le mode de la constatation, comme on le
ferait de n’importe quel événement historique. Cela
n’engage en rien notre foi. Mettre la résurrection sur le
même plan que la crucifixion, c’est la comprendre comme un
élément objectif, purement biographique, un phénomène
descriptible, accessible à nos sens, au même titre qu’une
des données de ce monde. Aurait-on pu filmer le Ressuscité
comme on aurait pu le faire du Crucifié ? Si oui, alors je ne
vois pas pourquoi on nous demande encore de croire ce que l’on
sait. Et la résurrection n’a plus à être confessée
dans un credo. De toute façon, nous ne pouvons plus penser aujourd’hui
que le corps de Jésus déposé dans le tombeau s’est
miraculeusement volatilisé. Le récit du tombeau vide ne
saurait être un fondement de notre foi, puisqu’il la rend
impossible. En fait, il en provient, il en est la conséquence
et l’expression. C’est la foi, en effet, notre foi, qui vide
ce tombeau de toute réalité : je ne cherche plus Jésus
parmi les morts, mais parmi les vivants. On comprend mieux pourquoi
Jésus, d’après l’évangile de Jean, reproche
à Thomas d’avoir exigé des signes tangibles pour
parvenir à croire. Thomas a voulu croire sans plus avoir à
croire. Le Christ lui déclare alors : « Heureux ceux qui
croiront sans avoir vu ! » (Jn 20,29) Croire au Ressuscité
est, en Dieu et au cœur de notre foi, un acte libre et non pas
une conséquence logique, une nécessité ou une évidence
imposées par un tombeau vide. 
Laurent
Gagnebin