Qui n’a jamais
vu quelqu’un en état d’ébriété
? Ils (elles) sont des milliers appartenant à tous les milieux
socioculturels, de tous âges à être intoxiqués
par une drogue en vente légale ! Les accidents de la route et
les accidents du travail sont ce qui rendent visible le scandale et
font prendre la mesure du problème auquel notre société
est confrontée. Mais le scandale est tout aussi grand quand les
dégâts sont moins directs car plus cachés par la
honte et le silence : combien d’enfants violés par un père
qui rentre saoul chez lui ? Combien d’enfants anormaux ou de santé
fragile viennent ainsi au monde parce que la femme enceinte a bu ne
serait-ce qu’un verre de trop ? Un seul ! On a même vu des
nouveau-nés dépendants alcooliques, le fœtus ayant
été peu à peu imbibé par une consommation
excessive de la mère. Combien de familles ruinées, de
couples détruits, de vies gâchées, d’emplois
perdus ?

Ancienne affiche de la Croix-Bleue
reproduite parmi une galerie d’affiches anciennes sur le
site internet de la
|
On l’a compris, l’alcool est une drogue dure,
un toxique puissant pour la personne qu’il piège. Personne
n’est à l’abri. Un coup de cafard, un problème,
une perte d’emploi, une contrariété sentimentale,
une intoxication progressive dans les soirées de jeunes, au cours
de repas d’affaires et autres pots d’entreprise, qu’on
soit seul ou en société, riche ou pauvre, l’alcool
peut s’imposer au consommateur inattentif. On en meurt… lentement
mais sûrement, dans une déchéance physique mais
aussi psychique et sociale. Les souffrances sont immenses. Face à
la toxicomanie il ne faut donc pas baisser les bras ou laisser faire,
mais dénoncer et combattre. Il ne s’agit pas de revêtir
ici l’armure étincelante de pureté du moralisateur
qui ne boit pas. Mais il faut entrer dans l’arène et combattre
pour des centaines de milliers de personnes en danger.
Ici, le combat est d’abord individuel. Celui ou celle
qui est malade de l’alcool se bat avec ses forces. Il faut d’abord
une prise de conscience, un « déclic » qui peut survenir
à la suite d’une rencontre, d’une maladie, d’un
événement grave. On réalise qu’à ce
moment ou bien on décide de s’arrêter ou bien on coule
définitivement. Le malade alcoolique risque la crise de delirium
(le manque), il lutte contre lui-même, contre ses camarades, contre
sa solitude, contre ses souffrances. Il y a souvent des rechutes. Il
faut alors tout recommencer. Ce combat dans la solitude peut réussir,
mais c’est assez rare. La compréhension et l’accompagnement
des familles et des amis sont absolument nécessaires, dans un
équilibre difficile à trouver entre la discrétion
et l’exhortation, sachant que le buveur excessif est souvent très
sensible et très fragile. Si les médecins, psychologues,
groupes de paroles sont utiles, l’amour reste la première
des choses dont a besoin un malade alcoolique.
Les causes de la prise d’alcool sont parfois lointaines,
enfouies. L’aide d’un psychologue est nécessaire, comme
celle du médecin. La désintoxication peut se faire dans
un centre de cure puis de postcure. Elle dure deux à trois mois
en moyenne. C’est une vraie libération physique, le corps
réagit dans le sens du mieux-être au bout de quelques semaines.
Mais il est aussi nécessaire de vivre une libération psychique
plus délicate à réaliser. La cure est parfois précédée,
et très souvent prolongée, par l’adhésion
à un groupe d’anciens buveurs et de membres solidaires.
Là se partagent l’accueil, l’écoute, la compréhension
mais aussi la compassion. Pas de jugement mais une solidarité
dans la souffrance passée et actuelle. Moments d’échanges
souvent terribles, pathétiques, mais aussi moments d’échanges
de joie – la vraie – celle de la nouvelle vie, libre. Le buveur
« se relève » et vit une nouvelle dignité.
C’est au sens propre une résurrection. La Croix Bleue (fondée
en France il y a cent ans par Lucie Peugeot), Vie Libre, Alcooliques
Anonymes, entre autres, sont ces groupes qui combattent pour la vie
et la dignité des hommes dans une société qui dans
ce domaine est laxiste, irresponsable et sans pitié… Ne
restons pas seuls face à ce problème. 
Vincens
Hubac
En cas de problème avec l’alcool :
-
La Croix Bleue, 189 rue Belliard,
75018 Paris. Tél. : 01 42 28 37 37
-
Alcooliques Anonymes.
Tél. : 01 43 25 75 00
-
Vie Libre
-
La Croix d’Or
-
Tout simplement votre médecin.