logo d'Évangile et Liberté

Numéro 176 - avril 2004
( sommaire )

Combattre

La Croix bleue

Qui n’a jamais vu quelqu’un en état d’ébriété ? Ils (elles) sont des milliers appartenant à tous les milieux socioculturels, de tous âges à être intoxiqués par une drogue en vente légale ! Les accidents de la route et les accidents du travail sont ce qui rendent visible le scandale et font prendre la mesure du problème auquel notre société est confrontée. Mais le scandale est tout aussi grand quand les dégâts sont moins directs car plus cachés par la honte et le silence : combien d’enfants violés par un père qui rentre saoul chez lui ? Combien d’enfants anormaux ou de santé fragile viennent ainsi au monde parce que la femme enceinte a bu ne serait-ce qu’un verre de trop ? Un seul ! On a même vu des nouveau-nés dépendants alcooliques, le fœtus ayant été peu à peu imbibé par une consommation excessive de la mère. Combien de familles ruinées, de couples détruits, de vies gâchées, d’emplois perdus ?

 

Ancienne affiche de la Croix-Bleue reproduite parmi une galerie d’affiches anciennes sur le site internet de la Croix-Bleue de Poissy

On l’a compris, l’alcool est une drogue dure, un toxique puissant pour la personne qu’il piège. Personne n’est à l’abri. Un coup de cafard, un problème, une perte d’emploi, une contrariété sentimentale, une intoxication progressive dans les soirées de jeunes, au cours de repas d’affaires et autres pots d’entreprise, qu’on soit seul ou en société, riche ou pauvre, l’alcool peut s’imposer au consommateur inattentif. On en meurt… lentement mais sûrement, dans une déchéance physique mais aussi psychique et sociale. Les souffrances sont immenses. Face à la toxicomanie il ne faut donc pas baisser les bras ou laisser faire, mais dénoncer et combattre. Il ne s’agit pas de revêtir ici l’armure étincelante de pureté du moralisateur qui ne boit pas. Mais il faut entrer dans l’arène et combattre pour des centaines de milliers de personnes en danger.

 

Ici, le combat est d’abord individuel. Celui ou celle qui est malade de l’alcool se bat avec ses forces. Il faut d’abord une prise de conscience, un « déclic » qui peut survenir à la suite d’une rencontre, d’une maladie, d’un événement grave. On réalise qu’à ce moment ou bien on décide de s’arrêter ou bien on coule définitivement. Le malade alcoolique risque la crise de delirium (le manque), il lutte contre lui-même, contre ses camarades, contre sa solitude, contre ses souffrances. Il y a souvent des rechutes. Il faut alors tout recommencer. Ce combat dans la solitude peut réussir, mais c’est assez rare. La compréhension et l’accompagnement des familles et des amis sont absolument nécessaires, dans un équilibre difficile à trouver entre la discrétion et l’exhortation, sachant que le buveur excessif est souvent très sensible et très fragile. Si les médecins, psychologues, groupes de paroles sont utiles, l’amour reste la première des choses dont a besoin un malade alcoolique.

Les causes de la prise d’alcool sont parfois lointaines, enfouies. L’aide d’un psychologue est nécessaire, comme celle du médecin. La désintoxication peut se faire dans un centre de cure puis de postcure. Elle dure deux à trois mois en moyenne. C’est une vraie libération physique, le corps réagit dans le sens du mieux-être au bout de quelques semaines. Mais il est aussi nécessaire de vivre une libération psychique plus délicate à réaliser. La cure est parfois précédée, et très souvent prolongée, par l’adhésion à un groupe d’anciens buveurs et de membres solidaires. Là se partagent l’accueil, l’écoute, la compréhension mais aussi la compassion. Pas de jugement mais une solidarité dans la souffrance passée et actuelle. Moments d’échanges souvent terribles, pathétiques, mais aussi moments d’échanges de joie – la vraie – celle de la nouvelle vie, libre. Le buveur « se relève » et vit une nouvelle dignité. C’est au sens propre une résurrection. La Croix Bleue (fondée en France il y a cent ans par Lucie Peugeot), Vie Libre, Alcooliques Anonymes, entre autres, sont ces groupes qui combattent pour la vie et la dignité des hommes dans une société qui dans ce domaine est laxiste, irresponsable et sans pitié… Ne restons pas seuls face à ce problème. feuille

Vincens Hubac

En cas de problème avec l’alcool :

  • La Croix Bleue, 189 rue Belliard,
    75018 Paris. Tél. : 01 42 28 37 37
  • Alcooliques Anonymes.
    Tél. : 01 43 25 75 00
  • Vie Libre
  • La Croix d’Or
  • Tout simplement votre médecin.

haut

Merci de soutenir Évangile & liberté
en vous abonnant :)

 


Accueil

Pour s'abonner

Rédaction

Soumettre un article

Évangile & liberté

Courrier des lecteurs

Ouverture et actualité

Vos questions

Événements

Liens sur le www

Liste des numéros

Index des auteurs


Article Précédent

Article Suivant

Sommaire de ce N°


Vous pouvez nous écrire vos remarques, vos encouragements, vos questions